samedi 18 juillet 2009

Solidarité avec les Ouïghours


L'Association des Ouïghours de France va lancer une deuxième manifestation à Paris à la Place de la République, samedi le 18 juillet 2009 à 12h00. L’ensemble de la communauté ouïghoure à Paris va se réunir, encore une fois, pour montrer leur solidarité avec les ouïghours du monde entier et leurs colères contre les injustices et politique discriminatoire de Pékin. Venez nombreux avec vos proches et vos amis pour soutenir et dire "CHINE: STOP AU MASSACRE DU PEUPLE OUÏGHOUR!".
L'heure : 12h00
Date : Le 18 Juillet 2009
Lieu de rassemblement : Place de la Repbublique (Métro: lignes 3, 5, 8, 9, 11; République)Itinéraire : Place de la République -- > Boulevard Voltaire --> Place de la Nation
Lieu final : Place de la Nation
Association des Ouïghours de France
http://www.ouighour.fr
email :
sos.ouighour@gmail.com


HONDURAS : Ils étaient au courant et ils ont donné un petit coup de main

par Juan GELMAN, 16/7/2009. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : Sabían y ayudaron un poquito



La Maison Blanche savait depuis des mois qu’un coup d’État se préparait au Honduras, mais aujourd’hui les porte-parole du Département d'Etat feignent une innocence surprise. L'actuel ambassadeur des USA à Tegucigalpa, Hugo Llorens, le sait très bien: le 12 Septembre 2008 , il est arrivé dans le pays, et neuf jours plus tard, le général aujourd’hui putschiste Romeo Vásquez déclarait à la station de radio HRN qu’on était venu lui demander de « virer le gouvernement du président Manuel Zelaya Rosales » (www.proceso.hn, 21-9-08). Il ajoutait : « Nous sommes une institution sérieuse et respectueuse, nous respectons donc M. le Président comme notre Commandant en chef et nous lui obéissons comme l’ordonne la loi. » Igualito Tout comme Pinochet avant de se soulever contre Salvador Allende. Toute ressemblance avec la réalité est à imputer à cette dernière.

Le 2 juin de cette année, Hillary Clinton est allée au Honduras pour participer à une réunion de l'OEA. Elle s’est entretenue avec Zelaya et lui a dit son désaccord avec le référendum que le président envisageait de mener en même temps que la prochaine élection présidentielle. Des fonctionnaires US ont indiqué qu’ils "ne pensaient pas que ce référendum soit constitutionnel " (The New York Times, 30-6-09). Six jours avant le coup, le journal La Prensa du Honduras a indiqué que l'ambassadeur Llorens a rencontré des politiciens influents et des dirigeants militaires « pour trouver une solution à la crise provoquée par le référendum » (www.laprensahn.com, 22-6-09 ). La "solution" trouvée est connue.

Il est difficile de supposer que les commandants militaires du Honduras, que le Pentagone a armés et formés à l'École des Amériques, qui a enseigné à de nombreux dictateurs d'Amérique latine comment s’y prendre, aient agi sans l'accord de leur mentor. En outre, les putschistes n’ont pas caché les raisons de leur acte : Zelaya était en train de trop se rapprocher de ce "communiste" de Chávez, le Vénézuélien le plus détesté par la Maison-Blanche : en juillet 2008, sous son mandat, le Honduras a adhéré à l'Alliance bolivarienne pour les Amériques (ALBA), le nouvel «axe du mal» en Amérique latine. C’est trop, non?


Gervasio Umpiérrez,
Juventud Rebelde


Trop, oui, parce que le Honduras est un territoire stratégique pour le Pentagone, qui, à partir de la base de Soto Cano, où sont stationnés des effectifs de l'armée de l'air et de l'infanterie US, non seulement domine l'Amérique centrale, mais cette véritable enclave est fondamentale dans le schéma militaire US pour une région riche en ressources naturelles. Bien qu’il n’ait jamais touché aux intérêts des sociétés étrangères ou des maîtres locaux du pouvoir économique, Zelaya constituait un risque de "déstabilisation". Il convient de noter que le référendum sur l'opportunité ou non de convoquer une Assemblée constituante qui permettrait la réélection de Zelaya n'était pas contraignant. Personne n’a été gêné à Washington par la réforme constitutionnelle qui a permis en Colombie la réélection d' Álvaro Uribe, un grand allié des USA, qui n'a même pas été plébiscitée. Il ne faut mélanger les torchons et les serviettes.

Les putschistes honduriens sont ne sont pas présentables. Le Général Romero Vásquez Velasquez, démis par Zelaya, revenu pour faire un putsch en enlevant et en déportant le président, a été enfermé au pénitencier national en 1993 avec dix autres membres d'un gang accusé d'avoir volé 200 voitures de luxe (www. elheraldo.hn, 2-2-93). Il était alors major ; une fois général, c’est au vol d’un gouvernement élu dans les urnes qu’il se consacre. Un autre personnage tout aussi peu présentable est le ministre conseiller Billy Joya, qui ne fait pas honneur à son nom (ou peut-être que oui, c’est une question de point de vue) [joya=bijou en esp., NdT], a été chef de la division tactique du bataillon B3-16, l'escadron de la mort hondurien qui a torturé et fait «disparaître» de nombreuses personnes dans les années 80. « Le Licencié Arrazola » - l'un de ses surnoms -, est un expert en la matière : il a étudié les méthodes des dictatures au Chili et en Argentine (www.michelcollon.info, 7-7-09). Ses antécédents sont connus, et malgré cela – ou justement, à cause de cela -, il a été choisi pour faire partie du régime putschiste, tellement démocratique.

La répression continue au Honduras. Jeudi dernier a été arrêté le père d'Isis Murillo Obeid, 19 ans, tué par l'armée à l'aéroport de Tegucigalpa [le 5 juillet, NdT]: il avait eu idée saugrenue de réclamer publiquement justice pour son fils (www.wsws.org, 11 -7-09). Les sauveteurs de la démocratie ont expulsé les journalistes de l'Associated Press, fait disparaître des écrans la chaîne Canal 21 et des troupes armées ont occupé la chaîne Canal 36 (Miami Herald, 1-7-09). Il s'agit de la conception de la liberté de la presse qui caractérise les putschistes.


