Alliance zapatiste de libération sociale, fondée à Paris le 12 mars 1995 Liberté, justice, démocratie, partout et pour tous! التحالف الزباتي من أجل التحرر الاجتماعي تأسس بباريس في 12 مـــارس 1995. حرية، عدالة، ديمقراطية في كل مكان وللجميــــــع yekfibasta[at]gmail.com :للاتصال
mardi 30 septembre 2008
Les passeports biométriques, composants d'un programme de surveillance?
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Qui tire profit de « l’image positive » de l’Afrique ?
Une préoccupation de la diaspora africaine
Que racontent de l’Afrique les grands médias occidentaux ? Essentiellement quelques histoires indigentes de guerres, crises, maladies et famines . Mais ces images elles-mêmes sont occultées par d’autres plus effrayantes : celles des migrants. Chaque jour il en arrive dans des embarcations délabrées. Beaucoup meurent en route, mais les autres en sont déjà à briser les remparts de la forteresse Europe et on les voit dans presque tous les pays européens et ils font peur. Ils prennent le travail des autochtones, dealent de la drogue, se prostituent et sont une menace pour les bonnes mœurs. On en est déjà à craindre que l’Europe ne s’africanise et ne soit menacée de déclin, parce que les immigrants africains apportent dans leurs bagages la barbarie et l’anarchie.
Bien sûr les communautés africaines installées en Occident veulent corriger cette image négative qu’on donne de leur continent et de ses habitants. Comme elles sont maintenant organisées et possèdent leurs propres médias, elles s’efforcent de les utiliser pour expliquer à l’opinion publique occidentale qu’il y a aussi une autre Afrique, une Afrique de créatifs et de gagneurs, parvenus dans divers domaines à des réussites qui leur ont assuré une reconnaissance au niveau international. En outre ils font remarquer qu’il y a en Afrique beaucoup moins de guerres que par le passé, que le processus de paix est en marche, la démocratie établie et la presse de plus en plus libre. À leur avis on devrait mettre en avant ces conquêtes lorsqu’on parle de l’Afrique. Les autres sujets qui pourraient ternir cette image positive seraient plutôt du domaine du linge sale et le linge sale se lave en famille, ou du moins, on essaie.
Cette « philosophie des médias » n’est pas neuve. Elle était de règle dans les pays ex-communistes. Dès l’enfance on vous ressassait qu’il fallait donner aux étrangers une « image positive » de votre pays et de son système politique. Et ce n’était pas difficile, les médias vous montraient le chemin. Dans les journaux des pays communistes on ne trouvait que des images positives : des discours politiques exposant les avancées dans la réalisation des plans quinquennaux, des ouvriers et ouvrières rayonnants, des remises de prix à des représentants de l’« intelligentsia honnête » (entendez par là : fidèle à la ligne du parti), des nouvelles de rendements record dans tel ou tel kolkhoze, un peu de sport et terminé. Dans les sociétés communistes, les conflits n’existaient pas, vous disaient les médias, et si par hasard il y en avait, c’était très accessoire. Les douleurs d’enfantement de la société nouvelle, telle était l’explication officielle. Tant l’apparence est importante ...
lundi 29 septembre 2008
Le 11 septembre et « l’Inquisition américaine »
L’actuelle « guerre au terrorisme » est une forme moderne d’inquisition. Elle contient tous les ingrédients essentiels des Inquisitions française et espagnole.
Afin de justifier un agenda militaire, on utilise la chasse aux « terroristes islamiques » et une guerre préventive mondiale pour « protéger la patrie ».
On décrit la « guerre mondiale au terrorisme » (GMAT) comme un « choc des civilisations », une guerre entre des valeurs et des religions concurrentielles, alors qu’il s’agit en réalité d’une véritable guerre de conquête guidée par des objectifs stratégiques et économiques.
La GMAT est le pilier idéologique de l’Empire américain. Il définit la doctrine militaire américaine, incluant l’usage préventif d’armes nucléaires contre les « États qui financent » le terrorisme.
La doctrine de « guerre défensive » préventive et la « guerre au terrorisme » contre al-Qaïda représentent des éléments de base de la Stratégie de sécurité nationale américaine telle que formulée au début de l’année 2002. Le but est de dépeindre « l’action militaire préventive », c’est-à-dire la guerre, comme un acte « de légitime défense » contre deux catégories d’ennemis, les « États voyous » et les « terroristes islamiques », qui possèderaient, dit-on, des armes de destruction massive.
