vendredi 5 février 2010

Un porte-avions appelé Haïti-La IVème Flotte en action

par Raúl ZIBECHI, 1/2/2010. Traduit par  Gérard Jugant, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original :
Un portaaviones llamado Haití
La réaction des USA, consistant à militariser la partie haïtienne de l’île à la suite du dévastateur tremblement de terre du 12 janvier, doit être replacée dans le contexte de la crise financière et économique et de l’arrivée de Barack Obama à la présidence. Les tendances de fond étaient déjà présentes mais la crise les a accélérées de façon qu’elles ont gagné en visibilité. Il s’agit de la première intervention d’envergure de la IVème Flotte, rétablie peu de temps auparavant.
Avec la crise haïtienne, la militarisation des rapports entre les USA et l’Amérique latine avance d’un pas de plus, comme partie intégrante de la militarisation de toute la politique extérieure de Washington. De cette manière, la superpuissance en déclin tente de retarder le processus qui la transformerait en une puissance parmi six ou sept dans le monde. L’intervention est si éhontée que le très officiel Quotidien du Peuple chinois (21 janvier) se demande si les USA ont l’intention incorporer Haïti comme un État de plus de l’Union.

 Le quotidien chinois reprend une analyse du prestigieux magazine Time, où il est assuré qu’“Haïti est devenu le 51ème État des USA, et quand bien même il ne le serait pas, c’est pour le moins son arrière-cour”. En effet, en à peine une semaine, le Pentagone avait dépêché vers l’île un porte-avions, 33 avions de secours et de nombreux navires de guerre en plus de 11.000 soldats. La MINUSTAH, mission de l’ONU pour la stabilisation d’Haïti, a à peine 7.000 soldats. Selon la Folha de Sao Paulo (20 janvier) les USA ont détrôné le Brésil de son rôle dirigeant dans l’intervention militaire dans l’île, étant donné qu’en peu de semaines ils auront “douze fois plus de militaires que le Brésil en Haïti”, atteignant les 16.000 militaires.
Le même Quotidien du Peuple, dans un article sur l’ “effet  US” dans les Caraïbes, assure que l’intervention militaire de ce pays en Haïti aura une influence sur sa stratégie dans les Caraïbes et en Amérique latine où il maintient une importante confrontation avec Cuba et le Venezuela. Cette région est, dans la lecture de Pékin, “la porte de son arrière-cour”, qu’elle cherche à “contrôler étroitement” pour “continuer à augmenter le rayon de son influence vers le sud”.
Tout cela n’est pas vraiment nouveau. L’important est que cela s’inscrit dans une escalade qui a commencé avec le coup d’État militaire au Honduras et avec les accords avec la Colombie pour l'utilisation de sept bases dans ce pays. Si on ajoute à cela l’usage des quatre bases que le président de Panama Ricardo Martinelli céda à Washington en octobre, et celles qui existent déjà à Aruba et Curaçao (îles proches du Venezuela, colonies néerlandaises), il existe un total de treize bases encerclant le processus bolivarien. Voilà qu’en plus, il y a maintenant un énorme porte-avions au milieu des Caraïbes.
 
Intervention...flottante , par Chispa, Cuba :
- Et qu'est-ce qu'elle fait, cette IVème Flotte, dans les Caraïbes ?
- Elle cherche des "armes de destruction massive"

 Selon Ignacio Ramonet, dans Le Monde Diplomatique de janvier, “tout annonce une agression imminente”. Cela ne paraît pas bien sûr le scénario le plus probable, bien qu’on puisse en tirer deux conclusions : que les USA optent pour le militarisme afin de pallier leur déclin et qu’il ont besoin du pétrole de Colombie, d’Équateur et surtout du Venezuela pour consolider leur situation hégémonique ou, pour le moins, ralentir leur déclin. Mais les choses ne sont pas si simples.

Pour le mensuel français, “la clef est à Caracas”. Oui et non. Oui parce que, en effet, 15% des importations de pétrole des USA proviennent de Colombie, du Venezuela et d’Équateur, pourcentage qui égale la quantité importée du Moyen-Orient. De plus, le Venezuela est sur le point de se transformer en la plus grande réserve de brut de la planète si les réserves de la Bande de l’Orénoque découvertes récemment se confirment. Selon le Service Géologique des USA, elles seraient le double de celles d’Arabie Saoudite. Cela serait suffisant pour que Washington souhaite remplacer, comme c’est le cas, Hugo Chávez à la tête du processus bolivarien.

Carlos Latuff : Nous sommes OUVERTS pour le business

Selon moi, le problème central pour l’hégémonie usaméricaine dans l’ “arrière-cour” est le Brésil. Le pétrole sous terre est une richesse importante. Mais il faut l’extraire et le transporter, ce qui exige des investissements et la stabilité politique. Le Brésil est maintenant une puissance mondiale, le second des pays du BRIC (Brésil, Russie, Inde, Chine) en importance derrière la Chine. Sur les dix plus grandes banques du monde, trois sont brésiliennes (et cinq chinoises), mais aucune des USA ou de l’Angleterre. Le Brésil a les sixièmes réserves d’uranium du monde (alors que seulement 25% de son territoire a été exploré) et sera parmi les cinq plus grandes réserves de pétrole quand se terminera la prospection dans le bassin de Santos. Les multinationales brésiliennes figurent parmi les principales du monde: Vale do Rio Doce est la seconde entreprise minière au monde et la première en minerai de fer; Petrobras est la quatrième pétrolière du monde et la cinquième entreprise mondiale pour sa valeur de marché; Embraer est la troisième entreprise aéronautique derrière Boeing et Airbus; JBS Friboi est la première entreprise frigorifique de viande bovine du monde; Braskem est la huitième entreprise pétrochimique de la planète. Et on pourrait continuer cette liste.
A la différence de la Chine, le Brésil est auto-suffisant en matière d’énergie et sera un grand exportateur. Sa principale vulnérabilité, militaire, est en voie d’être surmontée grâce à son association stratégique avec la France: dans la décennie qui commence, le Brésil fabriquera des avions de chasse de dernière génération, des hélicoptères de combat et des sous-marins puisque la France lui transférera les technologies nécessaires. Vers 2020, sinon plus tôt, le Brésil sera la cinquième économie de la planète. Et tout cela se passe sous le nez des USA.
Le Brésil contrôle déjà une bonne partie du Produit Intérieur Brut de Bolivie, du Paraguay et de l’Uruguay, a une présence très forte en Argentine, dont il est un allié stratégique, ainsi qu’en Équateur et au Pérou, qui lui facilitent l’accès au Pacifique. Là est l’os le plus dur pour la IVème Flotte. Il s’avère que le Pentagone a conçu pour le Brésil la même stratégie qu’il applique à la Chine: provoquer des conflits à ses frontières pour l’empêcher de décoller. La Corée du Nord, l’Afghanistan et le Pakistan, en plus de la déstabilisation de la province à majorité musulmane du Xinjang.
En Amérique du Sud, un chapelet d’installations militaires du Commandement Sud entoure le Brésil par la région andine et le sud. Les tenailles se ferment avec le conflit Colombie-Venezuela et Colombie-Équateur. Maintenant il faudra compter avec le porte-avions haïtien, déplaçant de cette île l’importante présence brésilienne à la tête de la MINUSTAH. C’est une stratégie de fer, froidement calculée et rapidement exécutée.
Le problème qu’affrontent les nations et les peuples de la région, est que les catastrophes naturelles seront la monnaie courante dans les prochaines décennies. Ceci n’est que le commencement. La IVème Flotte sera la partie militaire la plus expérimentée et la mieux préparée pour des interventions “humanitaires” dans des situations d’urgence. Haïti ne sera pas l’exception mais le premier chapitre d’une nouvelle série entraînée par le positionnement militaire dans toute la région. Autrement dit : nous autres Latino-Américains sommes en sérieux danger, et il est temps que nous ouvrions l’œil.

