vendredi 29 avril 2016

Crise au Brésil

par Perry Anderson  
Original: Crisis in Brazil

Les BRICS connaissent une mauvaise passe. Après avoir été les moteurs de la croissance internationale alors que l'Occident était enlisé dans la pire crise financière et la pire récession depuis la Grande Dépression, ils constituent maintenant la principale source d'inquiétude pour les états-majors du FMI et de la Banque Mondiale. La Chine surtout, à cause de son poids dans l'économie globale : ralentissement de la production et dette colossale. La Russie : assiégée, chute dramatique du prix du pétrole, dommages dus aux sanctions. L'Inde : elle s'en sort le mieux, en dépit de révisions statistiques inquiétantes. Afrique du Sud : en chute libre. Les tensions politiques s'accroissent dans chacun de ces pays : Xi Jinping et Poutine musèlent l'agitation avec force, Modi est écrasé aux élections, Zuma est en disgrâce dans son propre parti. Cependant, nulle part les crises, économique et politique, n'ont fusionné de façon aussi explosive qu'au Brésil, qui a vu l'année dernière plus de gens manifester dans ses rues que dans tout le reste du monde.
Choisie par Lula pour lui succéder, Dilma Rousseff, l'ancienne « Jeanne d'Arc de la guérilla » qui était devenue son chef de cabinet, a remporté l'élection à la présidence en 2010 avec une majorité presqu'aussi écrasante que lui. Quatre plus tard elle fut réélue par une marge bien plus étroite cette fois, devançant de 3 % son rival Aécio Neves, gouverneur de l'État du Minas Gerais, dans une élection marquée par une polarisation régionale plus marquée que jamais, le Sud et le Sud-est industrialisés se tournant massivement contre elle, pendant que le Nord-Est votait pour elle de manière encore plus écrasante - 72 % - qu'en 2010. Mais dans l'ensemble ce fut une victoire nette, comparable à celle de Mitterrand sur Giscard, et beaucoup plus large, pour ne pas dire plus propre, que celle de Kennedy sur Nixon. En janvier 2015, Dilma – à partir d'ici nous omettrons son nom de famille, à l'instar des Brésiliens – entamait son second mandat.
Dans les trois mois, d'énormes manifestations regroupant au moins deux millions de personnes se sont déversées dans les rues des principales villes du pays pour réclamer son départ. Au Congrès, le Parti Social-Démocrate Brésilien de Neves et ses alliés, encouragés par des sondages qui montraient que la cote de popularité de Dilma était tombée en dessous de 10 %, ont pris l'initiative de réclamer sa mise en accusation. Le Premier Mai elle n'a même pas été en mesure de délivrer l'allocution télévisée traditionnelle à la nation : quand son discours à l'occasion de la Journée Internationales des droits de la femme avait été diffusé en mars, les gens l'avaient couvert par un concert de casseroles et de klaxons. Du jour au lendemain, le Parti des Travailleurs (PT), qui avait longtemps joui du taux d'approbation le plus élevé au Brésil, est devenu le parti le plus impopulaire du pays. En privé, Lula se lamentait : « Nous avons gagné l'élection. Le lendemain nous l'avons perdue. » Beaucoup de militants se demandaient si le parti arriverait à s'en remettre.
Comment en était-on arrivé là ? Pendant la dernière année du mandat de Lula, alors que l'économie mondiale souffrait encore des séquelles du krach financier de 2008, l'économie brésilienne avait progressé de 7,5 %. A sa prise de fonctions, Dilma avait adopté des mesures plus strictes contre les risques de surchauffe, à la satisfaction de la presse financière, qui y voyait l'équivalent de la politique de réassurance que Lula lui-même avait adoptée au début de son premier mandat. Mais à la mesure de la chute brutale de la croissance, et alors que le firmament de la finance s'assombrissait une fois de plus, le gouvernement changea de politique une fois de plus, adoptant une série de mesures destinée à amorcer l'investissement en vue d'un développement durable. Les taux d'intérêt ont été abaissés, les charges sociales réduites ainsi que le coût de l'électricité, les prêts des banques privées au secteur privé augmentés, la monnaie dévaluée et un contrôle limité sur les mouvements de capitaux a été imposé. A la suite de ce coup de fouet, à mi-mandat, le taux de satisfaction de Dilma atteignait les 75 %.Lire la suite  

mardi 26 avril 2016

En quatre jours, la coalition quadripartite au pouvoir a ramené la Tunisie en arrière d'un siècle et demi
في أربعة أيّام، الائتلاف الرباعي الحاكم يعود بتونس قرنا ونصفا إلى الوراء


