lundi 30 janvier 2012

Et vous, vous serez où le dimanche 11 mars ?

http://www.chainehumaine.org
Le dimanche 11 mars 2012,
réagissons ensemble pour sortir du nucléaire
Formons une grande chaîne humaine entre Lyon et Avignon !
C’est le projet ambitieux et enthousiasmant qu’ont lancé le Réseau "Sortir du nucléaire" et des habitants de la vallée du Rhône, la région la plus nucléarisée d’Europe.
Depuis mai 2011, pour préparer cet événement, plus de dix chaînes humaines ont été organisées dans différentes villes de la vallée du Rhône dans la bonne humeur et une ambiance familiale. À chaque fois, nous sommes plus nombreux, pour affirmer que « sortir du nucléaire, c'est possible » !
En Allemagne, c'est en se mobilisant par dizaines de milliers que les citoyens ont pu imposer une décision de sortie du nucléaire à leurs dirigeants.
Le dimanche 11 mars, nous aussi nous devons être des dizaines de milliers, à l’approche des élections présidentielles, pour faire entendre notre volonté de sortir du nucléaire.
AIDEZ-NOUS À FAIRE DE CET ÉVÉNEMENT EXCEPTIONNEL UNE RÉUSSITE
Vous aussi, rejoignez la grande chaîne humaine entre Avignon et Lyon
le dimanche 11 mars 2012 à partir de 13h30
Chaque personne compte et nous comptons sur vous !
Nous vous remercions chaleureusement pour votre engagement à nos côtés.
Jocelyn Peyret
Pour le Réseau "Sortir du nucléaire" et le collectif "Réaction en chaîne humaine"
contact@chainehumaine.org
            07 77 20 27 71      
http://www.chainehumaine.org

Réseau "Sortir du nucléaire"
http://www.sortirdunucleaire.org
9 rue Dumenge - 69317 LYON cedex 04
Tél :             04 78 28 29 22      
contact@sortirdunucleaire.fr



dimanche 29 janvier 2012

Dites "Non à un hommage officiel au général Bigeard" !

 par http://www.nonabigeardauxinvalides.net/

Communiqué 2
L’appel « NON À L’HOMMAGE OFFICIEL AU GÉNÉRAL BIGEARD », contre le transfert aux Invalides des cendres de cet officier « baroudeur », au lourd passé indochinois et algérien, rencontre un grand succès.
Plus de 4.000 personnes de toutes opinions, de toutes origines, quatre jours seulement après la mise en ligne sur le site nonabigeardauxinvalides.net, se sont prononcées contre cette opération politicienne.
Des anciens ministres, des responsables politiques et syndicaux, des représentants d’associations, des élus, des intellectuels de renom, des artistes, des témoins et acteurs majeurs des guerres d’Indochine et d’Algérie, parmi lesquels des militaires, des citoyens de tous horizons soutiennent cette démarche.
Il nous faut cependant signaler que nous sommes également l’objet de menaces, de dénonciations haineuses, notamment sur des sites cultivant la nostalgie du temps des colonies et de l’Algérie française et / ou sur des sites d’extrême droite.
Cette pression ne nous fera évidemment pas dévier : nous continuons et continuerons notre action contre cette falsification du passé colonial à visée électorale. Nous invitons nos concitoyens à signer et à faire signer cet appel en se rendant sur le site nonabigeardauxinvalides.net



De son vivant, le général Bigeard a toujours bénéficié de l’admiration des forces politiques les plus réactionnaires et de leur soutien actif. Et voici qu’une année après sa mort, il est de nouveau utilisé pour une manœuvre politicienne, orchestrée par le ministre de la Défense, dont le passé d’extrême droite est connu : le transfert aux Invalides de ses cendres.
Cette initiative est doublement pernicieuse.
D’une part, il y a une certaine indécence à mettre Bigeard au rang d’autres grands militaires qui y reposent, parfois depuis des siècles. On peut avoir des analyses critiques sur tel ou tel d’entre eux, mais beaucoup mirent leur génie au service de la défense du territoire français.
D’autre part, et surtout, une telle initiative serait une insulte à divers peuples qui acquirent au prix fort, naguère, leur indépendance. Ces pays sont libres depuis des décennies, ils ont le plus souvent des relations cordiales avec le nôtre. A-t-on pensé un instant quel signal le gouvernement français s’apprête à leur envoyer ? Est-ce du mépris à l’état pur ou de l’inconscience ?
On nous présente cet officier comme un héros des temps modernes, un modèle d’abnégation et de courage. Or, il a été un acteur de premier plan des guerres coloniales, un « baroudeur » sans principes, utilisant des méthodes souvent ignobles. En Indochine et en Algérie, il a laissé aux peuples, aux patriotes qu’il a combattus, aux prisonniers qu’il a « interrogés », de douloureux souvenirs. Aujourd’hui encore, dans bien des familles vietnamiennes et algériennes, qui pleurent toujours leurs morts, ou dont certains membres portent encore dans leur chair les plaies du passé, le nom de Bigeard sonne comme synonyme des pratiques les plus détestables de l’armée française.
Nous n’acceptons pas que la notion d’héroïsme soit liée à l’histoire de cet homme. Lors des guerres coloniales conduites par la France, les vrais héros étaient ceux qui, dans les pays colonisés, luttaient pour la liberté et l’indépendance de leurs peuples, ceux qui, en métropole, ont eu la lucidité de dénoncer ces conflits, si manifestement contraires au droit international, au droit des peuples à disposer d’eux-mêmes et à l’intérêt même de la nation française.
L’objectif aurait été de réveiller les guerres mémorielles que les manipulateurs à l’origine de cette initiative ne s’y seraient pas pris autrement.
Nous exigeons que le gouvernement français renonce à cette initiative historiquement infondée, politiquement dangereuse et humainement scandaleuse.
Homage Sarko Bigeard 
Hommage Sarko Bigeard© Zédèr

     

    Réversible


    vendredi 27 janvier 2012

    Eurozone : Apocalypse Now

    Nicolas Sarkozy, ce qu'il regrette

    par Arnaud Leparmentier et Vanessa Schneider, Le Monde, 27/1/2012

    Nicolas Sarkozy espère le grand pardon. Faire oublier le bling bling, les faux pas et les formules déplacées qui ont écorné son image jusque dans son propre électorat. Toutes ces taches qui marquent le début du quinquennat et l'esprit des Français. La nuit du Fouquet's au soir de son élection, le 6 mai 2007, la croisière sur le yacht de Bolloré, le "casse-toi pov' con" lancé à un quidam au Salon de l'agriculture en 2008, la tentative de nomination de son fils à la tête du quartier d'affaires de la Défense (EPAD) en 2009, autant d'outrances qui le poursuivent encore. Des fautes originelles.