L’empire contre-attaque

par Victor FLORES OLEA, La Jornada, 1/2/2010. Traduit par  Gérard Jugant, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original :
El imperio contrataca

On a célébré l’effort des pays latino-américains qui « prennent leurs distances » de l’empire, cherchant de nouvelles voies vers un développement qui soit indépendant et distinct, et authentiquement démocratique, sans se limiter à répéter la démocratie usaméricaine, captive des grands intérêts économiques qui mettent sous leur coupe les institutions du pays.
L’histoire de nos peuples a exigé cette distance et même une une rupture: depuis les pratiques d’exploitation dans le style de la United Fruit Company, jusqu’aux nouvelles formes de domination des systèmes financiers, en passant par l’horreur des dictatures militaires.
La distance a aussi commencé à se construire par de nouvelles institutions. Les principales: l’Union des Nations Sud-Américaines (Unasur), l’Alternative Bolivarienne pour les Amériques (Alba), la Banco del Sur, qui cherchent l’autonomie politique et économique de nos pays, surtout dans le sud, et à s’éloigner de la domination du Consensus de Washington, du Fonds Monétaire International (FMI) et de la Banque Mondiale (BM).
Mais l’empire ne tolère aucune dissidence dans ce qu’il prétend être sa “zone naturelle” d’influence (son “arrière-cour”). Il y a beaucoup de signaux qui l’indiquent. Bien sûr que face aux profonds processus sociaux et démocratiques qu’a vécu une bonne partie de l’Amérique latine dans les deux dernières décennies récentes, il n’est pas facile d’intervenir par le vieux mode des “coups d’état” du temps de la guerre froide. Aujourd’hui cette forme d’intervention paraît exclue; néanmoins, il est clair qu’il n’est pas acceptable pour l’empire que la région se “soustraie” à sa domination, fut-ce par la voie de la décision populaire et démocratique de nos nations. Henry Kissinger, ce génocidaire qui obtint le Nobel de la Paix, a dit en se référant au Chili de Salvador Allende: “Il est inacceptable que le socialisme arrive au Chili, ce qui montre simplement l’irresponsabilité du peuple chilien”. La sentence demeure en vigueur pour les leaders de l’empire.
La Quatrième Flotte continue à exister et un traité international récent concède aux USA le droit d’installer sept bases militaires en Colombie: leurs militaires et civils ont le droit d’entrer et de sortir librement du pays, avec une quelconque pièce d’identité, sans passeport, et les Usaméricains résidant en Colombie ne peuvent être déférés devant les tribunaux civils ou militaires, quel que soit leur délit, et avec le plein droit de rentrer ou de sortir du pays toute cargaison sans contrôle des autorités: une véritable annexion et une réelle impunité.
Le blocus économique de Cuba demeure reste inchangé pour l’essentiel, malgré le vote massif année après année de l’Assemblée Générale des Nations Unies, exigeant qu’il soit levé (en 2009, la totalité des pays du monde, à l’exception des USA, d’Israël et de la Micronésie). Et voilà aujourd’hui l’occupation de fait de Haïti, en raison de la tragédie, par des milliers de marines. De toute évidence, l’occupation armée ne s’explique pas par des motifs de sécurité ou d’“aide humanitaire”, mais il s’agit clairement de s’assurer le contrôle territorial de la zone. En pratique, il s’agit d’une nouvelle base militaire usaméricaine qui n’abandonnera pas sa position.
Il y a deux modèles récents qui définissent le style de contre-attaque de l’empire: celui du Honduras, avec un coup militaire “légalisé” post factum, et celui du soutien politique et économique à l’ opposition de droite, comme cela s’est passé il y a à peine une semaine au Chili.
Allan McDonald, Tlaxcala
Dans le premier cas, il a été clair que l’appui aux putschistes “légaux” de Tegucigalpa, simplement par le fait que les USA n’ont jamais condamné clairement le coup, mais bien “laissé faire et passer” jusqu’à ce que se consolide pour eux une commode transition. Bien que d’innombrables pays latino-américains et européens aient retiré leur représentation diplomatique, le gouvernement d’Obama a su “dissimuler” et son silence tactique a permis la permanence de ce “coup” avec des prétendues bases juridiques et la consolidation d’un nouvel ordre “légal” dans ce pays.
Dans le cas des élections chiliennes le retour au Palais de la Moneda du pinochétisme le plus extrême semble proprement incroyable. Pour beaucoup, l’exemple de stabilité et de progrès était donné par la Concertation et par le socialisme chilien; nous voyons maintenant que le résultat des dernières élections doit être placé dans la colonne négative de la Concertation, puisque son abandon de toute perspective de réformes sociales profondes a favorisé le retour au pouvoir de l’extrême-droite. Bien sûr, le néolibéralisme continuait de manière rampante. Atilio Boron l’a dit: “ on préfère toujours l’original à la copie”.
Dans ces deux cas, par des voies différentes, mais avec le consentement de Washington, des régimes réformistes on été éliminés et c’est une régression pure et simple aux systèmes oligarchiques qui est imposée. La contre-attaque impériale d’aujourd’hui, contre le réformisme latino-américain, est un signal de très mauvais augure et est le motif principal de notre préoccupation.
Les pays qui ont avancé par le chemin de l’émancipation de l’empire, et plus encore ceux dont l’horizon est plus radical que le simple réformisme, constituent aujourd’hui la principale préoccupation latino-américaine. L’empire ne s’intéresse pas fortement à l’Amérique latine, disent certains probablement avec raison, puisqu’elle n’est pas en tête de ses ordres de priorité, mais cela ne signifie pas qu’il nous ait oublié dans son ambition de domination mondiale. Nous ne pouvons oublier que les yeux de l’aigle sont aussi posés dans son “arrière-cour”, ni que seules les luttes populaires et l’unité pourront arrêter ses ambitions sans frein.

jeudi 4 février 2010

Al-Qaïda: Oussama Ben Laden, altermondialiste et écolo ?


Le message d’Oussama Ben Laden livré, le 28 janvier 2010, par le réseau qatari Al-Jazeera accuse les États-Unis d’être responsables du réchauffement de la planète. Pour renverser la vapeur, il préconise un certain nombre de mesures.
En cinq jours, Oussama Ben Laden a livré successivement deux messages audio. Toujours au célébrissime réseau satellitaire arabe Al-Jazeera. Il s’est adressé dans le premier au président américain en personne pour à la fois revendiquer l'attentat manqué de Noël dernier et l’avertir que son réseau fomentera d’autres attentats à venir contre les États-Unis («Al-Qaïda: Le message du 24 janvier 2010 d’Oussama Ben Laden à Barack H. Obama . Le 28 janvier, le réseau qatari a livré un nouvel enregistrement audio (non authentifié, voir www.aljazeera.net), adressé cette fois à l’ensemble de l’humanité. Une nouveauté! S’il nous y fait découvrir une inconnue fibre altermondialiste et écolo du chef d’Al-Qaïda, son leitmotiv demeure le même, la guerre contre les États-Unis. Par d’autres moyens, cette fois. Le changement de registre et les moyens préconisés pour venir à bout de l’«ennemi lointain» n’y changent donc rien.
La question du changement climatique expliquée par Oussama Ben Laden

