mercredi 30 juin 2010

Patrice Emery Lumumba (1925-1961)

Discours du 30 Juin 1960, jour de l'indépendance du Congo

Patrice Emery Lumumba aura été une étoile filante dans le ciel  de l’Afrique à peine indépendante. Élu Premier ministre en 1960, destitué quatre mois plus tard, il est assassiné le 17 janvier 1961, suite à un complot mêlant la puissance coloniale belge, la CIA et les services secrets français. Ce que toutes ces puissances ne lui pardonnaient pas, c’était de vouloir rompre avec le colonialisme qui, au Congo, fut particulièrement féroce. Patrice Lumumba a scellé son destin le jour même de l’Indépendance, par son discours, non prévu. En disant la vérité du colonialisme, il se condamnait à mort.
Le 30 juin 1960, jour de l'indépendance du Congo, le Palais de la Nation à Léopoldville (l'actuelle Kinshasa) reçoit les membres de la famille royale belge dont le roi Baudoin 1er, des représentants du gouvernement belge, des administrateurs coloniaux, le parlement congolais, la presse internationale pour célébrer cette nouvelle ère pour le Congo.  L'évènement est radiodiffusé dans tout le pays et couvert par la presse internationale. La foule s'amasse devant le Palais de la Nation pour assister à un évènement historique. Le protocole voulait que le roi Baudoin puis le président Kasavubu fassent un discours pour l'indépendance du Congo mais le Premier ministre Lumumba élu par le parlement ne l'entendit pas de cette oreille.
Le discours du roi des Belges, Baudoin 1er, fut un discours de légitimation de la colonisation, une véritable apologie de l'oeuvre du roi Léopold II.  
 "L'indépendance du Congo constitue l'aboutissement de l'oeuvre conçue par le génie du roi Léopold II, entreprise par lui avec un courage tenace et continuée avec persévérance par la Belgique"
Il sonnait aux oreilles des nationalistes congolais comme une insulte à la mémoire des millions de morts générés par la politique monstrueuse du roi Lépold II, grand-oncle du roi Baudoin. "Pour caractériser le colonialisme léopoldien, les sources les plus diverses utilisaient les notions et les concepts les plus évocateurs pour l'époque, curse ("malédiction"), slave state ("Etat esclavagiste"), rubber slavery ("esclavage du caoutchouc"), crime, pillage...Aujourd'hui on n'hésite plus à parler de génocide et d'holocauste" (Elikia M'Bokolo, Le livre noir du colonialisme. XVIè-XXIè siècle : de l'extermination à la repentance, p.434). On peut d'ailleurs pour évaluer l'ampleur de la monstruosité coloniale au Congo sous Léopold II consulter de nombreuses références* . Un documentaire britannique intitulé « Le Roi blanc, le caoutchouc rouge, la mort noire »   réalisé par Mark Dummett et produit par la BBC a suscité les foudres de la maison royale et du ministre des affaires étrangères Louis Michel lors de sa diffusion sur la RTBF le 8 avril 2004. Le passage incriminé était un commentaire faisant le parallèle entre la colonisation de Léopold II et le génocide hitlérien. Même si bon nombre de ces enquêtes sont postérieures à 1960, ni la Belgique, ni les Congolais ne pouvaient ignorer le cataclysme pour le Congo que fut le règne de Léopold II. Les travaux de l'avocat afro-américain George Washington Williams, du missionnaire afro-américain William Shepperd, du journaliste britannique Edmund Dene Morel, du consul britannique Roger Casement, du premier mouvement des droits de l'homme (Anti-Slavery International) furent à l'origine d'une commission d'enquête belge instituée par décret le 23 juillet 1904 et dont les témoignages ne furent pas publiés. Cette commission fut relayée par une de nombreux articles dans la presse et par une abondante littérature dont les fleurons les plus célèbres sont Au coeur des ténèbres de Joseph Conrad (1905) et The crime of the Congo (1909) de Sir Arthur Conan Doyle.
Le discours de Baudoin Ier en faisant l'apologie de son grand oncle et de l'oeuvre coloniale apparaît pour les colonisés comme un discours de légitimation des nombreuses humiliations et discrimination qui ont jalonné la colonisaton : arrestations arbitraires, exécutions sommaires, répressions sanglantes, spoliations et expropriations... En juin 1960, aucun Noir ne dépassait le grade de sergent-chef dans la Force Publique (force coloniale belge), et le dérisoire statut "d'évolué", censé couronner les efforts d'assimilation des indigènes, concerne à peine un millier de Congolais sur treize millions.
Baudoin Ier :
"Ne compromettez pas l'avenir par des réformes hâtives, et ne remplacez pas les organismes que vous remet  la Belgique, tant que vous n'êtes pas certains de pouvoir faire mieux...N'ayez crainte de vous tourner vers nous. Nous sommes prêts à rester à vos côtés pour vous aider de nos conseils, pour former avec vous les techniciens et les fonctionnaires dont vous aurez besoin."
Au discours pro-colonial du roi Baudoin répondra le discours officiel insignifiant du président du parlement, Joseph Kasavubu qui remercie le roi et en appelle à Dieu : "...Dans une attitude de profonde humilité j'ai demandé à Dieu qu'il protège notre peuple et qu'il éclaire tous ses dirigeants...".
Puis il y eut l'allocution non annoncée du Premier Ministre Patrice Emery Lumumba à la grande surprise du gouvernement belge et de la maison royale. Son discours, pour les Congolais, fut libérateur  de tant d'humiliations, de brimades et de crimes contre l'humanité subis et jamais dénoncés publiquement. Il fut interrompu à huit reprises par les applaudissements de la foule  et son discours fut couronné par une véritable ovation tandis que le roi Baudoin devint livide selon nombre d'observateurs. Lumumba intervint immédiatement après l'allocution du président congolais. C'est Joseph Kasongo, le président de la chambre des représentants qui donna la parole au Premier ministre à la grande stupéfaction du gouvernement Eyskens et du roi. Aucun des spectateurs de cette journée n'avait eu le projet de texte de Lumumba, ni la presse, ni les Belges, ni les Congolais. Jean Van Lierde, ami belge de Lumumba, raconte comment il a vu Lumumba corriger son texte durant l'allocution du roi Baudoin et du président Kasavubu. C'est le contenu du discours qui va sceller le sort de Lumumba et montrer au monde entier de quelles valeurs, de quelle idéologie politique il était trempé. Pour la première fois, un "nègre" devenu le plus haut responsable du gouvernement congolais, révèle au monde entier le sort que les colonisés ont subi sous le joug colonial au Congo. Comble du déshonneur, il ne s'adresse ni au roi, ni au gouvernement belge mais aux Conglais, reléguant les anciens colons au rôle de spectateurs :

Ce portrait de Lumuba, commandé au peintre Bernard Safran pour orner la couverure du TIME MAGAZINE du 22 août 1960, ne parut jamais, car il fut remplacé au dernier moment par un portrait de Dag Hamarskjöld, le Secrétaire général de l'ONU, qui venait de mourir dans un accident d'avion, resté inexpliqué à ce jour, au...Congo