La logique de « l’ennemi extérieur » et du scélérat, prétendument responsable de la mort de civils américains, a priorité sur le bon sens. Dans la conscience des Américains, les attaques du 11 septembre 2001 justifient des actes de guerre et de conquête :
« Les pertes de vie du 11 septembre 2001 l’ont démontré, le but précis des terroristes est de faire un grand nombre de victimes civiles, et ces pertes pourraient augmenter de façon exponentielle si les terroristes faisaient l’acquisition d’armes de destruction massive ». (Stratégie de sécurité nationale, Maison-Blanche, Washington, 2002)
dimanche 28 septembre 2008
Derrière le « rideau de fer» dans le Nord du Sri-Lanka
Étant donné que le gouvernement censure sévèrement les nouvelles concernant la zone de combats dans le Nord et que la presse est empêchée de pénétrer dans cette région, les nouvelles qui filtrent à travers ce rideau de fer ne laissent rien présager de bon : juste au moment où le gouvernement intensifie son offensive militaire, la crise humanitaire s’aggrave chez les civils, en particulier chez les réfugiés de l’intérieur.
Il y a quelques mois le gouvernement a promis de conquérir Kilinochchi et le reste de la région de Vanni avant la fin août. Pour tenir cette promesse un peu ambitieuse, les forces gouvernementales ont intensifié leurs attaques sur plusieurs fronts dans la région de Vanni, fief du LTTE, en recourant à des blindés anti-roquettes, des bombes à fragmentation, à l’artillerie, aux tirs de mortier, aux hélicoptères et bombardiers K’fir.
samedi 27 septembre 2008
La véritable origine de l'arobase, ou pourquoi @ doit se prononcer 'ad' et non 'at'
jeudi 25 septembre 2008
Ceux qui se lèvent aux côtés de la Bolivie et d’Evo le font pour tous les peuples et tous les temps !
Versión española
English version
1. Nous, habitants dignes de ce continent, Abya Yala1, luttons depuis des siècles pour restaurer le Sumak Kawsay 2 (le bien vivre), dont nous avons été dépossédés par les envahisseurs et les colonisateurs qui se sont succédés. À chaque époque, ils ont assassiné les dirigeants dignes et dépouillé les peuples de leurs richesses. Possédés par leur cupidité, ils ont violé tous les droits des hommes et ceux de la Pachamama3 avec la complicité et l’aval des membres des hiérarchies religieuses, qui ont pactisé avec le pouvoir politique et économique à chaque époque de l’histoire.
2. 516 ans après le début de la conquête de notre continent, les nouveaux envahisseurs et conquistadors cherchent à faire avorter le nouveau mouvement de libération en Amérique latine. Nus assistons au retour des descendants des assassins et pillards, dont la politique néolibérale provoque de nouveaux massacres et pillages.
3. L’impérialisme usaméricain et ses alliés des secteurs oligarchiques d’Amérique latine cherchent à stopper les processus de libération, entre autres à Cuba, au Venezuela, en Bolivia, en Équateur, au Paraguay et au Nicaragua. Les oppresseurs laissent ainsi tomber leur toison de brebis, laissant apparaître pleinement leurs gueules de loups rapaces, prêts à tout pour sauver leur système politique, économique, social et culturel, devenu caduc. La Bolivie est aujourd’hui la cible de la plus grande offensive de ces secteurs qui croient être les maîtres du monde et ont l’intention de s’approprier de manière permanente l’eau, le gaz, le pétrole et la terre qui appartiennent a peuple bolivien.
4. En Bolivia, les groupes qui forment la "media luna"4 sont des groupes fascistes civiques et préfectoraux, héritiers des hommes qui avaient servir Hitler dans son projet de mort et s’étaient enfuis après la défaite de 1945 dans divers pays dont la Bolivie. Ces groupes ne peuvent pas comprendre que l’heure a sonné : ce qui a été volé doit éter restituté à ses propriétaires légitimes.