Mokhtar Ben Hafsa مختار بن حفصة
عقد مجلس نوّاب الشّعب طيلة أربعة أيّام من نهاية الأسبوع السابق وبداية هذا الأسبوع (الجمعة والسبت والإثنين والثلاثاء) جلسات ماراطونية لمناقشة المشروع الجديد للقانون الأساسي للبنك المركزي. وهو مشروع تقدّمت به الحكومة. وجدير بالتنويه أنّ يدا خفيّة أو 'مسؤولا كبيرا'- كما جاء في أحد زلاّت رئيس الجمهورية - فرض على لجنة الماليّة والجلسة العامة بعد ذلك، أن تضع كل برامج أشغالها جانبا وتقدّم النظر في هذا القانون الأساسي باعتباره أولويّة مطلقة عندهم
الشاذلي العياري، محافظ البنك المركزي التونسي و كريستين لاغارد،المديرة العامة لصندوق النقد الدولي و سليم شاكر،وزيرا للماليّة

Le ministre des Finances Slim Chaker, Christine Lagarde, dir. générale du FMI et Chedly Ayari, gouverneur de la BCT

 وفي وقت قياسي، تمّت في جلسة مساء الثلاثاء المصادقة على القانون الجديد بـ 73 صوتا فقط وهو الحدّ الأدنى المطلوب لتمريره ممّا يعني أنّ القوى الليبراليّة الداعمة لــ'تحرير' البنك المركزي واستقلاله عن بقيّة مؤسسات جهاز الدولة قد حقّقت المطلوب منها ولو بصعوبة كبيرة.
ولا يحتاج المرء مجهودا كبيرا ليعرف أنّ اليد ظاهرة و'المسؤول الكبير' معروف. فالسلطة التنفيذية هي اليد العليا التي تحكّمت في السلطة التشريعية وأمْلت عليها ما يجب فعله. أمّا المسؤول الكبير فهو ليس إلاّ صندوق النقد الدولي الذي ما فتئت تدخّلاته في السياسة التونسية تتعزّز في السنوات الأخيرة إلى درجة أنّه تجاوز مرتبة المستشار ليصبح الآمر والناهي.
إذن، يندرج هذا القانون في اطار الخطّة التي وضعها صندوق النقد الدولي لتمويل الدولة التونسية التي تعيش صعوبات ماليّة كبيرة فهي بحاجة أكيدة إلى المزيد من الاقتراض وبصدد البحث عن حوالي خُمس ميزانية 2016. هذه الضرورة العاجلة، اضافة إلى عقيدة متزمّتة ترى الحل في المزيد من التداين ومواكبة ايديوجيا العصر المُهيمنة، هي التي دفعت حكومة الائتلاف الرباعي إلى قبول شروط صندوق النقد الدولي لإقراضها 2.8 مليار دولار ومن أبرز هذه الشروط إعداد قانون أساسيّ جديد للبنك المركزي يُعيد هيكلته على نحو يصبح فيه البنك مؤسّسة مستقلة تماما عن تدخّل الدولة والمؤسسات المنتخبة ويتلاءم مع وضع اليد على هذه المؤسسة الهامة ضمانا لديمومة نزيف التداين قبضا وصرفا وتأبيدا لسياسة ليبرالية تقطع الطريق أمام كلّ إمكانيّة لتوجّه بديل في ظل انتفاضة ثورية مازالت آفاقها مفتوحة رغم الانتصار الكبير الذي حقّقته الثورة المضادة. يا للمفارقة فعلى قدر حماس المرافعين على القانون الجديد بصيغته الحالية للاستقلالية نجد لديهم نفس الحماس، وبالقدر نفسه، لتبعية البنك المركزي للماليّة العالميّة وقوانين السوق
Les députés de l'ARP (Assemblée des représentants du peuple) ont passé quatre jours (8-9 et 11-12 avril) à des séances de marathon pour discuter du nouveau projet de loi organique sur la Banque centrale de Tunisie (BCT),  présenté par le gouvernement. Il convient de noter qu'une main cachée ou un "grand responsable", à en croire un lapsus du Président de la République, a imposé à la Commission des finances et à l'assemblée plénière de mettre de côté tout son programme pour examiner ce projet, qu'elle ou il considérait comme une priorité absolue.
En un temps record, la nouvelle loi a été ratifiée en séance mardi soir le 12, par uniquement 73 voix, ce qui était  le minimum requis pour la faire passer, ce qui signifie que les forces libérales qui veulent libérer  la banque centrale et la rendre indépendante du reste des institutions de l'État ont atteint leur but, même si cela s'est fait avec beaucoup de difficultés.