Liberté de la presse, Luiso, Artistas Gráficos contra el Golpe en Honduras © Luis María Ligarribay

La Maison Blanche réagit mollement à ce qu’elle a qualifié d’«acte illégal». Hillary refuse d'appeler cela un "coup d'Etat" parce que cela impliquerait automatiquement la fin de l'aide économique et militaire US au Honduras. Les pourparlers pour un règlement pacifique qui ont lieu au Costa Rica, où le président Oscar Arias fait office de médiateur à la demande d'Obama, sont une farce. Mais ils ont un aspect important : ils impliquent une reconnaissance officieuse du régime imposé par le putsch. Arias a déjà annoncé qu'il appellera "M. le Président" aussi bien le putschiste Micheletti que le président élu et destitué. Ça, c’est vraiment de l’impartialité.


Rolando Guerrero,
Juventud Rebelde

vendredi 17 juillet 2009

Le Quai d'Orsay est-il sponsorisé par Danone ?

On pourrait le croire, à entendre Bernard Kouchner confondre Ouïghours et yoghourts... C'était le 9 juillet sur France-Info. Un moment inoubliable. "Le ministre est fatigué", a commenté le Quai d'Orsay. À 69 ans, ne serait-il pas temps de songer à la retraite? Mais sans doute, notre BK n'a pas cotisé pendant 42 ans 1/2...


Bernard Kouchner confond Ouïgours et yoghourts
envoyé par rue89. - L'info video en direct.

En finir avec le prêt-à-penser laïcard : la gauche et l’islam

par Gilad Atzmon, 14/7/2009. Traduit par Fausto Giudice et commenté par IAY, Tlaxcala
Original : Thinking out of the Secular Box: The Left and Islam

«La religion est le soupir de la créature opprimée, l'âme d'un monde sans cœur, comme elle est l'esprit de conditions sociales d'où l'esprit est exclu. Elle est l'opium du peuple. »
Karl Marx (1843)


Avant d'aborder le traitement illusoire par les progressistes et les gens de gauche des religions, et en particulier de l’Islam et de la Palestine, j’aimerais vous faire partager une sale blague raciste. Attention : féministes s’abstenir…


Une militante usaméricaine, qui avait visité Afghanistan à la fin des années 1990 avait été anéantie de constater que les femmes y marchaient derrière leur mari, quatre mètres de distance. Elle ne tarda pas à apprendre de son interprète local que cela était dû à certaines règles religieux qui stipulaient que c’était là la manière de faire preuve de respect envers le « chef de famille ».


Une fois rentrée en Usamérique, cette militante révoltée lança campagne sur campagne en défense des droits des femmes afghanes. Or, il se trouve que cette même militante dévouée a de nouveau visité Kaboul le mois dernier. Cette fois-ci, elle a eu la surprise de constater que la réalité avait entièrement changé. Désormais, les femmes marchaient devant leur mari, à huit mètres de distance ! Notre militante fit immédiatement un rapport à son QG, en Usamérique : « La révolution pour les droits des femmes bat son plein ici, en Afghanistan! Alors qu’avant, c’était les hommes qui marchaient devant, aujourd’hui, ce sont les femmes qui ouvrent la marche ! » Son interprète afghan, ayant eu vent de son rapport, prit la militante à part en aparté et il lui fit comprendre qu’elle se plantait complètement : « Les femmes marchent devant...», lui expliqua-t-il, « … à cause des mines… »


Aussi tragique cela puisse paraître à certains, nous ne sommes pas aussi libres que nous pouvons le penser. Nous ne sommes pas exactement les auteurs de la plupart de nos pensées et de nos prises de conscience. Nos conditions humaines nous sont imposées ; nous sommes le produit de notre culture, de notre langue, de notre endoctrinement idéologique et, dans bien des cas, nous sommes les victimes de notre paresse intellectuelle. Comme la militante usaméricaine semi-fictionnelle évoquée plus haut, nous sommes, dans la plupart des cas, prisonniers de nos idées préconçues, et cela nous empêche de voir les choses pour ce qu’elles sont réellement. Partant, nous avons tendance à interpréter (et en général à dénaturer) des cultures éloignées de la nôtre en employant notre propre système de valeurs et notre propre code éthique.


Cette tendance a de graves conséquences. Pour quelque raison, « nous » (les Occidentaux), nous avons tendance à croire que « notre » supériorité technologique, alliée à nos « Lumières » chéries nous équipent d’un « système éthique absolutiste, rationnel, laïcard et anthropocentrique », dont la position morale serait insurpassable.


La gauche progressiste


En Occident, nous pouvons détecter deux composantes idéologiques qui se font concurrence pour conquérir nos cœurs et nos esprits ; toutes deux affirment savoir ce qui est « faux » et ce qui est « vrai », ce qui est « bien » et ce qui est « mal ». Le libéral aura tendance à insister sur le dithyrambe de la liberté individuelle et de l’égalité civique ; l’homme de gauche aura tendance, quant à lui, à être persuadé qu’il détient un outil « social scientifique » qui lui permet d’identifier qui est « progressiste » et qui est « réactionnaire ».


Les choses étant ce qu’elles sont, ce sont ces deux préceptes modernistes laïcards qui jouent pour nous le rôle de gardiens de la vertu politico-morale occidentale. Mais en réalité, ce qu’ils ont réussi à faire, c’est exactement le contraire. Chaque idéologie, à sa manière particulière, nous a entraînés dans un état d’aveuglement moral. De ces deux discours soi-disant « humanistes » le premier (celui des libéraux) a préparé consciencieusement le terrain à des criminelles guerres interventionnistes et coloniales et le second (celui de la gauche) a été incapable de s’y opposer, du fait qu’il recourait à des idéologies erronées et à des arguments aberrants.


