dimanche 27 juillet 2008

Vacances

Basta ! prend des petites vacances bien méritées du 29 juillet au 11 Août. Nous nous retrouverons donc le 12 Août !

vendredi 25 juillet 2008

Crimes de guerre

KRIMES DE GUERRE , par Juan Kalvellido, Tlaxcala
milosevic mort, Karadzic arrêté
Et Solana ? Bush ? Aznar ? Israel ?

Au bord de la folie

Après avoir échappé pendant 13 ans aux poursuites pour crimes de guerre et génocide, l'ancien chef des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic est enfin en détention. Ed Vulliamy, qui a couvert abondamment la guerre, rappelle sa rencontre avec ce tueur de masse naïf et raconte comment la manipulation de l’Occident par Karadzic lui a permis de déclencher le plus sanglant carnage de l’après-guerre en Europe.




L’ancien chef des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, entouré de gardes du corps en Bosnie le 15 Juin 1996.
Photo: Sipa Press / Rex Features



Je dois l’avouer, j’ai pris cela à cœur, et j’attendais depuis longtemps que ce message arrive de quelque part, dans ce cas d'un mien collègue et cher ami de Bosnie: "Le Dr K. arrêté."

L'expérience de la guerre de Bosnie du début des années 1990 était de celles qui changent une vie et, enfin, un de ses trois principaux architectes est là où il devait être : face à la justice. Après 13 ans de cavale, Radovan Karadzic, l’ancien chef des Serbes de Bosnie, est sur le chemin de La Haye pour faire face à des accusations de génocide et avoir conçu le plus sanglant carnage infligé à l'Europe depuis le Troisième Reich. Malgré toutes ses lacunes, j'ai été un partisan du Tribunal de La Haye et j’ai témoigné, par devoir, contre des criminels de guerre de rang intermédiaire et inférieur. Mais, à part la tragi-comédie du procès de Slobodan Milosevic, il y avait toujours ce vide au sommet, un vide appelé Radovan Karadzic et Ratko Mladic, aujourd'hui rempli à moitié (mais seulement à moitié). Et cet homme qui avait l’air d’un Père Noël, c’était lui, Karadzic! L'homme qui a organisé la tuerie de masse de 100 000 personnes et la déportation forcée de millions d’autres? Toutes ces maisons réduites en cendres, les camps où l’on violait en masse, les déportations de masse sous la menace des armes. Mais le fait qu'il a exercé la médecine alternative n’est pas choquant - ses prétentions et son aveuglement à son propre égard ne connaissaient pas de limites, que ce soit lorsqu’il parlait avec nous à Pale, près de Sarajevo, sur les tribulations et les sacrifices des Serbes au cours des siècles, ou qu’il soignait les affections de ses patients. Je me demande si ceux-ci savaient qui il était, et s’ils s’en souciaient.

Karadzic a une poignée de main molle. Je l'ai rencontré en août 1992, quand il nous a accueillis, avec une équipe d’ITN, devant son QG dans un hôtel de la station thermale de montagne de Pale, dont Karadzic avait fait la capitale de cette "République serbe de Bosnie-Herzégovine", une perversion dont il s’était proclamé président. Mais alors que sa vision était toute de violence, sa main était molle, et son regard vague, glissant à mi-distance quand il a commencé à parler, passant ses doigts dans ses cheveux d'une manière qui lui donnait plus un air de professeur excentrique que de tueur de masse.

C'était juste trois mois après le début de la guerre de Bosnie, après que Karadzic le politicien et son commandant militaire Mladic avaient déclenché un ouragan meurtrier à travers la moitié de la Bosnie, sur le territoire de laquelle ils voulaient que des Serbes, et seulement des Serbes, vivent. Sa population musulmane et croate fut éliminée par la mort, l'internement et la déportation de masse, et toute mémoire de leur existence réduite en cendres. Nous avions pris un hélicoptère militaire de Belgrade pour venir le rencontrer, et nous avions eu une vue aérienne de l'est de la Bosnie, et de ce que Karadzic est accusé d'avoir ordonné: ville après ville, village après village, brûlés, sans vie et vides.

Le rendez-vous avait été organisé à Londres, quelques jours auparavant. Karadzic était en visite dans la capitale britannique pour le énième round de pourparlers de paix auxquels il était régulièrement invité par des diplomates occidentaux. À cette époque, on avait fait état d'un goulag de camps de concentration de l'autre côté du pays, au nord-ouest, en particulier à Omarska. Des déportés qui avaient fui en Croatie avaient parlé de massacres, de tortures et de passages à tabac dans les camps, mais Karadzic a nié les allégations et dit que si nous insistions, ITN et moi pourrions venir «voir par nous-mêmes » - Je n'ai jamais compris pourquoi, et ses gardes ont simulé une embuscade centre notre convoi pour nous dissuader d’aller voir Omarska. Lorsque nous l’avons rencontré sur le perron de son QG, cependant, Karadzic n’a pas caché son autorité sur le camp: sur un mot de lui, nous dit-il, nous pourrions entrer dans ce qu'il insistait pour appeler un «centre».

Mais le plus gros de son discours concernait les tribulations des Serbes tout au long d’une histoire épique de souffrance et de combat, et si ça n’avait pas été si meurtrier, le sens du mélodrame et le faux vernis universitaire de Karadzic auraient été pathétique. Et s'il n'y avait pas eu ce que nous avons trouvé deux jours plus tard, quand nous sommes entrés à Omarska: des hommes à divers stades de délabrement, certains squelettiques, escortés hors d’un hangar, clignant des yeux dans la lumière du soleil et poussés vers une "cantine" sous les yeux d'un tireur corpulent au sommet de son mirador. Là ils ont dévoré une lavasse de haricots comme des chiens affamés, leur peau desséchée faisant des plis sur leurs os comme du parchemin. Sous les yeux et les fusils de leurs geôliers, ils avaient trop peur pour parler, à l'exception d'un homme nommé Djemal Partusic, qui a déclaré: "Je ne veux pas raconter de mensonges, mais je ne peux pas dire la vérité." (Je l'ai rencontré une décennie plus tard, vivant à Borehamwood, ce sont les bizarreries de la vie.) Lorsque le commandant du camp a refusé de nous laisser entrer dans le hangar pour voir comment les détenus y étaient installés, nous avons commencé à marcher vers celui-ci. Le commandant, qui a été récemment condamné par le tribunal des crimes de guerre à Sarajevo, nous a alors barré la route pendant que ses sbires débloquaient la sécurité de leurs armes. Nous avons protesté, arguant le fait que Karadzic avait garanti que nous pourrions inspecter le camp, ce à quoi le traducteur des autorités locales serbes, Nada Balban, a rétorqué: "[Karadzic] nous a dit, vous pouvez voir ceci et cela, mais pas ça." Lorsque nous avons essayé de nouveau, nous avons été éjectés du camp.

Nous en avions vu très peu, et c’est seulement avec le temps et avec les procès à La Haye de Serbes de Bosnie de rang subalterne, qu’est apparu clairement ce que Karadzic ne voulait pas que nous voyions. Des scènes routinières de sadisme telles que celle décrite par Halid Mujkanovic, un survivant, au sujet d'un prisonnier forcé d'exécuter une fellation sur un autre détenu, puis de mordre ses testicules tandis que qu’un pigeon vivant était enfoncé dans la gorge de l’homme pour étouffer ses cris pendant qu’il agonisait. La victime était Fikret Harambasic et l'homme a été contraint de le castrer afin de sauver la vie de ses codétenus, menacés d'exécution si il n'y avait pas de «volontaires». La foule des gardes qui surveillaient ce divertissement "regardaient comme s’ils assistaient à un match sportif, jouant les supporters», a déclaré Mujkanovic.

"Vous pouvez voir ceci et cela, mais pas ça», en effet. Pendant tout ce temps-là, Karadzic était à Pale avec ses interminables récitals de poésie épique serbe, dont ses propres oeuvres, ses cartes anciennes - il a toujours été l'homme aux cartes, décidant « ça, c’est à nous »- et aux rêves fous. Mais la réalité c’était que la mort de Harambasic n’était que l’une des 100 000 estimées.

Karadzic est né dans le village de Petnjica, dans la région sauvage, montagneuse et boisée, à la lisière de la Bosnie et du Monténégro, où la plupart des pierres tombales dans le petit cimetière portent son nom de famille. Les Bosniaques appellent ce territoire accidenté "Vukojebina" - littéralement: là où les loups copulent.

Le père de Karadzic avait été ostracisé même dans ce petit hameau après le viol et le meurtre d'un(e) cousin(e) avant la naissance de Karadzic, et un de ses grands-pères avait assassiné un voisin dans une dispute à propos de bétail. Aujourd'hui, cependant, les parents et les voisins de Karadzic l’adulent, et dans l’attente de son procès, ils préparent un festival littéraire biennal où ils pourront lire la poésie et la prose de Karadzic. C’est un drôle de matériau, dont son éditeur Miroslav Toholj, rencontré l'année dernière à Belgrade, chante les louanges enthousiastes de manière extravagante: "Quand j'ai vu le dernier roman de Radovan, son style et son évocation du subliminal m’ont rappelé l'Ulysse de Joyce." Assise à la même table, en train de boire, Brana Crncevic, une ancienne membre du cabinet serbe du Président Milosevic, comparait "la langue de ses pères" de Karadzic à celle de de Tchekov. Un poème est intitulé Sarajevo, la capitale bosniaque que Karadzic est accusé d’avoir soumis à un siège long et meurtrier: «J'ai entendu l’enfilement des malheurs / transformé en scarabée comme si un vieux chanteur / avait été écrasé par le silence et était devenu une voix. / La ville brûle comme de l'encens / Dans la fumée gronde notre conscience. »

Mais ce n’est pas la poésie qui a conduit le jeune et diligent Karadzic de la Vukojebina à Sarajevo. Le petit gars de la campagne a suivi une formation de psychiatre dans la ville et a travaillé comme consultant et kiné pour l'équipe locale de football, mais n'a jamais été vraiment accepté par les cercles cosmopolites de la ville. Cet homme désespérément en quête d’admiration d'être admiré a vu son heure arriver lorsque Milosevic s’est mis en tête de briser la Yougoslavie et d’unir les Serbes dans une communauté ethniquement "pure" à travers les frontières de la Serbie, de la Croatie, de la Bosnie, du Monténégro et du Kosovo. Au moment où la Bosnie a voté la sécession de la Yougoslavie au printemps 1992, Karadzic est devenu le chef du Parti démocratique serbe (SDS), qui s’est engagé à veiller à ce que les Serbes de Bosnie ne vivent plus dans le tissu ethnique complexe qui avait tenu pendant des siècles, mais sur une terre racialement "pure" alignée sur la Serbie. Karadzic a quitté avec son parti l'hôtel Holiday Inn du centre-ville pour se retirer à Pale dans les collines environnantes, et s’est mis à assiéger et torturer la ville, comme l’a dit son camarade Mladic, "jusqu’au bord de la folie".

Notre rencontre à Pale, et la découverte des camps, n’étaient que le début de la guerre de Bosnie. Pendant encore trois années sanglantes, bien que les atrocités que Karadzic est accusé d’avoir ordonné aient été rapportées à travers le monde et que le siège de Sarajevo soit passé à la télévision presque chaque soir, la main de Karadzic était frénétiquement serrée par les leaders de la diplomatie mondiale sous les lustres de Londres, Paris, Genève et d'ailleurs. Et c'est ce qui rendra le procès de Karadzic si fascinant, entre beaucoup d'autres choses: c’est qu'il devient dangereux, une fois dans le box des accusés, pour ceux qui ont dealé avec lui, et peut dire au monde ce que le monde lui a dit, et lui a garanti, au cours de ces trois années.