    "Normalement, il devrait être réélu dans un fauteuil", estime l'un de ses conseillers. Si seulement il n'y avait pas eu ces fichues deux premières années… Le président, qui se prépare à affronter le candidat autoproclamé "normal" François Hollande, sait qu'il doit prouver qu'il a changé. Son objectif : s'humaniser. Et quoi de mieux pour adoucir son image que de reconnaître ses péchés ? Samedi 21 janvier, lors d'une longue soirée à la résidence du préfet de Guyane, Nicolas Sarkozy s'est essayé à l'exercice du mea culpa devant une quinzaine de journalistes, qui préfigure peut-être ce qu'il fera quand il entrera véritablement en campagne.
    LA THÉRAPIE, "C'EST CIVILISÉ"
    Entre fausses confidences et regrets sincères, il s'est livré à un exercice de vérité ayant pour seul but de faire passer un message : "Je ne suis pas l'homme que vous croyez." "Ce qui me fascine dans tous les grands personnages de l'histoire, c'est ce qu'ils ont raté. On n'apprend rien de ses succès, a-t-il ainsi confié. J'ai toujours pensé que j'étais le premier responsable de mes erreurs. J'ai toujours assumé. La seule façon d'accepter de prendre de l'âge, c'est d'essayer d'être meilleur. Il faut reconnaître ses erreurs. Il est capital de savoir s'auto-analyser." Mais pas question, pour lui, de se livrer à une réelle thérapie : "Je n'en ai jamais ressenti le besoin, mais si on en a besoin, c'est extrêmement utile. C'est civilisé", ajoute-t-il étrangement.
    Au divan, Nicolas Sarkozy préfère les conversations à bâtons rompus avec les journalistes. Ce soir-là, il égrène ses fautes. L'épisode de l'EPAD, que son fils Jean briguait en 2009 ? "Je le regrette. Il a beaucoup souffert. Je n'ai pas vu venir le problème. Cette fonction n'était pas payée, il n'y avait pas de bureau, pas de secrétariat, pas de chauffeur. C'était néanmoins une erreur mais ça aurait été un de mes amis, j'aurais fait la même erreur."
    Jean Sarkozy lors de son passage au journal de France 2, le 22 octobre 2009. Le fils cadet du chef de l'Etat a annoncé qu'il renonçait à briguer la présidence de l'EPAD.
    Jean Sarkozy lors de son passage au journal de France 2, le 22 octobre 2009. Le fils cadet du chef de l'Etat a annoncé qu'il renonçait à briguer la présidence de l'EPAD.REUTERS/HO
    Son voyage tant photographié avec Carla Bruni en Egypte et en Jordanie à la fin de l'année 2007 ? "Pour moi, je partais simplement en Egypte entre le 25 et le 31 décembre, mais cela aussi était une erreur. Quand ils m'ont vu heureux, les Français se sont dit : 'Il nous abandonne. On a élu Bionic et il est heureux'. A Noël, cette année [2011], je ne suis pas parti en vacances car, avec la crise, les Français n'auraient pas compris."
    Les mises en orbite de Rachida Dati et Rama Yade avant de les lâcher en milieu de quinquennat ? " Sans doute ai-je fait une erreur de leur donner trop et trop vite. Je protégerai davantage Rachida et Rama si c'était à refaire. Avec Nathalie [Kosciusko-Morizet], j'ai mieux préparé cela. Elle était prête quand elle a eu des responsabilités importantes. Je n'ai pas eu cette prudence pour les autres, j'en porte une responsabilité." En revanche, aucun regret sur l'ouverture pourtant si critiquée dans son camp. "La France est un pays violent, on a besoin de gens différents dans les équipes. Non seulement je recommencerais mais j'irais plus loin, jure-t-il. Le monocolore chiraquien ou socialiste, ce n'est pas ce qu'il faut à la France."
    RECHUTES
    Ce n'est pas la première fois que le président s'excuse d'être ce qu'il est. Dès le mois de juillet 2009, il avait fait un acte de contrition dans un entretien accordé au Nouvel Observateur. L'hebdomadaire l'interroge sur sa réplique vive à Laurent Joffrin, alors patron de Libération, lors de sa première conférence de presse en janvier 2008 : "Est-ce ce dont je suis le plus fier dans mon début de mandat, certainement pas", avait confessé le président. Avant d'ajouter : "J'ai commis des erreurs. Est-ce que tout ce qui m'est reproché l'est injustement ? Non."
    Seul problème, le président a souvent rechuté. Au mois de septembre suivant, il trébuche sur le terrain familial. Il ne comprend pas que l'élection de son fils à la tête de l'EPAD ne passe pas dans l'opinion. "A travers cette polémique, qui est visé ? Ce n'est pas mon fils. C'est moi. Ceux qui ne se sont jamais faits à mon élection et qui n'ont rien à dire sur le fond essaient d'attaquer sur tous les sujets avec une mauvaise foi et une méchanceté qui ne trompera pas les Français", s'enferrait-il dans un entretien au Figaro en octobre 2009.
    Un an plus tard, c'est sur le terrain politique que Nicolas Sarkozy s'obstine, après son discours de Grenoble sur les Roms et la déchéance de la nationalité. Il est d'autant plus agressif qu'il est mis en cause sur le terrain des droits de l'homme, et accuse violemment, lors de sa conférence de rentrée à Bruxelles, en septembre 2010, la commissaire européenne aux droits de l'homme, la Luxembourgeoise Viviane Reding. Il faut attendre le remaniement ministériel de novembre et le lâchage de l'électorat catholique pour qu'il consente, du bout des lèvres : "J'ai renoncé à l'identité nationale comme mots parce que cela suscite des malentendus", explique-t-il à la télévision le 16 novembre 2010. Et d'ajouter : "Mais sur le fond, je ne renonce pas." Ces contritions pouvaient paraître trop tardives ou partielles pour être sincères.
    "HYPER-INTIME"
    Aujourd'hui, Nicolas Sarkozy hésite à franchir le pas. Doit-il se contenter de ces petites confidences distillées aux journalistes ou adresser directement ses regrets aux Français ? Il pourrait en dire quelques mots lors de son interview télévisée, dimanche 29 janvier. Une sorte de teasing avant un propos écrit : une lettre aux Français, un livre, un support électronique. Sur ce sujet, il n'a pas tranché. "Je ne sais pas si je vais le faire, disait-il le 21 janvier. Il faudrait le faire de façon extrêmement précise, ça nécessiterait un gros travail personnel. C'est de l'hyper-intime". "La maladie du moment, c'est l'image. Rien ne passe par l'image, dit celui qui en a tant usé. L'écrit, c'est personnel. Pour l'instant, je ne prends pas de notes, je n'ai pas de journal. Mais, si je devais dire des choses, je le ferais pleinement."
    Son entourage est divisé sur la question. Faut-il un mea culpa uniquement sur le terrain intime ou doit-il être élargi à des choix politiques qui ont pu blesser ? "Il y a un débat entre nous, reconnaît son ami Brice Hortefeux. L'acte de contrition sur les choix politiques, c'est prendre le risque d'ouvrir la boîte de Pandore. Certains sont pour le droit d'inventaire. Mais d'autres, dont je fais partie, pensent qu'il faut fendre l'armure sur le plan personnel, surtout sur le début du quinquennat." Bruno Le Maire, ministre de l'agriculture, est en faveur du droit d'inventaire. Appelant à l'"humilité", un mot dans toutes les bouches à droite, il a concédé, le 19 janvier sur Europe 1, qu'"il y a eu des échecs", citant le débat sur l'identité nationale.
    "ERREURS ANECDOTIQUES", DIT JUPPÉ
    Alain Juppé, ministre des affaires étrangères, est très réservé. "Il y a tellement d'adversaires qui nous critiquent que ce n'est pas la peine d'en rajouter, dit-il. Chirac était d'avis de ne jamais reconnaître ses erreurs. Dans le feu du combat, ce n'est pas le moment." Il admet tout de même que "quelques erreurs ont été commises, mais elles sont anecdotiques par rapport à tout ce qui a été fait".
    L'enjeu est de ne pas retomber dans l'impudeur privée, alors que les Français veulent que le président reste dans la majesté du chef de l'Etat. "Il ne faut ni quelque chose de voyeur, ni quelque chose qui élude les sujets", considère un dirigeant de l'UMP. Au Nouvel Observateur, M. Sarkozy avait donné, par allusion, l'explication de la nuit du Fouquet's, voulue par Cécilia qui lui échappait. "Cela correspondait à une époque de ma vie personnelle qui n'était pas facile et où j'avais à me battre sur plusieurs fronts", avait-il dit, avant de reconnaître : "J'ai eu tort." L'ancien ministre socialiste Claude Allègre l'a dit franchement dans son livre paru en janvier, Sarko ou le Complexe de Zorro (Plon, 292 pages, 20 euros) : "Si cet homme s'est parfois égaré, c'est par amour pour cette femme. Son départ l'a déstabilisé. Mais est-ce une faute pour un homme, même président, d'aimer une femme ?" Nicolas Sarkozy doit-il l'écrire ou le laisser dire ?