Ils ne supportent pas qu’en Bolivie, pour la première fois dans l’histoire de l’Amérique latine, le peuple ait élu comme président, avec plus de 53% des voix, le frère aymara Evo Morales Ayma,héritier des rébellions de Tupac Katari, Bartolina Sisa, Tupak Amaru et du Che Guevara; un homme enfanté par la Pachamama, qui s’est forgé dans l’insurrectioon sociale à la lumière du feu millénaire de la feuilel sacrée de coca; un homme qui a convoqué la nouvelle Assemblée constituante et a gagné proprement et dignement toues les batailles; qui lutte pour une authentique réforme agraire dans un pays dont plus de 80% des habitants sont pauvres et qui a été confirmé comme président par par 67,4 % des voix au référendum du 10 Août ; qui a nationalisé les ressources stratégiques comme le pétrole et le gaz naturel ; qui a mis en oeuvres des mesures de solidarité sociale en faveur des déshérités ; qui par un geste digne, a expulsé l’ambassadeur US à La Paz Philip Goldberg, qui conspirait contre la souveraineté de la Bolivie et ne respectait pas le droit à l’autodétermination des peuples. Toutes ces mesures et d’autres illustrent l’engagement irrévocable d’Evo à servir le peuple qui l’a élu et confirmé à son poste..
5. Ces secteurs antidémocratiques qui n’acceptent pas leur défaite et désespéré à l’idée de perdre leurs privilèges, ont lancé le plan de division du pays pour l’autonomie des États de Santa Cruz, Tarija, Beni et Pando, et ils ont mis en oeuvre une nouvelle phase de leur plan putschiste, en utilisant le groupe terroriste baptisé "juventud cruceñista" (« jeunesse de Santa Cruz »), en s’emparant des sièges d’institutions publiques. Guidés par leur désir frénétique de déstabiliser le gouvernement légitime du président Evo Morales, ils massacrent et assassinent des dizaines d’indigènes et de paysans désarmés à Porvenir (Pando), lesquels rejoignent par leur sacrifice les milliers de héros et martyrs qui ont offert leur vie pour la récupértaion défintive Sumak Kawsay sur notre continent.
6. Face à cette situation, au nom du cri aimant et rebelle de la Pachamama pour la justice, au nom des femmes et hommes dignes que nous sommes, désireux de laisser à nos fils et filles une planète où la fraternité universelle puisse être vécue, de par l’exercice du droit à une vie digne, à l’autodétermination des peuples et dans le respect de la coexistence interculturelle et plurculturelle, pour un monde juste et fraternal, nous appelons toutes les organisations indgènes, afroaméricaines, paysannes, ouvrières, féminines, les mouvements sociaux et étudiants, les réseaux, intellectuels,personnalités, amis et amis des causes révolutionnaires, à participer à la Reencontré internationale de solidarité avec la Bolivia, qui aura lieu à Santa Cruz de Bolivia du 23 au 25 Octobre 2008, pour unir nos forces et nos coeurs et témoIgner ensemble à la face du monde que LA BOLIVIE N’EST PAS SEULE À LUTTER.
Pour cela nous faisons notres ces mots du président Evo Morales :
"Je me tromperai souvent – qui ne se trompe jamais -, mais dans la lutte contre la colonisation néolibérale, jamais je ne me tromperai, jamais je ne vous trahirai. "
(Evo Morales, Umala 3 Mai 2008)
Appel lancé par :
* Confederación de Pueblos de la Nacionalidad Kichwa del Ecuador/Confédération des peuples de nationalité kichwa de l’Équateur (ECUARUNARI) – Ecuador
* Confederación de Nacionalidades Indígenas del Ecuador/Confédération des nationalités indigènes d’Équateur (CONAIE) - Ecuador
* Organización Nacional Indígena de Colombia/Organisation nationale indigène de Colombie (ONIC) - Colombia
* Consejo de Todas las Tierras/Conseil de toutes le terres - Chile
* Movimiento Sin Tierra/Mouvement des Sans Terre (MST) - Brasil
* Vía Campesina - Brasil
* Tlaxcala, le réseau des traducteurs pour la diversité linguistique
Pour signer l'appel et plus d'informations :
agenciaplurinacional@yahoo.com - todosconbolivia@yahoo.es
Notes du traducteur
1 - Abya Yala est le nom choisi en 1992 par les nations indigènes d'"Amérique" pour désigner le continent au lieu de le nommer d'après Amerigo Vespucci.