Karadzic n'était pas un idiot, il parlait la langue des diplomates et, en retour, la Grande-Bretagne, la France et l'ONU ont conduit la politique internationale qui a prévalu, de refus calculés pour l'arrêter, faisant ainsi progresser ses objectifs. Les gouvernements de la Grande-Bretagne et de la France en particulier - ainsi que la direction de l'ONU – n’ont pas vu en Karadzic celui qu’ils désignent aujourd’hui comme criminel de guerre, mais un collègue, un homme politique avec qui faire des affaires. Karadzic a traité - directement ou indirectement - avec Lord Peter Carrington, Malcolm Rifkind, Lord David Owen, Cyrus Vance, Douglas Hurd et Dame Pauline Neville-Jones comme un égal méritant un protocole diplomatique complet. Dans un livre récent de l'avocate Carole Hodge, Karadzic, en retour, loue la "diplomatie raffinée" britannique. Les diplomates occidentaux ont accepté les promesses inépuisables et vides de Karadzic, ses "cessez-le-feu" bidon et flottants, ce qui provoquait l’hilarité des Serbes en privé. Ils ont accepté de refouler l'aide aux "zones de sécurité", désespérées déclarées mais trahies par l'ONU. Ils ont été en collusion avec les cartes et les « plans de paix » qui ont donné à Karadzic tout ce qu'il avait gagné par la violence, ils ont toléré le siège de Sarajevo, qu’il est accusé d’avoir supervisé personnellement.

Au cours d'une rencontre à Belgrade l'année dernière, Luka, le frère farouchement fidèle de Karadzic, décrivait Radovan comme «un médecin, poète et humaniste », ajoutant: « S’il est un criminel de guerre, pourquoi l’Occident a-t-il négocié avec lui toutes ces années?» Il marque là un point. «C’était un négociateur difficile», disait Luka. « Je sais cela par les discussions auxquelles j'ai assisté - et ils se comprenaient bien, mon frère et les diplomates occidentaux, en particulier Vance et Owen. »

Karadzic a été inculpé par La Haye en 1996, et le fait qu'il continue à être en liberté a été une cause écrasante d'embarras pour la communauté internationale, artificiellement impuissante durant la guerre en Bosnie et incapable pendant 13 ans d’accomplir une tâche élémentaire de détection. « Comment la plus puissante alliance du monde peut-elle prétendre qu'elle ne peut pas trouver deux Serbes? », commentait Jacques Klein il y a sept ans, lorsqu’ il était coordonnateur de la mission de l'ONU en Bosnie. L'ancienne procureure en chef à La Haye, Carla Del Ponte, a appelé Karadzic et Mladic "l'os dans ma gorge" et le fait qu’ils étaient en liberté alors qu’elle était en poste comme sa "terrible déception ".

Dans les années après la guerre, à partir de 1995, tandis que 60 000 soldats étrangers patrouillaient en Bosnie, le fugitif Karadzic a vécu ouvertement à Pale et se déplaçait à travers le pays, slalomant entre les barrages routiers de l'OTAN. Une fois, j'ai vu sa voiture immédiatement reconnaissable, avec ses vitres fumées et sa plaque personnalisée, stationnée toute une nuit devant un hôtel de Banja Luka en 1996, la base locale de l'OTAN ne montrant aucun intérêt pour l’affaire. Après 1999, on a fait des efforts plus sérieux, avec des raids sur la famille de Karadzic et des sanctions financières contre elle, et Karadzic a disparu. On l’a signalé à Belgrade et dans des monastères orthodoxes serbes pour lesquels Karadzic avait été si généreux durant sa présidence. Un raid spectaculaire par des forces spéciales en tenues de Ninjas sur le village reculé de Celebici, près de sa maison d'enfance, l’a manqué de 2 km, et une autre piste suivie par l'équipe de détectives de La Haye, près de Visegrad n'a pas été suivie jusqu’au bout. En fait, c’est la stratégie politique serbe, et pas une chasse à l'homme internationale, qui l’a livré.

L'année dernière, la farce de la chasse à Karadzic a fait l'objet d'un film de Hollywood: La partie de chasse avec Richard Gere. Le film - et un livre de Florence Hartmann, assistante pendant plusieurs années de Del Ponte à La Haye – a alimenté la thèse que Karadzic s’était vu offrir l'immunité à La Haye parce qu'il en savait trop, et tant qu'il se tiendrait à l’écart de toute charge politique. La fille de Karadzic Sonja, au cours d’un déjeuner à Pale l'année dernière, se rappelait une rencontre avec des agents des services secrets occidentaux à Athènes au printemps 1995, où l'immunité avait été garantie à son père. Il a réuni la famille, raconta-t-elle, et a dit qu'il quitterait ses fonctions en échange de la garantie de sa liberté. À propos des hommes politiques qui ont traité avec son père pendant la guerre, Sonja remarque: «Ce sont souvent des gens qui se vantent de leurs prouesses diplomatiques dans des livres qui occultent les choses qui étayent ce que nous disions à l'époque, et ils ne veulent pas que ces choses apparaissent maintenant au grand jour. Mon père et eux sont les seuls qui savent ce que sont ces choses et il n'est de secret mieux gardé que celui que tout le monde est encore en train d'essayer de deviner. » Au tribunal, Karadzic risque de déballer tous les secrets qu'il connaît [s’il ne meurt pas « accidentellement » avant, NdT].

L'un des confidents de Karadzic pendant le siège de Sarajevo et le "nettoyage ethnique" (c’est le terme de Karadzic) des musulmans à l'est de la ville a été Miovan Bjelica, connu comme "le Chaton", qui l'an dernier rappelait que tout au long de la guerre, les diplomates occidentaux « ont toujours pris Radovan au sérieux, l’ont traité avec respect et comme le président d'un petit pays [c’est-à-dire son mini-État autoproclamé]. Les gens le plus haut placés sont venus le voir, et ce qu’ils ont convenu entre eux, lui le sait et eux le savent. Je suis sûr qu'il lui a été promis beaucoup de choses qu'ils ne voudraient pas l'entendre dire maintenant, quand il va aller à La Haye ».

Ainsi donc, Karadzic et Mladic ont eu les mains libres pendant les trois années qui ont suivi notre rencontre à Pale, avant de porter la guerre, selon les actes d'accusation contre chacun d’eux, à son nadir: le massacre de Srebrenica, qui a été déclaré un génocide, et que Karadzic et Mladic sont accusés d’avoir ordonné. La "zone de sécurité" a été facilement envahie en Juillet 1995, sous les yeux des Casques bleus néerlandais mandatés pour la protéger et alors que le commandant de l’ONU, le général Bernard Janvier, refusait d'intervenir depuis Sarajevo, après avoir dîné avec Mladic quelques jours auparavant*. Pendant que les soldats de l'ONU regardaient faire, les femmes et les enfants ont été séparés des hommes et des garçons, qui ont été emmenés vers des sites comme un entrepôt, un barrage et une école pour des exécutions sommaires. Des milliers d'autres qui ont fui à travers les forêts sur ce qui a été connu comme la "route de la mort" ont également été raflés et tués. En cinq jours, 8 000 personnes ont été assassinées.

Seule une poignée d'hommes - pas plus de 15 – a survécu sur les lieux d'exécution de masse vers lesquels les hommes de Srebrenica ont été acheminés par camions et autobus. L'un d'eux était Mevludin Oric, un homme blême et mince, que j'ai rencontré dans un appartement chaotique à Sarajevo. Tout d'abord, ceux qui étaient dans le même camion que lui ont été conduits dans une salle de gym, où « il faisait si chaud que les gens s’évanouissaient. Ils nous ont donné l'eau, mais nous nous sommes battus si bien qu’elle s’est renversée, et les hommes la léchaient par terre ». Puis, « ils nous ont conduits dans un champ », se souvient-il, « et quand ils ont arrêté les camions et ont dit: ‘Mettez-vous en rangs !’, j’ai su ce qui nous attendait. Je pouvais voir des corps sur le terrain. Ils étaient en train d’armer leurs mitraillettes. J'ai pris mon neveu Haris par la main. Il a demandé : « Est-ce qu’ils vont nous tuer?’ J'ai dit non, alors ils ont commencé à tirer. Haris a pris une balle et nous sommes tombés tous les deux. Je n’ai pas été atteint. Je me suis juste jeté au sol. Mon neveu a tressauté et il est mort en s’abattant sur moi. »

Mevludin est resté allongé, visage contre terre. « Je pouvais entendre des cris et des supplications, mais ils ont continué à tirer. Ça a duré toute la journée, jusqu'à ce que les tueurs se fatiguent et deviennent soûls, continuant à tirer à la lumière des bulldozers. Enfin, ils ont éteint les phares. J'ai commencé à me déplacer un peu. Je me suis dégagé du corps de mon neveu. J’ai vu le champ plein de corps, partout, aussi loin que je pouvais voir. Et je me suis mis à pleurer, sans pouvoir m’arrêter. »

Mais Karadzic est accusé d’avoir ordonné beaucoup plus au cours de ces trois années, entre Omarska et Srebrenica - cette dernière étant emblématique de tant d’atrocités dans autant de lieux dont la notoriété de Srebrenica tend maintenant à détourner, au lieu d'attirer l'attention sur elles. Atrocités dans des lieux dont les noms, à peine connus, ont été vite oubliés dans le monde extérieur. Qui parle maintenant des massacres commis par des Serbes de Bosnie à Zvornik, Vlasenica, Brcko ou Bijeljina (Ou encore les sites d'atrocités croates, comme Ahmici, ou le camp des Musulmans de Bosnie à Celebici) ? Quand Karadzic sera à La Haye, il sera jugé dans la salle d'audience à côté de celle dans laquelle est jugé un homme qu’il connaît bien: Milan Lukic, d'une ville nommée Visegrad, qui était un des hommes de confiance du cercle de la "Preventiva" chargé de la protection rapprochée de Karadzic alors qu'il était en fuite. Lukic s’est querellé avec le cercle intime de Karadzic a fui à la fois leurs représailles et l’inculpation à La Haye vers l’Argentine, où il a finalement été arrêté en 2005.

Visegrad se niche dans la vallée de la rivière Drina, à un endroit particulièrement beau, et le fugitif Karadzic y avait été repéré en 2004. Chevauchant la rivière, il y a un magnifique pont ottoman, emblématique de la Bosnie, qui a été transformé en abattoir par les Serbes de Bosnie. Nuit après nuit, des camions ont déchargé des civils musulmans de Bosnie sur le pont et sur les berges de la rivière sous la surveillance de miliciens serbes de Bosnie, qui auraient été sous les ordres de Lukic, et massacrés parfois au couteau, parfois par balles et jetés dans la rivière, morts ou à demi morts – rendant les eaux turquoise de la Drina rouges de sang. Des centaines d’autres musulmans y compris des femmes, des enfants et des bébés ont été enfermés dans des maisons et brûlés vifs. Quand il a été arrêté, Lukic a déclaré: « Mladic a toujours été et restera le véritable héros et idole, et Karadizic le chef de mon peuple. »


Source : http://www.guardian.co.uk/world/2008/jul/23/radovankaradzic.warcrimes
Article original publié le 23Juillet 2008
Sur l’auteur
Fausto Giudice est membre de
Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur et la source.
URL de cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5592&lg=fr

jeudi 24 juillet 2008

Compte-rendu des journées de protestation organisées par les familles des détenus politiques de Marrakech

Comité national de soutien aux étudiants détenus de Marrakech et à tous les prisonniers politiques / Les familles des étudiants détenus politiques à Marrakech, Rabat, le 23 Juillet 2008