    Julien Civange : l'étrange conseiller de Carla Bruni

    par Ariane Chemin, Le Monde, 27/1/2012

    C'est l'histoire d'un "Zelig" qui se serait installé depuis trois ans à l'Elysée, sans jamais être repéré par personne. D'un producteur de musique aux cheveux bruns coiffés d'une drôle de mèche blanche, qui voyage avec le président en Inde, aux Etats-Unis, en Tunisie ou au Mexique - sans que personne, dans la "caravane" présidentielle, n'ose poser de question. Il y a toujours eu, dans l'histoire de la Ve République, des conseillers élyséens dont la présence insolite finit, à force de ne pas être interrogée, par devenir évidente. Jusqu'à ces derniers jours, Julien Civange, 42 ans, était l'un de ces mystérieux inconnus de la rue du Faubourg-Saint-Honoré.

    La gestion hasardeuse de "Born HIV free" ("naître sans le sida"), grosse opération médiatique de collecte de fonds dont il s'occupait pour le Fonds mondial de lutte contre le sida, a tout changé. Elle pourrait même avoir précipité, il y a quelques jours, la démission du patron français de ce fonds, Michel Kazatchkine. Adieu l'anonymat. Julien Civange, d'un coup, existe. D'un coup, à la fin du quinquennat, on découvre un intime du couple présidentiel. "Civange est le seul qui, lors d'un déplacement, peut entrer dans la chambre de sa vieille amie Carla sans frapper et sans faire hurler Nicolas", sourit un vieil ami du chef de l'Etat. "Il est souvent aux premières loges du pouvoir", ajoute un autre.
    Voici Julien Civange, en juillet 2009, au Radio City Music Hall de New York. Avec Nicolas Sarkozy, il écoute Carla Bruni chanter Quelqu'un m'a dit et Blowin'in the Wind. Même Paris Match n'identifie pas dans la légende de la photo qu'il publie l'inconnu assis au premier rang de la salle mythique de Manhattan, juste à côté du président. Voilà encore Julien Civange dans une tribune de la salle du Manège du château de Versailles où se réunissent en Congrès, en juin 2009, les deux chambres du Parlement. C'est avec Claude Guéant, Henri Guaino, Pierre Charon et le conseiller parlementaire Olivier Biancarelli qu'il écoute le chef de l'Etat annoncer son grand emprunt national.
    Lorsqu'il arrive à l'Elysée, en mars 2009, le jeune quadragénaire n'a pas besoin d'une visite des lieux. Témoin "de coeur" du mariage de Carla Bruni (il n'a pas signé le registre), il a été l'un des rares amis du couple admis au salon vert du Palais, pour l'échange des consentements. Julien Civange est un rescapé de la "vie d'avant", celle où Carla Bruni n'était pas encore la première dame de France. Il est comme un souvenir de ses années Palace et podiums, un vestige de ses années jet-set et jet-lag.
    "VOUS SAVEZ QU'IL A ENVOYÉ DE LA MUSIQUE DANS LA LUNE ?"
    Quelques mois après son mariage, Carla Bruni-Sarkozy est nommée ambassadrice mondiale pour la protection des mères et des enfants contre le sida. A Genève, où siège le Fonds mondial contre le sida, Michel Kazatchkine ne l'a pas choisie par hasard. Il est de plus en plus difficile de mobiliser l'opinion et le porte-monnaie des pays développés. La femme du président est acquise à la cause du sida : son frère adoré, Virginio, est mort du virus, a-t-elle choisi de raconter publiquement. Carla Bruni en outre connaît le show-biz. La mission de Julien Civange ? Bâtir une opération autour d'un combat bien particulier : la prévention de la transmission du virus HIV de la mère à l'enfant.
    "Julien, explique Carla Bruni-Sarkozy aux conseillers de son mari un peu déconcertés par les tee-shirts noirs et la décontraction du nouveau venu, est un garçon exceptionnel. Un poète, un génie. Vous savez qu'il a envoyé de la musique dans la Lune ?" Son fait de gloire. Julien Civange a en effet expédié, il y a quelques années, plusieurs de ses compositions musicales sur la planète Titan, le plus gros satellite de Saturne, grâce à la sonde européenne Huygens. "Une trace d'humanité dans l'espace pour d'éventuels extraterrestres... C'est un peu de moi qui flotte à quatre milliards de kilomètres de la Terre", expliquait-il à l'époque.
    A "10 ans", Julien Civange faisait déjà DJ pour Carbone 14, dit-il. Tâte ensuite du journalisme médical, se produit avec son groupe de rock, La Place, aux premières parties des concerts des Stones ou de Simple Minds. Ecrit la musique de Roberto Succo (2001), le film de Cédric Kahn, compose la bande originale d'Actrices (2007), de Valeria Bruni-Tedeschi... Julien Civange organise aussi le concert qui célèbre les cinquante ans d'Emmaüs, en 1999 - mais précise, à l'époque, qu'il refuse d'"être étiqueté dans le milieu associatif". Il rêve de dessins animés et de science-fiction.