L'expression « Abya Yala » vient de la langue des Kunas, un peuple indigène de Panama et de Colombie qui utilise cette expression pour nommer l'Amérique. Les mots signifient « terre dans sa pleine maturité ». Le leader indigène aymara de Bolivie Takir Mamani a proposé que tous les peuples indigènes des Amériques nomment ainsi leurs terres d'origine, et utilisent cette dénomination dans leurs documents et leurs déclarations orales, arguant que « placer des noms étrangers sur nos villes, nos cités et nos continents équivaut à assujettir notre identité à la volonté de nos envahisseurs et de leurs héritiers. » La proposition de Takir Mamani a reçu un accueil favorable dans divers secteurs. La première rencontre continentale des peuples et groupes ethniques d’Abya Yala a eu lieu à La Paz en Octobre 2006.
2 - Sumak Kawsay : « bien vivre », expression d’ un concept ancestral des indigènes d’Équateur, du Pérou et de Bolivie, sur la manière d’être au monde, dans le respect des hommes et de la nature, dont l’introduction dans la nouvelle Constitution est actuellement débattue en Équateur, pour marquer une rupture avec la conception capitaliste de la société, de la croissance et du développement.
3 - Pachamama : Terre-Mère dans la civilisation Tiwanaku (Ve-XIe siècle) puis dans la civilisation inca, à laquelle les Quechuas et Aymaras continuent de faire des offrandes (challa ou pago) le 1er Août de chaque année. Elle est associée à la fécondité, donc à une femme et une mère qui prodigue bienfaits et soins, et nourrit ses enfants. Le terme vient des mots quechua pacha, qui signifie à la fois " terre " et " temps ", et mama, "mère".
4 - Media Luna : litt. le croissant, terme désignant les 4 départements de l’est de la Bolivie dont les préfets ont pris la tête de la subversion « sécessionniste » contre le gouvernement central.
Une Bolivienne agite un drapeau aymara, la wipala, à La Paz, le 12 Octobre 2006, lors de la clôture de la première rencontre continentale des peuples et groupes ethniques d’Abya Yala . Photo AIZAR RALDES/AFP/Getty Images
Source : Tlaxcala, Traduit par Fausto Giudice
Article original publié le 24 Septembre 2008
mardi 23 septembre 2008
Chroniques de la vie quotidienne dans la France sarkozyenne (Vol.II, N°1) - Le Festival d'Avignon comme on ne vous l'a jamais raconté
Son procès aura lieu le 13 octobre, à 8h30 à Avignon. Il cherche des témoins et surtout des photos ou films de la scène. Si vous avez fréquenté le festival cet été, fin juillet, ou si vous connaissez du monde qui y était, contactez-le (theatrespirale@bluewin.ch) et/ou faites tourner le message.
Dans le cadre de mes activités artistiques, je viens régulièrement au festival d'Avignon pour y découvrir des spectacles du « in » et du « off ». Notre compagnie s'y est d'ailleurs produite à trois reprises. Cette année, je suis arrivé dans la région depuis le 10 juillet et j'aiassisté à de nombreux spectacles.
Le Lundi 21 juillet, je sors avec mon amie, ma fille et trois de ses camarades d'une représentation d'une pièce très dure sur la guerre en ex-Yougoslavie et nous prenons le frais à l'ombre du Palais des Papes, en assistant avec plaisir à un spectacle donné par un couple d'acrobates.
À la fin de leur numéro, je m'avance pour mettre une pièce dans leur chapeau lorsque j'entends le son d'un Djembé (tambour africain) derrière moi. Etant passionné par la culture africaine (j'y ai monté plusieurs spectacles et ai eu l'occasion d'y faire des tournées), je m'apprête à écouter les musiciens. Le percussionniste est rejoint par un joueur de Kamele Ngoni (Sorte de contrebasse surtout utilisée par les chasseurs en Afrique de l'Ouest).
À peine commencent-ils à jouer qu'un groupe de C.R.S se dirige vers eux pour les interrompre et contrôler leur identité. Contrarié, je me décide à intervenir. Ayant déjà subi des violences policières dans le même type de circonstances il y a une vingtaine d'année à Paris, je me suis adressé à eux avec calme et politesse. Le souvenir de ma précédente mésaventure bien en tête. Mais je me suis dit que j'étais plus âgé, que l'on se trouvait dans un haut lieu culturel et touristique, dans une démocratie et que j'avais le droit de m'exprimer face à ce qui me semblait une injustice.