Après avoir épuisé toutes les formes de lutte possibles, les familles des étudiants détenus politiques à Marrakech ont décidé d’aller manifester à Rabat le 12 juillet 2008 devant le Conseil consultatif des droits de l’homme et pour avoir un entretien avec son président Ahmed Harzanni. Ce dernier les a surpris par ses déclarations les condamnant et criminalisant avant même que la justice les juge. Cet ancien détenu politique a recouru dans le passé à la grève de la faim assimile aujourd’hui cette forme de lutte à un suicide.
Le lendemain, mardi 13 juillet, les familles des détenus ont organisé un rassemblement pacifique devant le ministère de la Justice pour avoir un entretien avec le Directeur adjoint de l’administration pénitentiaire. Ce dernier leur a fait comprendre que le ministère n’était ni concerné ni responsable de leurs revendications.L’après-midi, les familles ont rejoint le siège de la délégation régionale des prisons à Agdal pour y rencontrer le directeur général des prisons et lui soumettre la liste de leurs revendications. Ce dernier leur a promis d’intervenir pour obtenir la séparation de ces détenus des prisonniers de droit commun.
Le mardi en début de soirée, les familles, soutenues par le Comité national de solidarité, ont organisé un sit-in devant le Parlement, qui a duré plus d’une heure. Elles ont crié des slogans dénonçant l’arrestation de leurs enfants et ont dénoncé M. Harzanni qui a rejeté leurs revendications en leur disant qu’ils n’avaient pas le choix : soit ils arrêtent leurs grève de la faim, soit lui, Harzanni, leur apporterait des linceuls.
Toujours le même soir, le détenu Abdallah Errachidi a été transporté à l’hôpital de La Mamounia après être tombé dans le coma. Le détenu Khalid Miftha a été agressé par ses geôliers. Le même soir, Zahra Bodkor, Mourad Chouini et Youssef Al Macdhoufi se sont évanouis. Cela a conduit les familles à joindre la direction des prisons mercredi matin, pour réclamer un entretien d ‘urgence sur leurs revendications. La seule réponse qui leur a été donnée a été un tabassage par les forces de Laânigri. La mère de Younis Salmi, la sœur de Jalal Kotbi et le père de Khalid Miftah et d’autres ont été gravement blessés.et ont été transférés aux urgences de l’hôpital Avicenne.
Parallèlement, les familles des prisonniers ont entamé une grève de la faim à l’appel de l’AMDH et du Comité national de solidarité. Le soir même, les familles ont organisé un nouveau rassemblement devant le Parlement. Elles ont n’ont rencontré que les matraques, les coups de pied, de poing , même les personnes âgées, comme Abdallah Jamili, père du détenu Mohamed Jamili n’ont pas été épargnées, ainsi que Mimoun Hami, militant du Comité national, qui a eu une fracture.
Au moment où les familles organisaient ce rassemblement, les prisonniers faisaient un sit-in dans la cour de la prison, refusant de réintégrer leurs cellules avant la satisfaction de leurs revendications. Ils ont été tabassés par les gardiens et Othman Chouini a été blessé. Abdallah Errachidi a été tabassé par le gardien Assamouni, le même qui avait auparavant tabassé le détenu Aalae Edderbali.Mourad Chouini a été lui aussi agressé et sauvagement tabassé à Boulmahrez devant le directeur de la président, qui lui a dit ouvertement : « Nous avons reçu des instructions pour vous priver de tous les acquis et ne pas répondre à vos revendications. En fait, on espère que vous creviez. Et vous pouvez rapporter mes propos à qui vous voudrez. »
Comme les familles ont trouvé partout porte close, elles ont décidé de reconduire leur lutte et de réfléchir à d’autres formes de lutte plus intenses, dans la ville de Rabat, en faisant le serment de ne pas quitter Rabat avant la satisfaction des revendications de leurs enfants, surtout les revendications urgentes suivantes :
1 – Le regroupement des prisonniers politiques en les séparant des droits communs ;
2 – Le droit de visite des familles et de leurs camarades ;
3 – Le droit d’accès à la bibliothèque matin et soir ;
4 – La prolongation de la durée de la promenade ;
5 – L’amélioration de la nourriture et de l’accès aux soins et l’accès aux journaux ;
6 – Le droit d’inscription en troisième cycle.


Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

Journée nationale de grève de la faim organisée par l'AMDH à son siège de Rabat en solidarité avec les détenus de Marrakech
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اللجنة الوطنية للتضامن مع الطلبة المعتقلين بمراكش
اللجنة الوطنية للتضامن مع الطلبة المعتقلين بمراكش
وكافة المعتقلين السياسيين
عائلات الطلبة المعتقلين السياسين بمراكش

تقرير عن الايام الاحتجاجية التي نظمتها عائلات الطلبة المعتقلين
السياسيين بمراكش


بعدما استنفذت كافة الاشكال النضالية وكافة اللقاءات وطرقت العائلات جميع الابواب بمدينة مراكش، قررت الالتحاق بالرباط في ايام نضالية لمدة ثلاثة ايام ابتداءا من يوم الاثنين 12 يوليوز 2008 ، انطلق بوقفة امام المجلس الاستشاري لحقوق الانسان وعقد لقاء مع رئيسه احمد حرزني، حيث ستفاجئ العائلات بتصريحات الرئيس الذي ادان الطلبة المعتقلين قبل القضاء واعتبرهم مجرمين، كما اعتبر ان طريق الاضراب عن الطعام طريق انتحاري، وقال اذا مات احدهم فهم من اختاروا ذلك، انظروا كيف نسي وبسرعة هذا الرجل انه هو الاخر وبالامس القريب قد دخل في اضراب عن الطعام من اجل محاكمته، والان اصبح يعتبر الضرابات عن الطعام انتحار، لكن رد العائلات كان حازما وعبرت عن استعدادها للتضحية وانها لن تطالب ابناءها بالتراجع عن الاضراب عن الطعام خصوصا وان حرزني من يبتز العائلات بذلك.
يوم الثلاثاء، نظمت العائلات وقفة صامتة امام وزارة العدل والتقت لجنة العائلات مع نائب مدير قسم الجنايات وقد اعتبر ان وزارة العدل غير معنية بمطالب الطلبة وغير مسؤولة عن ذلك وقال ان المندوبية السامية للسجون هي المسؤولة عن ذلك ، كما اخبر العائلات بان وزارة العدل راسلت وكيل الملك بمراكش و مدير سجن بولمهارز حثتهما من خلالها على التدخل من اجل تلبية مطالب الطلبة وانقاذ ارواحهم،.
وفي ازوال التحقت العائلات بمقر المندوبية السامية للسجون باكدال والتقت بالسيد حيلمي مدير عام ادارة السجون وقدمت له مطالبها ومطالب ابنائها وقدم هو بالمقابل وعدا بالتدخل الفوري لتحقيق مطالب الطلبة وفي مقدمتها تجميعهم وعزلهم عن الحق العام.
في المساء نظمت عائلات المعتقلين مدعمة من الهيئة الوطنية للتضامن وقفة امام البرلمان دامت ازيد من من ساعة رفعت خلالها شعارات منددة باعتقال ابنائها وبحرزني الذي ابتزها ووصلت به الدناءة الى مستوى اعتبر نفسه غير انساني واجاب عن سؤال العائلات هل نحظر الكفن لابناءنا ، ب ان مات احدهم فهم من اختاروا ذلك، وما عليكم الا ان تضغطوا عليهم لايقاف الاضراب او تحضير الكفن.
في مساء يوم الثلاثاء بلغ نبأ انتقال المعتقل عبد الله الراسدي الى مستشفى المامونية بعدما دخل في غيبوبة طويلة، وكذا الاعتداء على خالد مفتاح داخل السجن من احد سجناء الحق العام، وفي الليل اغمي على بودكور زهرة ومراد الشويني ويوسف المشدوفي، مما دفع بالعائلات الى الالتحاق بمديرية السجون يوم الاربعاء صباحا وطلبت لقاءا استعجاليا لتدارس مدى تنفيذ وعود المدير العام، الا ان الاجابة هذه المرة ستكون بالقمعي من طرف قوات العنيكري، اصيبت على اثرها ام يونس السالمي واخت جلال القطبي واب خالد مفتاح، وتم نقل المصابين الى مستشفى ابن سينا لتلقي الاسعافات. وبالموازات مع ذلك دخلت العائلات في الاضراب عن الطعام التي دعت اليه الجمعية المغربية لحقوق الانسان والهيئة الوطنية للتضامن مع المعتقلين السياسيين بمراكش، وفي المساء نظمت العائلات الصامدة والرائعة وقفة امام البرلمان تعرضت لقمع وحشي اصيبت خلالها مختلف العائلات بكدمات ورضوض والركل والرفس، ولم يسلم منها حتى المسنين جميلي عبد الله اب المعتقل جميلي محمد، كما تعرض مناضل الهيئة الوطنية للتضامن ميمون حامى لضربة قد تسبب له في كسر لاننا لحدود الساعة لم تأتي سيارة الاسعاف لنقله لمعرفة اثار الضربة التي تلقاها على كتفه.
وفي اللحظة التي كانت عائلات المعتقلين تجلد امام البرلمان بزرواطة رجال العنيكري كان المعتقلون ينظمون اعتصاما في ساحة السجن وامتنعوا عن الدخول الى العنابر بدون تحقيق مطالبهم، وتوصلت العائلات بخبر تعرض ابناءها للضرب من طرف حراس السجن حيث تم ضرب الشويني عثمان على بطنه رغم انه يعاني آالام الجوع منذ 11يونيو هو ورفاقه، كما تم الاعتداء على عبدالله الراشدي من طرف المدعو الساموني وهو نفس الشخص الذي كان قد اعتدى على علاء الدربالي سابقا رغم انهم يعانون الم الجوع منذ 11 يونيو2008.
أما مراد الشويني الموجود في السجن الجديد ببولمهارز فقد تم التنكيل به بوحشية وخاطبه رئيس المعقل قائلا له، لقد توصلنا بأوامر تقضي بحرمانكم من جميع المكتسبات عدم تلبية مطالبكم والان نريدكم ان تموتوا وهذا الكلام ابلغوه لمن شئتم.
وبعدما لم تلبى مطالب العائلات من طرف المسؤولين قررت العائلات استئناف النضال والتفكير في اشكال تصعيدية اخرى بمدينة الرباط حيث قد اقسمت على عدم مغادرة الرباط دون تحقيق مطالب ابنائها خصوصا الاستعجالية منها والمتمثلة في :
1-
تجميع المعتقلين وعزلهم عن الحق العام
2-
الحق في الزيارة المباشرة لعائلاتهم ورفاقهم وكل من يرغب في زيارتهم
3- تمكينهم من الخزانة صباحا ومساء
4-
تمديد الفسحة
5-
تحسين وضعيتهم من خلال تحسين الوجبات والتطبيب والحق في الاعلام
6-
تمكينهم من التسجيل بالسلك الثالث

Des hauts gradés sadiques de Tsahal

par Gilad ATZMON , http://palestinethinktank.com , 23 juillet 2008. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala



Nous apprenons par la presse israélienne qu’une enquête criminelle a été déclenchée contre le soldat israélien filmé en train de tirer sur un palestinien entravé. Mais il y a un détail que la presse israélienne en anglais rechigne à nous faire partager. Le soldat surprise en train de tirer n’était pas un troufion ordinaire mais un sergent de 1ère classe. Et ça va encore plus loin : l’autre militaire apparaissant sur la vidéo en train de tenir le Palestinien est rien moins qu’un commandant de régiment, un lieutenant-colonel.