    "C'est un artiste", dit Véronique Rampazzo, ex "bookeuse" de Carla Bruni aux temps du mannequinat, aujourd'hui chargée de ses relations avec la presse au Palais de l'Elysée. "Un clochard mondain", préfèrent d'autres, moins charitables - allusion au goût de Julien Civange pour les fêtes. A l'Elysée, beaucoup notent sur son visage cet air à la fois froissé et agité des gens qui aiment brûler leurs nuits. Julien Civange marche parfois, seul, dans Paris, jusqu'au petit matin. "On a vite vu que c'était un être original et imaginatif, résume un conseiller, On ne sentait pas l'homme des comptes et des factures."
    Avant son lancement en grande pompe, en mai 2010, à l'Espace Cardin, l'opération "Born HIV free" est d'abord conçue dans les soupentes de l'Elysée, puis très vite dans l'aile des appartements privés, de l'autre côté de la cour, où émigre la petite équipe : Caroline Charruault, une secrétaire, mise à disposition par l'Elysée, Jérôme Blouin, chargé notamment du site Internet Carlabrunisarkozy.org... Devant eux, Julien Civange provoque, mi-sérieux, mi-blagueur : "L'Elysée me paye plus que Guéant !"
    Présenté au Fonds mondial contre le sida, le projet est aussitôt adoubé. Il faut un logo, des clips, des concerts, des fonds, des relais dans la presse ? Julien Civange vole à Genève, fait la tournée des artistes prêts à céder leurs droits ou à se produire gracieusement, traque le mécène parisien au Flore, lance des appels d'offres auprès de diverses agences parisiennes pour construire le projet. TBWA, Passion Paris (pour le clip Baby in the Sky), H5 (pour le logo), ou encore Ogilvy sont retenues.
    Quelques prestataires s'étonnent de rendez-vous fixés... à l'hôtel de Marigny, "là où s'était installé Kadhafi", sourit un des publicitaires reçus par Julien Civange. Ou de ces voitures de l'Elysée que le "chef de projet" propose parfois à ses obligés pour les raccompagner. Etrange aussi, cette clause de confidentialité à en-tête de "Mars Browsers" et que Julien Civange, volontiers parano, fait signer à ses partenaires. Mars Browsers ? Une société dont les comptes ne sont pas déposés au tribunal de commerce, et domicilée chez le notaire de Julien Civange, dans le 16e arrondissement de Paris.
    "C'est qui ce gus ?" chuchote un jour Nathalie Kosciusko-Morizet, après une réunion consacrée au Net, et à laquelle Julien Civange assiste à l'Elysée. Chut ! Le "gus" en question passe chaque année ses vacances au cap Nègre, a cru comprendre Raymond Soubie, ancien conseiller social de Nicolas Sarkozy. Il séjourne aussi dans la résidence d'été de Jean-Michel Goudard ; le président aurait demandé à son ami fidèle de "cornaquer" le novice. "Personne ne posait de questions, parce que c'est le protégé de Carla", note l'essayiste Frédéric Martel, qui a révélé, début janvier, dans Marianne, que le Fonds mondial contre le sida avait attribué - sans appel d'offres - 2 millions d'euros environ aux diverses sociétés travaillant pour "Born HIV free". Parmi elles, Mars Browsers, justement, créée juste avant le lancement de l'opération, a touché 580 886 euros.
    L'imbroglio dépasse "Born HIV free". Le site Mediapart a ainsi révélé que le Fonds mondial avait également versé 132 756 euros à une entreprise baptisée la Fabrique du Net pour la conception d'une partie du site ("Lutte contre le sida") de Carla Bruni-Sarkozy. Un devis élevé, estime le site spécialisé Numerama, qui note au passage que le gérant de la Fabrique du Net n'est autre que... Jérôme Blouin, l'homme qui travaillait pour Julien Civange en free-lance à l'Elysée.
    Seule voix autorisée à s'exprimer sur ce qui ressemble à un mélange des genres, Véronique Rampazzo insiste : Julien Civange n'a pas été un double salarié de Genève et de Paris. "Il remettait des factures au service financier de l'Elysée", dit-elle. Il n'y a pas d'"intention commerciale", ajoute-t-elle, dans la reprise par l'ami de Carla Bruni-Sarkozy au Fonds mondial de la marque de l'opération "Born HIV free". "En février 2010, Julien Civange a souhaité récupérer les droits pour un montant équivalant à celui versé initialement par le Fonds mondial, soit 5 000 euros, explique au Monde H5, concepteur du logo. La société qui a racheté les droits était la SARL RH et Cie. Nous n'avons jamais cherché à savoir qui était le propriétaire réel de cette société." RH et Cie appartient à Julien Civange, a été créée peu après Mars Browsers, à l'occasion du G8 de Deauville, et possède la même adresse.
    Une deuxième campagne "Born HIV free" devait être mise en route, pour développer l'opération à l'international. Julien Civange s'y préparait depuis mars 2011. Est-elle toujours d'actualité ? Sur sa ligne directe de l'Elysée, Julien Civange est désormais aux abonnés absents. Son factotum, Jérôme Blouin, ne répond pas davantage. Leurs bureaux seraient-ils désertés ? "Ils s'en sont servis une ou deux fois, en décembre et en janvier, mais n'en n'ont pas eu l'usage depuis", élude Véronique Rampazzo. A trois mois de l'élection présidentielle, l'Elysée n'a de toute évidence aucune envie de se compliquer l'existence en tentant de démêler les arrangements d'un Julien Civange, qu'on préférait méconnu.