Le nouveau message d’Oussama Ben Laden est intéressant à plusieurs titres. D’abord, l’adresse. Ses messages précédents s’adressaient presque exclusivement aux musulmans du monde entier pour les exhorter à rejoindre l’objectif principal qu’il s’est fixé ainsi que son réseau, à savoir combattre les États-Unis et s’attaquer à leurs intérêts aux quatre coins du globe. Cette fois, il s’est adressé à l’humanité tout entière, et donc non aux seuls musulmans. Une première qui interpelle tout observateur du réseau Al-Qaïda et de son discours public. Quand on connaît le sectarisme des salafistes (dont fait partie Ben Laden), on ne peut que rester sur nos gardes vis-à-vis de cette manœuvre rhétorique. Rappelons-nous (entre autres choses) que pour ce courant ultra-minoritaire parmi les musulmans sunnites, en dehors de l’islam (qui serait la seule religion authentique), point de salut! Et même parmi les musulmans, on fait un tri entre une partie qui serait «sauvée» (c’est-à-dire les salafistes) et le reste, qui seraient des «égarés», pire des mécréants. Une accusation grave qui leur garantirait dans un royaume salafiste la peine de mort. Ensuite, le nouveau message contient peu de citations religieuses. Un choix qui s’explique peut-être par le public cible du dernier message. Encore, la fixation sur l’ancien président américain, George W. Bush, qui est présenté ici comme une figure maléfique, montre que le temps du chef d’Al-Qaïda s’est arrêté à la période bushienne. Cela donne l’impression qu’il ait personnellement une dent contre lui. Enfin, deux idées fortes structurent le discours de Ben Laden et nous livrent en deuxième niveau, au corps défendant de son auteur, le véritable objectif recherché ici.
Comme Al-Jazeera n’a pas daté ce message, nous risquons une date approximative de sa composition. Elle se situerait après le 19 décembre dernier (date du sommet onusien de Copenhague sur l’environnement). Pourquoi? Ben Laden ne mentionne pas l’attentat raté du 25 décembre dernier, mais mentionne le sommet onusien. Plus important encore, si Al-Jazeera avait rapidement diffusé le message audio de Ben Laden, cela voudrait dire que son auteur présumé ne serait pas le véritable commanditaire de l’attentat raté de Noël dernier et que sa revendication serait une tentative désespérée de sa part pour montrer qu’il demeure toujours en contrôle de son réseau et montrerait, à son corps défendant, l’affaiblissement d’Al-Qaïda «central».
Première idée-force, la culpabilisation de l’Occident en général et des États-Unis en particulier. À ce propos, Ben Laden est convaincu que «toutes les nations industrialisées, surtout les grandes nations (occidentales), sont responsables du réchauffement climatique». Si George W. Bush et la droite républicaine américaine mettaient en doute ce phénomène et la responsabilité humaine dans son accélération, lui (comme de nombreux scientifiques et environnementalistes) est pour sa part convaincu du contraire, c’est-à-dire de sa réalité et de la dangerosité de son impact sur la vie des êtres humains partout sur la planète. Il estime que ce phénomène a provoqué, de manière accélérée, «la désertification (de plusieurs contrées), les cyclones, les pluies diluviennes, l’élévation du niveau des mers)…», «le déplacement de populations», la «mort (récemment) au Bangladesh de 40.000 personnes et la perte de 24 millions d’individus de leurs foyers». Il rappelle «le milliard de réfugiés climatiques des quatre prochaines décennies pour cause du réchauffement du climat», à en croire le rapport d’un expert cité par lui pour étayer sa démonstration.
Le débat sur le changement climatique «n’est (donc) pas (pour lui) un débat d'intellectuels». D’où sa dénonciation sans équivoque du gouvernement de G. W. Bush pour avoir refusé de ratifier le traité de Kyoto sur le changement climatique, sous prétexte qu’il ne contient pas de règles contraignantes également pour les émissions de gaz à effet de serre des économies émergentes (Inde, Chine, Brésil principalement). Notons bien que ce Protocole a été ratifié depuis son adoption en décembre 1997 au Japon par 187 pays membres des Nations unies. Il reste à ce jour le seul traité international contraignant contre le réchauffement climatique.
Ce phénomène naturel serait, selon le chef d’Al-Qaïda, dû au comportement «irresponsable», «égoïste» et même «criminel» de dirigeants de multinationales américaines. Avec l’appui du gouvernement de «Bush junior et du congrès américain». Et ce pour la seule raison de «satisfaire (les intérêts) de (ces) grandes compagnies» prédatrices. Des entreprises, «auteures du crime (du réchauffement climatique)», qui sont (affirme-t-il) à l'origine de «la spéculation, du monopole, de l'augmentation des prix et des effets tragiques de la mondialisation, dont l’augmentation du nombre des nouveaux pauvres et des chômeurs». À cause de l’impact négatif de la crise économique mondiale sur les affaires de ces compagnies (qui en sont responsables), Bush junior a concocté à leur avantage de généreux plans de sauvetage, grâce à. «l'argent public», déplore-t-il. Une collusion qui lui fait donner «raison» à Noam Chomsky (voir l’entrevue de ce dernier accordée au journal britannique «The Guardian», 7 novembre 2009) quand il parlait d’une «ressemblance entre la politique américaine et les gangs de la mafia», et de dire le chef d’Al-Qaïda que «ce sont ceux là, les vrais terroristes (et donc non pas ses partisans)».
Estimant que ni les sommets internationaux ni les mobilisations des opinions publiques dans le monde ne pourront freiner l’appétit insatiable des patrons «criminels» de ces multinationales, Ben Laden pense qu’il «faut s’y attaquer grâce à cinq mesures». D’abord, leur éducation pour qu’«ils se repentent». Ensuite, pour empêcher «la machine économique américaine», une «machine criminelle», de continuer à nuire à l’environnement, Ben Laden identifie trois éléments : les matières premières, le capital et les consommateurs. À ses yeux, «tous les peuples peuvent (à des degrés divers) avoir un impact au niveau (de ces trois facteurs)». «Si les consommateurs du monde entier achetaient moins de produits américains, cela baisserait la cadence de production des biens et réduirait par conséquent le réchauffement de la planète», dit-il. C’est assez simpliste comme raisonnement, de notre point de vue. Aussi, il propose de «réduire la consommation» des biens et services. Encore, il exhorte le peuple américain à «juger les patrons des grandes multinationales (responsables du réchauffement climatique) et leur faire-valoir, les politiciens», pour leur «crime contre l’humanité». Enfin, il appelle au boycott du dollar américain. «Nous devons arrêter d'utiliser le dollar et nous en débarrasser», dit-il. «Je sais que cela aurait des répercussions énormes, mais ce serait le seul moyen de libérer l'humanité de l'esclavage de l'Amérique et de ses entreprises, et d’éviter le pire». «La dépréciation du dollar face à l’euro (de l’ordre de +80%, selon lui) et au prix de l’or (400% depuis septembre 2001) sur les marchés sont des raisons supplémentaires pour sauter le pas et renoncer» au billet vert, à le croire.
De telles mesures, adoptées par les grandes comme les petites nations, pourraient, selon Ben Laden, «isoler les États-Unis», réduire leur «production nuisible» à l’environnement et «sauver les générations futures». Aussi, «en cessant de prêter aux Américains, les pays riches les mettraient au pied du mur et les obligeraient à cesser les guerres d’Afghanistan et d’Irak», dit-il.
L’altermondialisme à la sauce Ben Laden

Si on ne connaissait pas qui est Oussama Ben Laden en réalité, on l’aurait pris pour un écolo doublé d’un ardent altermondialiste. Si on la dépouille de ses quelques références religieuses, sa rhétorique anti-américaine a des accents «marxistes» assez prononcés et tout altermondialiste de gauche pourrait s’y reconnaître aisément.
Pour le chef d’Al-Qaïda, la mondialisation est un phénomène économique à condamner. Ceux qui en font la promotion, c’est-à-dire les grandes corporations, ce sont eux qui sont responsables du changement climatique. Sans oublier l’augmentation du nombre des nouveaux pauvres et des chômeurs» et l’hypothèque de «l’avenir des générations futures».
Étant conscient de l’étendue du sentiment antiaméricain répandu encore aux quatre coins du monde (notamment dans les pays en voie de développement), il essaye dans son message audio de se servir de la question du changement climatique comme levier de mobilisation des peuples, riches et pauvres, pour pouvoir mettre en place une coalition internationale, seule, capable, à ses yeux, de mettre à genoux le colosse américain aux pieds d’argile. Révélant ainsi les impasses de la stratégie terroriste de son réseau. Il estime que les «moujahidines en Afghanistan et en Irak continueront leur combat» contre les forces militaires américaines, pour, d’une part, venir en aide à leurs frères musulmans, notamment en Palestine, et, d’autre part, se porter à «la défense des sinistrés et des humiliés en Asie, en Afrique et en Amérique du Sud», qui sont, estime-t-il, sans défense! Manœuvre grossière de récupération des luttes de mouvements sociaux altermondialistes contre des multinationales insatiables.
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Ben Laden nous avait dans le passé habitué à ses diatribes contre les «judéo-croisés» occidentaux. Dans ce récent message, il joue dans un autre registre. À portée globale. Est-ce un indice des impasses dans lesquels s’est enfermé son réseau? Où est-ce une tentative de sa part pour défricher de nouvelles terres pour ses combattants de l’ombre?

mercredi 3 février 2010

Quelle attitude adopter face au menteur criminel Tony Blair ?

par علي محمد فخرو Ali Mohamed FAKHROU, 2/2/2010. Traduit parTafsut Aït Baamrane, Tlaxcala
Original : كيف سنتعامل مع الكذّاب المجرم؟
Lorsque la commission d’enquête a fini son audition de six heures de Tony Blair, des familles de soldats britanniques tués en Irak lui ont crié publiquement : « Menteur criminel ! »
Menteur, car il a nié avoir fabriqué des faits imaginaires pour convaincre l’opinion britannique, le Parlement et la Chambre des Lords à accepter la déclaration de guerre à l’Irak et son occupation, sans aucune base légale, nationale ou internationale.

Criminel, parce qu’il s’est révélé être sans scrupules, quand il a refusé d’exprimer ses regrets pour ce qu’il a fait au peuple irakien : un million de morts, des millions de blessés et de déplacés, des orphelins, des mères qui ont perdu leurs enfants, des expulsés. Au contraire, il a même dit que s’il se trouvait de nouveau face au président irakien, il referait ce qu’il a fait.

En réalité, Blair n’a pas seulement menti, il a ajouté le silence sur mille erreurs commises à l’égard du pays et du peuple d’Irak et les paroles d’Adrian Reichen s’appliquent à lui : « Le mensonge se pratique par les paroles comme par le  silence ».

Ceux qui ont entendu ce menteur débiter ses mensonges se rappellent ces paroles du philosophe Nietzsche : « Le mensonge le plus répandu est celui qu’on se fait à soi-même ». Blair savait sûrement qu’il se mentait à lui-même et sa peur que les gens découvrent ses mensonges se reflétait dans son incapacité à regarder les visages de ceux qui l’interrogeaient. Ses yeux sont restés fixés à terre, avec l’abattement d’un couard arrogant.