Au cas où n n’aurait pas compris, c’est un haut gradé de l’armée israélienne qui est filmé en train de tenir un homme menotté transformé en cible fixe de la venegance impitoyable d’un autre soldat de Tsahal. Une question vient inévitablement à l’esprit : de quel bois sont faits ces gens ? Partagent-ils de quelconques qualités reconnaissables avec le reste de l’humanité ? C’est clair, la cruauté est profondément enracinée dans la société israélienne. Il faut être deux pour danser le tango, mais apparemment il ne faut pas plus de deux soldats israéliens pour nous démontrer à tous ce que c’est qu’Israël et la résurrection nationale juive.
Il est évident que la barbarie est profondément ancrée dans la société israélienne et dans la culture hébraïque. Cela ne devrait pas nous surprendre. C’est cette véritable barbarie qui a conduit au déracinement de la population palestinienne en 1948. C’est une barbarie est pleine de ce rejet complet de l’altérité qui a maintenu depuis lors Israël et le sionisme.
Maintenant qu’il devient clair pour un nombre croissant de gens que les jours d’Israël sont comptés, certains aimeraient peut-être saisir l’occasion pour commencer à faire le bilan de la contribution du revival soniste à l’histoire juive ou même à l’histoire de la modernité de manière générale. Alors qu’Israël et des juifs de par le monde nous rabachent les prouesses siaréliennes dans la science, la technologie, l’agriculture et les arts, je parierais qu’il ne restera pas grand-chose de tout cela comme legs de l’héritage d’Israël dont les générations futures se souviendront.

Au contraire, on se souviendra d’Israël comme d’un désastre éhonté. Même si nous arrivons à préserver les Israéliens d’une attaque nucléaire contre l’Iran, un sinistre meurtre de masse qu’ils envisagent vraiment de commettre, ce qui nous restera, ce sera l’histoire d’une société raciste tribale, une idéologie du nettoyage ethnique, un gigantesque mur qui réduit la Terre sainte à des bantoustans affamés, la malnutrition à Gaza et en Cisjordanie, la torture et le lynchage comme pratiques. Comme Khalid Amayreh l’a remarqué récemment, les Israéliens sont les nazis de notre temps.

Pourtant, autant nous voyons les crimes israéliens qui sont exposés chaque jour sur les écrans télé, dans la presse et même sur YouTube, tout examen historique approfondi et sincère de l’ère nazie et des crimes nazis est strictement interdit. En conséquence, je crois que le mal nazi va perdre sa primauté et que finalement, Israël va décrocher la timbale de premier dans la classe des méchants absolus.
Je suis pleinement conscient que des juifs, tant de gauche que de droite, nous rabachent que la culture juive est humaniste et universaliste. Mais il me faut avouer que, bien que je connaisse de nombreux juifs humanistes , je ne suis moi-même jamais tombé sur un seul texte qui aurait pu être qualifié d’humaniste ou d’universaliste juif. AU lieu de cela, je suis trop souvent tombé sur des enseignements et des pratiques juifs, tribaux et barbares juives, que ce soit dans la Bible ou dans des prêches et des pratiques juifs.

Le sionisme avait pour but original de forger un juif humanise, un être civilisé authentiquement attaché à la terre, au sol, tout en étant en paix avec le reste d el’humanité. Bien qu’il soit clair que ce projet était condamné à échouer, à la lumière de la sinistre vengeance israélienne, la dimension de l’échec est énorme.

mercredi 23 juillet 2008

Radovan Karadzic, Srebrenica et Chirac - Pour rafraîchir les mémoires : La responsabilité française dans le génocide bosniaque


L’arrestation de Radovan Karadzic, l’ancien « Président » de la République ubuesque de Pale, fait couler beaucoup d’encre. Il me semble salutaire de rafraîchir les mémoires, à propos de cette « communauté internationale » qui prétend aujourd’hui juger des crimes qu’elle a encouragés hier. Voici ce que j’écrivais dans Basta ! n°7 du 29 novembre 1997.


La responsabilité française dans le génocide bosniaque

Les 200 000 morts et les quatre à cinq millions de
personnes déplacées ou exilées de l’ex-Yougoslavie
pèsent-ils sur les consciences européennes? Pas trop,
nous semble-t-il. Pas assez... pas encore. Mais
l'histoire et les peuples sacrifiés n'ont pas dit leur
dernier mot. Si la vengeance est un plat qui se mange
froid, l’injustice est un plat congelé à très basses
températures qui attend la formule secrète qui
permettra de le dégeler.

Voyez le procès Papon et sa furieuse tendance à
tourner en procès du gaullo-communisme et du
consensus «résistantiel» qui recouvrit d'un voile de
pudeur les responsabilités des fonctionnaires et
gendarmes français dans la solution finale de la
question juive. «J'assume le 17 octobre 196l», y a
déclaré Pierre Messmer, ouvrant un gouffre de
perplexité médiatique. A quand une demande de
pardon aux Algériens ?

Voyez le retour de tous les refoulés post-vichyssois.
Mitterrand s'est un jour réjoui que «cette fois-ci»,
des morts à Sarajevo n'aient pas entraîné une guerre
sur le Rhin, comme en 1914. Ce cynisme tranquille,
les électeurs français avaient sincèrement cru - ou
tenté de croire - pouvoir s'en libérer en élisant le
sanguin Chirac.

Lorsque, durant le terrible été de la «solution finale»
de la purification ethnique en Bosnie-Herzégovine,
en 1995, nous étions une poignée à dénoncer le
soutien immodéré et criminel apporté par les
gouvernements français et britannique à l'entreprise
fasciste serbe, nous nous sommes heurtés à
beaucoup d’incompréhension et de mauvaise foi.

«Mais enfin, nous disait-on, comment pouvez-vous
réclamer la levée de l'embargo sur les armes pour
les Bosniaques? Vous voulez ajouter la guerre à la
guerre! Mais enfin, Chirac a promis qu'il allait
secourir les malheureux Bosniaques. Il faut lui faire
confiance; il n'est pas comme Mitterrand.» Etc. etc.
Eh bien, ces braves gens ont été trompés. A eux de
tirer leurs conclusions.

Un crime contre l'humanité a été commis en Bosnie,
notamment à Srebrenica. Les responsabilités de la
«communauté internationale» dans ce crime n'ont
rien d'abstrait. Elles sont très concrètes. Elles sont
partagées, principalement entre les États-Unis,
l'Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la
France.

Cela n'exonère personne. Mais la responsabilité
française - et dans ce domaine aussi, la continuité de
Mitterrand à Chirac est totale - est particulièrement
lourde.

Vendredi 14 juillet, jardins de l'Elysée: devant une
batterie de caméras et de micros, le nouveau
Président, au cours d'une garden-party new look
répond à une question sur la prise de Srebrenica,
trois jours plus tôt, par les troupes du général serbe
Ratko Mladic. Avec un aplomb rétrospectivement très
impressionnant, il affirme sans ciller qu'il n'est pas
informé. Autrement dit, il est dans la même situation
que vous et nous, petits citoyens anonymes sans
importance: on ne le tient au courant de rien. C'est
fâcheux, avouez-le. Car la grande différence entre
vous-nous et lui, c'est que nous ne sommes pas chef
d'État d'un des cinq pays membres permanents du
Conseil de sécurité, que vous-nous n'avons pas la
faculté d'appuyer sur le bouton rouge de la force de
frappe nucléaire et que nous n'avons même pas le
numéro de téléphone du portable de Miadic,
Milosevic ou Karadzic.

Pas informé, Chirac?

Plus le mensonge est gros et mieux il passe.
Chers électeurs et citoyens, on vous a tout simplement trompés.
Deux jours après cette garden-party, le président
français faisait une déclaration solennelle
reconnaissant la responsabilité de l'État français, de
sa police et de sa gendarmerie dans la déportation
des juifs de France. Nous espérons qu'il ne faudra
pas attendre l’an 2048 pour que les successeurs des
responsables français et européens d'aujourd'hui
se décident à «reconnaître la responsabilité des
démocraties» dans le génocide des Bosniaques.
Sommes-nous vraiment irréalistes?

L'exemple palestinien montre amplement, depuis
cinquante ans, que les dénis de justice, entérinés ou
non par les Nations unies, sautent un jour à la
gueule de tout le monde.

Faute de justice, la rage et la vengeance peuvent
faire des ravages terribles et toute l'humanité y perd.
Établir les responsabilités est donc une oeuvre de
paix.

Et il n'y a pas de paix véritable sans justice.

Le général Bernard Janvier commandait en
1995 la Forpronu [Force de protection de
l'Onu], censée protéger les Bosniaques
réfugiés dans les «zones de sécurité».
Le 24 mai 1995, au cours d'une réunion à
huis clos du Conseil de sécurité de l'Onu à
New York, Janvier propose d'abandonner
les zones de sécurité de Srebrenica, Zepa
et Gorazde.

Un mois plus tard, Janvier est informé par
les services français de renseignement
militaire des préparatifs serbes d'attaque
de Srebrenica.

L'attaque commence le 5 juillet. Jusqu'au
11 juillet, Janvier répondra par la négative à
cinq demandes successives d'intervention
aérienne de ('OTAN pour stopper l'attaque,
émanant du commandant néerlandais de la
Forpronu à Srebrenica.

Le 10 juillet, l'État-major militaire de la
Forpronu est réuni à son QG de Zagreb
autour de Janvier. A 20 heures 15, on
demande le général au téléphone. C'est
Paris. Janvier s'isole pour prendre l'appel,
accompagné uniquement d'officiers
français.

À son retour, Janvier annonce que le
général Ratko Mladic n'a pas l'intention de
conquérir Srebrenica et qu'il n'y a donc pas
lieu de demander une intervention aérienne
de l'OTAN.

Seize heures plus tard, Srebrenica est
conquise par les troupes de Mladic. 40 000
personnes en sont chassées. 8 000
hommes seront exécutés sommairement
par les hommes de Mladic. Mais ce dernier a
auparavant fait signer une «décharge» au
commandant néerlandais, avec lequel il
s'est fait photographier, trinquant avec des
flûtes à champagne. En novembre 1995, le
Commandant néerlandais déclarera: «Ce
n'était pas du champagne, mais seulement
de l'eau.» On est rassurés.

L'appel téléphonique du 10 juillet de Paris à
Zagreb était de Jacques Chirac. Ce dernier
avait obtenu, à l'issue de trois conversations téléphoniques avec
Milosevic les 3, 9 et 11 juin, la libération de
401 Casques bleus pris en otage par les
troupes serbes de Mladic. En échange, il
avait promis qu'il n'y aurait pas de frappes
aériennes de l'OTAN.

Dans un télégramme adressé le 19 juin à
Kofi Annan, chef du Département des
opérations de maintien de paix, dont
dépendait la Forpronu, l'envoyé spécial de
l'Onu Akashi rendait compte d'un entretien
avec Milosevic. Ce dernier lui avait déclaré
avoir été informé par Clinton qu'il n'y aurait
pas de frappes aériennes si Chirac les
jugeait «inacceptables». Et jusqu'au 11
juillet 1995, Chirac les jugea inacceptables.
Milosevic avait aussi précisé à Akashi que
Chirac lui avait déclaré ne pas s'attendre à
ce que la Force de réaction rapide soit
engagée, mais que sa création pourrait
aider à remettre en route le processus des
négociations.

Ces informations ont été publiées
notamment par NBC Handelsblad, un
quotidien néerlandais. On les retrouve dans
un livre paru chez Atlas Publications,
Amsterdam/Anvers, sous la plume de Frank
Westermann et Bart Rijs, intitulé
Srebrenica: Het Zwartste Scénario [Le
scénario le plus noir]. Elles ont été
publiées par Basic Reports, une lettre
d'information sur la politique internationale
de sécurité éditée par le British American
Security Information Council, sous la
plume d'Andreas Zumach.

En France, ces informations n'ont jamais
fait l'objet d'enquêtes officielles publiques
ni même d'enquêtes journalistiques
poussées. On y a trouvé des allusions dans
Le Nouvel Observateur et dans un
reportage d'Envoyé Spécial. C'est tout.

Des commentaires?

Circulez, il n'y a plus rien à voir.

Sauf des charniers.