J'aborde donc un des C.R.S et lui demande : « Pourquoi contrôler vous ces artistes en particulier et pas tous ceux qui se trouvent sur la place? » Réponse immédiate. « Ta gueule, mêle-toi de ce qui te regarde ! « Justement ça me regarde. Je trouve votre attitude discriminatoire. » Regard incrédule. « Tes papiers ! » « Je ne les ai pas sur moi, mais on peut aller les chercher dans la voiture. » « Mets-lui les menottes ! » « Mais vous n'avez pas le droit de. » Ces mots semblent avoir mis le feu aux poudres. « Tu vas voir si on n'a pas le droit.» Et brusquement la scène a dérapé.
Ils se sont jetés sur moi avec une sauvagerie inouïe. Mon amie, ma fille, ses camarades et les curieux qui assistaient à la scène ont reculé choqués alors qu'ils me projetaient au sol, me plaquaient la tête contre les pavés, me tiraient de toutes leurs forces les bras en arrière comme un poulet désarticulé et m'enfilaient des menottes. Les bras dans le dos, ils m'ont relevé et m'ont jeté en avant en me retenant par la chaîne. La menotte gauche m'a tordu le poignet et a pénétré profondément mes chairs.
J'ai hurlé : « Vous n'avez pas le droit, arrêtez, vous me cassez le bras ! » « Tu vas voir ce que tu vas voir espèce de tapette. Sur le dos ! Sur le ventre ! Sur le dos je te dis, plus vite, arrête de gémir ! » Et ils me frottent la tête contre les pavés me tordent et me frappent, me traînent, me re-plaquent à terre. La foule horrifiée s'écarte sur notre passage. Mon amie essaie de me venir en aide et se fait violemment repousser. Des gens s'indignent, sifflent, mais personne n'ose interrompre cette interpellation d'une violence inouïe. Je suis traîné au sol et malmené jusqu'à leur fourgonnette qui se trouve à la Place de l'Horloge, 500 m . plus bas.
Là, ils me jettent dans le véhicule, je tente de m'asseoir et le plus grand de mes agresseurs (je ne peux pas les appeler autrement), me donne un coup pour me faire tomber entre les sièges, face contre terre, il me plaque un pied sur les côtes et l'autre sur la cheville il appuie de tout son poids contre une barre de fer.
« S'il vous plait, n'appuyez pas comme ça, vous me coupez la circulation. »
« C'est pour ma sécurité. »
Et toute leur compagnie de rire de ce bon mot.
Jusqu'au commissariat de St Roch, le trajet est court mais il me semble interminable. Tout mon corps est meurtri, j'ai l'impression d'avoir le poignet brisé, les épaules démises, je mange la poussière. On m'extrait du fourgon toujours avec autant de délicatesse. Je vous passe les détails de l'interrogatoire que j'ai subi dans un état lamentable.
Je me souviens seulement du maquillage bleu sur les paupières de la femme qui posait les questions.
« Vous êtes de quelle nationalité ? »
« Suisse. »
« Vous êtes un sacré fouteur de merde »
« Vous n'avez pas le droit de m'insulter »
« C'est pas une insulte, la merde » (Petit rire.)
C'est fou comme la mémoire fonctionne bien quand on subit de pareilles agressions. Toutes les paroles, tout les détails de cette arrestation et de ma garde à vue resterons gravés à vie dans mes souvenirs, comme la douleur des coups subis dans ma chair.
Je remarque que l'on me vouvoie depuis que je ne suis plus entre les griffes des CRS. Mais la violence physique a seulement fait place au mépris et à une forme d'inhumanité plus sournoise. Je demande que l'on m'ôte les menottes qui m'ont douloureusement entaillé les poignets et que l'on appelle un docteur. On me dit de cesser de pleurnicher et que j'aurais mieux fait de réfléchir avant de faire un scandale. Je tente de protester, on me coupe immédiatement la parole. Je comprends qu'ici on ne peut pas s'exprimer librement.
Ils font volontairement traîner avant de m'enlever les menottes. Font semblant de ne pas trouver les clés. Je ne sens plus ma main droite. Fouille intégrale. On me retire ce que j'ai, bref inventaire, le tout est mis dans une petite boîte.
« Enlevez vos vêtements ! »
J'ai tellement mal que je n'y arrive presque pas.