Ant, 2006

Et ni ses jeux de mots ridicules ni sa gestuelle de bouffon ne pouvaient cacher l’accablement du menteur qu’il est et son sentiment d’humiliation. Tout ce qu’il a bâti au long de sa vie est emporté par le vent et on ne comprend pas pourquoi aucun membre de la commission d ‘enquête n’a proposé l’usage de la fameuse machine à détecter le mensonge face au pire des menteurs.

Les dernières années ont montré que la grande majorité des gouvernements des « vieilles démocraties » occidentales pratiquent le mensonge et son camouflage. C’est ainsi qu’est tombé l’un des piliers de la démocratie, celui de la transparence. Thomas Hardy dit : « Le fondement de la morale c’est le bannissement du mensonge et sa disparition définitive. » Nous nous retrouvons face à des gouvernements occidentaux à la moralité incomplète.

Notre long héritage islamique nous enseigne que «sur l’homme qui ne cesse de mentir, le mot « menteur » est imprimé devant Dieu ».

Blair est sans aucun doute entré dans la liste des menteurs, mais l’enquête sur lui a montré la deuxième caractéristique de ce personnage criminel, que les familles de victimes ont révélé : l’absence de conscience morale et de sensibilité humaine envers la souffrance d’autrui, entraînant une incapacité à éprouver des regrets. C’est pourquoi Blair est dans l’impossibilité de voir qu’il a les mains tachées de sang, que toute l’eau des océans ne pourra pas laver.

Blair dort tranquillement, sans rêves ni cauchemars, car celui n’a pas de conscience ne rêve pas.

Et comme dit le proverbe, « Le voleur est convaincu que tout le monde vole », et ainsi il en va des gens sans foi ni loi. C’est pourquoi Blair a pensé que tous ceux qui l’ont aidé à camoufler le crime contre l’Irak seront aussi dénués de scrupules que lui. Mais il eu la surprise de voir qu’une grande majorité d’entre eux ont eu un sursaut de conscience et des remords, le dénonçant, lui et son gouvernement, devant la commission d’enquête.

Il semble que l’ancien Premier ministre n’a pas eu connaissance du proverbe malawien : « Le  crime laisse sa trace comme les coléoptères et les escargots ».

La question est maintenant adressée aux gouvernements arabes, et aux honorables médias arabes et internationaux : accepteriez-vous, à partir de ce jour, ce menteur criminel, pour qu’il pratique encore son mensonge ou allez-vous le rejeter comme personnalité souillée ? Et toi, Autorité palestinienne de Ramallah, comptes-tu continuer à traiter avec un tel personnage ?


Georges Frêche jugé pour diffamation jeudi à Montpellier

L'homme qui rend fous le Parti socialiste et le Languedoc-Roussillon n'en rate pas une. Alors que Laurent Fabius l'accuse d'antisémitisme pour avoir dit qu'il n'avait "une tronche pas catholique", le président de la Région Languedoc-Roussillon (qu'il aurait voulu rebaptiser "Septimanie", ce qui a coûté à la Région la bagatelle de 2 millions) comparaît ce jeudi devant la justice de Montpellier pour avoir taxé un conseiller régional des Verts d' ''antisémitisme". (Pour répondre à la question :"qui est antisémite ?", lire et écouter “Ici nous sommes une zone libérée d’Eretz Israël depuis trente ans” : Le discours halluciné de Georges Frêche, président de la région Languedoc-Roussillon, le 24 juin 2007).
Lire ci-dessous
Georges Frêche convoqué à mon initiative devant la justice ce jeudi 4 février 

Par Sylvain Pastor, Montpellier,  29/1/2010
Le 25 septembre dernier, en séance du Conseil régional, G. Frêche me taxait d'"antisémitisme" pour avoir défendu les positions de la "Coalition contre Agrexco", à laquelle participent Les Verts. J'avais dû recourir à la justice pour récupérer de l'administration régionale la preuve sonore de ce propos scandaleux (mise en ligne ici : http://www.languedoc-roussillon.lesverts.fr/spip.php?article141).

J'ai depuis cité G. Frêche à comparaître devant le Tribunal correctionnel de Montpellier pour diffamation. Il y est convoqué ce jeudi 4 février, à 14 heures.

J'appelle à se mobiliser à cette occasion toutes celles et tous ceux qui n'acceptent plus, ni les graves dérapages verbaux du président sortant du Conseil régional, ni la politique qu'il mène dans bien des domaines, en l'espèce celle en faveur de l'implantation du bras armé commercial de l'Etat d'Israël, Agrexco, sur le terminal fruitier du port de Sète.

L'audience sera suivie d'un point-presse, en présence de mon avocat, Me Stéphane Fernandez, et de représentants de la Coalition contre Agrexco.

N.B. : Le Tribunal correctionnel de Montpellier se situe dans le nouveau Palais de justice, place Pierre-Flotte.
Silvain Pastor Conseiller régional - Les Verts,   Porte-parole d'Europe Ecologie Languedoc-Roussillon, 06 13 19 77 21

20/01 : La Coalition contre Agrexco s'invite aux voeux du président de région G. Frêche !
23/01 : La COALITION CONTRE AGREXCO S'INVITE AU LANCEMENT DE LA LISTE DE G. FRÊCHE POUR LES RÉGIONALES.
et nous serons présents aux prochaines apparitions de "La liste Agrexco."
Propos injurieux et diffamatoires de G. Frêche contre le Pasteur Jean Paul NUNEZ  de la CIMADE !!
Tout occupés à crier nos slogans nous n'avons pas entendu les propos injurieux de G. Frêche à l'égard de Jean Paul Nuñez, délégué nationale de la CIMADE et membre actif de la coalition contre Agrexco, qui était en Palestine avec la 153è mission : CCIPPP/Agrexco en juillet dernier..
Voici l'extrait retranscrit et le son. Vous trouverez l'intégralité de l'article ainsi que des extraits de la réponse de Jean Paul sur le site (que nous vous recommandons) de  Montpellier Journal.
"Et je dis à mon ami le pasteur Nuñez qui mène cette manifestation, qu’il me laisse le souvenir des luthériens qui ont voté Hitler en Allemagne en 1933. Il ne faut pas se tromper de combat. Moi, je salue les calvinistes des Cévennes qui ont aidé les Juifs de la Shoah. C’est cela le vrai et le bon combat. "
Communiqué de presse de La coalition contre Agrexco
Le 23 janvier 2010 lors du lancement de la liste de G. Frêche aux Régionales, la « Coalition contre Agrexco » est venu manifester et exprimer son opposition à l’implantation à Sète de l’entreprise israélienne Agrexco. Le président de région G. Frêche est en effet le principal instigateur de ce projet qui a soulevé une opposition populaire et citoyenne de grande ampleur dans la région et bien au-delà.
Sous la huée des slogans « Agrexco ne passera pas » et des sifflets qui accompagnaient son discours, Georges Frêche à déclaré :
« Et je dis à mon ami le pasteur Nuñez qui mène cette manifestation, qu’il me laisse le souvenir des luthériens qui ont voté Hitler en Allemagne en 1933. Il ne faut pas se tromper de combat. Moi, je salue les calvinistes des Cévennes qui ont aidé les Juifs de la Shoah. C’est cela le vrai et le bon combat. »
Comme à chaque fois qu’il est en manque d’arguments, G. Frêche a recours à sa méthode favorite : les insultes et attaques personnelles. Sa dernière visait l’élu régional des Verts, Sylvain Pastor, qu’il a traité d’antisémite en pleine session du conseil Régional parce que celui-ci tentait d’avoir un débat sur Agrexco ! Aujourd’hui il s’attaque au pasteur Jean Paul Nunez et le compare à ceux qui ont porté Hitler au pouvoir, à un nazi en quelque sorte.
En salissant son adversaire il espère le disqualifier faute de pouvoir démonter ses arguments.
Car sur le terrain des arguments et du Droit en particulier M. Frêche aurait quelques difficultés à expliquer :
- Comment peut-il soutenir une entreprise israélienne qui en exportant des produits issus des colonies israéliennes, non seulement escroque les douanes européennes mais viole la 4ème convention de Genève ?
- Comment peut-il soutenir un état, qui après la guerre contre Gaza et le rapport Goldstone adopté par l’ONU qui caractérise cette agression de crime de guerre, poursuit le blocus criminel de Gaza et la colonisation en Cisjordanie ?
Voilà les questions que pose la venue de cette entreprise et ce débat nous sommes prêts à le mener en public avec M. Frêche !
Est-il besoin de le dire ? La « Coalition contre Agrexco » forte de sa centaine d’organisations est totalement aux côtés de Jean Paul Nunez, délégué national de la CIMADE qui est assuré de notre entière confiance. Avec lui nous allons continuer notre mobilisation contre l’implantation d’Agrexco !
Les pressions et tentatives d’intimidation de G. Frêche n’auront d’autre résultat que de renforcer les liens entre les membres de la Coalition et notre détermination commune jusqu’à l’annulation de la venue d’Agrexco à Sète.
La Coalition contre Agrexco, Montpellier le 24/01/2010
Réaction du pasteur par écrit sur Montpellier Journal :
« Pour la petite histoire je ne menais pas la manifestation du fait que je me bats pour le droit d’asile des kurdes qui ont été débarqués en Corse et que notre gouvernement place en rétention au mépris du droit et de toute humanité. Mais c’est avec conviction que j’aurais été présent, si j’avais pu, à coté de tous les gens de raisons qui mènent la lutte contre l’implantation d’Agrexco à Sète et en Europe.
Il est dommage que Georges Frêche entretienne la confusion derrière les mots. Ses comparaisons sont imbéciles et même insultantes par exemple pour tous les luthériens qui ont mené le combat légitime contre Hitler… De toute évidence, ce n’est en tout cas pas à moi qu’il faut essayer d’expliquer ce qu’est un vrai et bon combat. Ma famille a suffisamment payé le prix du sang contre le franquisme et le nazisme pour que je sache ce que cela signifie. Et je donne moi aussi de ma personne encore et toujours.
Pour de multiples raisons qui me sont personnelles, j’aime trop les juifs et j’exècre trop l’antisémitisme sous toutes ses formes pour laisser l’état d’Israël mener en toute impunité sa politique de colonisation et d’apartheid. Par contre, les exigences de la justice et le respect du droit international ne sont pas compatibles avec une entreprise comme Agrexco qui vie de la spoliation de l’eau et de la terre du peuple palestinien. J’ai vu, dans la vallée du Jourdain, de mes propres yeux les détestables agissements de cette entreprise.. Aucun intérêt économique ne peut justifier cela.
Le gage de la démocratie c’est aussi d’accepter le débat public pour s’expliquer au-delà des invectives de tribune. Que George Frêche sache que je reste, avec mes amis de la coalition contre Agrexco, disponible pour cela. »