Tant les libéraux que les gens de gauche, sous leurs formes occidentales apparemment banales, suggèrent que le laïcisme est la réponse souveraine aux malheurs du monde. Sans aucun doute, le laïcisme occidental peut effectivement être un remède pour un certain malaise social occidental. Toutefois, les idéologies occidentales, libérale et de gauche, dans la plupart des cas, sont incapables de comprendre que le laïcisme est, en lui-même, un avatar naturel de la culture chrétienne, c’est-à-dire un produit direct de la tradition chrétienne, qui se caractérise par son ouverture vis-à-vis d’une existence indépendante en tant que citoyen. En Occident, la sphère spirituelle et la sphère sociale et citoyenne sont très largement distinctes [1]. C’est cette division même qui a permis l’ascension du laïcisme et du discours rationnel. C’est cette distinction même qui a conduit, aussi, à la naissance d’un système laïque de valeurs éthiques, dans l’esprit des Lumières et du modernisme.


Mais c’est cette séparation elle-même qui a conduit au développement de certaines formes frustes de laïcisme fondamentaliste, qui ont mûri pour se transformer en grossières visions du monde antireligieuses qui ont conduit l’Occident à ignorer totalement un milliard d’êtres humains au simple motif qu’ils portent le mauvais foulard ou qu’ils se trouvent croire en quelque chose que nous ne pouvons pas comprendre.


Progressiste contre régressif


À la différence du christianisme, l’Islam et le judaïsme sont des systèmes de croyance à orientation tribale. Plus qu’à un « individualisme éclairé », c’est à la survie de la famille étendue que ces deux systèmes de croyance sont essentiellement intéressés. Les Talibans, considérés par la plupart des Occidentaux comme le nec plus ultra de l’obscurantisme politique, ne se sentent tout simplement pas concernés par les questions ayant trait aux libertés individuelles ou aux droits de la personne. C’est la sécurité de la tribu, alliée au maintien des valeurs familiales, à la lumière du Coran qui en constitue le noyau. Le judaïsme rabbinique n’est en cela pas différent. Sa mission fondamentale est de protéger la tribu juive en perpétuant le judaïsme en tant que « mode de vie ».


Tant en Islam que dans le judaïsme, il n’y a pratiquement aucune séparation entre le spirituel et le civil. Les deux religions sont des systèmes qui apportent des réponses exhaustives en termes de problématiques spirituelles, civiles, culturelles et quotidiennes. Les Lumières juives (Hakalah) furent dans une grande mesure un processus d’assimilation juive au travers de la sécularisation et de l’émancipation, ainsi que de la diffusion de formes modernes très variées d’identités juives, au nombre desquelles figure le sionisme. Pourtant, les valeurs d’universalisme, propres aux Lumières, n’ont jamais été intégrées au corpus de l’orthodoxie juive. Comme dans le cas du judaïsme rabbinique, qui est totalement étranger à l’esprit des Lumières, l’Islam est très largement étranger à ces valeurs eurocentriques que sont le modernisme et la rationalité. Ne serait-ce qu’en raison de l’interprétation qu’ils font des Écritures (l’herméneutique), tant l’Islam que le judaïsme sont, de fait, beaucoup plus proches de l’état d’esprit postmoderne [2].


Ni l’idéologie de gauche, ni le libéralisme ne pratiquent le moindre dialogue intellectuel ou politique avec ces deux religions. C’est là une réalité désastreuse, car la plus grave menace qui pèse aujourd’hui sur la paix mondiale est celle du conflit israélo-arabe, un conflit qui est en train de devenir à grande vitesse une guerre entre un État juif expansionniste et une résistance islamique. Néanmoins, tant l’idéologie libérale que l’idéologie de gauche sont dépourvues des moyens théoriques indispensables qui leur permettraient de comprendre les subtilités inhérentes à l’Islam et au judaïsme.


Le libéral rejettera l’Islam comme sinistre, en particulier en raison de son approche des droits de l’homme et des droits des femmes. La gauche tombera dans le piège consistant à dénoncer la religion, de manière générale, comme « réactionnaire ». Sans doute sans en avoir conscience, tant les libéraux que les gens de gauche succombent ainsi à un argument manifestement suprématiste. L’Islam et le judaïsme étant plus que simplement deux religions, et étant donné qu’ils véhiculent un « mode de vie » et qu’ils jouent le rôle de réponse totalement exhaustive à des questions relatives à l’être-au-monde, les libéraux et la gauche occidentaux encourent le danger d’ignorer totalement un large secteur de l’humanité [3].

Récemment, j’ai été amené à accuser un homme authentiquement de gauche, qui est également un bon militant, d’islamophobie, parce qu’il avait accusé le Hamas d’être « réactionnaire ».


Ce militant, qui est manifestement un authentique sympathisant de la résistance palestinienne, se défendit prestement en affirmant que ce n’était pas seulement l’ « islamisme » qu’il n’aimait pas, mais qu’en réalité, il haïssait tout autant le christianisme et le judaïsme. Pour quelque raison, il était certain que le fait de haïr également toutes les religions était le bon moyen de gagner son certificat d’humanisme. Par conséquent, le fait qu’un islamophobe soit aussi un judéophobe et un christianophobe n’est pas nécessairement une preuve d’engagement humaniste. J’ai continué à défier cet excellent homme ; il a alors argué du fait que c’était en réalité l’islamisme (comprendre : l’Islam politique) qu’il désapprouvait. Je l’ai à nouveau défié, attirant son attention sur le fait que dans l’Islam, il n’existe pas de réelle séparation entre le spirituel et le politique.


D’ailleurs, la notion d’Islam politique (islamisme) pourrait fort bien être une lecture occidentale délibérément trompeuse de l’Islam. J’ai fait observer que l’Islam politique, et même la mise en pratique, rare, du « jihad armé », ne sont rien d’autre que l’Islam agissant. Malheureusement, ce fut, plus ou moins, ce qui mit un terme à notre discussion.