Discours du 30 Juin 1960


Congolais et Congolaises,
Combattants de l'Indépendance aujourd'hui victorieux, Je vous salue au nom du gouvernement congolais.
 A vous tous, mes amis, qui avez lutté sans relâche à nos côtés, je vous demande de faire de ce 30 juin 1960 une date illustre que vous garderez ineffablement gravée dans vos coeurs, une date dont vous enseignerez avec fierté la signification à vos enfants, pour que ceux-ci à leur tour fassent connaître à leurs fils et à leurs petits-fils l'histoire glorieuse de notre lutte pour la liberté.
Car cette Indépendance du Congo, si elle est proclamée aujourd'hui dans l'entente avec la Belgique, pays ami avec qui nous traitons d'égal à égal, nul Congolais digne de ce nom ne pourra jamais oublier cependant que c'est par la lutte qu'elle a été conquise (applaudissements), une lutte de tous les jours, une lutte ardente et idéaliste, une lutte dans laquelle nous n'avons ménagé ni nos forces, ni nos privations, ni nos souffrances, ni notre sang.
Cette lutte, qui fut de larmes, de feu et de sang, nous en sommes fiers jusqu'au plus profond de nous-mêmes, car ce fut une lutte noble et juste, une lutte indispensable pour mettre fin à l'humiliant esclavage qui nous était imposé par la force.
Ce que fut notre sort en 80 ans de régime colonialiste, nos blessures sont trop fraîches et trop douloureuses encore pour que nous puissions le chasser de notre mémoire. Nous avons connu le travail harassant exigé en échange de salaires qui ne nous permettaient ni de manger à notre faim, ni de nous vêtir ou nous loger décemment, ni d'élever nos enfants comme des êtres chers.
Nous avons connu les ironies, les insultes, les coups que nous devions subir matin, midi et soir, parce que nous étions des nègres. Qui oubliera qu'à un Noir on disait "tu", non certes comme à un ami, mais parce que le "vous" honorable était réservé aux seuls Blancs ?
Nous avons connu que nos terres furent spoliées au nom de textes prétendument légaux qui ne faisaient que reconnaître le droit du plus fort. Nous avons connu que la loi était jamais la même selon qu'il s'agissait d'un Blanc ou d'un Noir : accommodante pour les uns, cruelle et inhumaine pour les autres. Nous avons connu les souffrances atroces de relégués pour opinions politiques ou croyances religieuses ; exilés dans leur propre patrie, leur sort était vraiment pire que la mort elle-même. Nous avons connu qu'il y avait dans les villes des maisons magnifiques pour les Blancs et des paillotes croulantes pour les Noirs ; qu'un Noir n'était admis ni dans les cinémas, ni dans les restaurants, ni dans les magasins dits européens ; qu'un Noir voyageait à même la coque des péniches, aux pieds du Blanc dans sa cabine de luxe.
Qui oubliera enfin les fusillades dont périrent tant de nos frères, les cachots où furent brutalement jetés ceux qui ne voulaient plus se soumettre au régime d'une justice d'oppression et d'exploitation ? (Applaudissements.)
Tout cela, mes frères, nous en avons profondément souffert.
Mais tout cela aussi, nous que le vote de vos représentants élus a agréés pour diriger notre cher pays, « Nous qui avons souffert dans notre corps et dans notre coeur de l'oppression colonialiste, nous vous le disons tout haut, tout cela est désormais fini. »
La République du Congo a été proclamée et notre cher pays est maintenant entre les mains de ses propres enfants.
Ensemble, mes frères, mes soeurs, nous allons commencer une nouvelle lutte, une lutte sublime qui va mener notre pays à la paix, à la prospérité et à la grandeur.
Nous allons établir ensemble la Justice sociale et assurer que chacun reçoive la juste rémunération de son travail. (Applaudissements).
Nous allons montrer au monde ce que peut faire l'homme noir quand il travaille dans la liberté, et nous allons faire du Congo le centre de rayonnement de l'Afrique tout entière.
Nous allons veiller à ce que les terres de notre patrie profitent véritablement à ses enfants. Nous allons revoir toutes les lois d'autrefois et en faire de nouvelles qui seront justes et nobles.
Nous allons mettre fin à l'oppression de la pensée libre et faire en sorte que tous les citoyens puissent jouir pleinement des libertés fondamentales prévues dans la déclaration des Droits de l'Homme. (Applaudissements.)
Nous allons supprimer efficacement toute discrimination quelle qu'elle soit et donner à chacun la juste place que lui vaudra sa dignité humaine, son travail et son dévouement au pays.
Nous allons faire régner, non pas la paix des fusils et des baïonnettes, mais la paix des coeurs et des bonnes volontés. (Applaudissements.)
Et pour tout cela, chers compatriotes, soyez sûrs que nous pourrons compter, non seulement sur nos forces énormes et nos richesses immenses, mais sur l'assistance de nombreux pays étrangers dont nous accepterons la collaboration chaque jour qu'elle sera loyale et ne cherchera pas à nous imposer une politique, quelle qu'elle soit.  (Applaudissements.)
Dans ce domaine, la Belgique qui, comprenant enfin le sens de l'histoire, n'a pas essayé de s'opposer à notre indépendance est prête à nous accorder son aide et son amitié, et un traité vient d'être signé dans ce sens entre nos deux pays égaux et indépendants. Cette coopération, j'en suis sûr, sera profitable aux deux pays. De notre côté, tout en restant vigilants, nous saurons respecter les engagements librement consentis.
Ainsi, tant à l'intérieur qu'à l'extérieur, le Congo nouveau, notre chère République que mon gouvernement va créer, sera un pays riche, libre et prospère. Mais pour que nous arrivions sans retard à ce but, vous tous, législateurs et citoyens congolais, je vous demande de m'aider de toutes vos forces.
Je vous demande à tous d'oublier les querelles tribales qui nous épuisent et risquent de nous faire mépriser à l'étranger.
Je demande à la minorité parlementaire d'aider mon gouvernement par une opposition constructive et de rester strictement dans les voies légales et démocratiques.
Je vous demande à tous de ne reculer devant aucun sacrifice pour assurer la réussite de notre grandiose entreprise.
Je vous demande enfin de respecter inconditionnellement la vie et les biens de vos concitoyens et des étrangers établis dans notre pays. Si la conduite de ces étrangers laisse à désirer, notre justice sera prompte à les expulser du territoire de la République ; si par contre leur conduite est bonne, il faut les laisser en paix, car eux aussi travaillent à la prospérité de notre pays.
L'Indépendance du Congo marque un pas décisif vers la libération de tout le continent Africain.  (Applaudissements.)
Voilà, Sire, Excellences, Mesdames, Messieurs, mes chers compatriotes, mes frères de race, mes frères de lutte, ce que j'ai voulu vous dire au nom du gouvernement en ce jour magnifique de notre Indépendance complète et souveraine.  (Applaudissements.)
Notre gouvernement, fort, national, populaire sera le salut de ce pays. J'invite tous les citoyens congolais, hommes, femmes et enfants, à se mettre résolument au travail en vue de créer une économie nationale prospère qui consacrera notre indépendance économique.
Hommage aux combattants de la liberté nationale !
Vive l'Indépendance de l'Unité Africaine !
Vive le Congo indépendant et souverain !  (Applaudissements prolongés.)

À voir et à entendre
“Africa will write its own history… » Conflict rages in the  Congo ! (English, 9’56”)
Vie et mort de Patrice Lumumba (une émission « M. X »sur France-Inter avec des images des actualités télévisées sur le Congo d’aujourd’hui) : 1ère partie, 9’57 , 2ème partie, 9’57 

Lumumba, le "Casus Belli", 3’58” (avec un extrait du discours du 30 juin 1960 et le récit de Jean Van Lierde, ami belge de Lumumba sur cette journée)

Lumumba, the plot, 3’58” : « Sa destitution devient notre objectif principal » (message de la CIA)
La bestialidad del imperialismo
, discurso de Ernesto Che Guevara antes las Naciones Unidas el 11 de diciembre de 1964, sobre l’imperialismo, Argelia, Vietnam, Congo y Lumumba (“Bajo la bandera de Naciones Unidas fue asesinado Lumumba”), en español con sottotitoli italiani, 5’12''



“Lumumba a choisi le mauvais camp : il était…plus ou moins…communiste » : 17 janvier 1961 : L’assassinat de Lumumba, une mort de style colonial, documentaire de Michel Noll (2001) , 52’

Et enfin, le fameux Indépendance ChaCha, de l’incomparable musicien Joseph Kabasele, alias Grand Kallé, qui fournit la musique de fond de cette époque de grands bouleversements.

