vendredi 1 novembre 2013

"Torreben !" : Révolte des Bonnets Rouges-Acte I: contre le papier timbré (1675);Acte II : contre l'écotaxe (2013)

"Leur misère est si grande que l’on doit beaucoup appréhender les suites de leur rage et de leur brutalité. La misère les a provoqué à s’armer autant que les exactions de leurs seigneurs et les mauvais traitements qu’ils en avaient reçu, tant par l’argent qu’ils en avaient tiré que par le travail qu’ils leurs avaient fait faire continuellement."

 

Les 900 bonnets rouges offerts par Armor Lux

Une génération spontanée de bonnets rouges, référence à la fronde de 1675 contre l'impôt sur le papier timbré (lire en dernière page), est apparue sur la tête des manifestants, samedi, aux abords du portique de Pont-de-Buis. Génération spontanée ? Pas tout à fait. Ces bonnets rouges ont été livrés par Armor Lux. « La FDSEA nous a passé commande de 900 exemplaires, mercredi, par téléphone, expliquait, hier, Jean-Guy Le Floc'h, P-dg d'Armor Lux. Nous avions du stock en bleu marine, en rayé et en rouge. Nous avons donc réussi à livrer Thierry Merret, vendredi, veille de la manifestation. » Jean-Guy Le Floc'h ne fait pas mystère de sa solidarité avec les manifestants. « Nous n'avons pas à nous en cacher. La FDSEA a eu l'idée de remettre au goût du jour les bonnets rouges. C'est un beau symbole. »

« Nous avons vidé nos stocks »

Il martèle : « Les Bretons, chefs d'entreprise, comme leurs salariés, sont solidaires contre l'écotaxe. C'est à ce titre que les bonnets ont été offerts gracieusement à la FDSEA. Nous avons vidé nos stocks mais nous allons vite les reconstituer. Va savoir si une commande ne va pas arriver en cours de semaine... ».

Les Bonnets rouges de la révolte du papier timbré (1675)

Source : http://www.revolte-papier-timbre.com 



Dans un contexte de crise économique, la population, excédée par la pression fiscale de Louis XIV, refuse de nouveaux impôts sur le papier timbré et l'étain.

La révolte du papier timbré, démarrée dans les villes de France, gagne et s'amplifie dans les campagnes bretonnes.

Les paysans, en signe de ralliement et de révolte portent un bonnet.

Le balp en bonnet rouge avec le code paysan
Les Bonnets rouges de sébastien Le Balp Le bonnet rouge est le signe de ralliement des insurgés du centre ouest de la Bretagne (Poher)Sébastien Le Balp lève une armée bretonne de 6000 hommes. 30 000 autres volontaires bretons le suivent également sans armes.

Les insurgés du Pays Bigouden (sud-ouest de l'actuel Finistère) portaient un bonnet bleu. On parlait dans ces paroisses de révolte des Bonnets bleus.


100% de la Bretagne n'est pas en révolte, mais une grande partie ouest.(Cliquer sur la carte pour l'agrandir)
carte de bretagne des Bonnets rouges
Question à 1 milliard d'Euros : les colbertistes au pouvoir suivront-ils la voie tracée par leur grand ancêtre en envoyant les dragons mater ces salauds de Bretons ? Et les Bretons iront-isl jusqu'au bout de leur révolte, suivant la voie de leurs ancêtres ?

Bonnets Rouges
Proclamation du Code Paysan
(Dessin de Patrice Auffret)


Code paysan 1675 

Révolte des Bonnets Rouges

Source : http://www.contreculture.org/TB_Code_Paysan_1675.html


Ce code a été proclamé par les Bonnets Rouges, les paysans bretons révoltés en 1675.
En septembre 1675, Sebastian Ar Balp, rassemblera jusqu'à 30 000 hommes. Le duc de Chaulnes sera chargé de la répression au nom de Louis XIV. Celle-ci sera effroyable : massacres de femmes et d'enfants, tortures, viols, incendies. Des centaines de rebelles seront pendus et et des centaines d'autres envoyés aux galères.

Entre parenthèses : explication, ou alternative pour un mot difficilement lisible.
Entre crochets et en italiques : reconstitution d’un mot illisible sur le document original.