Quand les Israéliens font la leçon aux Maghrébins

ISRAËL-SHOAH-MAROC : DES ENSEIGNANTS MAROCAINS A UN SEMINAIRE A YAD VASHEM A JERUSALEM.
Yom Hashoah Ils étaient une vingtaine d’enseignants marocains arrivés en Israël, via la Turquie, pour participer à un séminaire sur l’enseignement de la Shoah. Une grande première pour l’Institut Yad Vashem, organisateur de ce séminaire étalé sur une semaine. " Nous organisons plus de soixante séminaires de ce type chaque année, mais enseigner la Shoah à des habitants d’un pays musulman est un événement d’une grande importance pour notre école”, a souligné Mme Dorit Novak, directrice de l’Institut.
En dehors des journées d’études axées sur les mécanismes de la Shoah et la philosophie qui sous-tend, aujourd’hui, la transmission de cette mémoire de ce qui fut, le groupe a rencontré des parlementaires israéliens d’origine marocaine et fait connaissance avec Jérusalem, dont leur roi préside la Conférence islamique sur Jérusalem.
Il est à souligner que cette participation marocaine a bénéficié du soutien de Mohamed VI qui, par ailleurs, ne cache pas que, à ses yeux, l’extermination des juifs planifiée par le régime nazi représente “l’un des chapitres les plus tragiques de l’Histoire moderne.” Il avait exprimé ce sentiment, dans un discours lu en son nom dans l’enceinte de l’UNESCO, à l’occasion du lancement du Projet Aladin, à l’initiative de la Fondation pour la Mémoire de la Shoah. Ce projet vise à rendre disponible en arabe, en persan et en turc des informations objectives sur la Shoah, les relations judéo-musulmanes et la culture juive.—


Tunisie:exposition et débat sur la Shoah
AFP , 01/02/2010 
Un colloque sur le thème "témoignage et mémoire: l'extermination des juifs d'Europe" s'est ouvert aujourd'hui à Tunis dans le cadre d'un projet de l'ONU contre le négationnisme.

Une exposition dédiée à Primo Levi et des lectures en français, italien et arabe d'extraits de "Si c'est un homme", le livre récit de cet écrivain juif italien rescapé de l'holocauste, ont inauguré le colloque de deux jours, à l'initiative de l'Institut français de coopération.

Des débats sont au programme avec la participation de M'hamed Hassine Fantar, professeur titulaire de la "Chaire Ben Ali pour le dialogue des civilisations et des religions", de l'universitaire Annie Dayan Rosenman et du "chasseur de nazis" Serge Klarsfeld.

Mardi, "Mémoires d'enfants" le documentaire de Bô Gaultier de Kermoal sera projeté en présence du réalisateur et de professeurs ayant organisé un voyage d'élèves au camp d'Auschwitz.

Cet événement s'inscrit dans le cadre du Projet Aladin lancé en mars dernier par l'Unesco à Paris et présenté à Tunis par l'ambassadeur de France Jacques Andreani
Visant à rendre disponibles en arabe, en farsi et en turc des informations et des livres sur l'Holocauste et les relations judéo-musulmanes, ce projet est parrainé notamment par l'ancien président français Jacques Chirac, l'ancien chancelier allemand Gerhard Schröder et le prince Hassan de Jordanie, oncle du roi Abdallah II.

Sans commentaires

mardi 2 février 2010

Bagdad: Hiba, blogueuse en danger

par Gilles Munier, 2/2/2010
Le régime de Bagdad a horreur des blogueurs qui disent ce qui se passe réellement en Irak. Quant il en attrape un, il lui fait payer très cher son audace. Une Irakienne de 33 ans, du nom de Hanan Ali Ahmed Al Mashadani, résidant en Jordanie, en fait la terrible expérience.
Ophtalmologiste, elle était en mission en Irak pour le compte de HMOK, une organisation humanitaire indienne. Le 20 janvier, elle a été arrêtée par des « forces irakiennes » dans le quartier de Sayyediya, à Bagdad. Les policiers, spécialistes en informatique, ont découvert dans son portable son nom de plume - Hiba Al-Shamaree – et la trace d’articles placés sur son blog, critiques à l’égard de Nouri al-Maliki et de son régime. Elle est accusée d’ « incitation à la violence », de « soutenir la résistance », ce qui équivaut - pour ceux qui la détiennent – à être cataloguée de « terroriste baasiste ».
Hanan Al Mashadani sera déférée devant un tribunal. En attendant, on imagine les tortures qu’elle subit pour l’obliger à parler. La presse internationale qui se mobilise dès qu’on porte atteinte à la liberté d’expression en Chine ou en Iran, n’a pas touché mot de son arrestation. Aucun gouvernement occidental, bien sûr, n’est intervenu en sa faveur.
Une pétition circule pour exiger sa libération : signez-la !