mardi 29 juin 2010

Les Basques contre Guggenheim et Arcelor Mittal

Manifeste en faveur de Busturialdea (Pays Basque)*
par
BUSTURIALDEAN LAN ETA BIZI, 30/4/2010. Traduit par  Isabelle Rousselot et édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
De juin 2008 jusqu'à aujourd'hui, le député général de Biscaye et les autorités associées ne voient pas d'autres moyens pour se sortir de l'inquiétant déclin socio-économique de ces 30 dernières années en Urdaibai* que d'amener la marque Guggenheim à Sukarrieta, « car ce sera un moteur pour le tourisme, vital pour le développement de la région ». 
Où se trouve la clef ? Alors que la franchise du Guggenheim à Bilbao se termine en 2014, le gouvernement basque, le Conseil Provincial, la Fondation Solomon R. Guggenheim, BBK (caisse d'épargne), Iberdrola (société d'énergie espagnole), BBVA (groupement bancaire) et Arcelor Mittal (multinationale de l'acier) ont décidé, de leur côté, de poursuivre la franchise Guggenheim et de l'étendre à la Residencia (colonie d’ enfants) de BBK  à Sukarrieta.
   Le musée Guggenheim a ouvert à  Bilbao en 1997. L'acier utilisé pour le bâtiment conçu par Frank Gehry a été fourni par Arcelor Mittal, le principal  sponsor du musée. Photos Fausto Giudice, Tlaxcala 
 
Au vu de cette décision sérieuse, nous avons ressenti le besoin d'établir un dialogue avec les responsables du Conseil provincial, ce qu'ils ont refusé. C'est pour cette raison que nous souhaitons partager, encore une fois, avec nos compatriotes et avec les représentants sociaux, quelques réflexions :
• Motivé par des promesses et des intérêts qui ne nous ont pas été communiqués, le Conseil provincial et certaines multinationales veulent reconduire la franchise Guggenheim en Urdaibai. Cette décision n'est pas conforme au plan culturel, puisque aucun plan culturel n'existe. Sous couvert d'art et de nature sont dissimulés des objectifs obscurs et/ou spéculatifs. Mais son financement nous est imposé à nous, les citoyens.
• Ceux qui ont pris cette décision savent très bien que le projet pour Urdaibai est déficitaire. Et que, par conséquent, les donateurs devront supporter les énormes dépenses engendrées par cette décision tandis que les autorités réduiront les services et les dépenses sociales. Ces décisions prises derrière le dos des citoyens et en leur nom sont une insulte à l'intelligence.

Vue de la colonie d’ enfants de BBK à Sukarrieta, avec la plage de San Antonio. Photo LUIS ALBERTO GARCÍA/El PAIS
• Busturialdea a déjà défini ce qu'elle doit investir dans le projet. Busturialdea a un plan stratégique, convenu entre les divers organismes et approuvé par décret en 1998. Son objectif est de conduire toutes les activités socio-économiques. C'est ce à quoi les responsables institutionnels doivent se conformer s'ils veulent sincèrement encourager le développement durable d'Urdaibai. Nous demandons que les 200 millions d'Euros qui seront apparemment dépensés, soient affectés à des investissements productifs et sociaux. Nous avons besoin d'emplois dans tous les secteurs, mais pas de transformer Urdaibai en une région de tourisme de masse.
• Les services publics et sociaux qu'offre la Residencia de Sukarrieta, liés à l'éducation comme, entre autres, le Centre pour l'Expérimentation scolaire, un  témoin de l'éducation internationale, devront être conservés. Sinon, coupée de ces composants uniques, la dénomination de réserve de biosphère sera tronquée. Plus de 9000 habitants de Biscaye bénéficient des services de la Residencia qui génère 45 emplois. À qui bénéficiera la perte de tout cela ?
"Pays à vendre": affiche dans la ville de Bermeo,  Busturialdea. Photo Fausto Giudice, Tlaxcala
Ces attitudes corrodent la démocratie de ses fondations. Nous appelons à un dialogue, pas à une décision imposée. Il est temps qu'un plan stratégique soit mis en place avec la solidarité et la participation de tous. Construire la région en commun est l'œuvre de chacun.
Signataires:

EHNE, ELA, LAB, EZKER ABERTZALEA, GERNIKA-LUMOKO EKOLOGI TAILERRA, ZAIN DEZAGUN URDAIBAI, IEUP! GAZTE ASANBLADA
Soutenu par :
STEE-EILAS
GURE ARBASOEN HERRIA KULTUR ELKARTEA (KORTEZUBI)
URDAIBAIKO GALTZAGORRIAK
HERRIARTE
COMISION DE FIESTAS DE EA
BIZI GARA DE EA
JOVENES INDEPENDENTISTAS DE BUSTURIALDEA
SINDICATO ESK
ARRATZUKO ARROLAPE MENDI TALDEA
ZAPELATZA ARRATZUKO GAZTERIXE
BEDARUKO JAI BATZORDEA
BEDARUKO KARABIA KULTUR TALDEA
ANTIKAPITALISTAK
BERDEAK-LOS VERDES
DECRECIMIENTO
GERNIKAKO ARRANO KULTUR ELKARTEA
BUSTURIALDEKO EUSKAL HERRIAN EUSKARAZ
NATXITXUKO BERTSO ESKOLA
NATXITXUKO JAI BATZORDEA
TXATXARRAMENDI KULTUR ELKARTEA
BUSTURIARROK AUZO ELKARTEA
GOITIBEHERAK INERTZIA KIROLEN ELKARTEA
HAITZ BIRIBIL ELKARTEA
BUSTURIALDEKO IKASLE ABERTZALEAK
SEBER ALTUBEKO ENPRESA KOMITEA
ARBOLAPERA
GANTZABALE KULTUR ELKARTEA
EGUZKI
INPERNU URDAIBAIKO ESKALADA TALDEA
KANKINKABARA TXISTU TALDEA
BERMEOKO TXOSNA BATZORDEA
BUSTURIALDEKO ASKAPENA
ZANTZUE KULTUR ELKARTEA
FORUKO JAI BATZORDEA
KOSTALDE ELKARTEA
ZAKILIXUT ELKARTEA
HERRIJERI EMON ARNASA KULTUR ELKARTEA
TRAGOLA KULTUR ELKARTEA
GERNIKA-LUMOKO AMNISTIAREN ALDEKO MUGIMENDUA
GERNIKA-LUMOKO ETXERAT
LILIBERTSO
IPARRAGIRRE MUSIKA ELKARTEA
AIXERROTAPE ZIKLOTURISTA ELKARTEA
EBAKI XXI ENPRESA KOMITEA
BERMEOKO GIZARTE ONGIZATERAKO UDAL PATRONATUKO ENPRESA KOMITEA
ITZARTU ZURE BASAJAUNA
AIXERREKU NATURA GIDARIEN ENPRESA
KUKUBEDARRAK URDAIBAIKO EMAKUMEEN ELKARTEA
XAGUXARRAK AJANGIZKO GAZTE ASANBLADA
HACK.IN#BADAKIGU
HACKELARRE
TRINKETE ANTITXOKOA
EL GRUPO DE COMPROMISARIOS DE LA IZQUIERDA ABERTZALE EN LA ASAMBLEA GENERAL DE BBK
GERNIKAKO BILGUNE FEMINISTA
ATXURKULU EMAKUME TALDEA
UGT
ASTILLEROS DE MURUETA SAko ENPRESA KOMITEA
ANDIA SALeko ENPRESA KOMITEA
RINDER INDUSTRIAL SAko ENPRESA KOMITEA
GERNIKA BATZORDEA
EZKER GOGOA
MUGARIK GABE
BIZKAIGANE GAZTA ETA ESNE EKOIZLEAK
ARALAR
ELKARTZEN
SANTI BROUARD TALDEA


* Note de l'éditeur :


Busturialdea, la région de Busturia, fait partie des régions originelles  (merindades en espagnol, eskualdeak en euskera) qui se sont unies pour constituer la province de Biscaye. Aujourd'hui, ce nom fait référence à une partie réduite de la même sous-région originelle. La comarque (équivalent du comté) est aussi appelée Busturialde-Urdaibai ou comarque de Gernika (Guernica en espagnol). Busturialdea est situé le long de l'estuaire d'Urdaibai, aujourd'hui une réserve de biosphère et une zone balnéaire, qui à l'origine comprenait toute la côte jusqu'en Guipuzcoa. Busturialdea est parfois simplement appelé Busturia, particulièrement en Espagne, bien que la région puisse alors être confondue avec la municipalité du même nom. Busturialdea était le cœur historique de la Biscaye : la capitale de la province, Gernika, était située à l'intérieur de la province. Le village de Mundaka, qui appartient également à cette comarque, a le privilège de toujours parler en premier dans les sessions du parlement et pendant de nombreuses années, le port de Bermeo a été un complexe portuaire jusqu'à ce que Bilbao soit fondé en 1300.  Busturialdea et son estuaire luxuriant avaient déjà leur importance à l'époque préhistorique. Particulièrement important est le site des grottes de Santimamiñe, qui offrent un exemple d'habitat humain depuis le Neandertal jusqu'à l'âge du fer  avec de magnifiques peintures rupestres qui datent du Magdalénien final.               