Copie du règlement fait par les nobles habitants des quatorze paroisses unies du pays Armorique situé depuis Douarnenez jusqu'à Concarneau, pour être observé inviolablement entre eux jusqu'à la Saint-Michel prochaine sous peine de torrepen.
(Torrepen, torreben ; en breton moderne = Torr e benn ; en français = casses-lui la tête)

 
1. Que lesdites quatorze paroisses, unies ensemble pour la liberté de la province, députeront six des plus notables de leurs paroisses aux États prochains pour déduire les raisons de leur soulèvement, lesquels seront défrayés aux dépens de leurs communautés, qui leur fourniront à chacun un bonnet et camisole rouge, un haut-de-chausse bleuf, avec la veste et l'équipage convenable à leurs qualités.
(Organisation d'un système de représentation)
 
2. Qu'ils (les habitants des quatorze paroisses unies) mettront les armes bas et cesseront tout acte d'autorité jusques audit temps (de la Saint-Michel 1675), par une grâce spéciale qu'ils font aux gentilshommes, qu'ils feront sommer de retourner dans leurs maisons de campagne au plus tôt ; faute de quoi ils seront déchus de ladite grâce.
 
3. Que défense soit faite de sonner le tocsin et de faire assemblée d'hommes armés sans le consentement universel de ladite union, à peine aux délinquants d'être pendus aux clochers, aussi de leur assemblée, et (ou) d'être passés par les armes.
 
4. Que les droits de champart et corvée, prétendus par lesdits gentilshommes, seront abolis, comme une [violation] de la liberté armorique.
(Revendication de suppression de droits de propriété sur les domaines congéables au nom d'un idéal, la liberté armorique)
 
5. Que pour affirmer (confirmer) la paix et la concorde entre les gentilshommes et nobles habitants desdites paroisses, il se fera des mariages entre eux, à condition, que les [filles] nobles choisiront leurs maris de condition commune, qu'elles anobliront et leur postérité, qui partagera également entre eux (sic) les biens de leurs successions.
(Revendication d'abolition des ordres féodaux par mariages mixtes et dispersion des héritages)
 
6. II est défendu, à peine d'être passé par la fourche, de donner retraite à la gabelle et à ses enfants, et de leur fournir ni à manger ni aucune commodité ; mais, au contraire, il est enjoint de tirer sur elle comme sur un chien enragé.
(Revendication de l'abolition de l'impôt sur le sel, ici présenté comme une personne)

7. Qu'il ne se lèvera, pour tout droit, que cent sols par barrique de vin horet, et un écu pour celui du crû de la province, à condition que les hôtes et cabaretiers ne pourront vendre l'un que cinq sols, et l'autre trois sols la pinte.
(Le seul impôt royal accepté est l'impôt sur le vin. La revendication est de le limiter)
 
8. Que l'argent des fouages anciens sera employé pour acheter du tabac, qui sera distribué avec le pain bénit, aux messes paroissiales, pour la satisfaction des paroissiens.
(Revendication de l'utilisation d'un impôt pour un service public qui est de l'ordre du plaisir ; c'est très moderne, et même futuriste !)
 
9. Que les recteurs, curés et prêtres, seront gagés pour le service de leurs paroissiens, sans qu'ils puissent prétendre aucun droit de dîme, novale, ni aucun autre salaire pour toutes leurs fonctions curiales.
(Revendication de suppression des impôts cléricaux et octroi d'un salaire fixe aux clercs)
 
10. Que la justice sera exercée par gens capables choisis par les nobles habitants, qui seront gagés avec leurs greffiers, sans qu'ils puissent prétendre rien des parties pour leurs vacations, sur peine de punition ; — et que le papier timbré sera en exécration à eux et à leur postérité, pour ce que tous les actes qui ont été passés (sur papier timbré) seront écrits en autre papier et seront par après brûlés, pour en effacer entièrement la mémoire.
(Revendication de suppression du papier timbré, le timbre étant une taxe sur les actes légaux)
 
11. Que la chasse sera défendue à qui que ce soit depuis le premier jour de mars jusqu'a la mi-septembre, et que fuies et colombiers seront rasés, et permis de tirer sur les pigeons en campagne.
(Revendication du droit de chasse et curieusement, une revendication "écologique" de limitation de la saison de chasse)
 
12. Qu'il sera loisible d'aller aux moulins que l’on voudra, et que les meuniers seront contraints de rendre la farine au poids du blé.
(Revendication de liberté et de loyauté dans les relations avec les services seigneuriaux -le moulin-, les services publics de l'époque)
 
13. Que la ville de Quimper et autres adjacentes seront contraintes par la force des armes d'approuver et ratifier le présent règlement, à peine d'être déclarées ennemies de la liberté armorique et les habitants punis ou ils seront rencontrés ; défense de leur porter aucune denrée ni marchandise jusqu'à ce qu'ils aient satisfait, sous peine de torreben.
(Assez curieusement, les paysans se méfient plus des bourgeois des villes que des nobles des campagnes)
 
14. Que le présent règlement sera lu et publie aux prônes des grandes messes et par tous les carrefours et aux paroisses, et affixé (affiché) aux croix qui seront posées.
 
Signé TORREBEN et les habitants.
 
Source : E.S.B., A. de La Borderie, Boris Porchnev, Les Bonnets Rouges, Ed. UGE 10/18, 1975




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