Fausto Giudice


C'est pour le Soudan et la CPI que nous avons peur, pas pour Omar Al Bachir

par Haytham MANNA, 21 juillet 2008. Traduit parTafsut Aït Baamrane, Tlaxcala

هيثم مناع
خوفنا على السودان والمحكمة وليس على البشير


En faisant inculper le président soudanais Omar Al Bachir, le procureur Luis Moreno-Ocampo vient de sortir la Cour pénale internationale de sa léthargie avec une nouvelle bombe médiatique, succédant à la précédente : l'échec de la tentative d'enlèvement du ministre soudanais Ahmed Haroun pour le transférer à La Haye. On peut dire que cette fois-ci, Ocampo a réussi à réveiller à la fois les dirigeants du monde et les institutions directement et indirectement concernées. L'Union africaine, la Ligue arabe, le gouvernement et les partis soudanais, les organisations et les personnalités arabes et africaines, les défenseurs des droits humains, se sont mobilisés pour mettre fin à cette action contre le président soudanais, tandis que les mass médias occidentaux ont entonné le chant de la victoire de la justice internationale.



Omar Al Bachir



Ahmed Haroun





Les factions armées du Darfour pensent elles aussi avoir remporté une victoire morale ! Certains marchands de convictions du genre de Bernard Kouchner - un des rares en France à avoir soutenu l'agression contre l'Irak - pratiquent le sport de la "leçon d'éthique", exigeant du président soudanais qu'il coopère (avec la CPI).

Les journaux européens les plus sérieux parlent des risques pour la sécurité, la paix et l'unité du Soudan. Et on peut dire que les réactions les plus faibles sont venues de la communauté des droits de l'homme, puisqu'on constate soit le mutisme d'un grand nombre d'organisations soit leur empressement automatique à se féliciter de la décision de M. Ocampo, précédant même dans leurs prises de position celles des juges de la CPI pour clarifier la procédure.



Luis Moreno-Ocampo




La question du Darfour a été le plus important révélateur de l'indépendance et du sérieux des ONG de droits de l’homme :

D'une part, on encourage l'ONU depuis la résolution du Conseil de sécurité 1593 de 2005 (résolution qui prévoit la transmission du dossier de la situation au Darfour depuis le 1er Juillet 2002 au Procureur de la Cour pénale internationale); ce que l'on pourrait appeler "l'industrie Darfour" (comme on parle de l'industrie de l'Holocauste): un groupe d'institutions donne sans calculer d'immenses subventions sans limites à tous ceux qui participent aux campagnes floues publiant des chiffres fantaisistes sur les crimes graves commis au Darfour.

D'autre part, des organisations plus sérieuses se sont trouvées elles-mêmes exclues du cirque médiatique et du cours des événements, du fait que les chiffres dont elles faisaient état étaient inférieurs et les faits moins spectaculaires et leurs dénonciations plus équilibrées (le gouvernement et l'opposition armée). Le minimum acceptable du nombre de victimes des massacres du Darfour est le chiffre donné par le directeur de la chaîne El Arabiya (300 mille morts), alors que le Procureur Ocampo a ramené le plafond à moins de la moitié.



La déclaration d'Ocampo a réactivé la question du Darfour, mise en sommeil depuis la farce de l'Arche de Zoé.

La présidente tunisienne de la FIDH, Souhayr Belhassen note que "pour la première fois, on a des éléments de preuve d'un génocide au Darfour"; Mon ami Moncef Marzouki a également noté que "pour la première fois dans l'histoire de l'humanité un tribunal international demande de juger un président en exercice, alors que jusqu'ici, il était d'usage d'attendre qu'ils (les présidents) soient tombés du dos du lion pour leur demander des comptes".

Cela me rappelle l'expression chère à mes frères tunisiens, "la première fois" – à propos de la Ligue tunisienne des droits de l'homme, présentée par eux comme la "première" dans le monde arabe, ce qui est oublier bien vite qu'elle eut des prédécesseurs en Syrie et en Irak.



Toute blague de "première fois" mise à part, nous sommes confrontés à un très grave problème, à savoir la présence d'un procureur qui a échoué dans sa mission, dans tous les sens du mot échec. Il n'a pas été en mesure de développer une stratégie de travail raisonnable et acceptable dans le cadre de la Charte de Rome et du domaine de compétence générale de la CPI (les crimes graves qui ont eu lieu après sa création) et particulière (la commission de ces crimes sur le territoire ou par des ressortissants d'un État partie ou un dossier transmis par le Conseil de sécurité).



L'absence d'initiatives créatrices et originales est criante, alors qu'on en aurait vraiment besoin, vu l'absence de la CPI de ces géants en matière de superficie, de population et de puissance que sont la Russie, la Chine et les USA. On a noté sous la férule d'Ocampo des flottements dans le traitement des dossiers, avec une tendance à fuir en privilégiant l'aspect politique au détriment de l'aspect juridique dans des affaires internationales centrales (l’annonce même du mandat d’arrêt du président soudanais est faite par un responsable au département d’Etat).



D'autant plus que les victimes les plus nombreuses et les situations les plus dangereuses sont situées dans le domaine connu sous l'appellation de "guerre contre le terrorisme", domaine dans lequel le procureur a refusé de mettre le nez.
Monsieur Ocampo refuse de donner un avis ou de dire un seul mot ou la moindre déclaration sur la poursuite des constructions de colonies en Cisjordanie par l'État hébreu, malgré le fait que ce crime contre l'humanité soit mentionné dans la Charte de Rome et que la Cisjordanie ait été de par son statut juridique associée à la Jordanie de 1948 à 1967, et que donc nombre de victimes palestiniennes sont citoyens d'un État qui a ratifié la Charte de Rome (Royaume de Jordanie).



M. Ocampo n'a pas non plus eu un mot sur le Mur de séparation, bien que celui-ci relève de la Charte de Rome, ni sur les crimes graves commis dans l'occupation de l'Iraq et des territoires palestiniens. Il a refusé d'accepter la requête présentée par le spécialiste en droit pénal Hugo Ruiz Diaz Balbuena (Paraguay), qui, au nom d'organisations arabes et de L'Union juive française pour la paix, lui a demandé d'examiner l'agression israélienne contre le Liban. Ocampo lui a envoyé une lettre de dix pages le 2/09/2006, déclarant la CPI incompétente et allant jusqu'à dire que les crimes commis par l'occupant en Irak ne méritent pas que la Cour s'y penche.



Le Procureur fuit tout ce qui concerne les USA, la Grande-Bretagne et Israël et ne prend aucune responsabilité, même morale, alors qu'il manquait d'éléments précis dans le dossier du Darfour. Il a fait preuve de peu de sagesse pour sortir celui-ci de la crise (notamment par le recours à des méthodes interdites par le droit international sous prétexte de défense du droit international tels que le recours à l'enlèvement ou en parlant d'un génocide planifié en clair en bafouant les organisations de défense des droits de l'homme les plus sérieuses).



Toute personne suivant les affaires du Darfour ne peut que constater la faiblesse des données et des hypothèses, étayant la thèse du génocide et sous-tendant la résolution visant à poursuivre ses auteurs présumés. Cette action est basée sur l'hypothèse qu'Al Bachir avait décidé d'exterminer trois groupes ethniques (les Four, les Masalits et les Zaghawas), après l'échec des pourparlers et des opérations militaires contre les rebelles (point 12 de l'acte d'accusation). Selon le procureur général, le président soudanais aurait annoncé sa décision de mettre fin à l'insurrection en deux semaines, sans faire de prisonniers et en achevant les blessés. Les témoignages sur les cas de viol sont en nombre limité (28 cas). Et on ne peut pas non plus dire que l'exode, en supposant que les autorités soudanaises en soient pleinement responsables, avait été planifié pour pouvoir exterminer une partie ou la totalité des groupes ethniques cités, d'autant plus que les réfugiés ethniques étaient victimes de plusieurs groupes armés.
D'où l'étonnement exprimé par la Commission arabe des droits humains et MSF (Médecins sans frontières)- ainsi que par un grand nombre d'experts en droit pénal international - face aux accusations de génocide.



Le problème soulevé par Ocampo n'est pas seulement la faiblesse des données qui ont étayé son accusation, mais son manque de perspicacité pour affronter son dossier. Ce dossier avec lequel il a cru pouvoir donner une dose d'oxygène à la Cour pénale internationale pour le dixième anniversaire de la Charte de Rome. Et redonner du punch à son poste, qui est aujourd'hui fortement critiqué par beaucoup de militants des droits de l'homme qui observent de près la Cour, en frappant dans le ventre mou des dossiers empilés sur son bureau. Le dossier de la République démocratique du Congo a été classé sine die (pour une durée indéterminée) il y a un mois.



Mais le prix pourrait en être une profonde fracture avec le continent africain, dont une écrasante majorité a ratifié la création de la CPI, et une hostilité du monde arabo-musulman qui ne comprend pas l'énigme de la soudaine comparaison entre Hitler et Al Bachir faite par Monsieur le Procureur général devant le Conseil de sécurité.
Ocampo est allé plus loin que ceux qui disent qu'un mauvais tribunal vaut mieux que pas de tribunal du tout et qu'il vaut mieux juger un dictateur que de disculper un criminel.



Cette question a surgi au mauvais moment et au mauvais endroit, dans une période de danger pour la poursuite de la CPI, combattue par trois des cinq membres permanents du Conseil de sécurité (USA, Chine et Russie), lequel a décidé de renvoyer le dossier du Darfour à la Cour.



L'administration US a signé près d'une centaine d'accords bilatéraux visant à empêcher toute poursuite par la Cour à l'encontre de citoyens US. C'est d'ailleurs risible qu'une organisation sérieuse comme Human Rights Watch publie sur son site web un document intitulé Mythes et réalités de la CPI, visant à rassurer les citoyens us américains sur le caractère inoffensif de la Cour et son incapacité à poursuivre Israël ou les USA.



D'autre part, le fait est que ces deux dernières années ont été marquées par une baisse des meurtres, des agressions et des conflits armés, et une reprise des pourparlers entre les factions du Darfour et le gouvernement qui avaient été mis en crise depuis une attaque menée contre la ville Omdurman. Peut-on considérer que la décision du Procureur est au service de la paix, de la sécurité et du rapatriement des réfugiés ? Est ce qu'elle permettra de mener des enquêtes indépendantes de terrain …ou bien n'est-elle qu'un prétexte?



Sauf notre respect pour tous ceux qui soutiennent Al Bachir, ce n'est pas pour le président soudanais qu'il faut avoir peur, ni pour les rois et les présidents, qui ont leurs protecteurs. C'est pour le Soudan et pour la CPI que j'ai peur.









Source : et

Article original publié le 21 Juillet 2008

Sur l’auteur

Tafsut Aït Baamrane est membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, la traductrice et la source.

URL de cet article sur Tlaxcala :
http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5569&lg=fr

Anthropologie, contre-insurrection et terrorisme global

Une science humaine « embarquée »
par Gilberto LóPEZ Y RIVAS, Contexto Latinoamericano, janvier 2008. Traduit par Regina Caillat-Grenier, révisé par Fausto Giudice, Tlaxcala

Le 5 octobre 2007, le New York Times a publié un article de David Rohde (Army Enlists Anthropology in War Zones”, “L’Armée enrôle l’anthropologie dans les zones de guerre”), à propos de ce que les militaires usaméricains considèrent comme la “nouvelle arme cruciale pour les opérations de contre-insurrection”: une équipe composée d’anthropologues et autres scientifiques sociaux au service permanent des unités de combat des troupes d’occupation des États-Unis en Afghanistan et en Irak. Le correspondant écrit que cette singulière implication des sciences sociales dans l’effort belliqueux des USA, constitue un programme expérimental du Pentagone, dont le succès et la forte recommandation des commandants sur le théâtre de la guerre lui a valu après son démarrage en février 2007, l'autorisation par le Secrétaire à la Défense, Robert M. Gates, d'une rallonge de 40 millions de dollars pour assigner des équipes similaires à chacune des 26 brigades de combat dans les deux pays mentionnés.


Dans ce même article, sont soulignées les réactions critiques venues d’un large secteur des universités usaméricaines, qui n’hésite pas dans son jugement à qualifier ces pratiques d’“anthropologie mercenaire” et de “prostitution de la discipline”, et compare ces faits avec les événements des années soixante, lorsque des anthropologues ont été utilisés pour des campagnes de contre-insurrection au Vietnam et en Amérique Latine (Plan Camelot).