On n'a pas besoin de faire beaucoup d'efforts pour savoir que la main "cachée" est très visible et que le "grand responsable" est connu. Puisque c'est le pouvoir exécutif qui a la haute main, contrôlant le pouvoir législatif et lui dictant quoi faire. Le "grand responsable"   n'est autre que le Fonds monétaire international, dont les interventions dans la politique tunisienne se sont renforcées au cours des dernières années, passant du rôle de conseiller à celui de donneur d'ordre.

lundi 18 avril 2016

Brahim Saika, militant de la Coordination des chômeurs sahraouis, torturé à mort par la police marocaine
Muere el sindicalista y preso político saharaui Brahim Saika después de ser torturado y pasar varios días en huelga de hambre
Saharawi citizen Brahim Saika dies in detention in Morocco


El preso político saharaui Brahim Saika ha muerto ese viernes 15 de abril en un hospital de Agadir (Marruecos), tras sufrir un coma pocos días después de ser detenido de forma arbitraria y torturado en la misma comisaría de Guelmim (Goulimine).
Le prisonnier politique sahraoui Brahim Saika est mort ce vendredi 15 avril dans un hôpital d'Agadir (Maroc), après un coma de quelques jours. Il avait été arrêté arbitrairement et torturé au commissariat de police de Guelmim (Goulimine).
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Brahim Saika, a Sahrawi prisoner of conscience died on 15 April 2016, between 15.30 and 16.00 local time, in a hospital in Agadir, Morocco. He fell into a coma a few days after being arbitrarily detained and tortured in Guelmim police station, and had been transferred to the hospital from Ait Melloul prison where he had been held.
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mercredi 13 avril 2016

534 militants politiques assassinés en Colombie en cinq ans

Un nouveau rapport publié le 12 avril par l'organisation britannique Justice for Colombia indique pour la première fois le chiffre alarmant de 534 militants politiques tués en Colombie entre 2011 et 2015. Le rapport décrit le meurtre de plus de 90 militants par an, une moyenne de deux par semaine pour les cinq dernières années.
Le rapport Silenciados: el asesinato de los activistas políticos en Colombia (Réduits au silence : l'assassinat des militants politiques en Colombie) a été lancé au Parlement britannique à Londres lors d'un événement organisé par plusieurs députés du groupe parlementaire des Amis de la Colombie.