« Dépêchez-vous, on n'a pas que ça à faire. La boucle d'oreille ! »
J'essaye de l'ôter sans y parvenir.
« Je ne l'ai pas enlevée depuis des années. Elle n'a plus de fermoir. »
« Ma patience à des limites vous vous débrouillez pour l'enlever, c'est tout ! »
Je force en tirant sur le lobe de l'oreille, la boucle lâche.
« Baissez la culotte ! »
Je m'exécute.
Après la fouille ils m'amènent dans une petite cellule de garde à vue.
4m de long par 2m de large. Une petite couchette beige vissée au mur. Les parois sont taguées, grattées par les inscriptions griffonnées à la hâte par les détenus de passage. Au briquet ou gravé avec les ongles dans le crépis. Momo de Monclar, Ibrahim, Rachid.. chacun laisse sa marque .
L'attente commence. Pas d'eau, pas de nourriture. Je réclame en vain de la glace pour faire désenfler mon bras. Les murs et le sol sont souillés de taches de sang, d'urine et d'excréments. Un méchant néon est allumé en permanence. Le temps s'étire. Rien ici qui permette de distinguer le jour de la nuit.
La douleur lancinante m'empêche de dormir. J'ai l'impression d'avoir le coeur qui pulse dans ma main. D'ailleurs alors que j'écris ces lignes une semaine plus tard, je ne parviens toujours pas à dormir normalement.
J'écris tout cela en détails, non pas pour me lamenter sur mon sort. Je suis malheureusement bien conscient que ce qui m'est arrivé est tristement banal, que plusieurs fois par jour et par nuit dans chaque ville de France des dizaines de personnes subissent des traitements bien pires que ce que j'ai enduré. Je sais aussi que si j'étais noir ou arabe je me serais fait cogner avec encore moins de retenue. C'est pour cela que j'écris et porte plainte. Car j'estime que dans la police française et dans les CRS en particulier il existe de dangereux individus qui sous le couvert de l'uniforme laissent libre cours à leurs plus bas instincts.
(Évidemment il y a aussi des arrestations justifiées, et la police ne fait pas que des interventions abusives. Mais je parle des dérapages qui me semblent beaucoup trop fréquents.)
Que ces dangers publics sévissent en toute impunité au sein d'un service public qui serait censé protéger les citoyens est inadmissible dans un État de droit. J'ai un casier judiciaire vierge et suis quelqu'un de profondément non-violent, par conviction, ce type de mésaventure me renforce encore dans mes convictions, mais si je ne disposais pas des outils pour analyser la situation je pourrais aisément basculer dans la violence et l'envie de vengeance. Je suis persuadé que ce type d'action de la police nationale visant à instaurer la peur ne fait qu'augmenter l'insécurité en France et stimuler la suspicion et la haine d'une partie de la population (des jeunes en particulier) face à la police. En polarisant ainsi la population on crée une tension perpétuelle extrêmement perverse.
Comme je suis un homme de culture et de communication je réponds à cette violence avec mes armes. L'écriture et la parole. Durant les 16h qu'a duré ma détention (avec les nouvelles lois, on aurait même pu me garder 48h en garde à vue), je n'ai vu dans les cellules que des gens d'origine africaine et des Gitans. Nous étions tous traités avec un mépris hallucinant. Un exemple, mon voisin de cellule avait besoin d'aller aux toilettes. Il appelait sans relâche depuis près d'une dem-heure, personne ne venait. Il s'est mis à taper contre la porte pour se faire entendre, personne. Il cognait de plus en plus fort, finalement un gardien exaspéré surgit. »Qu'est ce qu'il y a ? »
« J'ai besoin d'aller aux chiottes. »
« Y a une coupure d'eau. »
« Y a pas d'eau dans tout le commissariat, alors tu te la coinces, pigé. »
Mon voisin qui n'est pas seul dans sa cellule continue de se plaindre, disant qu'il est malade, qu'il va faire ses besoins dans la cellule.
« Si tu fais ça on te fait essuyer avec ton t-shirt. »
Les coups redoublent. Une voix féminine lance d'un air moqueur : « Vas-y avec la tête pendant que tu y es. Ca nous en fera un de moins. »
Éclats de rire dans le couloir comme si elle avait fait une bonne plaisanterie.