        
      Carte d'Euskadi (Pays Basque)    La région de Busturialdea

  

La nouvelle franchise Guggenheim dans l’économie spéculative

 par Nekane JURADO, 17/5/2010 Traduit par  Fausto Giudice, Tlaxcala 
Original :  Gara-La nueva franquicia Guggenheim en la economía de la especulación
Peu importe que l’AVE (TGV espagnol) aille plus ou moins  vite ou que les musées soient déficitaires : les décisions sur les infrastructures sont un domaine de prédilection pour les affabulations du pouvoir.
Eva Forest a dit que la culture, si elle ne vient pas du peuple, n’est plus de la culture mais autre chose. Le peuple « sait » toujours, son identité, transmise par de multiples facteurs  (sa langue, ses restes archéologiques, ses formes apprises de relation à son environnement et d’interprétation de celui-ci, ses us et coutumes transmis par les générations etc.) fait que non seulement il connaît mais porte une culture authentique. Quand la culture est conçue dans les bureaux pour être une valeur de marché, ce n’est pas de la culture, c’est un nouveau produit commercial.
L’absurdité du projet Guggenheim en Urdaibai peut être analysée à partir de divers points de vue. Je vais me centrer sur l’aspect économique, mais en signalant que le rapport officiel lui-même évoque la mise en route de projets de musées à l’échelle mondiale pour satisfaire les exigences et les expectatives de nouveaux publics dans le contexte de la mondialisation. Et ici nous nous heurtons aux nouvelles valeurs et à l’idéologie de l’art mondialisé. Sous prétexte de multiculturalisme on promeut le relativisme pour dépouiller les créations culturelles autochtones de signification et de sens historique concrets. Ce relativisme a pour but de freiner les créations susceptibles de remettre en cause et en danger les valeurs idéologiques du statu quo conservateur.
Le PNV [Parti nationaliste basque, au pouvoir, NdT] a transformé Euskal Herria en Euskal Hiria [la Ville mondiale basque, un projet de développement régional, NdT], détruisant le tissu économique du secteur primaire et industriel (en Urdaibai, ces secteurs ont perdu 10 000 postes de travail) et y substituant des constructions spéculatives (grandes infrastructures et zones résidentielles) des services de consommation et de loisirs, qui emploient surtout des femmes et des jeunes avec de hauts niveaux de précarité. Et c’est cette conception qui sous-tend le projet analysé ici.
Ils parlent de relancer une contrée qu’ils ont préalablement détruite économiquement et, pour ce faire, ils visent à urbaniser toute une zone protégée comme réserve de biosphère, pour ensuite redéfinir des zones contigües déjà prévues pour devenir des résidences temporaires d’artistes universels. Ils nous servent la fable de la laitière et du pot au lait, évoquant des emplois dans le BTP (alors que nous savons qu’ils embauchent d’arrache-pied des équipes entières d’immigrés, sans ou avec peu de droits) et dans le secteur de la gastronomie et des services (femmes de chambre, domestiques des nouveaux fils à papa…) et tout cela en détruisant notre terre.
Le nouveau Guggenheim sera un nouvel élément de concentration de revenus, à travers la dépense publique, par deux biais :
1. ةconomiquement, des 130 millions d’Euros de 2008, on est passés en décembre 2009 à une estimation de 200 millions, rien que pour le musée. Mais il ne s’agit pas seulement des 8 hectares du musée, il y a aussi les parkings, les résidences d’artistes etc., et aussi l’engagement àà construire deux tunnels reliant Bilbao à Gernika et Bermeo, pour permettre d’accéder au musée depuis ces deux lieux en 30 minutes. La grande vitesse détruira notre sous-sol, les aquifères et le système fragile des marais.
2. Outre les investissements nécessaires, le musée a une exploitation commerciale déficitaire (recettes des entrées moins frais de maintenance). Ce qui veut dire que non seulement, il sera incapable d’amortir les coûts élevés de construction, mais qu’il qu’il aura besoin de financements publics permanents pour pouvoir fonctionner.  Le rapport officiel estime les frais annuels à environ 7 millions et les recettes à un million, disant clairement que le déficit annuel sera comblé par des subventions publiques. Un déficit annuel supérieur à celui du Guggenheim de Bilbao, qui est couvert par des subventions de plus de 4 millions d’Euros par an.
ہ ces coûts annuels des musées durant toute leur durée de vie, il faudra ajouter le coût public des intérêts annuels de la dette contractée pour financer leur construction et le coût social des fraudes (disparition de fonds, investissements spéculatifs…) qui semblent être intrinsèques à ce genre de fondations (rappelons les fraudes encore inexpliquées des musées Balenciaga et Guggenheim de Bilbao, entre autres.
Le Guggenheim d’Urdaibai est l’infrastructure la plus grosse et la plus chère jamais projetée dans cette région – sans la moindre rentabilité économique et sociale qui la justifie - , il augmentera les inégalités sociales, en concentrant la richesse entre les mains des spéculateurs fonciers, en expulsant de ses environs  les jeunes à la recherche de logements, dont les prix exploseront et condamnant à la précarité du travail, cantonné aux « services », avec un effet régressif sur la distribution des revenus. Même ainsi, il aura besoin d’être subventionné, ce qui aggravera la baisse des dépenses en prestations sociales. Cela s’ajoutera aux coupes actuelles pour nous maintenir à un des niveaux les plus bas de l’UE.
Mais tout cela n’empêche pas qu’il y ait un vrai « progrès » pour un secteur basque : celui des spéculateurs fonciers, des entrepreneurs du bâtiment et du béton, la BBK [Bilbao Bizkaia Kutxa, Caisse d'ةpargne de Bilbao et de Biscaye, NdT] et le lobby de Jon Azua [ex-vice-président du gouvernement basque PNV, président du think tank e-novating lab, membre du CA de la Fondation Guggenheim, NdT].
Le modèle sur lequel se centre l’activité publique est fondé sur une économie de la corruption, où l’argent sale, à travers les entités financières, se répand dans tous les organes de pouvoir politique et économique, et demande son tribut pour être blanchi : la construction de grandes infrastructures. La fraude fiscale en Euskal Herria dépasse les 10 000 millions d’Euros par an et est l’une des plus élevées dans l’UE. Elle a besoin de circuits de blanchiment, et pour cela nos gouvernements offrent des TGV et des musées mondiaux.
Peu importe que l’AVE (TGV espagnol) aille plus ou moins vite ou que les musées soient déficitaires : les décisions sur les infrastructures sont un domaine de prédilection pour les affabulations du pouvoir, elles rétablissent des hiérarchies claires entre la métropole centrale et les métropoles périphériques, et leur financement détermine la géographie du pouvoir. Face à cette absurdité économique, j’adhère pleinement au « Manifeste en faveur de Busturialdea» lancé par la plateforme Lan eta Bizi de la contrée.


Le projet Guggenheim en Urdaibai (Pays Basque)
par  Josu Amezaga Albizu, Gara, 29/5/2010. Traduit par  Isabelle Rousselot et édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Le projet Guggenheim dans la région de Busturialdea- Urdaibai dissimule derrière des paillettes attrayantes ses véritables intentions dont les racines sont enfouies dans le terrain politique et économique. L'auteur réaffirme le risque sérieux pour la réalité culturelle de Busturialdea, une des régions les plus bascophones du Pays Basque, qui sera menacée par la visite annuelle de millions de personnes avec le castillan comme seul moyen de communication.  
La lutte environnementale de ces dernières décennies a réussi entre autres choses, à imposer qu'avant tout grand projet, une étude sur l'impact environnemental soit réalisée. Certes, cette condition préalable n'est pas souvent respectée et de nombreux exemples le montrent. Mais au moins, la bataille sociale dans ce domaine est gagnée et c'est là que se trouvent les bases qui confèrent une légitimité sociale à ceux qui s'opposent à un projet qui prétend échapper à la condition environnementale.
Le musée Guggenheim à Bilbao. Photo Fausto Giudice, Tlaxcala
Néanmoins, moins de travail a été fait, jusqu'à présent, concernant l'impact de la réalisation de ces grandes infrastructures sur la culture. Depuis quelques temps, certains affirment que, comme pour la défense des baleines et autres espèces menacées d'extinction ou comme pour la préservation
d' écosystèmes entiers, il y a autant, si ce n'est plus, de raisons d'empêcher l'extinction des peuples, des langues et des cultures. A mon avis, les raisons de défendre cette thèse sont largement suffisantes, bien que je ne pense pas qu'il soit nécessaire de nous étendre sur la question.