Ce militant pro-palestinien a sans doute trouvé trop difficile d’admettre l’unité du corps et de l’âme, propre à l’Islam. La gauche, de manière générale, est condamnée à échouer, en cela, tant qu’elle ne progressera pas, en écoutant, dans sa compréhension du lien organique, propre à l’Islam, entre le monde « matériel » et le fameux « opium du peuple ». Or, le fait de franchir ce pas représente, pour un homme de gauche, rien de moins qu’un saut intellectuel majeur. Un tel saut intellectuel a été suggéré, il y a peu, par le marxiste jordanien indépendant Hisham Bustani, lequel a déclaré :


« La gauche européenne doit procéder à une évaluation critique très sérieuse de son attitude « nous en savons plus que les autres », ainsi que de la manière dont elle a tendance à considérer comme idéologiquement et politiquement inférieures les forces populaires des pays du Sud ».


La Palestine


La solidarité avec la Palestine est une excellente occasion d’examiner la gravité de la situation. On constate qu’en dépit du traitement meurtrier que les Israéliens infligent aux Palestiniens, la solidarité avec les Palestiniens n’a toujours pas acquis l’ampleur d’un mouvement de masse. Elle risque fort de ne jamais réussir à acquérir cette ampleur. Étant donné l’échec de l’Occident à soutenir les droits des opprimés, les Palestiniens semblent avoir retenu la leçon : ils ont démocratiquement élu un parti islamique qui leur avait promis de résister. Fait significatif, il y eut extrêmement peu de gens de gauche pour soutenir le peuple palestinien dans son choix démocratique.


Dans les dispositions actuelles, qui sont celles d’une solidarité politiquement conditionnée, nous sommes en train de perdre des militants à chaque tournant de cette route cahoteuse. En voici les raisons :


1) Le mouvement palestinien de libération est fondamentalement un mouvement de libération nationale : cette prise de conscience nous fait perdre tous les gens de gauche tenants du cosmopolitisme, c’est-à-dire tous ceux qui rejettent le nationalisme;


2) En raison de l’ascension politique du Hamas, la Résistance palestinienne est désormais perçue comme une résistance islamique : là, nous perdons les laïcistes et les athées rabiques, qui vomissent la religion, ce qui les envoie valdinguer dans la catégorie des PEP (Progressistes, Excepté en ce qui concerne la Palestine) [4] ;


De fait, les PEP se divisent en deux groupes :


Les PEP-1: ce sont ceux qui, tout en étant contre le Hamas au motif qu’il serait « réactionnaire », l’approuvent néanmoins, en raison de ses succès opérationnels, comme mouvement de Résistance. Fondamentalement, ces militants attendent des Palestiniens qu’ils changent d’opinion et qu’ils redeviennent des adeptes d’une société laïque. Mais ils sont prêts à soutenir les Palestiniens, en tant que peuple opprimé, à certaines conditions.


Les PEP-2 : ce sont ceux qui sont contre le Hamas au motif qu’il s’agirait d’un mouvement « réactionnaire », et qui, de surcroît, rejettent même ses succès opérationnels. Ceux-là attendent la révolution mondiale. Ils préfèrent laisser les Palestiniens cuire dans leur jus, pour le moment, comme si Gaza était une station balnéaire.


Avec l’évaporation rapide de ces forces de la solidarité, nous nous retrouvons avec un mouvement miniature de solidarité avec les Palestiniens, doté d’un pouvoir intellectuel (occidental) pitoyablement limité, et encore moins capable d’une quelconque efficacité au niveau de la base. Cette situation tragique a été dénoncée, récemment, par Nadine Rosa-Rosso, une marxiste indépendante vivant à Bruxelles. Elle écrit : « L’immense majorité de la gauche, communistes compris, est d’accord pour soutenir la population de Gaza contre l’agression israélienne, mais refuse d’en soutenir les expressions politiques, notamment le Hamas, en Palestine, et le Hezbollah, au Liban. » (sic, NdT)


Cela amène Nadine Rosa-Rosso à se demander « pourquoi la gauche et l’extrême-gauche mobilisent-elles aussi peu de gens ? Et, disons-le carrément, soyons clairs : la gauche et l’extrême-gauche sont-elles encore capables de mobiliser, sur ces questions ? »


Quel sera le prochain épisode ?


« Si le soutien qu’apporte la gauche aux droits de l’homme en Palestine est conditionné et dépendant de la dénonciation, par les Palestiniens, de leur religion et de leurs croyances idéologiques, de leur héritage culturel et de leurs traditions sociales, et de l’adoption, par les mêmes Palestiniens, d’une nouvelle gamme de croyances, de valeurs allogènes et de comportements sociaux convenant à ce que la culture de ladite gauche considère acceptable, cela signifie que le monde est en train de dénier aux Palestiniens un des droits humains les plus fondamentaux, à savoir le droit de penser et de vivre à l’intérieur du code éthique de leur choix. »
Nahida Izzat


Le discours actuel de solidarité avec les Palestiniens de la gauche est futile : il abandonne lui-même son sujet, il ne réalise rien du tout et semble n’aller nulle part. Si nous voulons aider les Palestiniens, les Irakiens et les autres millions de victimes de l’impérialisme occidental, nous devons vraiment nous arrêter une seconde, prendre une profonde respiration et tout recommencer de zéro.


Nous devons apprendre à écouter : au lieu d’imposer nos convictions aux autres, nous devons apprendre à écouter ce en quoi les autres croient.


Serons-nous capables de suivre les conseils de Bustani et de Rosa-Rosso, et réviser totalement notre notion de l’Islam, de ses racines spirituelles, de sa non-séparation de la sphère civile et de la sphère spirituelle, de sa vision de lui-même en tant que « façon de vivre » ? La question de savoir si nous en sommes capables, ou non, est une très bonne question.