L’American Anthropological Association, lors de sa session annuelle en novembre 2006, en présence de plusieurs centaines de ses membres, a condamné à l’unanimité “l’usage de la science anthropologique comme élément de torture physique et psychologique”, face à la possibilité que les tortionnaires de la prison d’Abou Ghraib, en Irak, auraient pu être inspirés par l’ouvrage d’un anthropologue, basé sur l’idée que “des hommes arabes sexuellement humiliés pourraient devenir de gentils informateurs”(Matthew B. Standard. “Montgomery McFate Mission. Can one anthropologist possibly steer the course in Iraq?” San Francisco Chronicle, April 29, 2007).


En juillet 2007, l’anthropologue Roberto J, González a écrit un excellent article (“Vers une anthropologie mercenaire? Le nouveau manuel de contre-insurrection de l’Armée US FM- 3-24 et le complexe militaro-anthropologique”. Anthropology Today, Vol. 23, No. 3, June 2007), dans lequel il détaille de manière critique les contributions d’anthropologues dans la réalisation de ce manuel. González démontre, également, que certaines de ces “contributions” ne sont pas novatrices du point de vue de la théorie anthropologique, mais qu’elles ressemblent plutôt à “une introduction à l’anthropologie simplifiée –bien qu’il y ait peu d’exemples et aucune illustration.”



Montgomery McFate


L’anthropologie mercenaire usaméricaine est caractérisée par sa belligérance et par le cynisme avec lequel elle justifie l’étroite collaboration entre anthropologues et militaires lors des guerres impérialistes, qui violent les plus élémentaires droits de l’homme, ainsi que


les principes fondateurs de l’Organisation des Nations Unies. L’un de ses défenseurs et auteurs intellectuels les plus actifs, est l’anthropologue usaméricaine Montgomery Macfate, qui s’est imposée la tâche d’“éduquer” les militaires et dont la mission pendant les cinq dernières années a été de convaincre les stratèges de la contre-insurrection, que l’ “anthropologie peut être une arme plus efficace que l’artillerie”. Macfate ignore ses confrères universitaires qui l’exaspèrent avec leurs critiques, et qu’elle considère comme enfermés dans leur tour d’ivoire, “plus intéressés par l’élaboration de résolutions que par les solutions”. Aujourd’hui elle est “commissaire politique” des militaires, l'un des auteurs dudit manuel de contre-insurrection, auteure du programme Système Opératif de Recherche Humaine sur le Terrain, lancé par le Pentagone, et conseillère auprès du Secrétaire à la Défense. Un véritable succès de l’American way of life.



Tomas Munita pour The New York Times
Une anthropologue "embarquée" au travail sur le "terrain" dans une clinique établie par l'armée US dans la Vallée de Shabak en Afghanistan.


Dans la réalité, la participation d’anthropologues dans les missions coloniales et impérialistes est aussi ancienne que l’anthropologie elle-même, laquelle a été établie en tant que science, tout en conservant des liens étroits avec l'impérialisme et en imposant des rapports de domination et d'exploitation capitalistes dans le contexte mondial. Sur ce thème, l’ouvrage de Gérard Leclercq, Anthropologie et colonialisme (Paris: Librairie Artheme Fayard, 1972), est un classique qui affirme dans son introduction: “La double naissance de l’impérialisme colonial contemporain et de l'anthropologie, également contemporaine, peut être située à la deuxième moitié du XIX siècle. Nous essaierons de mettre en exergue la relation de l’idéologie impérialiste, dont l’anthropologie n’est qu’un des éléments, avec l’idéologie coloniale, et les raisons pour lesquelles une recherche "sur le terrain" devenait nécessaire et possible pour une colonisation de type impérialiste". (p. 15)


Il faut se rappeler le rôle important joué par les anthropologues au Mexique, dans l’élaboration des politiques indigénistes depuis que Manuel Gamio, - père fondateur de la discipline dans ce pays -, définit l’anthropologie comme “la science de la bonne gouvernance”, en créant un mariage entre anthropologues et État mexicain, en partie brisé lorsque le mouvement estudiantin et populaire de 1968 créa les conditions qui permirent l'émergence de courants critiques et la dénonciation de la complicité de l’anthropologie mexicaine de l’après-révolution dans l’ancrage du colonialisme interne que la révolution zapatiste avait rompu. Le grotesque maquillage culturel de l’anthropologie contre-insurrectionnelle ne change pas la nature brutale de l’occupation impérialiste, elle ne gagnera ni l’esprit ni le coeur de la résistance et des millions d’Usaméricains qui se manifestent de plus en plus contre la guerre.


Le nouveau manuel US de la contre-insurrection



Pour exprimer le niveau d’implication de la haute bureaucratie universitaire dans les efforts belliqueux de l’impérialisme US, l’université de Chicago a publié au mois de juillet de cette année, une édition de poche - pour une vareuse militaire, naturellement - du nouveau Manuel de campagne de contre-insurrection (No. 3-24) [Counterinsurgency Field Manual ]. Cette complicité ouverte des cercles universitaires avec la machinerie de guerre des USA, a provoqué une avalanche de critiques chez les intellectuels indépendants usaméricains , qui ont rigoureusement analysé le texte coordonné par le général David H. Petraeus et ont condamné le rôle honteux joué par les autorités universitaires qui donnèrent leur consentement pour éditer un manuel destiné à la persécution, à la torture et au meurtre d’êtres humains et à l’occupation militaire des pays dans les “ coins sombres du monde” où les USA prétendent faire prévaloir leurs intérêts.


Une de ces critiques est due à David Price, auteur d’un article démolisseur, traduit en espagnol et publié par Rebelión: “Prostitution de l’anthropologie au service des guerres de l’empire” [Pilfered Scholarship Devastates General Petraeus's Counterinsurgency Manual], dans lequel il démontre le plagiat réalisé - notamment dans le chapitre 3 du Manuel - d’auteurs tels que Victor Turner, Anthony Giddens, David Newman, Susan Silbey, Kenneth Brown, Fred Plog, Daniel Bates, Max Weber, entre autres. Ce chapitre, considéré par Price comme central, sort de la plume de l’anthropologue Montgomery Mcfate, qui - rappelons-le - est une des plus ferventes partisanes de l’utilisation de la science anthropologique dans la contre-insurrection à partir d’équipes d’anthropologues “embarqués” dans les unités de combat en Afghanistan et Irak. Price souligne cette absence d’éthique intellectuelle du fait que des “prétentions d’intégrité académique constituent le fondement même de la stratégie promotionnelle du Manuel”, acclamé par les mercenaires intellectuels du Pentagone, les médias et la presse écrite, comme le New York Times, Newsweek, entre autres publications usaméricaines.


Le Manuel a également entraîné une explosion de joie dans les milieux militaires sous d'autres latitudes. Le Général brésilien Álvaro de Souza Pinheiro, par exemple, le considère comme "le document le plus élaboré de la doctrine de contre-insurgeance, que le monde occidental ait connu jusqu'à ce jour" et il assure qu’"une grande partie des armées de l'OTAN, travaille déjà à la reformulation de ses documents similaires, en prenant pour modèle le nouveau manuel nord-américain". (Chile Press, 02/04/2007).
[article en français ici
]

Il est certain que el Secrétariat à la Défense nationale mexicaine, au travers du Plan México, est en train d'analyser cette nouveauté éditoriale, pour mettre à jour ses vieux manuels de guerre irrégulière et améliorer ses campagnes de contre-insurrection dans les Chiapas ou d’autres États de la république, avec l'assistance, cette fois d'anthropologues incrustés - à la mode Mcfate - qui aident les militaires à "comprendre" les cultures des "indigènes" en rébellion contre l'ordre établi.


La lecture du Manuel est nécessaire pour comprendre la mentalité des intellectuels de la guerre "contre-terroriste". La préface, signée par le général Petraeus (actuellement en charge des forces expéditionnaires US en Irak) et par le général James F. Amos, du tristement célèbre Corps des Marines, montre que les militaires usaméricains sont devenus, sinon marxistes, du moins dialectiques, dans la mesure où ils découvrent que: "L'armée et le Corps des Marines, reconnaissent que chaque insurrection a son contexte et présente un ensemble de défis qui lui est propre "


C'est pourquoi, une campagne de contre-insurrection requiert que "Soldats et Marines (avec des majuscules dans tout le texte) utilisent un mélange de tâches de combat, en faisant appel plus fréquemment à des agences non militaires…On espère que Soldats et Marines deviendront constructeurs de nations autant que guerriers. Ils devront être préparés pour aider à rétablir les institutions et les forces locales de sécurité et contribuer à la reconstruction des services de base. Ils seront capables de faciliter le rétablissement de la gouvernabilité locale et de la loi. La liste de ces tâches est longue; elles réclament une coopération et une coordination avec de nombreuses agences intergouvernementales (des USA), de la nation hôtesse et du milieu international…Conduire avec succès une campagne de contre-insurrection, requiert une force flexible, adaptable, dirigée par des leaders habiles, biens informés et culturellement rusés".


L'analyse de cette préface, à la lumière de l'occupation néo-colonialiste de l'Irak, démontre que ces "constructeurs de nations" ont été précisément, ceux qui sans justification aucune, menèrent à terme une guerre, enfreignant le cadre juridique international, contre un État indépendant et membre de l'Organisation des Nations Unies, laquelle guerre a été responsable de la mort de 650 000 Irakiens, de la destruction des infrastructures de base des services publics, de l'exode de millions d'habitants vers l'extérieur, du pillage et de la destruction de son patrimoine culturel, de l'assassinat prémédité des ses écrivains, professeurs, médecins et avocats. La puissance occupante a établi un gouvernement fantoche de collabos, euphémiquement appelé "gouvernement de la nation hôtesse", lequel est maintenu en place uniquement grâce à l'astuce culturelle mortifère de Soldats et Marines et à l'imposition de la loi US.


Il est avéré que 2007 fut l'année la plus meurtrière pour les troupes d'occupation, avec 858 soldats usaméricains tués à la date du 6 novembre et 3855 depuis 2003 (61.996 morts et blessés pour des causes liées ou non aux hostilités). Le Manuel ne fonctionnerait-il pas? Soldats et Marines ne le liraient-ils pas? Les anthropologues embarqués feraient-ils mal leur travail? L'insurrection serait-elle plus dialectique que la contre-insurrection?


Manuel de terrorisme global


Le présupposé de base du Manuel de Contre-insurrection 3-24, est que les USA ont le droit d'intervenir militairement au niveau mondial, ce qui est contradictoire avec les principes et les lois du cadre juridique international, qui sont à l'origine de l'Organisation des Nations Unies et en constituent les fondements.


Ainsi le Manuel soutient que sa doctrine " est par définition, large en perspective et contient les principes, les tactiques et les procédures applicables dans tout le monde…Cette publication a pour objet d'aider à la préparation des chefs de l'Armée et du Corps de Marines à conduire des opérations de contre-insurrection dans n'importe quelle partie du monde."


Afin de justifier cette extraterritorialité militaire --déjà mentionnée-- les stratèges utilisent un supercherie juridique, dénommé "nation hôtesse", dont le gouvernement "invite" les USA à la contre-insurrection contre son propre peuple, même si la dite autorité a été imposée postérieurement au renversement du gouvernement légalement constitué et à l'occupation militaire du pays par les forces expéditionnaires US.


Déjà, lors de l'annexion de l'archipel des Philippines en 1898, les USA livrèrent leur première guerre de contre-insurrection du XXème siècle contre la rébellion menée par Emilio Aguinaldo, sous le prétexte --selon le président William McKinley-- d"éduquer, d'élever et de christianiser les Philippins". (Timothy K. Deady, Parameters. Spring, 2005). De même, dans la guerre de contre-insurrection des USA au Nicaragua, contre le général Augusto C. Sandino - lequel dérouta à maintes reprises les marines usaméricains - les Yankees employèrent la tactique de mettre face à face "natifs contre natifs", en créant une Garde Nationale dirigée par Anastasio Somoza García, qui finit par assassiner Sandino en 1934.