Naturellement, il est bon de penser à l'impact qu'un projet comme le musée Guggenheim à Busturialdea pourrait avoir sur la culture d'une région et au-delà pour tout un peuple. Sans aucun doute, ce projet répond plus à des intérêts d'ordre politique, économique et territorial qu'à une valorisation de la culture. Mais il se fait passer pour un projet culturel (c'est ainsi que le département de la culture du Conseil provincial le mets en avant) et c'est de cette question que je veux parler.
Les musées Guggenheim dans le monde
Nous pouvons déjà, et de manière générale, étudier l’impact du musée Guggenheim de Bilbao sur la culture basque ou sur la culture en Pays Basque, depuis 13 ans. Si on regarde les estimations faites continuellement par les institutions, rares sont celles qui citent la culture en elle-même, on parle beaucoup plus des changements de l'image de Bilbao dans le monde grâce au bâtiment de Gehry ou de son potentiel d'attraction touristique.

Aujourd'hui, on voudrait réaliser un projet similaire à Urdaibai mais se pose alors la question fondamentale des répercussions qu'un tel projet pourrait avoir sur la réalité culturelle de la région de Busturialdea. Par exemple, quel impact linguistique aurait la visite annuelle estimée de 148 000 personnes dans une région qui comprend 44 000 habitants ? Si nous projetons sur la région, les statistiques du musée de Bilbao, environ 5 % de ces visiteurs parleront basque, les autres parlant castillan ou un espagnol rudimentaire comme lingua franca. Et cela, dans une des régions les plus bascophones du Pays Basque, autant au niveau de la connaissance de la langue (73 % parlent basque et 17 % le parlent presque couramment) que de son utilisation. N'est-il pas nécessaire de protéger cette langue et la culture qu'elle transmet, qui est un bien public qui existe depuis des milliers d'années ? Au contraire, c'est le Pays Basque qui doit perdre du terrain dans un des endroits où sa culture est la mieux préservée.
La réserve de biosphère d'Urdaibai
Je suis conscient qu'en soulevant cette question, je prends le risque d'être taxé de conservateur frôlant le purisme ou le protectionnisme culturel. Mais je ne suis rien de tout cela. Je pense qu'une culture ne peut survivre que si elle se développe en relation avec d'autres cultures. C'est ainsi que la culture basque et sa langue ont survécu en Busturialdea depuis l'époque de Santimamiٌe (les grottes de Santimamiٌe sont un des sites archéologiques les plus importants du Pays Basque). Mais rien de tout cela n'est envisagé avec le projet Guggenheim. L'anthropologue Guillermo Bonfil a très bien traité la question du moi et de l'autre dans la culture, en distinguant deux niveaux importants : le contrôle (c'est à dire la capacité à prendre des décisions concernant les éléments culturels) et les éléments eux-mêmes (les ressources de la culture). Nous pouvons parler d'une culture autonome selon qui exerce les contrôles et sur quelles ressources : une culture appropriée quand un groupe décide d'incorporer des éléments d'autres cultures ; une culture aliénée quand ce sont les autres qui décident des éléments de celle-ci et enfin une culture imposée quand des éléments étrangers sont imposés par la décision d'autres. Il est évident qu'une culture qui cherche à se développer doit sortir de sa culture autonome et incorporer, de son propre chef, des éléments d'autres cultures.
Mais ce n'est pas le cas avec Guggenheim. Il suffit d'observer la façon dont le projet a été élaboré : selon un rapport du conseil, sa définition conceptuelle a été établie avec un panel international d' "experts" lors d'une première réunion dans les bureaux de la Fondation Solomon R. Guggenheim à New York. Les acteurs basques sont en effet intervenus mais pas avant la 3ème réunion.

Roberto Cearsolo
Il y a lieu de se demander s'il est opportun que le germe du projet se développe au sein de la classe politique et soit réalisé par des personnes totalement étrangères à notre culture. Et la Fondation Guggenheim non seulement n'a pas pas grand-chose à voir avec la culture basque, mais sa relation avec la culture est également plus que douteuse. Si on prend, par exemple, le cas de son directeur pendant 20 ans, Thomas Krens : il a été remercié il y a deux ans par la fondation pour avoir commercialisé et banalisé l'art au point de le ridiculiser ; ou la  médiation entre le PNV (Parti National Basque) et Krens par le ministre italien Gianni De Michelis – qui a fait l'objet, sur une courte période, de 35 poursuites judiciaires et a été condamné à 3 ans d'emprisonnement pour corruption ; et il y a tous ces scandales qui accompagnent le siège social à Bilbao : des six millions d'Euros perdus en devises étrangères au détournement par Cearsolo (viré de son poste de directeur financier du Guggenheim) et à tout ce qui a été découvert par le bureau de vérification basque. C'est sûr qu'on n’aurait pas pu trouver meilleur projet !

Thomas Krens
La relation entre la culture et l'économie n'est pas simple. Cependant, cela ne veut pas dire que l'une et l'autre ne doivent pas se soutenir. De ce point de vue, il est nécessaire d'avoir une approche complètement différente afin de permettre à Busturialdea de se développer économiquement sans avoir un monstre comme Guggenheim qui envahisse l'espace, non seulement naturel mais aussi culturel, que la région a à offrir au Pays Basque et au monde. 


Gianni De Michelis

Sur l’auteur
URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=10837&lg=fr

On ne change pas une ministre qui gagne…On la promeut !

par Ayman El Kayman, 29/6/2010

Quand elle était ministre de l’Environnement, on a eu droit à la catastrophe de l’Erika.
Ministre de la Santé, elle nous a offert la pantalonnade du H1N1.
Ministre des Sports, elle nous a régalé du spectacle navrant de Bloemfontein.
Une seule solution : pour déclencher une révolution en France, il faut nommer la pharmacienne d’Angers…Premier ministre !
Ayman El Kayman, président du CFDTR (Club des Fans de la Dame en Tailleur Rose)

Urumchi, un an déjà...

Le 5 juillet 2009, une manifestation pacifique des étudiants ouïghours dans la ville d’Urumchi, la capitale de la région ouïghoure, a été transformée en bain du sang par l’intervention violente de force de sécurité chinoise. Des nombreux témoignages auprès des organisations humanitaires et auprès des médias indiquent que l’armée a perpétré des mises à mort des manifestants.

Les autorités ont arrêté des milliers de personnes lors des événements de Juillet 2009. Un nombre incalculable d’Ouïghours ont disparus, y compris de jeunes adolescents. Au moins 24 Ouïghours ont été condamnés à mort par le Tribunal populaire intermédiaire d’Urumchi et plusieurs autres personnes ont été condamnées à des peines de mort avec sursis, des peines de prison à perpétuité et à différentes peines de prison. L’absence de toute procédure transparente a été dénoncée par les diverses ONG pour les Droits de l’Homme.

L'arrestation et condamnation non-transparente continue. Le Congrès Mondial Ouïghour et les organisations des Droits de l'Homme appellent l'ONU à une enquête internationale sur le massacre et arrestations. Il existe des inquiétudes légitimes que les Ouïghours détenus dans le cadre des incidents de Juillet 2009 ont été soumis à de cruelles tortures lors de leur détention.

Le Congrès Mondial Ouïghour, l'autorité suprême représentative des Ouïghours en exil, a décidé d'organiser cette première commémoration du massacre du 5 Juillet 2009, à Paris, dans la capitale de la France libre et démocratique.