Howard Zinn

Howard Zinn n’est plus
Par Agone, 29 janvier 2010
Le 27 janvier à Santa Monica (Californie), Howard Zinn, âgé de 87 ans, a succombé à une crise cardiaque après une réunion publique, en se rendant à une manifestation. Sa fin aura ressemblé à tout ce qui la précéda.
Dans les années 1930, jeune ouvrier dans la réparation navale, à New York, faisant son éducation politique et syndicale avec la lecture des classiques du communisme et de l'anarchisme, sa première rencontre avec la liberté d'expression réelle prend la forme d'une matraque policière lors d'une manifestation.
C'est alors la période du New Deal, véritable « mythe familial » de sa famille d'immigrants : il en fera, vingt plus tard la critique, en historien, celle des limites de l'État-providence et de l'ordre social et économique inspiré par les classes dirigeantes et promues par leurs officines médiatiques.
En 1943, il anticipe son engagement dans l'US Air Force pour se battre contre le fascisme, le racisme et pour la démocratie ; il en reviendra pacifiste convaincu et, en historien, mettra en doute l'idée, vendue par les États, que ce conflit fut une « guerre juste ».
Au milieu des années 1950, diplômé en histoire à la Columbia University, il enseigne au Spelman College (Atlanta) à des jeunes Noires de la classe moyenne du Sud. Engagé aux côtés des militants dans la lutte pour les droits civiques, il prône l'action directe non-violente et devient l'un des historiens des groupes militants radicaux comme le SNCC (Student Nonviolent Coordinating Committee).
Dans les années 1960, licencié de son poste d'enseignant pour insubordination, il trouve un emploi à la Boston University. Jusqu'au milieu des années 1970, sa vie sera rythmée par les luttes contre la guerre du Vietnam. Le discours qu'il propose (en vain) au président Lyndon Johnson, afin d'expliquer au peuple américain pourquoi les États-Unis doivent se retirer du conflit, atteint rapidement une dizaine d'édition.
Les années 1980 sont marquées par la parution de son livre A People's History of the United States, dont le succès démultiplie ses interventions publiques ; qui s'ajoutent aux nombreuses qu'il mène à titre d'historien des traditions de désobéissance civile et de spécialiste de la constitution américaine dans des procès intentés aux amateurs d'action directe ou aux côtés des étudiants, dans des batailles pour la liberté d'expression et la justice sociale. Sa carrière d'enseignant se termine en 1988 ; mais il mènera jusqu'au dernier moment son activité d'inlassable conférencier contre la guerre et pour la défense d'une société sans classes où le racisme ne serait plus qu'un mauvais souvenir. Aussi le retrouve-t-on aussi bien au cœur des mobilisations contre la politique de « guerre contre le terrorisme », avec les interventions militaires des États-Unis en Afghanistan puis en Irak, que contre la réponse si impudiquement partisane que l'État a donnée à la crise bancaire de 2008.
En 2009, son enthousiasme pour l'élection de Barack Obama s'arrêtait à la nécessité, pour que cette élection ne soit pas une nouvelle source de désespérance, d'une mobilisation populaire sociale et politique. Un diagnostic confirmé, au moins pour la politique étrangère américaine par son analyse de l'attribution du prix Nobel de la Paix au nouveau Président.
Howard Zinn aura fait paraître une trentaine de livres, recueils d'entretiens et d'articles et ouvrages collectifs. Son œuvre a reçu de nombreuses distinctions - dont l'American Historical Association's Beveridge Prize, l'Eugene V. Debs Award et le prix des Amis du Monde diplomatique. Et sur la base de son autobiographie, Deb Ellis et Denis Mueller ont réalisé un documentaire qui en reprend le titre, You Can't Be Neutral on a Moving Train (2004).
Son œuvre majeure, A People's History of the United States, traduite dans de nombreuses langues, a fait l'objet d'une série exceptionnelle d'adaptations. Outre plusieurs versions abrégées, dont une pour la jeunesse, et une adaptation en bande dessinée, la partie consacrée au XXe siècle existe en CD-audio, lue par l'acteur Matt Dammon. Si plusieurs lectures publiques ont été organisées depuis quelques années, la mise en scène et la lecture d'extraits de A People's History par une série d'acteurs américains est diffusée depuis décembre 2009, sous le titre « The People Speak », sur le site History Channel - documentaire de Chris Moore, Anthony Arnove et Howard Zinn.

Les éditeurs et éditrices


Zinn_Montreal2008
Photo Jean-François Nadeau (Montréal, 2008)
Articles d'Howard Zinn

Israël et l’Allemagne : deux victimes, l’une sacrée, l’autre damnée (Le discours de Shimon Peres au Bundestag)

par صبحي حديدي  Subhi  HADIDI, 28/1/2010. Traduit par  Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala
Original :
إسرائيل والمانيا: ضحية مقدّسة واخرى رجيمة
Le discours prononcé par le président israélien Shimon Peres devant le Bundestag le 27 janvier a été qualifié d’historique pour plusieurs raisons, en premier lieu parce qu’il s’agissait d’une première du genre dans l’histoire des relations israélo-allemandes du côté de l’État hébreu. La Chancelière Angela Merkel s’était adressée à la Knesset fin mars 2007, précédée par le Président allemand Johannes Rau, en 2000, qui avait demandé pardon pour les crimes commis par l’Allemagne nazie contre les Juifs.REUTERS PICTURES
 
Mais le discours de Peres est « historique » pour une autre raison, purement linguistique et culturelle cette fois-ci. C’est qu’il a parlé en hébreu et qu’aucun parlementaire allemand n’a quitté la salle pour protester, comme l’avaient fait une poignée de membres de la Knesset, qui avaient refusé d’écouter Merkel parler en allemand et avaient exigé qu’elle parle hébreu !

Et pourtant Merkel était allée plus loin que tout autre ami occidental d’Israël, y compris les politiciens US, en affirmant que toute menace pour l’existence d’Israël est une menace pour l’existence de l’Allemagne. Le membre de la Knesset Arieh Eldad avait déclaré que l’allemand avait été la dernière langue entendue par ses grands-parents avant leur assassinat et que l’ordre d’exécution avait été donné en allemand : « je ne suis donc pas prêt à l’entendre au sein de la Knesset ».

Bien que la chancelière allemande, au cours de la même visite, ait infligé insultes sur insultes aux Palestiniens, peuple et gouvernement, et ait fait de la libération du soldat israélien Gilad Shalit
l’unique thème de sa rencontre avec Mahmoud Abbas, elle n’était pas sortie indemne de cette visite.
Puisque le discours de Peres coïncidait avec la Journée internationale de commémoration des victimes de l’Holocauste, il a insisté sur la nécessité que les Allemands fassent leur devoir pour traquer les criminels nazis encore en liberté de par le monde ; car la mémoire ne concerne pas que les victimes, mais elle doit être un avertissement  face aux conséquences tragiques d’une inaction à l’égard des crimes commis et la poursuite par la justice de ces criminels n’est pas un acte de vengeance mais une « leçon  éducative pour les générations de jeunes d’aujourd’hui, pour qu’ils se souviennent et n’oublient jamais : ils doivent savoir ce qui s’est passé et être convaincus qu’il n’y d’autre option que la paix, la réconciliation  et l’amour.
Regardez l’homme qui prononce ces paroles tendres, émouvantes et affectueuses. C’est le Président  du même pays qui a commis il y a à peine un an des dizaines de massacres barbares à Gaza, en utilisant des armes de destruction massive, que même les nazis les plus sanguinaires auraient eu honte de commettre. Ce n’est pas tout, il y a plus : Shimon Peres était Premier ministre d’Israël quand la barbarie israélienne a commis le massacre de Qanaa, au Liban, en 1996, aboutissant au martyre de 106 civils, vieillards, femmes et enfants, et faisant 350 blessés, alors que ces victimes se trouvaient dans un refuge officiel  de l’ONU. Ce massacre étai prémédité, selon l’ enquête d’Amnesty International et le rapport courageux du journaliste britannique Robert Fisk.

Shimon Peres, l’homme qui a ordonné ce crime de guerre à Qanaa, est resté à l’abri de toute interpellation interne – à l’intérieur de la « démocratie israélienne » - ou externe, de la part d’organismes internationaux qui émergent parfois de leur léthargie pour demander des comptes sur les crimes de guerre. Au contraire, il a exercé de hautes charges, il a changé de parti et a versé des larmes de crocodile et le voilà aujourd’hui en train de pleurnicher sur le Bien et de demander l‘éradication du Mal. Cette mise en scène, la plus proche de la pornographie de la compassion dans sa forme la plus vulgaire, n’est pas nouvelle de la part de cet homme et de l’État qu’il préside ou de l’industrie de l’Holocauste dans son ensemble, industrie qui a été fabriquée par les institutions  officielles israéliennes ou par les organisations et groupes de pression sionistes à travers le monde.
Norman Finkelstein explique comment Israël utilise l'Holocauste à un soldat israélien qui porte sur son casque l'inscription :"Je suis une victime". Dessin de Carlos Latuff, Brésil, 2003
Et puisque c’est de l’Allemagne que nous parlons aujourd’hui, rappelons-nous la campagne d’intimidation idéologique menée par l’un de ceux qui ont été le plus engagés dans la fabrication de l’Holocauste, Daniel Jonah Goldhagen, contre Norman Finkelstein (le célèbre historien et universitaire, juif descendant d’une famille de survivants de l’Holocauste) et Ruth Bettina Birn (l’historienne et chercheuse responsable du dossier des crimes de guerre au ministère canadien de la Justice). Pour ceux qui ne le connaissent pas, Goldhagen est l’auteur d’un livre de 619 pages [en français, il ne fait que 579 pages, NdT] dont le titre est : « Les bourreaux volontaires de Hitler-Les Allemands ordinaires et l’Holocauste » et sa thèse repose uniquement sur l’affirmation catégorique que l’Allemagne dans son ensemble – pays, peuple et culture – est responsable de l’Holocauste et que ce qu’on peut dire sur l’Allemagne ne peut être dit sur aucune autre nation. La nation allemande, c’est l’Holocauste, et si elle n’avait pas existé, il n’y aurait jamais eu d’Holocauste. Le crime de Finkelstein et de Birn a été de réduire à néant d’une manière scientifique calme la thèse de Goldhagen dans une revue sérieuse publiée par l’Université de Cambridge, The Historical Journal, qui avait proposé à Goldhagen un droit de réponse mais celui-ci avait préféré répondre par l’intermédiaire d’un cabinet d’avocats !