Les meurtres ont eu lieu dans 26 des 32 départements. Celui d'Antioquia (chef-lieu : Medellin) a été le plus violent dans le pays avec 94 meurtres au cours de ces cinq années, suivi par le Cauca avec 59 cas.
Le rapport de Justice for Colombia rassemble pour la première fois des informations provenant de cinq organisations colombiennes qui ont répertorié la violence contre des militants. Ces organisations sont la CINEP, la CUT, l'ENS, Marcha Patriotica et Somos Defensores.
Mariela Kohon, Directrice de Justice for Colombia a déclaré:
«Il est inacceptable que les militants continuent d'être assassinés en Colombie, en particulier par des groupes paramilitaires. Les chiffres figurant dans ce rapport sont épouvantables, et le fait particulièrement préoccupant est que plus de 300 militants aient été tués depuis le début du processus de paix en 2012. Il est d'une immense importance pour l'avenir de la paix en Colombie que le gouvernement prenne les mesures nécessaires contre les paramilitaires et protège les militants politiques".
Le rapport montre que toutes sortes de militants ont été persécutés en Colombie : la liste des victimes comprend des activistes communautaires, paysans, indigènes, syndicaux, écologistes, membres du mouvement LGBT, outre des militants pour la restitution des terres et les droits des victimes.

Pour plus d'informations contactez SVP Hasan Dodwell, Justice for Colombia à hasan[at] justiceforcolombia.org
Capture 26 de 32 departementos



lundi 11 avril 2016

Les prisonniers d'Obama


par Koldo Campos Sagaseta

Traduit par Jacques Boutard, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original: Los presos de Obama 

Il y a aux USA environ 500 prisonniers politiques, des prisonniers à propos desquels personne n'interroge Obama, dont les grands médias de communication ne parlent ni ne parleront jamais, et qui ne seront jamais l'objet des préoccupations des parlements européens ni des mairies de certaines des grandes capitales européennes, telles que Madrid.
Parmi tant d'autres prisonniers, il y a des poètes comme Leonard Peltier, indien lakota et dirigeant de l'American Indian Movement (Mouvement Indien Américain), qui, presque aveugle et de santé fragile, a passé 40 ans derrière les barreaux pour avoir défendu les droits des peuples indiens. Des cinéastes comme Robert Redford et des hommes politiques comme Nelson Mandela ont demandé et continuent à réclamer sa libération. En plus de Leonard Peltier, 200 autres Indiens d'Amérique du Nord sont emprisonnés aux USA, tout comme, par ailleurs, des dizaines de prisonniers afro-américains. Mumia Abu Jamal, journaliste et militant politique, qui a passé 34 ans derrière les barreaux, est un de ceux qui cumulent le plus grand nombre d'années de prison.
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Leonard Peltier
Mumia Abu-Jamal
Oscar López Rivera
Ana Belén Montes
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Les prisonniers politiques portoricains se comptent par dizaines, comme Oscar López Rivera, emprisonné depuis 35 ans, et qui a refusé une mesure de ''clémence'' de la part du président Clinton en 1999 parce qu'alors, a-t-il dit, il serait plus prisonnier à l'extérieur qu'à l'intérieur de la prison.
La prisonnière politique Ana Belén Montes, d'origine portoricaine et officier des service secrets US, a été condamnée à 25 ans de prison, dont elle a purgé 14, pour avoir alerté Cuba de projets terroristes tramés aux USA contre cette île caraïbe. À Guantanamo, presque cent personnes, enlevées dans différents pays et transférées secrètement par avion jusqu'à ce territoire dont Cuba fut dépouillé il y a plus d'un siècle, attendent depuis des années de savoir ce qu'on va faire d'elles, privées de leurs droits, y compris du droit à être défendues, dans l'attente d'un jugement qu'elles n'obtiendront pas.
L'année dernière, dans les rues des USA, mille deux cents personnes, noires pour la plupart, sont mortes sous les coups de la police. De fait, il n'existe nulle part au monde de police qui tue plus, ni plus impunément.
 Résultats de recherche d'images pour « Obama en cuba »
 Et Obama a encore l'impudence de parler à Cuba des droits de l'homme, abrité qu'il est par la couverture que lui offrent constamment les grands médias, qui nous le présentent, aujourd'hui comme hier et comme tous les jours, souriant, se protégeant de la pluie sous un parapluie, dansant avec sa ravissante Michelle, s'amusant avec ses filles heureuses, prenant un café avec une habitante, jouant au basket avec des enfants, saluant un cireur de chaussures, nous montrant sa voiture, son avion privé, mangeant un hamburger dans la rue, buvant un soda… Qu'il est humble, ce Prix Nobel de la Guerre, qu'il est humble et quel fils de pute.