Après une nuit blanche vers 9h du matin on vient me chercher pour prendre mes empreintes et faire ma photo. Face, profil, avec un petit écriteau, comme dans les films. La dame qui s'occupe de cela est la première personne qui me parle avec humanité et un peu de compassion depuis le début de ce cauchemar.
« Hé bien, ils vous ont pas raté. C'est les CRS, ah bien sûr. Faut dire qu'on a aussi des sacrés cas sociaux chez nous. Mais ils sont pas tous comme ça.»
J'aimerais la croire. Un officier vient me chercher pour que je dépose ma version des faits et me faire connaître celle de ceux qui m'ont interpellé. J'apprends que je suis poursuivi pour : outrage, incitation à l'émeute et violence envers des dépositaires de l'autorité publique. C'est vraiment le comble. Je les aurais soi-disant agressés verbalement et physiquement. Comment ces fonctionnaires assermentés peuvent-ils mentir aussi éhontément ? Je raconte ma version des faits à l'officier. Je sens que sans vouloir l'admettre devant moi, il se rend compte qu'ils ont commis une gaffe.
Ma déposition est transmise au procureur et vers midi je suis finalement libéré. J'erre dans la ville comme un boxeur sonné. Je marche péniblement. Un mistral à décorner les boeufs souffle sur la ville. Je trouve un avocat qui me dit d'aller tout de suite à l'hôpital faire un constat médical. Je marche longuement pour parvenir aux urgences où je patiente plus de 4 heures pour recevoir des soins hâtifs. Dans la salle d'attente, je lis un journal qui m'apprend que le gouvernement veut supprimer 200 hôpitaux dans le pays, on parle de couper 6000 emplois dans l'éducation. Sur la façade du commissariat de St Roch j'ai pu lire qu'il allait être rénové pour 19 millions d'Euros. Les budgets de la sécurité sont à la hausse, on diminue la santé, le social et l'éducation. Pas de commentaires.
Je n'écris pas ces lignes pour me faire mousser, mais pour clamer mon indignation face à un système qui tolère ce type de violence. Sans doute suis-je naïf de m'indigner. La plupart des Français auxquels j'ai raconté cette histoire ne semblaient pas du tout surpris, et avaient connaissance de nombreuses anecdotes du genre. Cela me semble d'autant plus choquant. Ma naïveté, je la revendique, comme je revendique le droit de m'indigner face à l'injustice. Même si cela peut paraître de petites injustices. C'est la somme de nos petits silences et de nos petites lâchetés qui peut conduire à une démission collective et en dernier recours aux pires systèmes totalitaires. (Nous n'en sommes bien évidemment heureusement pas encore là.)
Depuis ma sortie, nous sommes retournés sur la Place de Papes et nous avons réussi à trouver une douzaine de témoins qui ont accepté d'écrire leur version des faits qui corroborent tous ce que j'ai dit. Ils certifient tous que je n'ai proféré aucune insulte ni n'ai commis aucune violence. Les témoignages soulignent l'incroyable brutalité de l'intervention des CRS et la totale disproportion de leur réaction face à mon intervention.
J'ai essayé de retrouver des images des faits, mais malheureusement les caméras qui surveillent la place sont gérées par la police et, comme par hasard, elles sont en panne depuis début juillet. Il y avait des centaines de personnes sur la place qui auraient pu témoigner, mais le temps de sortir de garde à vue, de me faire soigner et de récupérer suffisamment d'énergie pour pouvoir tenter de les retrouver. Je n'ai pu en rassembler qu'une douzaine. J'espère toujours que peut être quelqu'un aura photographié ou même filmé la scène et que je parviendrai à récupérer ces images qui prouveraient de manière définitive ce qui c'est passé.
Après 5 jours, soudain, un monsieur africain m'a abordé, c'était l'un des musiciens qui avait été interpellé. Il était tout content de me retrouver car il me cherchait depuis plusieurs jours. Il se sentait mal de n'avoir rien pu faire et de ne pas avoir pu me remercier d'être intervenu en leur faveur. Il était profondément touché et surpris par mon intervention et m'a dit qu'il habitait Grenoble, qu'il avait 3 enfants et qu'il était français. Qu'il viendrait témoigner pour moi. Qu'il s'appelait Moussa Sanou. « Sanou , c'est un nom de l'ethnie Bobo. Vous êtes de Bobo-Dioulasso ? » « Oui. » Nous nous sommes souris et je l'ai salué dans sa langue en Dioula. Il se trouve que je vais justement créer un spectacle prochainement à Bobo-Dioulasso au Burkina-Faso. La pièce qui est une adaptation de nouvelles de l'auteur Mozambicain Mia Couto s'appellera « Chaque homme est une race » et un des artistes avec lequel je vais collaborer se nomme justement Sanou. Coïncidence ? Je ne crois pas.
