par Annamaria Rivera, MicroMega, 3/2/2015
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
"Vous ne pouvez pas démanteler la maison du maître avec les outils du
maître". Je sais, la
citation de l'écrivaine féministe
africaine-américaine Audre Lorde
est galvaudée. Néanmoins,
la mettre en exergue peut être efficace pour énoncer d'emblée
les points noirs qui, à mon sens, rendent moins brillante et lisse la victoire
de Syriza, si extraordinaire soit-elle.
Du côté de la gauche, le seul fait d'émettre des doutes ou simplement un trouble, même
après juré fidélité à la cause grecque, vous range déjà dans les rangs de
l'ennemi. À tout le moins, vous vous
retrouvez à figurer parmi ceux qui ne savent pas faire la distinction entre le
principal et le secondaire, comme une radical chic
qui ne voit pas les masses affamées par la Troïka
et disserte sur des "détails"
comme le patriarcat, le racisme,
l'antisémitisme, l'homophobie ... Et il
ne sert à rien que vous ayez écrit plus d'une fois -
par exemple, lorsque le gouvernement
Monti venait de s'installer - contre les politiques
d'austérité de ces exécuteurs
compassés des ordres
de la Banque centrale européenne, alors que
certains de ceux qui, aujourd'hui, sont "avec Tsipras", avouent avoir été
des fans de Mario Monti.
Le climat ressemble un peu à celui, pas si lointain, où le fait de manifester un doute quelconque
sur le «modèle socialiste» cubain vous valait d'être rangé dans le camp
de l'impérialisme US.
Soyons claire : il ne s'agit pas de
remettre en cause le tournant prodigieux marqué par la
victoire de Syriza par rapport aux politiques européennes de rigueur, d'austérité et de catastrophe sociale. Ni de nier l'importance
du fait d'avoir violé le tabou de l'inévitabilité
et dans quelle mesure cette victoire
peut encourager, en chaîne, d'autres soulèvements contre les diktats de la Troïka.
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