Affrontons cette réalité :
IL Y A DES PRISONNIERS POLITIQUES AUX USA
Liberté maintenant !
Amnistie et droits humains
pour les prisonniers politiques aux USA


dimanche 10 avril 2016

Nous sommes tous l’État islamique

La vengeance est le moteur psychologique de la guerre. Les victimes en sont la monnaie de sang. Leurs corps servent à sanctifier des actes de meurtre indiscriminés. Ceux définis comme l’ennemi et ciblés pour être massacrés sont déshumanisés. Ils ne sont pas dignes d’empathie ou de justice. La pitié et la peine sont l’apanage des nôtres. Nous faisons vœu d’éradiquer une masse déshumanisée incarnant le mal absolu. Les estropiés et les morts de Bruxelles ou de Paris et les estropiés et les morts de Raqqa ou de Syrte perpétuent les mêmes convoitises sinistres. Nous sommes tous l’État islamique.
“La violence n’engendre que de la violence”, écrit Primo Levi, “dans un mouvement pendulaire qui grandit avec le temps au lieu de s’amortir ».
Le jeu du je-te-tue-tu-me-tues ne cessera qu'après épuisement, lorsque cette culture de mort nous aura brisés émotionnellement et physiquement. Nous utilisons nos drones, nos avions de chasse, nos missiles et notre artillerie pour éventrer des murs et des plafonds, exploser des fenêtres et tuer ou blesser ceux qui sont dedans. Nos ennemis portent des explosifs au peroxyde dans des valises ou des gilets explosifs et pénètrent dans des terminaux d’aéroports, des salles de concert, des cafés ou des stations de métro pour nous faire exploser, et bien souvent eux avec. S’ils possédaient notre niveau de technologie de mort, ils seraient bien plus efficaces. Mais ce n’est pas le cas. Leurs tactiques sont plus brutes, mais nous ne sommes pas moralement différents. T.E. Lawrence a appelé ce cycle de violence : « les anneaux de la tristesse ».
"Cher Jésus, protège-nous de cet insensé culte musulman de la mort"
Michael Leunig

La religion chrétienne épouse la notion de “guerre sainte”, avec autant de fanatisme que l’Islam. Nos croisades valent le concept du jihad. Lorsque la religion sert à sanctifier le meurtre, il n’y a aucune règle. C’est une lutte entre la lumière et l’obscurité, le bien et le mal, Satan et Dieu. Le discours rationnel est banni. Et « le sommeil de la raison », comme dit Goya, « engendre des monstres »

Corrido de la muerte de Emiliano Zapata, 10 de abril de 1919

Autor: Armando Liszt Arzubide
Canta: Amparo Ochoa

Escuchen señores,
oigan el corrido
de un triste acontecimiento:
pues en Chinameca
fue muerto a mansalva
Zapata, el gran insurrecto.

Abril de mil novecientos
diecinueve, en la memoria
quedarás del campesino,
como una mancha en la historia.


Campanas de Villa Ayala
¿Por qué tocan tan doliente?
-- Es que ya murió Zapata
y era Zapata un valiente.


El buen Emiliano
que amaba a los pobres
quiso darles libertad;
por eso los indios
de todos los pueblos
con él fueron a luchar.


De Cuautla hasta Amecameca,
Matamoros y el Ajusco,
con los pelones del viejo
don Porfirio se dio gusto.

Trinitaria de los campos
de las vegas de Morelos,
si preguntan por Zapata
di que ya se fue a los cielos.


Le dijo Zapata a don Pancho Madero
cuando ya era gobernante:
-- Si no das las tierras,
verás a los indios
de nuevo entrar al combate.


Se enfrentó al señor Madero,
contra Huerta y a Carranza,
pues no le querían cumplir
su plan que era el Plan de Ayala.


Corre, corre, conejito
cuéntales a tus hermanos
-- ¡Ya murió el señor Zapata,
el coco de los tiranos!...