Lieu : Place de Trocadéro Paris
L’heure : 13h-18h
Date : 04 Juillet 2010

Venez nombreux et diffusez ce message au maximum

Association des Ouïghours de France

lundi 28 juin 2010

Un avatar urbain de l’opération Green Hunt*

par Arundhati ROY अरुणधती राय, 12/6/2010. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Alors que le gouvernement indien envisage de déployer l'armée de terre et l’aviation pour mater la rébellion dans les campagnes, il se passe des drôles de choses  dans les villes.
Le 2 Juin le Comité pour la protection des droits démocratiques (CPDR) a tenu une réunion publique à Mumbai. Les principaux intervenants étaient Gautam Navlakha, conseiller de la rédaction de l'Economic and Political Weekly et moi-même. La presse y était en force. La réunion a duré plus de trois heures. Elle a été largement couverte par la presse écrite et télévision. Le 3 Juin, plusieurs journaux, chaînes de télévision et portails de nouvelles en ligne, comme Rediff.com, ont rendu compte de l'événement de manière plutôt correcte. Le Times of India (édition de Mumbai) a publié un article intitulé : «Nous avons besoin d'une idée qui ne soit ni de gauche ni de droite», et l'article du Hindu était intitulé : "Peut-on laisser la bauxite dans la montagne?" L'enregistrement de la réunion est disponible sur YouTube. [Voir les vidéos]. 


L'auteure au meeting de Mumbai
 

Le lendemain du meeting, l'agence Press Trust of India (PTI) a diffusé un compte-rendu éhonté de mes propos. La dépêche de PTI a d'abord été publiée en ligne par l'Indian Express le 3 Juin 2010 à 13 h 35. Titre : "Arundhati soutient les maoïstes et met les autorités au défi de l'arrêter." Voici quelques extraits:

« L’auteure Arundhati Roy a justifié la résistance armée des maoïstes et a mis les autorités au défi de l’arrêter pour son soutien à leur cause pour soutenir leur cause » - «Le mouvement naxalite ne peut être rien d’autre que la lutte armée. Je ne suis pas en train de soutenir la violence. Mais je suis également totalement opposée à une analyse politique méprisante basée sur des atrocités. » (?)
« Le mouvement armé est nécessaire. La voie gandhienne a besoin d'un public, qui est absent ici. Les gens ont débattu longtemps avant de choisir cette forme de lutte », Roy, qui avait salué « les gens de Dantewada » après que 76 policiers ont été fauchés par les maoïstes dans l’ attaque la plus meurtrière contre les forces de sécurité. «Je suis de ce côté de la ligne. Je m’en fiche ... ‘Prenez-moi et mettez-moi en prison’, a-t-elle affirmé. »

Permettez-moi de commencer par la fin du compte-rendu. La suggestion que j’ai salué "les gens de Dantewada" après que les maoïstes avaient tué 76 membres de la Force centrale de réserve de Police  (CRPF) est de la diffamation pure et simple. J'ai clairement fait savoir dans une interview sur CNN-IBN que je considérais la mort des hommes de la CRPF comme tragique, et que je pensais qu'ils étaient des pions dans une guerre des riches contre les pauvres. Ce que j'ai dit au meeting de Mumbai, c'est que je méprisais l'industrie de la condamnation creuse créée par les médias et que, au fur et à mesure que la guerre continuait et que la spirale de la violence montait, il devenait impossible de tirer une quelconque morale des atrocités commises par les deux côtés, si bien qu’une analyse fondée sur les atrocités était un exercice futile. J'ai dit que je n'étais pas là pour défendre la mise à mort des gens ordinaires par qui que ce soit, ni les maoïstes, ni le gouvernement, et qu'il était important de se demander ce que la CRPF faisait avec 27 AK-47, 38 INSAS, 7 fusils semi-automatiques, 6 mitraillettes légères, un fusil Sten et un mortier de deux pouces dans des villages tribaux. S’ils étaient là pour faire la guerre, alors se faire forcer la main pour condamner le meurtre des hommes de la CRPF par les maoïstes signifiait se ranger aux côtés du gouvernement dans une guerre avec laquelle beaucoup d'entre nous n'étaient pas d'accord.

Le reste du compte-rendu de PTI était un fatras malveillant et  idiot sur ce qui s'est dit au meeting. Mon point de vue sur les maoïstes est clair. J'ai écrit longuement à leur sujet. Lors du meeting, j'ai dit que la résistance du peuple contre l’accaparement de terres par les entreprises constituait un éventail de mouvements avec diverses idéologies, dont les maoïstes étaient la partie la plus militante. J'ai dit que le gouvernement étiquetait chaque mouvement de résistance, chaque militant,  comme «maoïste» afin de justifier la manière répressive et militaire dont il les traite. J'ai dit que le gouvernement a élargi le sens du mot «maoïste» pour y inclure tous ceux qui n'étaient pas d'accord avec lui, toute personne qui ose parler de justice. J'ai appelé l'attention sur les gens de Kalinganagar et Jagatsinghpur qui menaient des manifestations pacifiques, mais vivaient en état de siège, encerclés par des centaines de policiers armés, qui les matraquent et leur tirent dessus. J'ai dit que la population locale a longuement réfléchi avant de décider quelle stratégie de résistance adopter. J'ai parlé du fait que les gens qui vivent dans des villages au cœur de la forêt  ne pouvaient pas recourir à des formes de protestation gandhienne parce que la satyagraha pacifique est une forme de théâtre politique que, pour être efficace, a besoin d'un public sympathique, ce qu’ ils n'avaient pas. J'ai demandé comment les gens qui étaient déjà affamés pouvaient se mettre en grèves de la faim. Je n'ai certainement jamais dit quelque chose comme : « Le mouvement armé est nécessaire. » (Je ne suis pas sûre de ce que cela signifie.)

J’ai continué en disant que tous les divers mouvements de résistance aujourd'hui, indépendamment de leurs différences, ont compris qu'ils faisaient face à un ennemi commun, qu’ils étaient tous du même côté de la ligne, et que j’étais avec eux. Mais de ce côté de la ligne, au lieu de poser des questions seulement au  gouvernement, nous devrions nous poser quelques questions à nous-mêmes. Voici mes mots exacts:

« Je pense qu'il est beaucoup plus intéressant d'interroger la résistance à laquelle nous appartenons, je suis de ce côté de la ligne. Je suis très claire à ce sujet. Je m’en fiche, prenez-moi, mettez-moi en prison. Je suis de ce côté de la ligne. Mais de ce côté de la ligne, nous devons nous retourner et poser des  questions à nos camarades. »

J’ai alors dit qu’alors que les méthodes gandhiennes de résistance ne démontraient pas leur efficacité, les mouvements gandhiens comme le Narmada Bachao Andolan avaient une vision radicale et révolutionnaire du «développement» et alors que les méthodes maoïstes de la résistance étaient efficaces, je me demandais s’ils avaient pensé au  genre de «développement» qu'ils voulaient. En dehors du fait qu'ils étaient contre les ventes du gouvernement à des sociétés privées, leur politique minière était-elle très différente de celle de l'État? Laisseraient-ils la bauxite dans la montagne – ce qui est ce que veulent les gens qui constituent leur base -, ou laisseraient-ils l’exploiter une fois  arrivés au pouvoir?

 J'ai lu le poème de Pablo Neruda, "Standard Oil Company"   qui nous parle de cette vieille bataille.

Le journaliste de PTI qui avait pris soin de prendre la permission des organisateurs d'enregistrer ne peut pas prétendre que sa version est une question d '«interprétation». Il  s’agit d’une falsification flagrante. Curieusement ce compte-rendu vieux d’un jour a été publié par plusieurs journaux dans plusieurs langues et diffusé par des chaînes de télévision le 4 Juin, dont de nombreux journalistes avaient déjà couvert l'événement avec exactitude le jour précédent et étaient évidemment au fait de ce que le compte-rendu était faux. L’ Economic Times  a écrit: «Arundhati Roy, assoiffée de publicité, veut être Aung San Su Kyi ». Je suis curieux : pourquoi les journaux et les chaînes de télévision publient-ils la même info deux fois, une fois correctement et une fois de manière erronée ?