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    Frédéric Martel - Marianne | Samedi 14 Janvier 2012

    L'internationalisation de la question palestinienne commence par celle des prisonniers

    par Amir Makhoul, 26/12/2011. Traduit par Najib Aloui نجيب علوي
    Traductions disponibles : English  

    La réussite dans l’internationalisation d’une question se mesure à la capacité à transformer celle-ci en  préoccupation d’ordre mondial. Elle signifie la création sur le terrain d’une situation où il devient impossible au système international de continuer à fuir ses responsabilités ou à entretenir la collusion avec les puissants au détriment des victimes spoliées de leurs droits. Il devient alors possible d’actionner les mécanismes internationaux allant dans le sens de la  restauration des droits des victimes, ce qui implique contraindre ceux qui violent ces droits à se soumettre aux décisions internationales.
    Dans une telle situation, la justice devient pour la victime une arme puissante, capable  de faire pencher le rapport de force en sa faveur face à la puissance  répressive de la partie dominante- dans notre cas, face au régime colonialiste et raciste d’Israël.

    Il y’a cependant une règle incontournable et que connaissent toute révolution populaire et tout mouvement de libération : il ne suffit pas d’être victime d’injustice pour gagner la solidarité mondiale. Pour que celle-ci naisse et se développe en leur faveur, il faut que les victimes soient non seulement conscientes mais aussi et surtout activement engagées dans la lutte pour la restauration de leurs droits, dans la résistance contre leurs oppresseurs. C’est dans la ténacité de cette  lutte, sa capacité  à toujours faire face aux nouveaux défis que se trouve l’ingrédient capable de transformer la sympathie internationale en solidarité agissante et efficace, c'est-à-dire  en action politique douée de vision stratégique.
     
    Woman holds sign in front of Israeli prison gates
    Libérez-les maintenant !
    (Issam Rimawi / APA images)

    L’internationalisation consiste essentiellement à mobiliser et à entretenir la solidarité populaire mondiale ainsi qu’à agir en vue d’encourager les organismes internationaux à assumer leurs responsabilités.

    Un mouvement de solidarité mondial actif et en pleine expansion peut puissamment influer sur les gouvernements, les instances législatives ainsi que les médias dans différentes sociétés et pays à travers le monde ; il peut aussi agir sur les instances officielles et internationales, tout cela en vue d’amener des changements de politiques sur deux fronts : soutenir et renforcer les victimes de l’injustice, d’une part, donner davantage de vigueur à leur espoir de voir leur juste combat aboutir grâce à leur lutte et grâce à la légalité internationale et, d’autre part, affaiblir et isoler l’oppresseur colonial raciste en le soumettant à des sanctions et en le privant de sa légitimité, le but ultime étant le démantèlement de ses structures répressives.
    Libérez-les maintenant !
    Pourtant, la position officielle palestinienne sur la question des détenus palestiniens dans les prisons israéliennes compromet gravement cette cause centrale dans le combat de notre peuple. (Voir Palestinian prisoners in Israeli jails).

    La position officielle, en substance, est qu’aucun accord de paix avec Israël ne sera signé tant que tous les prisonniers n’auront pas été libérés. En pratique, cela revient non seulement à pérenniser  leur détention en remettant  la question de leur libération à un avenir indéterminé mais à la réduire à un statut mineur dans l’agenda national palestinien. Libérer les prisonniers doit signifier les libérer maintenant.

    Israël s’est acharné à transformer le cas d’un de ses soldats d’occupation capturé par la résistance palestinienne en question humanitaire de dimension internationale alors que dans le même temps elle a exigé que les 7000 prisonniers palestiniens de la liberté soient considérés comme des  « terroristes ».

    Pourquoi la position officielle palestinienne manifeste- t’elle autant de déférence à l’égard de cette curieuse logique ? Pourquoi la victime, la partie qui a la justice de son côté doit-elle présenter des excuses, présenter des excuses au nom des Palestiniens qui ne font que défendre leurs droits? Pourquoi adopter la posture de celui qui demande pardon ? Quand avons-nous entendu pour la dernière fois une voix palestinienne officielle s’élever aux Nations Unies ou à l’Union Européenne  ou même à Ligue Arabe pour défendre le droit et le devoir des Palestiniens de résister par tous les moyens à l’occupation, à la colonisation et à l’exode forcé ?

    Cette étrange mentalité a récemment conduit un officiel de haut rang de l’Autorité Palestinienne à soulever la question de « l’incitation mutuelle » (à la violence) et à demander que soit réactivée la commission mixte supposée la gérer. Quelle tournure d’esprit a pu conduire un représentant supposé d’un peuple qui est soumis dans son intégralité à la colonisation, à la dépossession, à l’exode forcé et au blocus à accepter l’idée même d’une « symétrie » entre l’oppresseur colonial occupant et sa victime ?

    Nous touchons là directement à la question des prisonniers. La position palestinienne officielle sur la scène internationale est, d’une part, de «condamner la violence » et donc tout acte de résistance contre l’occupant et, d’autre part, de coopérer étroitement avec l’establishment sécuritaire israélien. Quel message une telle position envoie- t’elle  aux prisonniers palestiniens dont certains sont détenus depuis des dizaines d’années pour avoir participé à la lutte de libération? La position officielle palestinienne n’est-elle pas négation de leur statut de prisonniers de la liberté, de la libération nationale, de la conscience et de la justice ?