Une autre option consisterait à reconsidérer notre aveuglement et à aborder les questions humanistes dans une perspective humaniste (en opposition à politique). Plutôt que de nous aimer nous-mêmes par le biais de la souffrance d’autrui, ce qui est la forme ultime de l’égoïsme, nous ferions mieux, pour la première fois, de mettre en pratique la notion de réelle empathie, en nous mettant à la place de l’autre, tout en reconnaissant que ne nous serons sans doute jamais à même de comprendre totalement cet autre-là.


Au lieu de nous aimer nous-mêmes à travers les Palestiniens, et à leurs dépens, nous devons accepter les Palestiniens pour qui ils sont, et les soutenir pour qui ils sont, sans égard pour nos propres opinions ou nos propres machins. C’est là la seule forme réelle de solidarité possible : elle vise à une conformité éthique plutôt qu’idéologique. Elle remet l’humanité en son centre. Elle réfléchit à la profonde compréhension qu’avait Marx de la religion en tant que « soupir poussé par les opprimés ». Si nous prétendons avoir de la compassion pour les gens, nous devons apprendre à les aimer pour ce ils sont, plutôt que pour ce que nous attendons qu’ils soient.


Notes

[1] Cela a à voir avec un héritage du Bas-Empire romain et des premiers développements du christianisme en tant que concept expansionniste visant à s’étendre lui-même à des cultures et à des civilisations lointaines.


[2] On peut argumenter que le programme essentiel des tentatives postmodernes est celui de déstabiliser les fondements de la connaissance et de l’éthique modernes en remettant en cause la possibilité qu’elles soient applicables universellement aujourd’hui. Comme l’a exprimé éloquemment Muqtedar Khan, le postmoderniste cherche à privilégier l’ « ici et maintenant » par rapport au global. Tant la philosophie postmoderne que la théologie, dit Khan, « rejettent l’affirmation moderniste de l’infaillibilité de la raison ». Comme les postmodernistes, l’Islam et le judaïsme sont sceptiques à l’égard de la souveraineté de la raison et du discours rationaliste.


[3] La suggestion marxiste bizarre et très commune selon laquelle « un tas de gens, hors de chez nous » sont, de fait, « réactionnaires » du fait qu’ils sont religieux implique la présupposition nécessaire que le marxiste lui-même est confortablement installé dans une supériorité morale absolue. Ce postulat est tout à fait erroné, pour deux raisons évidentes :


- Prétendre en savoir plus que les autres, sur la base d’une affiliation idéologique ou politique n’est rien d’autre que du suprématisme en action ;


- La prétention de posséder la supériorité morale de niveau X ne saurait être scientifiquement vérifiée, sauf à avoir été validée par une autre supériorité morale, encore plus élevée, de niveau X’. Pour pouvoir affirmer que sa position est « d’un niveau moral supérieur », un marxiste devrait poursuivre sa logique et affirmer détenir la position morale encore supérieure X’. Pour vérifier X’, il devra passer à un X’ supérieur, et ainsi de suite… Nous somme confrontés, ici, à la recherche sans fin de la validation d’une signification éthique. Un tel modèle de pensée devrait nous aider à comprendre la raison pour laquelle le marxisme occidental a réussi à se détacher totalement de la réalité éthique et de la pensée éthique, et a beaucoup de mal à aborder les questions relatives à l’égalité authentique.


Le problème – évident – que pose la mise en pratique par le marxisme de la dichotomie « progressistes contre réactionnaires » tient au fait que les marxistes affirment commodément se situer dans le camp des progressistes, et qu’ils affirment, tout aussi commodément, que l’ «adversaire » se trouve parmi les réactionnaires. C’est à l’évidence légèrement suspect, voire douteux, c’est le moins qu’on puisse dire.


[4] C’est Phil Weiss, sur son inestimable blog MondoWeiss, qui a récemment inventé cette définition politiquement utile : PEP = Progressiste, Excepté en ce qui concerne la Palestine.


______________

Commentaire


Je voudrais faire ce commentaire, avec tout le respect que je dois à Gilad Atzmon pour son engagement contre le sionisme.

En fait, je trouve « trop rapide » et « fausse » son analyse quand il dit :

"À la différence du christianisme, l’Islam et le judaïsme sont des systèmes de croyance à orientation tribale. Plus qu’à un « individualisme éclairé », c’est à la survie de la famille étendue que ces deux systèmes de croyance sont essentiellement intéressés. Les Talibans, considérés par la plupart des Occidentaux comme le nec plus ultra de l’obscurantisme politique, ne se sentent tout simplement pas concernés par les questions ayant trait aux libertés individuelles ou aux droits de la personne. C’est la sécurité de la tribu, alliée au maintien des valeurs familiales, à la lumière du Coran qui en constitue le noyau. Le judaïsme rabbinique n’est en cela pas différent. Sa mission fondamentale est de protéger la tribu juive en perpétuant le judaïsme en tant que « mode de vie »."


Depuis le premier jour l’islam a cassé l’allégeance « aveugle » à la tribu. Il a d’abord placé l’être humain devant sa responsabilité individuelle et son devoir personnel de mener son combat pour « s’élever » et pour atteindre les « lumières » (le djihâd contre soi). Il a rendu l’être humain responsable individuellement comme le lieutenant du Dieu/Allah « khalifah » sur la terre, et a placé cette responsabilité au centre de la foi et de la « mission divine » confiée à l’être humain.


L’islam a développé ensuite la notion de la « Oummah » qui dépasse toute appartenance tribale, mais où il ne s’agit nullement d’y faire allégeance comme si c’était une tribu, mais bien au contraire, de veiller, au prix de sa propre vie, à ce que cette Oummah soit toujours respectueuses du droit et de la justice.


C’est cette paire « Individu, Oummah » qui va ensemble et jamais l’un sans l’autre. D’ailleurs le Coran a aussi développé un concept d’un « individu-oummah » dans l’exemple d’Ibrâhim (paix sur lui), où toute une « Oummah » pourrait être égarée et c’est un seul individu qui jouera le rôle de toute une oummah par sa rectitude.


Je ne vais pas citer ici les versets ou les paroles du Prophète. Mais je trouve dommage que l’exemple cité par Gilad Atzmon pour apporter des arguments à sa thèse soit celui des Talibans, comme s’ils étaient les représentants officiels de l’islam.