Le même soir (4 Juin), vers sept heures, deux hommes à moto sont arrivés devant à mon domicile à New Delhi et a commencé à jeter des pierres sur la fenêtre. Une pierre a failli atteindre un petit enfant jouant dans la rue. Des gens en colère se sont assemblés et les hommes se sont enfuis. Dans les minutes qui ont suivi, une Tata Indica est arrivée avec un homme prétendant être un journaliste de Zee TV. Il a demandé si c'était la «maison d'Arundhati Roy» et s'il y avait eu des ennuis. De toute évidence il s’agissait d’une mise en scène de «colère populaire» pour alimenter nos chaînes de télévision, qui sont de vrais barracudas. Heureusement pour moi, ce soir-là leur scénario a mal tourné. Mais il y a eu plus. Le 5 Juin le Dainik Bhaskar à Raipur effectué un élément de nouvelles " Himmat ho to AC kamra chhod kar jungle aaye Arundhati " (Si elle a le courage Arundhati doit quitter sa chambre climatisées et venir dans la jungle), dans laquelle Vishwaranjan, le directeur général de La police du Chhattisgarh m'a mis au défi de faire face à la police en rejoignant les maoïstes dans la forêt. Imaginez ça :  le DGP et moi, d’homme à homme. Pour ne pas être en reste, un chef de file du Bharatiya Janata Party de Chhattisgarh, Mme Poonam Chaturvedi a annoncé à la presse que je devrais être abattue à un carrefour, et que tous traîtres dans mon genre devraient être condamnés à mort. (Peut-être que quelqu'un devrait lui dire que ce genre d'incitation directe à la violence est une infraction au Code pénal indien).  Mahendra Karma, chef de la meurtrière milice « populaire » Salwa Judum , qui est coupable d'innombrables actes de viol et d'assassinat, a exigé une action en justice contre moi. Le mardi 8, le quotidien hindi Nayi Duniya signalé que les plaintes ont été déposées contre moi dans deux différents postes de police dans le Chhattisgarh, à Bhata Pada et Teli Bandha, par des particuliers s'opposant à mon « soutien déclaré aux maoïstes ».

 Est-ce ce que services de renseignement militaire appellent des psyops (opérations psychologiques)? Ou est-ce l'avatar urbain de l'opération Green Hunt? Dans lequel une agence de presse  gouvernementale aide le ministère de l’Intérieur  à constituer un dossier sur ceux qu'elle souhaite éliminer, inventant des preuves quand il ne peut pas en trouver ? Ou est-ce que PTI essaye de livrer les plus connus d'entre nous au lynchage de sorte que le gouvernement n'ait pas à risquer sa réputation internationale en nous arrêtant ou en nous éliminant? Ou est-ce juste une façon de forcer une polarisation grossière, un ridicule nivellement par le bas du débat : si tu n'es pas avec "nous", tu es un maoïste? Et pas seulement un maoïste, mais un maoïste bête, arrogant et gueulard. Quoi qu'il en soit, c'est dangereux, et éhonté, mais ça n’est pas nouveau. Demandez à n'importe quel Cachemiri, ou toute jeune musulman qui a été détenu comme «terroriste», sans aucune autre preuve que des compte-rendus infondés de médias. Demandez à Mohammed Afzal, condamné à mort pour «satisfaire la conscience collective de la société.»

Maintenant que l'opération Green Hunt a commencé à frapper aux portes de gens comme moi, imaginez ce qui arrive à des militants et des travailleurs politiques qui ne sont pas bien connus. Aux  centaines de personnes emprisonnées, torturées et éliminées. Le 26 juin est le trente-cinquième anniversaire de l’instauration de l'état d’urgence. Peut-être le peuple indien devrait-il déclarer (parce que le gouvernement ne le fera certainement pas) que ce pays est en état d'urgence. (À la réflexion, a-t-il jamais été levé?) Cette fois, la censure n'est pas le seul problème. La fabrication de nouvelles en est un encore plus grave.
*Operation Green Hunt (Opération Chasse verte) : nom par lequel les médias indiens désignent la vaste opération paramilitaire déclenchée par le gouvernement indien en novembre 2009 dans les cinq États du « corridor rouge » où est implantée la guérilla maoïste [NdT].

Sommet du G20: nuits chaudes à Toronto

Plus de 600 arrestations
Mise à jour le dimanche 27 juin 2010 à 23 h 51


L'escouade antiémeute au coin des rues Queen et Soho.
Photo: Pierre-Mathieu Tremblay
L'escouade antiémeute au coin des rues Queen et Soho.
Les journalistes ont pu faire l'expérience, dimanche, de l'efficacité de la police à contrôler les mouvements foules qui ont animé le centre-ville de Toronto pendant le sommet du G20, comme a pu le constater sur place Colin Perkel, un journaliste de La Presse Canadienne.
Selon M. Perkel, plusieurs journalistes et des photographes de presse ont en effet été encerclés par les policiers antiémeutes au niveau de l'avenue Spadina et de la rue Queen ouest. Ils ont été gardés captifs pendant des heures, et ce, même s'ils avaient en leur possession l'accréditation jaune qui les identifiait comme des membres des médias.
Il semble que les journalistes, dont Colin Perkel, ont été victimes d'une manoeuvre qui ne leur était pas initialement destinée et qui devait permettre à la police d'intercepter un groupe de manifestants.
Une jeune femme effrayée par l'avancée soudaine des policiers est réconfortée par un proche.
Photo: Pierre-Mathieu Tremblay
Une jeune femme effrayée par l'avancée soudaine des policiers est réconfortée par un proche.
Une nouvelle altercation avait en effet commencé vers 18 h à l'angle de la rue Queen et de l'avenue Spadina, où des escarmouches avaient aussi eu lieu samedi. Les policiers ont alors encerclé des manifestants et ont bloqué les issues possibles. Ils ont arrêté entre 20 et 30 personnes, selon des chiffres de CBC.

Plus

Notre journaliste Pierre-Mathieu Tremblay, qui se trouvait au coeur de la zone en alerte, rapporte que la foule de plusieurs centaines de personnes était principalement composée de manifestants pacifiques, y compris des enfants. Il raconte aussi que la police a décidé de refouler le groupe et a chargé. Les manifestants ont reflué une cinquantaine de mètres plus loin, et beaucoup d'entre eux ont ensuite quitté les lieux.
Un peu avant 20 h, le réseau anglais de Radio-Canada rapportait que les policiers étaient toujours en alerte, alors qu'une pluie battante tombait sur les rues et que le jour déclinait.
Police-G20
La police a parfois opté pour un mouvement afin de refouler les manifestants
Les policiers se sont par ailleurs retirés des environs du centre de détention, où des escarmouches ont eu lieu dans la journée de dimanche avec des manifestants.
De nombreux manifestants ont d'autre part déjà été relâchés du centre de détention, la plupart sans inculpation.
Quelque 250 manifestants à vélo se sont réunis en début d'après-midi au centre-ville et se sont dirigés ensemble vers le sud. Cette manifestation s'est déroulée pacifiquement.
Quelques centaines de manifestants ont dévalé les rues du centre-ville de Toronto à vélo, dimanche.
Photo: La Presse Canadienne /Darren Calabrese
Quelques centaines de manifestants ont dévalé les rues du centre-ville de Toronto à vélo, dimanche.
Plus tôt, la police a eu recours à la force pour disperser un groupe d'une centaine de manifestants qui réclamaient la libération de militants enfermés dans le centre provisoire de détention de Toronto. Quelques manifestants ont été arrêtés.
Environ 70 personnes, dont plusieurs Québécois, ont aussi été arrêtées vers 10 h dimanche sur le campus de l'Université de Toronto. Certains appartiennent à la Convergence des luttes anticapitalistes (CLAC), dont au moins 800 membres ont quitté la métropole montréalaise vendredi pour aller manifester dans la Ville-Reine, selon Danie Royer, porte-parole du regroupement.
Les policiers ont expliqué avoir trouvé une cache de briques et de bâtons, qui auraient pu compromettre la sécurité des Torontois. Il s'agit de la plus grosse action policière du week-end pour l'instant.
Une femme est arrêtée devant le centre de détention provisoire aménagé dans un studio de cinéma à Toronto, le 27 juin 2010.
Photo: AFP/Jacques Boissinot
Une femme est arrêtée devant le centre de détention provisoire aménagé dans un studio de cinéma à Toronto.
Quatre individus ont également été arrêtés dimanche à 2 h 30 alors qu'ils sortaient d'une bouche d'égout située au coin des rues Richmond et Bay, soit à trois coins de rue du périmètre de sécurité. Les policiers ont indiqué qu'il ne s'agissait que d'un groupuscule et qu'aucune autre personne ne se trouve dans le réseau d'égouts. Des vérifications ont été effectuées afin de s'assurer que la sécurité des lieux n'a pas été compromise. Des bouches d'égout supplémentaires ont d'ailleurs été scellées.
600 personnes arrêtées
Les policiers tentent de disperser les manifestants et font des arrestations dimanche près du centre de détention où 500 personnes ont été conduites.
Photo: AFP/Simon Hayter
Les policiers tentent de disperser les manifestants et font des arrestations dimanche près du centre de détention où 500 personnes ont été conduites.
La police de Toronto a arrêté plus de 600 personnes depuis le début des manifestations. La majorité des arrestations a eu lieu dans la nuit de samedi à dimanche.
Les fenêtres des commerces du centre-ville qui n'ont pas été vandalisés samedi avaient été placardées en prévision des manifestations de dimanche.