    Si nous voulons qu’un message gagne en popularité internationale, il faut qu’il soit clair et cohérent. Clarté et cohérence sont  absolument cruciales dans tout effort d’internationalisation. Les discours et les actes des instances officielles palestiniennes doivent être en accord avec ceux du peuple- la société civile, les mouvements populaires- et ceux des mouvements internationaux de solidarité.
    La direction palestinienne ne doit pas saper la solidarité
    La fidélité à un tel principe est vitale si nous ne voulons pas que se répète l’expérience amère que nous a fait vivre l’Autorité palestinienne  dans le sillage de la campagne de boycott des universités israéliennes menée au Royaume-Uni, campagne qui s’insère dans le cadre plus vaste du boycott académique et culturel d’Israël. Cette action, de par son ampleur et son efficacité inédites,  a permis aux mouvements de solidarité de faire une avancée de portée stratégique mais voici ce qui est arrivé : quelques semaines à peine après le lancement de la campagne, l’université Al Qods de l’Autorité Palestinienne conclut un accord avec la Hebrew University israélienne. Cette décision n’est rien d’autre qu’un coup de poignard dans le dos,  porté aux mouvements  de solidarité avec le peuple palestinien.

    Nous devons aussi nous poser la question de savoir l’importance qu’accordent l’A.P et l’OLP à la question des prisonniers dans leur diplomatie internationale, à l’ONU et dans leurs réunions avec les Israéliens. La considèrent-ils comme une question nationale prioritaire? Il semble que non, car rien ne peut justifier leur incapacité à lui donner, durant les pourparlers qui ont eu lieu ces dernières années, statut de question centrale dont la solution conditionne à l’avance tout progrès.

    Les accords d’échange de prisonniers ne peuvent en eux-mêmes prendre en charge la question des prisonniers dans son ensemble. De même, se confiner dans l’attente d’un accord de paix doté de pouvoirs magiques est s’égarer dans la futilité. On ne peut, non plus, porter cette question devant  l’appareil judiciaire israélien puisque cet appareil est dans son essence organe du dispositif répressif de l’Etat raciste occupant, organe destiné à  légitimer les crimes de celui-ci en leur donnant « couverture légale ».

    La question des prisonniers pourtant reste un élément essentiel du conflit et nul ne peut ignorer que son issue dépend des rapports de force. Il est certain que les révolutions arabes auront un effet décisif sur le rapport de force à l’échelle régionale et sur la gestion du conflit. Dans ce contexte, l’internationalisation offre la possibilité  de se libérer des règles du jeu qui ont prévalu jusqu’à présent et d’en imposer de nouvelles.

    En dehors de cette voie, le renoncement de la direction officielle palestinienne à son rôle et le déclin de la lutte populaire qui s’en est ensuivi, offrent aux prisonniers peu d’options dans la lutte autres que la grève de la faim. Et il n’est pas toujours assuré que celle-ci permette des gains mineurs ou du court-terme, sans parler de sa capacité à faire avancer la cause de leur libération. De nouvelles formes de lutte s’imposent. Elles doivent être élaborées dans les prisons et être liées à la lutte d’ensemble et à ses objectifs stratégiques.
    Engager la société civile
    Il y’a dans le monde un gisement immense et varié d’organisations palestiniennes, arabes et internationales qui sont crédibles et compétentes,  qui possèdent un parcours de lutte en faveur des droits palestiniens incluant, bien sûr, la lutte en faveur des prisonniers. Les organisations palestiniennes peuvent entretenir des relations plus denses avec elles, tisser des réseaux avec leurs homologues dans le monde afin d’amener des changements de politiques en faveur des droits palestiniens.

    Les bureaux de représentation officielle palestinienne doivent  se montrer plus disposés à faciliter un tel travail, à encourager les mouvements populaires et à leur donner un soutien officiel. La décentralisation et la complémentarité sont indispensables dans ce contexte. Nous constatons malheureusement que trop souvent, les politiques et pratiques quotidiennes des instances palestiniennes officielles entravent ou entrent en conflit avec le militantisme pro-palestinien non-officiel. Ce fait s’est manifesté de façon flagrante dans le cas du mouvement palestinien et international BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions) lancé contre Israël. Les instances officielles supérieures palestiniennes s’y sont opposés sous le prétexte des négociations en cours avec le gouvernement de Ehud Olmert.

    La tâche de l’internationalisation doit être confiée à un Comité National de Coordination comprenant des représentants des organisations populaires et de la société civile ainsi que des représentants des instances officielles, tous provenant aussi bien de la Palestine historique que de la diaspora. Les missions confiées à chacun des groupes en son sein doivent être coordonnées et se fonder sur la vision que la cause palestinienne est une et indivisible et que, d’autre part,  Israël constitue un bloc oppresseur dont la nature reste toujours la même par delà ses diverses politiques. En d’autres termes, l’occupation de la Cisjordanie et de Gaza, la spoliation des terres, le régime raciste à l’intérieur de la Ligne Verte  ainsi que l’épuration ethnique subie par les réfugiés et les déplacés procèdent tous de la nature coloniale et raciste de l’Etat israélien.
    Revoir la stratégie et les priorités
    Dans le processus de gestion du conflit, il ya des questions essentielles qui ne peuvent ni être gelées ni remises à plus tard. Aucun officiel palestinien n’a mandat pour les mettre de côté au profit d’autres tâches, même s’il est vrai que les résultats ne peuvent être obtenus simultanément pour toutes les questions.

    Il faut, à l’échelle arabe et palestinienne, faire une réévaluation d’ensemble de la stratégie consistant à négocier afin d’obtenir des solutions transitoires. Cette réévaluation doit inclure les effets de cette stratégie sur les droits palestiniens  ainsi que sur la lutte en vue de les réaliser. A cet égard, les conséquences désastreuses des accords d’Oslo durant les deux dernières décennies sont devenues claires. En morcelant les droits palestiniens fondamentaux, on en a fait des fragments otages les uns des autres, de la monnaie d’échange par le biais de  laquelle obtenir un droit signifie en concéder un autre.