Norman Finkelstein vu par Carlos Latuff : Le mur de "sécurité" israélien :"Pourquoi ne pas l'appeler par son véritable nom ?"

Toujours concernant l’Allemagne, qu’arriverait-il si l’Allemagne honorait ses victimes - les civils, les non-combattants, les innocents - tombées durant la Deuxième Guerre mondiale ? Et où est le problème si l’Allemagne a décidé d’édifier un centre de documentation et un musée pour enregistrer ces détails horribles et les rendre accessibles à la mémoire collective ?

Un tel projet ne doit-il pas être inscrit dans les droits nationaux de tous les peuples du monde ? Plus, ne doit-il pas faire partie intégrante des droits des peuples à leur histoire ?

Ce n’était pas l’avis des cercles sionistes internationaux, qui ont lancé une autre violente campagne contre le projet, et particulièrement contre Mme Erika Steinbach, éminente politicienne allemande et présidente de la Fédération des expulsés (Bund der Vertriebenen), qui défend les intérêts des millions de  personnes chassées de chez elles, non seulement en Allemagne mais partout dans le monde. Il n’était pas difficile de deviner la raison de l‘indignation des sionistes : la vieille histoire du monopole cosmique de la victimitude, en faisant bande à part et en marginalisant et écrasant toute autre victime en dénigrant, si possible, sa souffrance.

Nous avons lu par exemple ce qu’a écrit l’historien israélien  Gilad Margalit : « Le but des cercles conservateurs allemands est d’instaurer une journée commémorative pour célébrer la période nazie mais c’est une mémoire libérée de la notion de culpabilité véhiculée par la victime juive, et bien que la démarche ne soit pas un déni de l’Holocauste, elle tend à le mettre sur le même plan que les persécutions subies par les Allemands. »

Le même Margalit, un historien modéré, a titré de manière provocative son article : « L’augmentation de la ‘souffrance’ allemande », en mettant souffrance entre guillemets, une manière de la nier. Mais en réalité les faits historiques donnent les chiffres suivants sur les citoyens allemands expulsés de pays où ils résidaient : de 2 à 3,5 millions de Pologne, 2,3 millions de Tchécoslovaquie, environ 1 million d’URSS, 400 000 de Hongrie, 300 000 de Roumanie, et environ 1 million de diverses autres régions d’Europe orientale. Il s’agit là d’estimations basses, les associations d’expulsés parlent, elles, de 15 millions d’Allemands expulsés.

Ceux-là ne méritent-t-ils pas de mémoire, pour ne pas parler d’indemnités et de réhabilitation comme pour les Juifs ?

Margalit ne semble pas être d’accord avec cette évidence simple, car il se méfie toujours des intentions de Mme Steinbach, qui aspire, selon lui, à l’affaiblissement de la mémoire de l’Holocauste plus qu’au renforcement de la mémoire des victimes allemandes, bien que le projet de Centre de la mémoire des expulsés mette les Juifs en tête des victimes de cette pratique inhumaine. Margalit s’arrête en particulier à la position « extrémiste » de Steinbach, à laquelle il fait dire que « l’expulsion des Allemands a été programmée avant la guerre et qu’il ne faut donc pas l’analyser comme une conséquence de la lutte contre le nazisme, mais la voir comme un crime en soi. Plus, Steinbach prétend avoir des preuves tangibles de ce que 2,5 millions Allemands expulsés sont morts sous la torture, de travaux forcés ou de viol. » Comment peut-elle avoir l’audace d’avancer un chiffre représentant la moitié de celui des victimes juives de l’Holocauste ?

Un autre enjeu de mémoire tragique est le bombardement massif par les Alliés des villes, villages et infrastructures allemands, comme s’ils avaient voulu punir le peuple allemand dans son ensemble, après la chute du IIIème Reich. Cette campagne n’est pas impulsée exclusivement par la Fédération des expulsés et ceux qui la soutiennent dans les milieux conservateurs allemands, comme le prétend Margalit, mais on y retrouve aussi bien des journalistes, des gens de gauche comme le grand romancier Günter Grass, lauréat du Prix Nobel, des politiciens libéraux comme Hans-Dietrich Genscher et des écrivains comme Jörg Friedrich, l’auteur du livre d’images sur les bombardements de l’Allemagne, Brandstätten, qui estime qu’il n’y a pas de différence morale entre Hitler et Churchill.

La position de Margalit en rappelle une autre, plus connue, celle d’Elie Wiesel, écrivain, universitaire et lauréat du prix Nobel, qui préfère le titre honorifique de « doyen des victimes de l’Holocauste » et sur lequel personne ne peut rivaliser avec lui.

Né en Roumanie en 1928, il fut déporté avec d’autres Juifs à Auschwitz et il fut parmi les rares survivants. Il a vécu entre Paris et New York, travaillant comme correspondant du journal israélien Yehdiot Ahronot. Il a obtenu la nationalité US et est devenu enseignant universitaire, obtenant le Prix Nobel de la Paix en 1986. Unique détenteur du titre de « doyen des victimes de l’Holocauste », Wiesel a refusé toute comparaison entre les cadavres brûlés à Sarajevo et ceux brûlés à Auschwitz, tout comme il a refusé l’utilisation, même métaphorique, des expressions « nouvel Holocauste » ou « nouvel Auschwitz » pour décrire les atrocités serbes en Bosnie-Herzégovine. Et pour lever tout doute, il s’est rendu à Sarajevo pour supplier les journalistes d’arrêter de galvauder la terminologie sacrée !

Et comme Goldhagen l’a fait contre Finkelstein, Wiesel a abreuvé d’insultes une longue listes de Juifs ayant exprimé leurs sympathies avec les souffrances des Palestiniens sous l’occupation israélienne, après Oslo I et II, et non pas avant, comme certains pourraient le penser.

Parmi ses victimes il y a Jean Daniel, le célèbre journaliste français juif, directeur du Nouvel Observateur, qui continue à critiquer l’État hébreu, même en ces jours difficiles, et c’est là le plus grand péché que l’on puisse commettre, dans l’esprit de Wiesel.

Ainsi donc, avant de lire le Kadish, et de pleurnicher de nouveau sur l’amour et la fraternité entre les peuples, Peres s’est livré à des variations de cette culture holocaustique élaborée par Goldhagen, Margalit, Wiesel et des dizaines d’écrivains, de théoriciens et de politiciens sionistes dans leur sillage. Les victimes de l’Holocauste n’ont pas de semblables et il est interdit de trouver quoi que ce soit qui y ressemble, même si leurs enfants et petits-enfants se sont transformés en assassins et criminels de guerre ! 
Source :

lundi 1 février 2010

Les démons d’Haïti

par Jorge  MAJFUD, 23/1/2010. Traduit par Armando García, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : Los demonios de Haití
The Devils in Haiti
 
Plusieurs théories sont apparues, après le grand séisme d’Haïti, sur les causes de celui-ci.
George Samuel Antoine, consul d’Haïti au Brésil, attribue la faute à la macumba [1] et à la race : « L'Africain lui-même porte une malédiction sur lui. Partout où vous avez des Africains, c'est la merde! ».
L'influent télévangéliste Pat Robertson a affirmé que le malheur était dû au fait que le peuple haïtien avait un accord avec le diable (« a pact with the devil »). Un accord secret. Tellement secret que Dieu lui-même n'en a pas été informé -mais bien Pat Robertson. Dans le cas contraire, l'amour infini du Créateur aurait sûrement évité que des milliers d'enfants innocents meurent dans ce complot cosmique. Ou alors Il le savait et l'a permis, au nom de Sa politique bien connue de non-intervention.
Une autre théorie très diffusée et accréditée par des milliers d'éditeurs et de blogueurs et des présidents comme Hugo Chávez affirme que le séisme qui a rayé de la carte la capitale du pays et a tué plus de cent mille personnes a été causé par les USA pour déstabiliser le régime de l'Iran. Ce qui démontre, au passage, le pouvoir technologique des USA, capable de déplacer les plaques tectoniques soutenant des mers et des pays entiers.
Bien que séculaire, la théorie a beaucoup à voir avec la tradition théologique selon laquelle Dieu a l'habitude de détruire des peuples entiers pour éviter que le marchand de légumes du coin trompe sa femme.
D'autres présidents et chroniqueurs affirment que l'aide usaméricaine est en réalité une invasion pour piller les richesses d’Haïti et obtenir une position stratégique dans les Caraïbes - près du Cuba. Une preuve de plus que les services secrets usaméricains sont distraits, puisqu'on sait tous qu'Haïti est le pays le plus pauvre de l'hémisphère et que, plus près de Cuba, se trouve Guantánamo. C'est pourquoi il est bien possible que les USA envahissent bientôt, également, Guantánamo.
On pourrait aussi se demander si ce genre de théories anti-usaméricaines ne sont pas le produit de quelque perverse agence US. Parce qu'il n'y a pas meilleure façon de discréditer toute critique anti-impérialiste que de formuler ces stupidités de type anti-usaméricain.
Viendra bientôt un jour, à ce rythme, où peu de gens croiront que Truman fut le président qui a ordonné de lancer deux bombes atomiques sur Hiroshima et Nagasaki. Action qui, grâce au sacrifice héroïque de dizaines de milliers d'enfants innocents, a probablement évité la mort de dizaines de milliers d'enfants innocents.