C’est d’autant plus regrettable que beaucoup de gens respectent M. Atzmon et acceptent ce qu’il dit sans y apporter nécessairement un regard critique.

IAY

jeudi 16 juillet 2009

Hommage à Marwa


Rassemblement Samedi 18 juillet 2009 à 15h AU TROCADERO en hommage à Marwa.

Marwa Sherbini, 32 ans, maman d’un petit garçon de 3 ans, mariée à un chercheur en génétique à l’Institut Max Planck, résidait en Allemagne où elle préparait une thèse en pharmacie.

Marwa, de confession musulmane a été victime d’un assassinat islamophobe le 1er juillet dernier à Dresde en Allemagne parce qu’elle portait le voile.
Elle était enceinte de 3 mois et a été poignardée à 18 reprises sous les yeux de son fils de 3 ans et de son mari également blessé (par les policiers qui l’ont pris pour l’agresseur et lui ont tiré dessus). Marwa, témoignait, devant le tribunal où elle a été tuée par celui qui, quelques mois plutôt l’avait diffamée et insultée en raison de son appartenance à la religion musulmane.
N’attendons pas qu’il y ait une Marwa en France pour réagir ! Nos craintes sont fondées sur le constat alarmant de la montée inquiétante de l’islamophobie dans ses formes les plus sombres comme l’agression violente faite à une femme en pleine rue d’Argenteuil (Val d’Oise) par des hommes armés de cutters et qui lui ont tailladé le bras. Ajoutons à cela, les nombreux témoignages de femmes qui font part d’injures, crachats et menaces dont elles sont victimes.
Resserrons les liens de solidarité pour que cesse la haine islamophobe qui gangrène la France et l’Europe !

Signataires : Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF), Collectif des Musulmans de France (CMF), Mouvement contre le Racisme et pour l’Amitié entre les Peuples (MRAP).

La répression en Iran

Liste de 42 victimes de la répression depuis le 12 juin en Iran
Liste de 705 personnes arrêtées après l’élection présidentielle en Iran

Une balle dans la tête, une balle dans le coeur

Natacha Estemirova a été enlevée à la sortie de son domicile, à Grozny, en Tchétchénie, mercredi matin à 8h 30. Son corps sans vie, criblé de balles, a été retrouvé à 16h 30, dans une forêt près de Nazran, dans l'Ingouchie voisine.
Natacha avait 50 ans. Elle dirigeait l'antenne locale de l'ONG russe Mémorial, qui dénonce inlassablement les violations des droits humains dans le Nord-Caucase.
L'ubuesque "président" tchétchène Ramzan Kadyrov s'est même permis de dénoncer le "caractère inhumain" de cet assassinat et de promettre de "superviser personnellement" l'enquête sur l'assassinat.
«Je sais, je suis sûr de l'identité du coupable du meurtre de Natalia Estemirova, nous le connaissons tous - son nom est Ramzan Kadyrov», a déclaré dans un communiqué mercredi soir Oleg Orlov, le responsable de Mémorial. Ramzam Kadyrov «menaçait Natalia, l'insultait et la considérait comme une ennemie personnelle», a-t-il poursuivi.
Natacha avait été l'une des principales informatrices d'Anna Politkovskaïa. Après l'assassinat de la journaliste de Novaïa Gazeta, en octobre 2006, elle était devenue la première récipiendaire du prix Anna-Politkovskaïa, en 2007. Elle avait également reçu un prix du Parlement européen et avait été proposée pour le prix Sakharov.
Elle avait été désignée pour participer à un conseil des droits de l’homme en Tchétchénie, mais elle avait été écartée par Kadyrov, parce qu’elle refusait de porter le voile conformément à la charia instaurée en Tchétchénie.
Elle enquêtait sur plusieurs affaires louches, dont le meurtre d’une dizaine de jeunes filles, victimes de crimes dits d’honneur, la disparition d’un étudiant expulsé d’Egypte, le meurtre la semaine dernière d’un présumé indépendantiste ainsi que les incendies de maisons de parents de rebelles.
Le président russe Dmitri Medvedev a réclamé une enquête. Il y aurait là de quoi rire, si ce n'était pas si tragique.

lundi 13 juillet 2009

La martyre du foulard: l'assassinat de Marwa El Sherbini dans un tribunal allemand déclenche la fureur en Égypte

par Kate Connolly, à Berlin et Jack Shenker au Caire, The Guardian, 7/7/2009
Traduit par Fausto Giudice,
Tlaxcala
Original : The headscarf martyr: murder in German court sparks Egyptian fury
Deutsch: Die Kopftuch-Märtyrerin: Mord in deutschem Gericht verursacht Empörung in Ägypten

• Une femme a été assassinée de 18 coups de couteau en plein tribunal à Dresde
• L’indignation devant la faible couverture médiatique en Allemagne alimente les protestations


L’Égyptienne Marwa El Sherbini et son mari Ali Elvi Okaz. Photograph: EPA Photo: EPA

C’était alors que Marwa El Sherbini témoignait à la barre, rappelant comment le prévenu l’avait insultée parce qu’elle portait le hijab, après qu'elle lui avait demandé de laisser son fils s’asseoir sur une balançoire, l'été dernier, que l’ homme a traversé la salle du tribunal de Dresde et lui a asséné 18 coups de couteau.

Marwa s’est écroulée à terre sous les yeux terrifiés de son fils de 3 ans Mustafa.

Même son mari, Ali Elvi Okaz n’a rien pu faire lorsque le contrôleur de stocks russe de 28 ans poursuivi pour insultes et abus a pris la vie de sa femme enceinte. Alors qu’Okaz se précipitait pour lui porter secours, il a été abattu par un agent de police qui l’avait pris pour l’agresseur. Il est actuellement en soins intensifs dans un hôpital de Dresde.

