par Antonio Mazzeo, 10/8/2013. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Le
texte ci-dessous est une satire écrite en réponse aux déclarations du
"gouverneur" (président de région) de la Sicile, le pittoresque Rosario
Crocetta [trad. litt.: "Rosaire Peite-Croix], qui, au lendemain de la grande manifestation
contre la base militaire de télécommunications US de Niscemi du 9 août,
a déclaré au journal La Reppublica que le mouvement de protestation NO
MUOS était non seulement "exaspéré par des pointes extrémistes", mais
infiltré par la Mafia, ce qui a déclenché une belle polémique.-Tlaxcala
Interview exclusive du nouveau collaborateur de justice sicilien
Antonio Matteo, qui, au nom des plus puissantes organisations
criminelles internationales, a envahi le web pendant des années avec de
faux rapports sur la "dangerosité" du MUOS de Niscemi. Objectifs des
campagnes de presse pilotées par la mafia : discréditer un système
militaire clé pour défendre l'Europe chrétienne contre l'invasion
musulmane et fomenter une réaction populaire irrationnelle de rejet de
l'installation de nouvelles bases de l'US Navy.
Le repenti après sa livraison à la justice |
Antonio Matteo, depuis quelques mois vous vous êtes repenti et vous avez rempli des pages de procès-verbaux de la DDA [Direction de district antimafia des services du Procureur, NdT] de Catane sur l'infiltration de la mafia dans le mouvement No Muos. Pouvez-vous nous raconter votre histoire ?
J'ai grandi dans un milieu familial sain, j'ai étudié chez les
Jésuites et j'ai entrepris une carrière de journaliste, mais j'ai
toujours vécu de piges sporadiques et mal payées. J'ai réussi à gagner
un peu d'argent en écrivant contre le projet de pont sur le détroit de
Messine. À Messine, beaucoup de gens s'y opposaient pour de sinistres
intérêts de boutique et j'ai tenté de surfer sur la vague No Ponte. J'ai
même écrit un livre là-dessus, qui m'a procuré un succès éphémère. Puis
à Rome ils ont décidé de ne plus faire le pont et me suis retrouvé plus
pauvre et désespéré qu'avant. Jusqu'à ce que de vieux amis de New York
me proposent de recycler ma plume contre un gigantesque complexe
militaro-industriel qui était entré en conflit avec quelques vieux
parrains. Ils avaient distribués des pots-de-vin à travers le monde,
même en Italie, il y avait eu des présidents du Conseil et de la
République bien arrosés, mais quand les parrains leur ont demandé un
pourcentage sur la vente des nouveaux de chasse qui ne décollent pas,
les S37 je crois, ceux de la boîte ont dit non. Alors, Cosa nostra a
décidé de se venger. Ils étaient au courant de leur méga-projet en
Sicile, et ils m'ont demandé de les aider à orchestrer une campagne.
Vous voulez parler du Muos de Niscemi... Et qu'avez-vous alors fait, concrètement ?
Eh bien, j'ai commencé à inonder le web de fausses nouvelles sur
les dangers de ces antennes. Était simple : je scannais les logos de
prestigieuses universités ou centres de recherche et je les mettais sur
les notes qu'ils m'envoyaient chaque mois de New York. Ils pouvaient
compter sur un ancien ingénieur spatial qui avait été licencié de la
boîte, mais aussi sur certains officiers de l'US Navy qui touchaient des
enveloppes durant la période où les bases militaires en Sicile
servaient à faire venir de la drogue et des armes. Ils me préparaient
les fiches techniques sur le MUOS, ils me fournissaient des informations
pseudo-scientifiques sur le danger inexistant de l'électromagnétisme
et je les transformais en articles et enquêtes. Après que nous avons pu
gagner un peu d'attention des médias, ils ont également abordé certaines
sommités locales. Il a suffi de les menacer ou de leur promettre une
rapide carrière universitaire et les rapports et avis No Muos se sont
mis à pleuvoir de toutes parts. Et moi, j'écrivais, j'écrivais,
j'écrivais...
Mais vous ne vous êtes pas limité au rôle de nègre et de scribouillard...
Oui c'est vrai. Durant les années passées à faire mon beurre avec
No Ponte, j'ai eu l'occasion de fréquenter les noglobal et les
anarcho-insurrectionnalistes siciliens. Je les rencontrais sous couvert
de conférences didactiques bidon et en échange de généreuses
contributions en oseille (mais j'ai également fourni beaucoup de
marie-jeanne et de pinard) eux se sont dépensés pour constituer des
comités No Muos et fomenter l'opposition, en particulier parmi les
jeunes ignares et les mamans de l'île. C'est comme ça que s'est créé un
réseau où la mafia a financé et dirigé les protestations et les No Muos
déclenchaient des action de guérilla contre les forces de l'ordre et
l'armée US. Nous avions déjà fait cette expérience avec le Pentagone en
Amérique latine, en forgeant de toutes pièces la narcoguérilla. Mais maintenant, le petit jeu se retournait contre les Yankees.
Cependant, à un moment donné vous avez soulevé le fait que la mafia avait mis la main sur les travaux du Muos de Niscemi.