Une autre des idées-forces du Manuel, est établie sur le constat que face à l'écrasante supériorité militaire conventionnelle des USA, leurs ennemis n'ont d'autre ressources que de lutter au moyen d'une guerre non conventionnelle "en mélangeant technologie moderne, anciennes techniques d'insurrection et terrorisme…". Dans la contre-Insurrection, celui qui apprend et s'adapte plus rapidement - celui qui possède la meilleure organisation pour apprendre - est généralement le gagnant. Les contre-insurrections ont été appelées acquisition de compétences par apprentissage. C'est pourquoi cette publication indique que "apprendre et s'adapter" est un impératif de la contre-insurrection moderne pour les forces US".


Á partir de cette prémisse, le Manuel conclue "Ironiquement, la nature de la contre-insurrection présente des défis aux systèmes traditionnels de leçons-apprentissage; de nombreux aspects non militaires de la contre-insurrection ne portent pas en eux-mêmes un apprentissage tactique rapide…Effectuer les tâches non militaires de la contre-insurrection nécessite une connaissance dans des domaines divers et complexes. Celles-ci incluent la gouvernance, le développement économique, l'administration publique et la force de la loi. Les Commandants ayant une connaissance profonde de ces domaines, peuvent aider leur subordonnés à comprendre des climats hostiles et peu familiers et à s'adapter plus rapidement aux changements de situations".


Sont proposées des définitions de l'insurrection et de la contre-insurrection: " l'insurrection est une lutte politico-militaire organisée et imaginée pour affaiblir le contrôle et la légitimité d'un gouvernement établi, d'une force occupante ou autre autorité politique, à mesure qu'augmente le contrôle insurgé". Une autre définition de l'insurrection affirme que celle-ci est "typiquement une forme de guerre interne, qui survient en premier lieu à l'intérieur d'un État et non entre États et dans lequel se retrouvent un minimum d'ingrédients de guerre civile. La contre-insurrection consiste dans des actions militaires, paramilitaires, politiques, économiques, psychologiques et civiles, menées à terme par un gouvernement, afin de mettre en échec l'insurrection ".


Dans le cas de l'Irak, on observe que le "gouvernement établi" n'a pas de légitimité, ni de contrôle, dans la mesure où il s'agit d'une autorité subordonnée à la puissance occupante. De sorte que, devant son échec face à la résistance patriotique, les USA ont provoqué une guerre civile dans laquelle les sunnites s'affrontent aux chiites, au travers d'attentats terroristes perpétrés par leurs agences de renseignement, renforçant de facto l'indépendance des Kurdes et affaiblissant au maximum l'unité nationale.


La grande "découverte" du Manuel est son vernis anthropologique: "La connaissance culturelle est essentielle pour entreprendre avec succès une contre- insurrection. Les idées américaines (sic) de ce qui est "normal" ou ""rationnel", ne sont pas universelles. Au contraire, les membres des autres sociétés ont fréquemment des notions différentes de la rationalité, de la conduite appropriée, des niveaux de pratique religieuse et des règles concernant les genres (sexuels)".


Le vrai processus d'acculturation des soldats usaméricains va au-delà des manuels, selon la parole d'un vétéran de la guerre d'Irak: "J'a été un assassin psychopathe parce qu'ils m'ont entraîné pour tuer: Je ne suis pas né avec cette mentalité. Ce fut le Corps d'Infanterie de Marine qui m'éduqua pour faire de moi un gangster des corps expéditionnaires usaméricains, un délinquant. Ils m'ont entraîné à exécuter aveuglément les ordres du Président des USA, pour lui rapporter à la maison ce qu'il demanderait, sans tenir compte d'aucune considération morale. J'étais un psychopathe parce qu'ils m'enseignèrent à tirer le premier et à poser des questions ensuite, comme le ferait un malade et non un soldat professionnel, qui doit affronter d'autres soldats. S'il fallait tuer des femmes et des enfants, nous le faisions. C'est en cela que nous n'étions pas des soldats, mais des mercenaires". (Jimmy Jimmy Massey : « J’étais un assassin psychopathe » , par Rosa Miriam Elizalde, Cubadebate).


Le renseignement dans la contre-insurrection


Si dans n'importe quel conflit belliqueux le travail des services de renseignement est indispensable, dans la contre--insurrection, il est particulièrement vital, soulignent les militaires usaméricains. Pour cela, le chapitre clé du Manuel de contre-insurrection 3-24 traite précisément des caractéristiques du renseignement dans cette guerre asymétrique. Également, étant donné que les conflagrations livrées par les USA ont lieu dans des espaces culturellement étrangers, la découverte militaire réside dans la collaboration de scientifiques sociaux dans les campagnes impérialistes, contre les mouvements révolutionnaires de résistance nationale.


L'anthropologue contre-insurrectionnelle Montgomery Mcfate, l'explique de cette manière: "Dans un conflit entre adversaires symétriques, dans lequel les deux parties sont de force égale et utilisent une technologie similaire, comprendre la culture de l'adversaire ne représente que peu d'intérêt. La guerre froide, avec toute sa complexité, a mis face à face deux puissances d'origine européennes. Mais dans une opération de contre-insurrection contre un adversaire non occidental, la culture est importante.” (The US Army Professional Writiong Collection, March-April, 2005


Maintenant que les commandants et les stratèges militaires demandent à "approfondir les cultures, perceptions, valeurs, croyances et processus de prise de décisions des individus et des groupes," le Pentagone a intégré des équipes d'experts en économie, anthropologie, et science politique, lesquels jouent un rôle dans ce qui est techniquement appelé "Préparation de la Compréhension du Champ de Bataille" et qui consiste en un processus continu et systématique de l'analyse de la menace possible de l'ennemi et du milieu dans une région géographique spécifique. Les scientifiques sociaux ne sont qu'un instrument de la guerre, étant donné que seul le personnel militaire est habilité à prendre les décisions finales.


Le Manuel décrit le type d'information que ces singuliers mercenaires universitaires obtiennent: "Par exemple, des groupes tribaux et familiers en Irak et en Afghanistan traversent les frontières nationales des pays voisins. Les relations frontalières permettent aux insurgés de disposer d'un refuge sûr en dehors de leur pays et les aident au trafic inter-frontalier. L'aire d'intérêts peut être importante pour l'AO (aire opérationnelle).Très fréquemment celle-ci peut être influencée par plusieurs facteurs, tels que: réseaux familiaux, tribaux, ethniques, religieux et autres, qui vont bien au-delà de la zone d’ opérations; les relations de communication et économiques vers d'autres régions, l'influence des moyens de communication sur la population locale, le public usaméricain et les associés multinationaux; les appuis logistiques, financiers et moraux de l'ennemi."


Les anthropologues-militaires définissent - avec l'aide du plagiat déjà dénoncé - des concepts comme société, groupe ethnique, tribu, réseaux, institutions, rôles et statuts, structure et normes sociales, culture, identité, système de croyances, valeurs, attitudes et perceptions, langage, pouvoir et autorité, force coercitive, capital social, participation politique, entre autres. Tout cela, afin de connaître ce qui intéresse réellement les militaires: les insurgés, leurs objectifs et motivations, l'appui ou la tolérance de la population à leur égard, leurs forces et faiblesses, leurs formes d'organisation, leurs leaders et personnalités clés, leurs activités et relations politiques, leur liberté de mouvement, leurs soutiens logistiques et financiers, leur renseignement, les nouvelles recrues, l'armement et les capacités militaires, leur entraînement etc..


Avec une attention spéciale pour la structure organisationnelle des insurgés : s'il y a une hiérarchie ou non, si les membres sont spécialisés, si les leaders exercent un contrôle centralisé ou si des actions autonomes et des initiatives propres sont autorisées, si le mouvement opère indépendamment ou s'il a des relations avec d'autres réseaux et organisations, si les insurgés donnent plus de poids à une action politique ou à la violence.


Chaque dirigeant fait également l'objet d'une étude détaillée: son rôle dans l'organisation, ses activités connues et associées, son histoire personnelle et sa trajectoire, ses croyances, motivations et idéologie, son éducation et sa formation, son tempérament ("par exemple, soigneux, impulsif, réfléchi ou violent"), son importance dans l'organisation, sa popularité hors de celle-ci. Dans les sessions de torture en Irak et en Afghanistan, à Guantánamo et autres "recoins obscurs de la planète", ce sont sans doute certaines des questions posées aux détenus par les forces d'occupation US; elles font aussi partie des matières que les mentors yankees enseignèrent aux forces armées mexicaines dans leurs cours de "combat contre le terrorisme", dénoncés par La Jornada.


De la même manière, stratégies et tactiques des rebelles méritent un soin particulier: actions de conspiration, militarisme, guérilla urbaine, guerre populaire, embuscades, incendies, bombes et explosifs, armes chimiques, biologiques, radiologiques ou armes nucléaires, manifestations, contre-espionnage des insurgés, exécutions de délateurs, séquestrations, prise d'otages, infiltration et subversion, propagande, attaques d'installations, sabotage, entre autres. Toutes les formes du renseignement sont analysées: humaine, opérations militaires, interrogatoires de détenus et de déserteurs, rapports d'affaires civiles, opérations psychologiques, officiers de l'armée et forces politiques du gouvernement fantoche, entrepreneurs, dénonciations téléphoniques anonymes, journalistes, universitaires etc.. On obtient aussi une information de renseignement de routine, par surveillance, au moyen de capteurs et de caméras, par reconnaissance spatiale, par analyse d'archives de titres de propriété ou financières, par le contenu des téléphones cellulaires et des ordinateurs.


Il serait erroné de surestimer les capacités et la portée de ce travail de renseignement des impérialistes usaméricains, comme il serait faux de penser qu'ils sont invincibles. Cependant, il est important que la communauté des anthropologues latino-américains et mondiaux se manifeste contre l'utilisation mercenaire de sa discipline.