Alors que l’horrible incident qui a eu lieu le 1er juillet, a reçu peu de publicité en Europe, et qu’en Allemagne on a mis davantage l'accent sur les questions touchant à la sécurité dans les tribunaux que sur les motivations racistes de l'attaque, à 3200 km de là, dans son pays natal, l'Egypte, la pharmacienne de 32 ans a été nommée la «martyre du foulard".


Elle est devenue un symbole national de la persécution pour un nombre croissant de manifestants, qui sont descendus dans la rue pour protester contre ce qu’ils perçoivent comme une croissance de l'islamophobie en Occident. Les funérailles de Sherbini ont eu lieu dans sa ville natale, Alexandrie, le lundi 6 juillet, en présence de milliers de personnes endeuillées et de personnages du gouvernement. Il est prévu de donner son nom à une rue.


Sherbini, une ancienne championne nationale de handball, et Okaz, un ingénieur en génie génétique sur le point de présenter sa thèse de doctorat, vivaient en Allemagne depuis 2003, et d’après ce que l’on sait, ils prévoyaient de retourner en Égypte à la fin de l'année. Ils attendaient un deuxième enfant pour janvier prochain.

Alex W., un chômeur originaire de Perm en Russie, avait été reconnu en novembre dernier coupable d'outrage et d’abus contre Sherbini, pour lui avoir crié «terroriste» et «pute islamiste ", lors de la rencontre dans un parc de Dresde. Il avait été condamné à une amende de 780 € mais avait fait appel du verdict, raison pour laquelle il s’est de nouveau trouvé face à Sherbini au tribunal.

Alors qu’il Alors qu’il avait exprimé clairement ses sentiments anti-musulmans, la sécurité n’a pas été renforcée et des questions demeurent quant aux raisons pour lesquelles il a été autorisé à porter un couteau dans la salle d'audience.



Les personnes en colère qui ont suivi les funérailles de Marwa à Alexandrie ont accusé l’Allemagne de racisme, criant des slogans comme «les Allemands sont les ennemis de Dieu" et le Grand Mufti d’Égypte Mohamed Sayyid Tantaoui a demandé à la justice allemande de punir sévèrement Alex W.


"La colère est forte", a déclaré Joseph Mayton, rédacteur du site web d'informations de langue anglaise Bikya Masr. "Jamais depuis que l'Égypte avait remporté la Coupe d’Afrique [de football], les Égyptiens ne s’étaient retrouvés unis sous une bannière commune".

En Allemagne, le gouvernement d'Angela Merkel a été vivement critiqué pour la mollesse de sa réaction au premier assassinat islamophobe dans l’histoire du pays. Les secrétaires généraux du Conseil central des Juifs d’Allemagne et le Conseil central des musulmans, Stephen Kramer et Aiman Mazyek, qui se sont rendus ensemble lundi au chevet du mari de Sherbini qui a fait lundi une visite conjointe à l'Sherbini chevet de son mari, ont parlé des réactions «inexplicablement rares" de la part des médias et des politiciens .

Ils ont dit que même si le caractère raciste du meurtre est hors de question, le débat en Allemagne s’est concentré davantage sur la question de l'absence de sécurité dans la salle d'audience. "Je pense que les faits parlent d'eux-mêmes», a déclaré Kramer.

Le porte-parole adjoint du gouvernement Thomas Steg rejeté la critique, disant qu’on n’en savait pas encore assez sur les détails de l'incident.

"Dans ce cas concret, nous nous sommes retenus de faire une déclaration parce que les circonstances ne sont pas suffisamment claires pour permettre une réponse politique large ", a-t-il dit, ajoutant: «S’ils ‘avérait qu’il s’agissait bien d’un acte xénophobe et raciste, [le gouvernement] le condamnerait dans les termes les plus vigoureux possibles ".

Alors que des centaines d'Arabes et de Musulmans manifestaient en Allemagne, et que des observateurs faisaient des comparaisons avec l’affaire des caricatures danoises, des représentants du gouvernement égyptien à Berlin ont déclaré qu'il était important de garder l'incident en perspective.

«C’était un incident criminel, mais cela ne signifie pas qu’on assiste à une persécution populaire des musulmans est en place», a dit Magdi El Sayed, le porte-parole de l'ambassade d'Égypte à Berlin.

Mais comme il s'est produit quelques jours seulement après que Nicolas Sarkozy avait prononcé un important discours de politique générale dénonçant la burqa, de nombreux Égyptiens pensent que la mort de Sherbini s’inscrit dans une tendance plus générale à l'intolérance envers les musulmans en Europe.

L'ambassade d'Allemagne au Caire a cherché à calmer le jeu, en organisant une visite de condoléances de l'ambassadeur à la famille de la victime en publiant une déclaration insistant sur le fait que l'attentat ne reflète pas le sentiment général des Allemands envers les Égyptiens.

Des protestataires ont lancé des appels répétés à manifester devant l'ambassade d'Allemagne au Caire. Le Syndicat des pharmaciens égyptiens a dit qu'il envisage une semaine de boycott des médicaments allemands.

Le frère de la victime, Tarek El Sherbini, hôte d’un talk show populaire, a qualifié l’Allemagne de pays "froid". Des pontes médiatiques, comme Abdel Azeem Hamad, rédacteur en chef du quotidien AshShorouk, ont attribué le désintérêt des médias occidentaux pour cette affaire au racisme, faisant valoir que si Sherbini avait été juive, elle aurait reçu beaucoup plus d'attention.

Les hommes politiques en Egypte cherchent à chevaucher la vague de fond des sentiments populaires. Mais certains commentateurs ont critiqué la réaction à l'assassinat comme une diversion pour le régime impopulaire du président Hosni Mubarak, qui fait face en ce moment actuellement à une vague de grèves et sit-ins.