    Au niveau international, il peut parfois sembler que des gains diplomatiques peuvent être obtenus en donnant la priorité à une série de droits fondamentaux –ou à une question, telle que la colonisation de la Cisjordanie et de Jérusalem- et en ignorant les autres. Mais il y a un risque, aussi bien à l’intérieur que sur le plan international, que ces droits soient indéfiniment  laissés à l’abandon parce qu’ils ne sont pas considérés comme prioritaires par la direction palestinienne actuelle. Par exemple, la campagne palestinienne officielle tentant d’attirer l’attention internationale sur la colonisation porte, à dessein ou non, le message implicite que la libération des prisonniers n’est pas une grande priorité.
    Nous n’avons jamais entendu un négociateur official palestinien menacer d’arrêter les pourparlers ou de porter la question devant le Conseil de Sécurité tant  que les prisonniers n’ont pas été libérés ou que, au moins, un calendrier pour leur libération soit discuté. Nous avons là affaire à une décision politique palestinienne marquée par l’indécision et le refus d’assumer une position claire étant donnés les rapports de force à l’échelle régionale et internationale. Nous avons là, en d’autres termes, affaire aux conséquences désastreuses des accords d’Oslo qui ont induit une impuissance qui touche aussi bien à la substance qu’à l’application.

    Toutes les questions liées aux droits des Palestiniens qui ont été « remises à plus tard » sous les accords d’Oslo restent encore « remises à plus tard » et semblent condamnées à rester ainsi indéfiniment. Ce sort s’applique à la question des réfugiés et des déplacés ainsi qu’à celle de Jérusalem. Cela, sans parler de l’acceptation tacite par la direction palestinienne de l’idée que les Palestiniens de 1948 constituent une affaire interne israélienne- une notion que ces mêmes Palestiniens rejettent de toutes leurs forces.

    A propos des prisonniers, l’expérience nous a montré qu’Israël n’est pas fidèle à son principe déclaré de ne pas libérer les prisonniers impliqués dans des actions où des Israéliens ont été tués. La même chose s’applique à son refus de libérer des prisonniers provenant de Jérusalem ou des territoires de 48. Ce qui compte, ce sont les rapports de force et les rapports de force ne sont pas statiques, ils changent avec le niveau de la lutte populaire palestinienne, avec la  politique officielle palestinienne et avec la volonté libératrice palestinienne dans son ensemble.

    La cause de la libération des prisonniers exige que la lutte soit menée sur deux fronts qui se complètent l’un l’autre, à l’intérieur et à l’extérieur des murs des prisons.

    mercredi 25 janvier 2012

    Internet, le nouveau front de la résistance palestinienne : Les portails de la bourse de Tel-Aviv et du gouvernement d’Israël ont fait l'objet de cyber-attaques

    par Baby Siqueira Abrão. Traduit par  Pedro da Nóbrega, Tlaxcala


    Il était 10 heures du matin, lundi 16 janvier, quand deux importants portails d’Israël ont subi des blocages : La Bourse de Tel-Aviv (Tel-Aviv Stock Exchange, TASE) a d’abord fonctionné de façon partielle avant de devoir fermer complètement et la compagnie aérienne israélienne El Al restait inaccessible. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été prévenus. La veille, un groupe de hackers se dénommant “cauchemar” avait menacé de s’en prendre à ses deux portails. Aussitôt dit aussitôt fait.
    Un porte-parole de la Bourse israélienne a déclaré que les opérations financières n’avaient pas été affectées, dans la mesure où elles ne sont pas connectées à ce portail. El Al de son côté a affirmé qu’elle “s’attendait” à ce genre d’attaques et communiqué la mise en place de mesures de sécurité pour les opérations du site, d’après le journaliste Oded Yaron, du quotidien israélien Haaretz.
    Cette attaque intervient un jour après que le Hamas, la formation qui gouverne Gaza, eut adressé ses félicitations aux pirates qui s’attaquent aux sites israéliens en appelant à intensifier ces pratiques. Dans un communiqué officiel, le porte-parole Sami Abou Zouhri a déclaré, lors d’une conférence de presse dans la bande de Gaza, que ces attaques constituent “l’ouverture d’un nouveau front de résistance, l’électronique, et le début d’une guerre virtuelle contre l’occupation qu’Israël impose à la Palestine".

    Zouhri a lancé un appel "aux peuples palestinien et arabe afin qu’ils poursuivent cette guerre électronique, en cherchant des méthodes pour l’intensifier et la développer".

    Ce communiqué a été diffusé trois jours après qu’un groupe d’activistes de Gaza eut réussi à pénétrer sur le site de la Protection civile israélienne. Ils ont remplacé la page d’accueil officielle par une photo de Danny Ayalon, vice-ministre israélien des Affaires Étrangères, le visage recouvert de traces de pas et du slogan “Mort à Israël”.

    Depuis que le groupe “Anonymous” a pu pénétrer sur le site de l’armée israélienne, fin 2011 – une nouvelle restée confidentielle et non confirmée par des sources officielles, qui ont prétexté des “problèmes techniques” pour expliquer le blocage du site –, d’autres hackers semblent avoir été encouragés par cette initiative. Depuis le début 2012, des sites de banques et d’institutions financières d’Israël font l’objet d’incursions de la part de pirates électroniques qui se présentent comme habitants de pays arabes.

    Au début de l’année, des hackers se faisant appeler Group XP ont piraté un portail israélien de vente d’articles de sport, www.one.co.il, en récupérant et divulgant les données des cartes de crédit de milliers de clients. Nom, adresse, téléphone et numéro de la carte d’identité des titulaires des cartes ont été diffusés sur internet, à intervalles réguliers, par deux hackers, utilisant comme pseudonymes “Ox-Omar” et “X”, qui se disent saoudiens et assurent avoir en leur possession les données personnelles d’un million de détenteurs de cartes de crédit en Israël.

    Alors que les banques et les émetteurs de cartes s’évertuaient à minimiser le problème et suspendre toutes les transactions effectuées avec les cartes piratées, le vice-ministre Danny Ayalon a déclaré publiquement que ces attaques constituaient “une violation de la souveraineté israélienne”, qu’elles équivalaient à “des actes terroristes” et qu’elles seraient traitées comme telles.

    La réplique n’a pas tardé : Group XP a bloqué la page électronique du vice-ministre et a promis d’intensifier la cyberguerre contre Israël, “en raison des crimes commis contre le peuple palestinien”. Les hackers X et Ox-Omar ont mis publiquement Ayalon au défi : “Vous ne nous trouverez jamais”.