C'était aussi un leurre imaginé à New York. Les politiciens en
Sicile sont passés maîtres dans l'art d'agiter l'épouvantail de la mafia
pour faire en sorte qu'on ne parle jamais sérieusement de la mafia.
Donc, nous avons écrit qu'il y avait des entreprises en odeur de mafia
qui avaient fourni le béton pour les bases des antennes, mais ce n'était
pas du tout vrai. Un pauvre type de Niscemi, un certain Mister Luglio
ou Agosto, je ne sais plus, qui a été obligé de fermer l'entreprise et
de licencier des dizaines de salariés. Entretemps, nous, on infiltrait,
cette fois avec des vrais mafieux, les, institutions, les partis et de
nombreuses associations locales. On s'est mis dans la poche des
présidents provinciaux, des maires, des conseilleurs, des écologistes,
des enseignants. Et les No Muos grossissaient, grossissaient,
grossissaient, tout comme mes comptes bancaires...
Mais dans un premier temps le gouverneur Crocetta aussi était avec les No Muos. Vous l'avez aussi approché ?
Non, approché, non. Disons que nous lui avons offert des paquets
de votes aux élections régionales car il avait naïvement épousé la
campagne du réseau mafia-noglobal-anarcho-insurrectionnaliste. J'ai
moi-même convaincu la Coupole [organe dirigeant de Cosa nostra, aussi appelée
Commission régionale ou inter-provinciale, siégeant à Palerme, où elle
fut créée, sur le modèle US, en 1957, lors d'une réunion historique à
l'hôtel delle Palme avec les parrains new-yorkais Bonanno et Lucky
Luciano, NNdT] que l'on avait à jouer la carte du mégaphono-Président [Il Megafono est ne nom du mouvement créé par Crocetta, NdT].
J'ai rencontré Crocetta à un débat du Parti démocrate sur le Muos à
Marina di Ragusa, c'était en juin 2012, on ne parlait alors que dans les
couloirs de sa candidature à la tête de la région. A cette époque, on
m'invitait à plein de rencontres No Muos. Je leur ai raconté plein de
conneries, j'ai terrorisé le public (il y avait le gotha du PD de
Ragusa) avec les scénarios apocalyptiques de guerre qui allaient être
déclenchés par le Muos. J'ai inventé que les ondes pourraient perturber
les avions de Comiso et des autres aéroports siciliens, une blague
incroyable qu'ils ont tous avalé. Crocetta m'a écouté, au moins c'est
l'impression que j'ai eu même s'il a eu tout le temps les yeux fixés sur
son Ipod. À la fin il a dit : "Si vous m'élisez comme Président, la
première chose que je ferai sera de supprimer les autorisations pour le
Muos". J'ai rapporté la chose à New York et don Vito & Co ont été
convaincus que Crocetta pourrait être le meilleur pour faire rendre
gorge à ces salauds qui ne voulaient pas payer la taxe pour leurs
affaires de missiles, de canons et de S37.
ROSARIO CROCETTA - O' CLOWN - #CROCETTA #MUOS. Paul Mennea |
Seulement maintenant, aussi bien Crocetta que Vous-même vous repentez d'avoir été No Muos.
Non, Crocetta et moi, ce n'est pas la même chose. Il s'est repenti d'avoir fait le No Muos parce
qu'il voit grand, il veut faire le cacique, Premier ministre même et il
sait que l'antiaméricanisme n'est pas une bonne carte de visite, ni à
Rome ni aux USA. Vous avez lu le reportage sur lui fait par le Washington Post ?
Avant lui, seul Berlusconi avait eu droit à la Une et certainement pas
pour ses engagements antimafia et pour les droits civils. Crocetta fait
son numéro, il ne s'est jamais repenti de quoi que ce soit. Moi en
revanche, je me repens sincèrement de ce que j'ai fait. Quand Zichichi a
révélé que le Muos serait été utile pour éviter que les astéroïdes se
précipitent sur la terre et la transforment en désert, j'ai pensé à mes
enfants. Il n'est pas juste qu'ils doivent mourir faute d'avoir installé
un dispositif qui peut détruire dans l'atmosphère ces grosses boules de
feu. Ce qui m'a convaincu que je ne pouvais pas continuer à écrire des
cochonneries en échange de l'argent de la drogue, ça a été la
nomination comme ministre de cette femme africaine dont j'ai oublié le
nom. L'islamisation de l'Europe est une catastrophe, c'est contre
nature. Nous sommes chrétiens, profondément chrétiens, avec une identité
et des racines chrétiennes. Pour moi les mots du ministre Mauro [ministre de la Défense : "Le MUOS sert à garantir la paix et la sécurité globales", NdT]
ont été paroles d'vangile. Le Muos, comme les drones de Sigonella et
toutes les bases en Sicile sont des instruments de paix et de liberté
contre l'esclavage pérenne. Si je me suis livré à la justice je l'ai
fait par amour pour ma femme et mes enfants, pour qu'ils ne soient pas
livrés aux invasions de ces nouveaux barbares. Je veux le dire à tous.
Il n'y a pas d'avenir sans le Muos.
Interview publiée dans le Ilsicilianolibero_ilmegafono.info.com d'aujourd'hui