Large déploiement policier

L'essentiel des protestations de samedi s'est, il faut le préciser, déroulé dans le calme, mais des groupes minoritaires plus radicaux ont réussi à s'infiltrer dans les manifestations et ont détourné l'attention lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc, notamment, pour repousser les manifestants.
 Nous déplorons les gestes de ces quelques voyous. Mais ces gestes justifient les dépenses en sécurité. 
— Le premier ministre Stephen Harper, en clôture du sommet du G20
Environ 20 000 policiers ont été déployés dans la Ville Reine et le coût de la sécurité pour les deux sommets du G8 et du G20 est évalué à près de 1 milliard de dollars.

Sur le terrain

Lisez le blogue de Pierre-Mathieu Tremblay, en direct du centre-ville de Toronto, et le carnet d'Emmanuelle Latraverse, au coeur des deux sommets.
Jack Layton dénonce les remous
Le chef du Nouveau Parti démocratique, Jack Layton, a dénoncé à l'antenne de CBC ces remous qui, dit-il, constituent une déplorable diversion aux véritables enjeux abordés dans le cadre de la rencontre. Jack Layton précise cependant que le premier ministre du Canada, Stephen Harper, devait savoir que tenir la réunion au coeur de la ville la plus peuplée du pays poserait problème.
 Ces gens qui commettent des actes violents sont des criminels. Ce que l'on voit est honteux et nous condamnons cette violence. 
— Le chef du NPD Jack Layton, sur les ondes de CBC
Il dit par ailleurs ne faire aucune confiance à Stephen Harper pour veiller à préserver les programmes indispensables aux citoyens dans ses efforts pour juguler le déficit.
Québec solidaire s'insurge
Québec solidaire a dénoncé dimanche la « dérive sécuritaire » autour du G20, qui occulte selon lui les enjeux ayant motivé des milliers de personnes à se rendre à Toronto pour manifester.
Le parti dénonce également les arrestations qualifiées d'arbitraires effectuées par les forces policières, dont celle d'une membre du comité de coordination de Québec solidaire.

Plus de 400 arrestations
Philippe Leblanc rend compte des manifestations.

La nuit de samedi à dimanche a été relativement agitée à Toronto où des manifestants ont continué à protester contre le Sommet du G20, qui s'y tient jusqu'à dimanche.
On a rapporté quelques heurts entre protestataires et policiers, de même que des fenêtres fracassées et des voitures vandalisées.
L'essentiel des protestations de samedi s'est cependant déroulé dans le calme, mais des groupes minoritaires plus radicaux ont réussi à s'infiltrer dans les manifestations et ont détourné l'attention lors d'affrontements avec les forces de l'ordre.
En tout, la police de Toronto a arrêté 412 personnes depuis le début des manifestations. Seulement dans la nuit de samedi à dimanche, près de 300 arrestations ont eu lieu.
En entrevue avec la CBC, le chef de la police de Toronto, Bill Blair, a indiqué qu'il prévoit de nouveaux incidents au cours de la journée.
Il y aura davantage de violence dimanche parce que [les manifestants] n'ont pas encore atteint leurs objectifs.
— Bill Blair, chef de la police de Toronto

Large déploiement policier

Les policiers ont utilisé des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc, notamment, pour repousser les manifestants.
Environ 20 000 policiers sont déployés dans la Ville Reine et le coût de la sécurité pour les deux sommets du G8 et du G20 est évalué à près de 1 milliard de dollars.

Sur le terrain

Lisez le blogue de Pierre-Mathieu Tremblay, en direct du centre-ville de Toronto, et le carnet d'Emmanuelle Latraverse, au coeur des deux sommets.

Des échauffourées au fil de la journée

Des manifestants font face à des policiers antiémeutes près du périmètre de sécurité du G20 à Toronto, le 26 juin 2010.
Photo: AFP/Geoff ROBINS
Des manifestants font face à des policiers antiémeutes près du périmètre de sécurité du G20 à Toronto, le 26 juin 2010.
Vers 18 heures, les policiers antiémeutes ont dispersé une manifestation qui se déroulait autour de l'Assemblée législative de l'Ontario, à un endroit qui avait pourtant été désigné pour permettre les manifestations.
Le métro a été fermé entre les stations Bloor et St George. Le service de tramway a lui aussi été interrompu dans le centre-ville.
Plusieurs escarmouches se sont produites lorsque de petits groupes de manifestants ont fracassé des vitrines de commerces et de banques et vandalisé des véhicules de police. Plusieurs observateurs ont indiqué que ces attaques étaient ciblées, dans la mesure où les commerces locaux ont été pour la plupart épargnés, alors que les vitrines des multinationales ont subi les plus larges dégâts. Au moins quatre véhicules de police ont été incendiés.
Plus tôt, d'autres altercations ont fait trois blessés parmi les manifestants, a indiqué le Groupe intégré de la sécurité du G20. Les trois saignaient abondamment de la tête, mais étaient conscients. Un photographe de presse a reçu une balle en caoutchouc et un policier en a visé un autre avec son arme, selon la Presse canadienne.
Des émeutiers vêtus de noir, comme ceux qui sont affiliés à la mouvance du Black Bloc, s'en sont pris aux commerces et aux véhicules appartenant aux forces de l'ordre et aux médias, dont la CBC. Les vitrines d'un café Starbucks ont volé en éclat.
La police antiémeute, équipée de canons à eau, de grenades lacrymogènes et de masques à gaz, a défendu l'accès à la zone dite de sécurité. Un décret adopté par le gouvernement ontarien permet aux policiers d'appréhender toute personne s'approchant à moins de cinq mètres des clôtures de sécurité entourant le site du sommet.
Le chef de la police de Toronto Bill Blair a admis que les forces de l'ordre avaient eu du mal à contrôler la foule à certains moments.
Un rassemblement spontané baptisé « La fièvre du samedi soir », qui devait avoir lieu dans la nuit dans le quartier Church Street Village, a été annulé par les organisateurs, faute d'endroit assez sûr pour le faire et d'équipe technique. Ils ont invité les protestataires à se joindre à d'autres événements.
Le quadrilatère de sécurité à Toronto
Le quadrilatère de sécurité à Toronto

Un maire fier de ses policiers

Lors d'un point de presse samedi après-midi, le maire de Toronto, David Miller, s'est dit fier du travail des policiers.
Il a fait la distinction entre la majorité des manifestants et quelques « voyous ». Et d'ajouter que la police fera tout ce qui est en son pouvoir pour appréhender ces personnes.
Un très petit groupe de gens est venu ici avec l'intention de commettre des actes violents.
— David Miller, maire de Toronto
Du même souffle, le maire a appelé les résidants de la ville à rester calmes.

En images

Consultez notre album-photo des manifestations et des sommets du G8 et du G20. Les images que vous nous envoyez sont sur cette page.
Radio-Canada.ca avec Presse canadienne