Montado con garbo
en yegua alazana
era charro de admirar;
y en el coledero
era su mangana
la de un jinete cabal.


Toca la charanga un son
de los meros abajeños;
rueda un toro por la arena,
pues Zapata es de los buenos.


Una rana en un charquito
cantaba en su serenata:
-- ¿Dónde hubo un charro mejor
que mi general Zapata?


Con mucho entusiasmo
aplaude la gente
y hartas niñas concurrieron,
que el jefe Zapata y sus generales
dondequiera se lucieron.


Con jaripeo celebraba
su victoria en la refriega,
y entre los meros surianos,
que es charro, nadie lo niega.


Camino de Huehuetoca
preguntaba así un turpial:
-- Caminante, ¿que se hizo
del famoso caporal?


Nació entre los pobres,
vivió entre los pobres
y por ellos combatía.
-- No quiero riquezas,
yo no quiero honores.


A todos así decía.

En la toma de Jojutla
dice a un mayor de su gente:
-- ¡Tráete al general García
que le entre conmigo al frente!


A la sombra de un guayabo
cantaban dos chapulines:
-- ¡Ya murió el señor Zapata,
terror de los gachupines!


Fumando tranquilo se pasea sereno
en medio de los balazos,
y grita: -- ¡Muchachos,
a esos muertos de hambre
hay que darles sus pambazos!


Cuando acaba la refriega
perdona a los prisioneros,
a los heridos los cura
y a los pobres da dinero.


Estrellita que en las noches
te prendes de aquellos picos,
¿Dónde está el jefe Zapata
que era azote de los ricos?


-- Cuando yo haya muerto,
dice a su subalterno,
les dirás a los muchachos:
con l'arma en la mano
defiendan su ejido
como deben ser los machos.


Dice a su fiel asistente
cuando andaba por las sierras:
-- Mientras yo viva, los indios
serán dueños de sus tierras.


Amapolita olorosa
de las lomas de Guerrero,
no volverás a ver nunca
al famoso guerrillero.


Con gran pesadumbre
le dice a su vieja
-- Me siento muy abatido:
pues todos descansan,
yo soy peregrino,
como pájaro sin nido.


Generales van y vienen
dizque para apaciguarlo;
y no pudieron a la buena
un plan ponen pa' engañarlo.


Canta, canta, gorrioncito,
di en tu canción melodiosa:
-- Cayó el general Zapata
en forma muy alevosa.


Don Pablo González
ordena a Guajardo
que le finja un rendimiento,
y al jefe Zapata disparan sus armas
al llegar al campamento.


Guajardo dice a Zapata:
-- Me le rindo con mi tropa,
en Chinameca lo espero,
tomaremos una copa.


Arroyito revoltoso,
¿Qué te dijo aquel clavel?
-- Dice que no ha muerto el jefe,
que Zapata ha de volver...


Abraza Emiliano al felón Guajardo
en prueba de su amistad,
sin pensar el pobre,
que aquel pretoriano
lo iba ya a sacrificar.


Y tranquilo se dirige
a la hacienda con su escolta;
los traidores le disparan
por la espalda a quemarropa.


Jilguerito mañanero
de las cumbres soberano,
¡Mira en qué forma tan triste
ultimaron a Emiliano!


Cayó del caballo el jefe Zapata
y también sus asistentes.
Así en Chinameca perdieron la vida
un puñado de valientes.


Señores, ya me despido,
que no tengan novedad.
Cual héroe murió Zapata
por dar Tierra y Libertad.


A la orilla de un camino
había una blanca azucena,
a la tumba de Zapata
la llevé como una ofrenda...


Leer La traición en Chinameca
Escuchen General Zapata
 

http://tlaxcala-int.org/upload/gal_13185.jpg
 La muerte de Emiliano Zapata. 10 de abril de 1919
Grabado en madera
Isidoro Ocampo (Mexico, 1910-1983)
México, 1947
 Tierra y Libertad
Gabriel Fernández Ledesma
Offset
ca. 1950