    Danny Ayalon est le numéro 2 du ministére dirigé par Avigdor Lieberman, un des leaders de l’extrême-droite israélienne et fondateur du parti ultranationaliste Yisrael Beitenu [Israël est notre foyer, NdT]. Lieberman, dont l’opposition à la création d’un État de Palestine est bien connue, vit dans une colonie illégale construite par Israël sur des terres confisquées au peuple palestinien.
    Et la “Task Force” ?
    Ces attaques ont mis en évidence une vérité que se refuse à assumer le gouvernement israélien: la “Task Force”, unité spéciale contre les cyberattaques, dont la création avait été annoncée en mai 2011 par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, et qui devait être opérationnelle dès la première semaine de 2012, n’existe pas. Officiellement, le gouvernement affirme que la sécurité de cartes de crédit et d’intérêts privés ne relève pas des attributions de cette unité et que Eviatar Matanya, le directeur opérationnel, a déjà entamé le travail de “création et de structuration” de la task-force. Mais il se refuse, “pour raisons de sécurité”, à révéler les crédits qui lui seraient attribués.

    En réalité, selon une source non officielle liée aux forces de sécurité israéliennes, ces crédits n’existent pas. La Task-Force ne dispose ni de “budget, de personnel et de zone de juridiction, ni même de son directeur opérationnel de prédilection [le général de réserve Yair Cohen, ex-chef de l’agence centrale militaire de renseignements], qui a décliné le poste lorsqu’il a appris qu’il serait dépourvu de moyens pour accomplir cette tâche”, a révélé Anshel Pfeffer, journaliste du quotidien Haaretz, le 4 janvier, le jour où l’unité aurait du démarrer ses activités.

    Lors de l’annonce de ce programme, il y a huit mois, Netanyahou avait déclaré, lors d’une conférence de presse, qu’il avait suivi les recommandations d’un groupe de huit experts, conduit par le général de réserve Isaac Ben-Israel, en vue de constituer un groupe de défense contre des cyberattaques “qui étaient à même de pouvoir paralyser les systèmes qui font fonctionner le pays. Le réseau électrique, les cartes de crédit, l’eau, les transports, la signalisation, tout est informatisé donc susceptible de subir des attaques”. Il est à noter que le Premier ministre incluait à l’époque du lancement de la Task-Force les cartes de crédit dans les cibles potentielles qu’elle devrait protéger.

    La même source non officielle a déclaré que, bien que la création de ce cybergroupe réponde à un réel besoin, “il y a des entités qui ne souhaitent pas contribuer à sa création et personne ne s’est vraiment engagé en faveur de ce projet ni s’est efforcé de le rendre viable”.

    Le personnel militaire formé pour intervenir dans le cybermonde ne se consacre qu’au renseignement militaire. “La sécurité des réseaux vitaux d’infrastructures, tels que l’électricité et l’eau, dépend de l’Autorité Nationale d’Information et Sécurité [NISA], une unité du Shin Bet [Services centraux d’espionnage et de renseignement israéliens, NdT]”, précise Pfeffer. “Le Conseil National de Sécurité détermine quels sont les systèmes d’entreprises civiles devant être protégés par la NISA, mais, comme certaines d’entre elles, notamment des banques, opérateurs de téléphonie et d’internet, s’y opposent, la législation relative à la sécurité des ces entreprises a été mise de côté.”

    Maroc: Abdelwahab Zeidoun عبد الوهاب زيدون

    Par Salah Elayoubi, 24/1/2012
    Abdelouahab Zeidoun, un des diplômés chômeurs qui s'étaient immolés mercredi dernier est décédé.
    Encore une fois, les autorités marocaines démontrent par l'absurde, le peu de cas qu'elles font de la vie de nos compatriotes.
    Pour qui connait la pauvreté des équipements de nos hôpitaux, la qualité des soins et du personnel para-médical, comprend qu'à plus ou moins brève échéance, un grand brûlé est condamné, à moins d'un transfert vers un hôpital spécialisé.
    Paix à l'âme du défunt !
    Condoléances à sa famille !
    La lutte continue, jusqu'à la chute de l'absolutisme et l'instauration d'une véritable démocratie !
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     Décès d’Abdelouahab Zeidoun, l’un des immolés par le feu de Rabat
    par demainonline, 24/1/2012
    Rabat.- Abdelouahab Zeidoun, le diplômé chômeur qui s’était immolé, mercredi dernier à proximité d’un bâtiment du ministère de l’éducation nationale à Rabat, est décédé.

    Ce mercredi 18 janvier, quatre jeunes hommes, âgés d’entre 25 à 28 ans, manifestaient pacifiquement contre le chômage depuis le 5 janvier quand pour une raison inconnue, certaines sources, comme l’ex-capitaine Mustapha Adib qui a approché les victimes, parlent de « provocation policière« , ils ont décidé de s’asperger d’essence et de mettre le feu à leurs corps.
    Cette scène insoutenable a été filmée par leurs amis et retransmise quasi en direct partout dans le monde. Dans une vidéo diffusée par Demain on voit un jeune homme dont le corps est détruit par le feu hurler de douleur et de résignation « La ilaha illa allah » (il n’y a de dieu qu’Allah).
    Ce jeune homme ressemble à s’y méprendre à Abdelouahab Zeidoun.
    Jusqu’à aujourd’hui, on croyait que les brûlures dont souffraient ces jeunes hommes étaient certes graves mais pas au point de provoquer la mort. On avait tort. Abdelouahab Zeidoun rejoint la longue liste des martyrs pour une vie meilleure dans un pays où la monarchie et les rapaces qui l’entourent engloutissent annuellement pour leurs « frais » une partie non négligeable du budget de l’Etat. Au lieu de servir le Maroc, la monarchie se sert du Maroc.
    Au Maroc, selon les derniers chiffres, près d’un tiers des jeunes Marocains est au chômage et un quart de la population est frappé par la pauvreté.
    Vendredi dernier, une bonne centaine de manifestants ont menacé de commettre un « suicide collectif » s’ils n’étaient pas embauchés. Ils l’ont fait à proximité de Benguerir, la ville natale du conseiller royal Fouad Ali El Himma (et capitale de sa formation politique le PAM, Parti de l’authenticité et de la modernité), où l’indice de pauvreté est considéré comme l’un des plus élevés au Maroc. Ces jeunes visaient en fait l’Office chérifien des phosphates (OCP), le mastodonte mondial des phosphates dirigé par Mostapha Terrab, ex-protégé d’André Azoulay et homme du sérail sultanien.
    La même scène de suicide collectif s’est répétée à Nador, dans le Rif, où l’animosité envers le régime est très forte.

    La dernière chanson chantée par Abdelwahab: Pourquoi cette injustice, pourquoi cette humiliation ?
    Mon cœur s'est attristé et ma langue est devenue impuissante à parler
    Quand je voulais m'exprimer sur la tragédie de cet être