"La tragédie de Marwa El Sherbini est réelle, comme l’est le racisme anti-arabe, en Europe et ailleurs, mais ... sa mort a été utilisée pour canaliser le ressentiment contre l’Occident, dans le style des caricatures danoises", écrit le célèbre blogueur The Arabist.




vendredi 10 juillet 2009

Marwa, assassinée parce qu’elle portait un voile

En hommage à Marwa El Sherbini, jeune maman de 32 ans de confession musulmane victime d’un assassinat islamophobe le 1er juillet dernier à Dresde en Allemagne parce qu’elle portait un voile, nous vous appelons à un rassemblement devant l’ambassade d’Allemagne à Paris le vendredi 10 juillet à 18H30 au 13/15 Avenue Franklin Roosevelt Paris 8è (Métro : Franklin D. Roosevelt ligne 1 et 9).
.
Une nouvelle étape a été franchie avec cet acte odieux que très peu de medias ont relayé. Resserrons les liens pour que cesse la haine islamophobe qui gangrène notre continent et qui semble aveugler certains hommes politiques et intellectuels qui désormais nient l’humanité des femmes qui portent le voile après les avoir stigmatisées, vilipendées et ostracisées. Comment ne pas penser que le meurtrier était ivre de ces discours de haine puisqu’il a crié avant de commettre son acte « ces gens-là ne peuvent être diffamés puisqu’ils ne sont pas de véritables êtres humains »
Une délégation sera reçue par l’ambassade d’Allemagne.

jeudi 9 juillet 2009

Le fantôme de Marx plane sur les émeutes en Chine

par JIAN JUNBO 简军波


SHANGHAI – Les violences qui, le week-end dernier, ont fait 156 morts et plus de 816 blessés à Urumqi, la capitale de la Région autonome ouïghoure du Xinjiang dans le nord-ouest de la Chine, est le dernier exemple des conflits croissants entre le groupe ethnique majoritaire des Han et les minorités ethniques.
Au cœur de l'escalade du problème il y a une politique désuète de la Chine à l’encontre de ses minorités ethniques - un ensemble de mesures marxistes qui désormais ne satisfont ni les Han, ni les minorités. Au fur et à mesure des progrès gargantuesques de l’économie chinoise, la vision de l’ancien dirigeant Mao Zedong d’une égalité politique et économique entre les Han et les non-Han a été progressivement sapée. On a pu en voir le résultat final dans les rues sanglantes d'Urumqi.

mercredi 8 juillet 2009

Magnifique peuple hondurien

L'auteur de ce dessin, Rúkleman Soto, fait un jeu de mots entre "Escuela" (École) et "Secuela" (Séquelle). Le maître demande à l'élève : Capitale du Honduras ? Réponse du gorille : Tegucigolpe (golpe signifie putsch). Le maître : Reçu! L'École des Amériques, créée en 1946 à Panamá par le Pentagone et rapatriée à Fort Benning, en Géorgie en 1984, où elle a été rebaptisée Institut de l'hémisphère occidental pour la sécurité et la coopération, a formé tous les militaires putschistes et tortionnaires qui ont sévi en Amérique latine depuis 55 ans, dans le long cycle de coups d'État inauguré par le renversement du président Arbenz au Guatemala en 1954. On croyait révolue l'ère des gorilles (c'est ainsi que les Latinos appellent les militaires putschistes). Ce n'est pas tout à fait le cas. Le premier coup d'État "new look" de l'ère Obama vient d'avoir lieu au Honduras. Son organisateur a été le général Romeo Vásquez, chef de l'État-Major conjoint, formé à l'École des Amériques, que le président Zelaya avait destitué le 24 juin pour avoir désobéi à ses ordres. Le 26 juin, il a été reconduit dans ses fonctions par la Cour Suprême, qui a appliqué une des ressources du droit, le recours en protection (amparo). C'est la caracéristique principale de ce putsch "new look" : il se pare de tous les attributs de la légalité et de la constitutionnalité. Mais personne n'est dupe. Et quand le peuple se lève, seuls lui répondent les fusils-mitrailleurs et les tanks, comme au bon vieux temps des Pinochet, Videla, Somoza et Stroessner.

Le Général Romeo Orlando Vásquez Velásquez, gorille en chef, organisateur du Jurassic Coup ("golpe jurásico”, comme l'a défini le journaliste cubain Fidel Díaz Castro).

Les salopards qui, le dimanche 28 juin, ont renversé le président élu Manuel Zelaya (appelé MEL par le peuple) et l'ont expédié en avion au Costa Rica,mettant à sa place l'entrepreneur Micheletti - aussitôt rebaptisté Pinochetti par le peuple - avec la bénédiction de la Conférence épiscopale, n'ont pas la tâche facile. C'est que nous ne sommes plus dans les sombres années 1970. Le peuple hondurien a à sa disposition Internet, Youtube, Twitter, et il dispose d'un réseau d'émigrés planétaire, avant tout l'importante diaspora qui vit aux USA et, par ses envois d'argent, constitue la première ressource du pays. Depuis le 28 juin, donc, le peuple hondurien offre une magnifique résistance aux gorilles. Il compte beaucoup d'alliés, à commencer par les peuples et gouvernements de Cuba, du Nicaragua, du Venezuela, d'Équateur, de Bolivie, d'Argentine, du Paraguay et d'Uruguay, bref l'écrasante majorité des pays membres de l'Organisation des États américains, sans compter l'ONU et l'UE. Reste un hic : la position officielle des USA et du Canada, exemplaire de jésuitisme et de double langage. il est évident pour tous que les putschistes, bons élèves de l'École des Amériques, ont reçu les conseils et l'appui tactique du Pentagone et de la CIA pour réaliser leur putsch dominical.
Questions à 1000 millions de dollars : Obama contrôle-t-il le Pentagone et la CIA ? Est-il sur la même longueur d'ondes qu'Hilary ? Va-t-il se décider à avoir le courage de reconnaître que ce qui s'est passé à Tegucigalpa le 28 juin est un coup d'État et donc appliquer la loi US, c'est-à-dire suspendre les relations diplomatiques, économiques, militaires et fnancières avec le Honduras tant que sa capitale méritera le surnom de Tegucigolpe ?













Mel Zelaya, El Presidente cantante/The Singing President/Le Président chanteur