Pendant que chaque groupe idéologique tire un profit dialectique du séisme d’Haïti, des milliers d'enfants continuent d'agoniser et de mourir sans remède.
Mais toutes nos meilleures paroles vont mourir là où meurt un enfant.
Toutes nos meilleures pensées vont mourir là où un enfant cesse de pleurer de faim, de douleur et de toute l'injustice qu'il ne comprend pas.
Toutes nos meilleures idées et nos meilleurs discours se transforment en une poignée de terre stérile là où une mère dépose des fleurs sur la petite tombe.
Il mériterait de vivre si, peut-être, une de nos paroles d'horreur et d'indignation évitait la mort d'un seul enfant dans le monde. Dans les faits, quasi jamais donc. Ou jamais.
Si par hasard nos paroles suivaient nos actes comme la joie suit le sourire d'un enfant, comme la richesse d'un pays suit la valeur de sa monnaie, peut-être alors nos paroles auraient une certaine valeur.
De la sorte nos paroles seraient un peu plus que de lâches symboles, de vains discours, de jolies fleurs qui vont parfumer le lit du paresseux indigné.
Et peut-être que, cependant, les mots ont encore une valeur quand ils font bouger. Nous leur donnons une valeur et un sens lorsque nous nous bougeons pour eux.
Et là les mots qui émeuvent et ne font pas bouger ne servent à rien
Commençons par donner quelque chose. Pour ces enfants-là, un verre d'eau vaut plus que mille mots.

[1] A l'origine, le mot macumba désignait le lieu où les esclaves noirs célébraient leurs rites. Ce terme désigne aujourd’hui l’ensemble des cultes afro-brésiliens. On retrouve ainsi, sous cette dénomination, l’influence de différents groupes ethniques -y compris les Amérindiens qui furent en contact avec les esclaves noirs dès le XVIe siècle. (Wikipedia)

La commémoration de l’Holocauste : une occasion en or pour la propagande israélienne

par גדעון לוי Gideon LEVY, 28/1/2010. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : Haaretz-Holocaust remembrance is a boon for Israeli propaganda
Das Holocaust-Gedenken ist ein Segen für Israels Propaganda

El recuerdo del Holocausto es un regalo para la propaganda israelí

Les grosses légumes d’Israël ont attaqué à l’aube sur un vaste front. Le Président en Allemagne, le Premier ministre, à la tête d’une énorme délégation, en Pologne, le ministre des Affaires étrangères en Hongrie et son adjoint en Slovaquie, le ministre de la Culture en France, le ministre de l’Information aux Nations unies, et même le député druze du Likoud à la Knesset, Ayoub Kara, en Italie. Ils sont tous partis faire des discours affligeants sur l’Holocauste.
Mercredi [27 janvier] était la Journée internationale de commémoration en mémoire des victimes de l'Holocauste , et on n’avait pas vu une telle campagne de relations publiques israéliennes depuis belle lurette. Le moment choisi pour ce rush inhabituel - jamais autant de ministres n’avaient été déployés simultanément à travers le monde - n’est pas fortuit : quand le monde parle de Goldstone, nous parlons d’Holocauste, comme pour brouiller les cartes. Quand le monde parle d’occupation, nous parlons de l’Iran, comme si nous voulions la lui faire oublier.
 Israeli Prime Minister Benjamin Netanyahu speaks in the former Nazi Death Camp Auschwitz Birkenau during solemn ceremonies  marking 65 years since the camp was liberated by the Red Army, Wednesday, Jan. 27, 2010, in Oswiecim, southern Poland. 
AP Photo

Netanyahou à Auschwitz
Ça ne sera pas d’un grand secours. La Journée internationale de commémoration de l’Holocauste est passée, les discours seront vite oubliés, et la déprimante réalité quotidienne restera. Israël n’en sortira pas avec une bonne mine, même après sa campagne de relations publiques.
La veille de son départ, le Premier ministre Benjamin Netanyahu a parlé à Yad Vashem. « Il y a du mal dans le monde», a-t-il dit. « Le mal doit être étouffé dans l’œuf. » Certains « tentent de nier la vérité ». De grands mots, prononcés par la même personne qui, la veille seulement, pas vraiment dans le même souffle, avait prononcé de tout autres paroles, des paroles du mal, du mal véritable, du mal qui devrait être étouffé dans l’œuf, celui qu’Israël essaie de cacher.
Netanyahou parlait d’une nouvelle « politique d’immigration », une politique qui incarne le mal. Il a amalgamé avec malveillance, les travailleurs immigrés et les malheureux réfugiés – mettant en garde contre le danger qu’ils représentent pour Israël, en faisant baisser nos salaires, en nuisant à à notre sécurité, en faisant de nous un pays du tiers-monde et nous apportant de la drogue. Il soutenait avec ardeur notre ministre raciste de l’Intérieur, Eli Yishai, qui, a parlé des immigrés comme propagateurs de maladies telles que l’hépatite, la tuberculose, le Sida et Dieu sait quoi encore.
Aucun discours sur l’Holocauste n’effacera ces mots d’incitation à la haine et de diffamation à l’encontre des immigrés. Aucun discours de commémoration ne masquera la xénophobie qui a redressé la tête en Israël, et pas seulement à l’extrême-droite comme en Europe, mais à travers tout le gouvernement.
Nous avons un Premier ministre qui parle du mal mais qui érige une barrière pour empêcher les réfugiés de guerre de frapper à la porte d’Israël. Un Premier ministre qui parle du mal mais qui prend part au crime du blocus de Gaza, aujourd’hui dans sa quatrième année, laissant un million et demi de personnes dans des conditions honteuses. Le Premier ministre d’un pays dont les colons perpètrent des pogroms contre des Palestiniens innocents avec la devise « price tag » (« étiquette de prix »=le prix à payer), qui a aussi aussi une connotation historique horrible, mais contre lesquels l’Etat ne fait pratiquement rien.
C’est le Premier ministre d’un État qui arrête des centaines de manifestants de gauche qui se battent contre les injustices de l’occupation et la guerre à Gaza, alors qu’il pardonne en masse aux gens de droite qui ont manifesté contre le désengagement. Son discours d’hier, dans lequel Netanyahu a assimilé l’Iran fondamentaliste à l’Allemagne nazie, n’était que de la propagande de bas étage. Une vraie « banalisation de l’Holocauste ». L’Iran n’est pas l’Allemagne, Ahmadinejad n’est pas Hitler, et les mettre sur le même pied n’est pas moins faux que d’assimiler les soldats israéliens aux nazis.
L’Holocauste ne doit pas être oublié et il n’est pas nécessaire de le comparer avec quoi que ce soit d’autre. Israël doit participer aux efforts pour garder son souvenir vivant, mais pour cela, Israël doit présenter des mains propres, lavées du mal de leurs propres actes. Et il ne doit pas éveiller le soupçon qu’il utiliserait cyniquement la mémoire de l’Holocauste pour occulter et brouiller d’autres choses. Malheureusement, ce n’est pas le cas.
Comme cela aurait été magnifique si, à l’occasion de cette Journée internationale du souvenir, Israël avait pris le temps de faire son examen de conscience et de se demander, par exemple, comment il se fait que l’antisémitisme ait pu redresser la tête dans le monde, juste l’année écoulée, celle qui a suivi nos bombardements au phosphore blanc sur Gaza. Comme cela aurait été magnifique si, pour cette Journée internationale de commémoration de l’Holocauste, Netanyahou avait annoncé une nouvelle politique, une politique pour intégrer les réfugiés au lieu de les expulser, ou s’il avait levé le blocus de Gaza.
Mille discours contre l’antisémitisme n’éteindront pas les flammes allumées par l’opération Plomb durci, qui menacent non seulement Israël mais l’ensemble du monde juif. Aussi longtemps que Gaza restera sous blocus et qu’Israël s’enfoncera dans sa xénophobie institutionnalisée, le discours sur l’Holocauste restera creux. Aussi longtemps que le mal sera rampant, ici, chez nous, ni le monde ni nous-mêmes ne serons en mesure d’accepter les prêchi-prêcha que nous assénons aux autres, même s’ils les méritent.