Antropología, contrainsurgencia y terrorismo global
Anthropology, Counterinsurgency and Global Terrorism
Anthropologie, Aufstandsbekämpfung und globaler Terrorismus


mardi 22 juillet 2008

Des remous à l’OMDH après le rapport sur les émeutes d’Ifni

par Ibn Kafka, http://ibnkafkasobiterdicta.wordpress.com/, 13 juillet 2008
Ibn Kafka's Obiter Dicta - Divagations d'un juriste marocain en liberté surveillée

Je me doutais un peu que le rapport de l’OMDH sur les émeutes d’Ifni, ainsi que les déclarations tant de sa présidente, Amina Bouayach, que de la présidente de la FIDH, la militante tunisienne Souhayr Belhassen, allaient susciter des remous.
Ca n’a pas manqué: Le Journal Hebdomadaire d’aujourd’hui (vous savez, ce magazine qui a décidé en 2008 qu’il pouvait se passer d’un site web) nous apprend ainsi qu’une membre du conseil national de l’OMDH, Malika Ghabbar, a démissionné. Il cite également la réaction d’un militant des droits de l’homme d’Ifni: “c’est scandaleux de la part d’une association qui défend les droits humains d’affirmer qu’il n’y a pas eu de viols de femmes à Sidi Ifni. L’OMDH préfère parler de violences à caractère sexuel afin de diminuer l’intensité des atteintes aux droits humains qu’a connues la ville“.
Libération (tiens, un autre organe de presse marocain dans le vent:
il a un site, mais aucune archive) avait déjà évoqué ces tensions internes à l’OMDH dans son édition du mercredi 9 juillet, dans un article de Narjis Rerhaye intitulé “Vol au-dessus d’un débat sur la professionnalisation d’un engagement“:
Des commentaires incendiaires, une démission fracassante du conseil national, l’OMDH n’en finit pas de faire couler encre et salive. Son enquête sur les événements de Sidi Ifni, menée avec la FIDH, et dont les conclusions sont contenues dans un rapport final, dérange et se trouve aujourd’hui au coeur d’une polémique que beaucoup avouent avoir du mal à comprendre.
La journaliste donne ensuite la parole à Amina Bouayach, qui “s’insurge contre l’instrumentalisation de ce dossier” - on peut se demander alors pourquoi s’insurger plus contre l’instrumentalisation des événements d’Ifni que contre les actes de torture que même l’OMDH a admis, car il faut bien avouer qu’on a surtout entendu Amina Bouayach nier l’existence de morts ou de viols, atténuer la constatation de l’existence de cas de torture en affirmant que la torture n’était pas systématique, puis conclure de manière loufoque en disant qu’aucun crime contre l’humanité n’avait été commis, allégation qui n’avait, me semble-t-il, effleuré l’esprit de personne…
Bouayach poursuit:
Personne, dit-elle, ne veut entendre la vérité. “La défense des droits humains doit être fondamentalement attachée à un référentiel international. C’est grâce à un tel référentiel que nous avons pu conclure qu’il n’y a pas eu à Sidi Ifni de crimes contre l’humanité, de décès, de viols au sens juridique du terme ou de violations graves des droits de l’homme. Nous sommes prêts à en débattre point par point”.
Un passage de cette déclaration me choque énormément: “il n’y a pas eu à Sidi Ifni (…) de violations graves des droits de l’homme“. Et
ça, c’est quoi, un dommage collatéral?:

Je tiens à préciser ma pensée: dans le cas d’émeutes de très grande échelle comme celle de Sidi Ifni, où la quasi-totalité de la population a pris part à des manifestations dont certaines ont dégénéré, le rôle d’une organisation de défense des droits de l’homme est d’établir le déroulement des événements, et déterminer si des abus ont été commis, et il est évident que ces abus peuvent être dénoncés qu’ils émanent des forces de l’ordre ou des manifestants. Il faut cependant clarifier une chose: par définition, une organisation de défense des droits de l’homme aura plutôt vocation à dénoncer des violations des droits de l’homme dans le chef des autorités publiques que dans le chef de personnes privées.
Pourquoi? Tout simplement parce que l’Etat, détenant
le monopole de la violence légitime (violence est à prendre ici au sens large, synonyme de contrainte, plutôt qu’au sens littéral de la seule violence physique), dispose de ce fait d’outils de coercition incommensurablement plus puissants que ceux généralement détenus par des personnes privées: lois, armée, police, tribunaux et autres prérogatives de puissance publique.
Ceci ne signifie pas, bien évidemment, que cette focalisation sur les violations et les abus découlant de l’usage de la violence légitime par l’Etat soit exclusive de la dénonciation des violations et abus émanant de personnes ou de groupes privées: il est évidemment du ressort d’une organisation de défense des droits de l’homme de dénoncer par exemple les violences domestiques, la discrimination contre des minorités par des employeurs, propriétaires ou commercants, ou la violation des droits sociaux des salairés par leurs employeurs. Mais souvent, même dans ces derniers cas de figure, c’est l’Etat qui sera souvent mis en cause, par exemple en raison de lois insuffisamment protectrices des femmes battues ou des salariés, ou de pratiques administratives ou judiciaires lacunaires.
D’autre part, dans un Etat de droit, l’Etat est lui-même soumis aux lois qu’il édicte et fait appliquer. Eu égard au respect dû à la loi, une violation de la loi dûe à un agent public (ministre, magistrat, policier, fonctionnaire) est par principe plus grave qu’une violation similaire dûe à un particulier - comment faire respecter la loi si on (l’Etat) ne la respecte pas lui-même?
C’est dans ce contexte que la réaction de l’OMDH est surprenante, et finalement assez peu conforme aux pratiques professionnelles qu’elle invoque. Prenons le cas des décès et des viols, qu’elle affirme avec certitude ne jamais avoir eu lieu lors de la répression des émeutes d’Ifni. Pour les décès, il apparaît effectivement relativement facile d’en prouver l’existence: il suffit de cadavres - ou, en l’absence de cadavre, de “disparition” dont l’histoire récente du Maroc est riche. Mais quel est le rôle d’une organisation de défense des droits de l’homme, par définition dépourvue des moyens d’enquête et de coercition des autorités?
Une telle organisation est-elle en mesure de déclarer catégoriquement, et même de manière polémique - en s’autoproclamant professionnelle à la différence d’autres ONG qui ne parviendraient pas au même constat - qu’aucun décès ou viol n’a eu lieu? Ne serait-elle pas mieux venue à déclarer que si elle n’a pas été en mesure de recueillir de preuve au sens judiciaire du terme de décès ou de viols, elle demande néanmoins aux autorités policières et judiciaires de recueillir les plaintes en ce sens provenant de certains témoins et de menr une enquête diligente, s’agissant de faits que le Code pénal qualifie de crimes? Le professionnalisme tant vanté par Souhayr Belhassen et Amina Bouayach n’aurait-il pas imposé plus de modestie à cet égard, de la part d’ONG ne disposant pas des pouvoirs d’enquête de l’Etat marocain?
Et ceci vaut tout particulièrement pour les accusations de viol. Si l’absence de cadavre peut permettre de conclure qu’il n’y a pas eu de mort (et encore - on a vu au Maroc que des cadavres peuvent être enterrés dans des fosses communes, en dehors de toute procédure légale), en matière de viol, c’est beaucoup plus délicat d’être catégorique. C’est tout d’abord un crime qui, même dans des endroits avec une toute autre vision de la sexualité, a tendance à être sous-déclaré, les victimes répugnant à revivre leur calvaire auprès de la police et des tribunaux, ou ayant honte de leur sort. On peut donc imaginer que ces considérations pèsent d’un poids tout particulier à Ifni, d’autant que les violeurs présumés sont des membres des forces de l’ordre. Un peu de prudence dans les déclarations, surtout de la part d’une organisation de défense des droits de l’homme, n’aurait pas été de trop. Encore une fois, l’OMDH aurait pu se contenter de déclarer qu’elle n’avait recueilli de preuve formelle de l’existence de viols (mais quelle serait cette preuve formelle - un film sur YouTube?), et demander aux autorités de diligenter une enquête sur les cas allégués.
On peut hélas se poser des questions sur une étrange coïncidence, avec deux polémiques liées à la répression des émeutes d’Ifni. Je viens d’évoquer la surprenante attitude de l’OMDH, catégorique dans un sens qui arrange parfaitement les autorités, et au-delà de ce que les faits lui permettent d’affirmer. Mais s’agissant de la procédure judiciaire contre Hassan Rachidi, directeur du bureau marocain d’Al Jazira,
condamné ce vendredi 11 juillet à 50.000 dirhams d’amende pour diffusion de fausses nouvelles, Younes Moujahid, président du Syndicat national de la presse marocaine (SNPM), n’a rien trouvé de mieux à déclarer que “Al Jazeera n’est pas une chaîne sacrée“. Je ne sais pas si c’est une coïncidence, et je suis heureusement loin des querelles byzantines de l’USFP, mais il me semble que ces deux ONG, OMDH et SNPM, ou du moins leurs leaders, sont réputés proches de l’USFP. Je ne dis pas que ce sont des satellites de l’USFP, loin de là, mais il est intéressant de noter cette coïncidence - pour rappel, l’USFP siège au gouvernement et détient, nominalement du moins, le portefeuille de la justice.
Pour clore sur l’approche critiquable de l’OMDH, plus agressive contre le CMDH, dont le leader local, Brahim Sbaalil,
a écopé de six mois de prison ferme pour avoir annoncé viols et décès, voici un extrait du rapport d’ATTAC Maroc, très actif dans les manifestations populaires d’Ifni, et qui me semble exemplaire par son approche prudente, adaptée aux incertitudes de la situation - bien que cette ONG ne soit pas une ONG de défense des droits de l’homme, sur ce cas-là, elle a eu une approche, comment dire, plus “professionnelle“, pour utiliser un terme cher à l’OMDH et la FIDH. Jugez-en:
La question des morts parmi les manifestants
Certains journaux et chaînes de télévision ont annoncé
l’information qu’il y avait entre 4 et 8 ou 12 morts. Cette information n’a pu
être confirmée mais la sauvagerie et l’état d’esprit des forces de répression
lors de leur offensive permet d’imaginer cela. Le témoignage de trois personnes
va dans ce sens :
Le premier a dit avoir été arrêté et torturé au
commissariat et avoir vu en passant devant un bureau 6 corps entassés les uns
sur les autres. Même s’ils n’étaient qu’évanouis, les corps jetés en dessous
avaient toutes les chances de mourir étouffés avec le temps sous le poids des
autres corps.
Le deuxième a vu deux corps inertes dans la rue ramassés par
une voiture de police et au moment de son arrestation, 5 corps ont été amenés au
commissariat. Les policiers les ont arrosés d’eau froide. 3 d’entre eux ont
bougé, mais les deux autres n’ont pas réagi même après un deuxième arrosage et
les corps ont été introduits dans un bureau.
Le troisième témoin était au
port et a vu arriver des zodiacs pour réprimer les gens qui tenaient le piquet.
Pendant la charge de police, il a vu un gradé des CMI donner l’ordre de jeter 3
corps inanimés dans la mer, ce qui a été fait et qu’il a vu de ses propres yeux,
puis ils sont revenus pour continuer la répression du mouvement. 20 minutes plus
tard, le même gradé a donné l’ordre de récupérer les 3 corps jetés dans l’eau,
et ils ont transportés dans leurs voitures. Il est difficile d’imaginer qu’ils
aient pu rester vivants après tout ce temps passé dans l’eau, si toutefois ils
n’étaient pas morts auparavant
Nous avons écouté de nombreux autres
témoignages, mais ces trois étaient les plus fiables et nous les avons
recueillis directement et non en 2e main.
Le problème de la confirmation des
morts réside dans :-le fait que de nombreuses familles sont sans nouvelles de
leurs enfants, mais ne savent pas s’ils sont dans les montagnes, ou en état de
détention ou morts.-le fait que la répression n’a pas touché que les acteurs
direct du mouvement mais aussi des SDF qui ont aussi subi durement les effets de
la répression. S’il y a des morts parmi eux, ils sera difficile de le confirmer
car ils n’étaient pas de la région et on ne les connaissait pas.
De façon
générale Attac Maroc ne peut donner pour certaine l’information selon laquelle
des gens sont morts ou pas jusqu’à ce que des preuves concrètes soient
apportées, de leur existence ou non existence. Pour cela, il convient de
multiplier les efforts pour faire surgir la vérité aujourd’hui sans attendre
demain. Nous ne sommes pas disposés à attendre 20 ans ou plus pour savoir ce qui
s’est passé, comme cela a été le cas à Nador dernièrement.
Affinité subjective oblige, je donnerai le dernier mot à l’
AMDH (c’est extrait de l’article précité de Narjis Rerhaye dans Libération):
Amine Abdelhamid, l’ancien président de l’AMDH, est catégorique: la crédibilité
exige d’abord d’être aux côtés des victimes de violations. “On ne peut pas dire
que tout le monde est responsable, les manifestants et les forces de l’ordre. On
ne peut pas ménager la chèvre et le chou. A Sidi Ifni, on a assisté à des
expéditions punitives, à des violations de domicile de personnes qui ne
faisaient pas partie des manifestants. Une association de défense des droits
humains doit, à mon sens, se trouver aux côtés des victimes d’autant que le
combat pour les droits de l’homme consiste pour une ONG à s’attaquer aux
violations, les dénoncer, à militer pour que réparation soit faite aux victimes
et à revendiquer le changement des lois pour qu’elles soient conformes avec les
conventions internationales relatives aux droits de l’homme“.