Je suis content d'avoir défendu un ami, même si je ne le connaissais pas encore. La pièce commence par ce dialogue prémonitoire. Quand on lui demanda de quelle race il était, il répondit : « Ma race c'est moi. » Invité à s'expliquer il ajouta "Ma race c'est celui que je suis."
Toute personne est à elle seule une humanité. Chaque homme est une race, monsieur le policier.
Patrick Mohr, 28 juillet 2008
vendredi 19 septembre 2008
Déclaration de Le Feyt - Irak : la paix est une option
[ESP] Nació CAMPAÑAS. Se ruega firmar, publicar y difundir la «Declaración de Le Feyt: la paz en Iraq es una opción» en Tlaxcala.
[ENG] CAMPAIGNS is born. Please sign, publish and spread the «Le Feyt Declaration: Peace in Iraq is an option».
Français: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=fr&ref_campagne=5
Español: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=es&ref_campagne=5
English : http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=en&ref_campagne=5
Deutsch: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=de&ref_campagne=5
Português: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=po&ref_campagne=5
Italiano: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=it&ref_campagne=5
Català: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=ca&ref_campagne=5
Arabic: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=ar&ref_campagne=5
Svenska: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=sv&ref_campagne=5
Nederlands: http://www.tlaxcala.es/detail_campagne.asp?lg=ot&ref_campagne=5
[FRA] La nouvelle section CAMPAGNES est à votre disposition sur Tlaxcala. Vous pourrez y publier vos appels et pétitions en une douzaine de langues. Envoyez vos propositions à cmp@tlaxcala.es
[ESP] La nueva sección CAMPAÑAS está a vuestra disposición en Tlaxcala. En ella podréis publicar vuestras campañas y peticiones en una docena de lenguas. Enviad vuestras proposiciones a cmp@tlaxcala.es
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jeudi 18 septembre 2008
Les maoïstes amorcent la réforme en République du Népal
Le Parti communiste du Népal (maoïste) dirige désormais le gouvernement du pays de l’Himalaya. Cela n’a pas été un chemin facile. Il a mené pendant plus de 10 ans une guerre populaire révolutionnaire qui lui a permis de prendre le contrôle du 80 % du territoire, à l’exception de la vallée de Katmandou. C’est sur la base de cette réalité indéniable et des défaites militaires retentissantes qu’il a infligées à l’armée qu’il a accepté de signer un accord politique avec une alliance de sept partis qui a permis la réalisation d’une série de mobilisations populaires qui ont abouti à la déroute de la monarchie féodale qui avait gouverné le pays durant 240 ans.
Après cette déroute monarchique, un gouvernement provisoire a élaboré une constitution, également provisoire et, des élections ont finalement eu lieu, après deux reports dus aux atermoiements réitérés de l’Alliance de Sept Partis à mettre en œuvre certains aspects de l’accord en 22 points signé avec les maoïstes. Dans ces élections, le PCN(m) est le parti qui a obtenu le meilleur score avec 30 % des voix. Les partis réactionnaires et “modérés” ont subi un échec écrasant masqué seulement par l’adoption du système proportionnel qui leur a garanti un nombre suffisant de sièges pour obliger le PCN(m) à pactiser, allant même jusqu’à faire toutes les manoeuvres possibles pour l’écarter du nouveau gouvernement.
Cette situation, qui a duré quatre mois, a permis que le président de la nouvelle république du Népal – la première mesure après les élections a été l’abolition de la monarchie - soit un droitier du Congrès Népalais et que le vice-président soit un représentant du Forum des Droits du Peuple Madhesi (FDPM) - qui a fait le serment de prise de fonction en hindi et non en népalais, comme cela était prévu dans la Constitution provisoire. Le FDPM est une organisation d’origine hindouiste qui réclame une ample autonomie pour la zone la plus riche du pays, politiquement pro-monarchiste et partisane de maintenir les liens actuels avec l’Inde.
Non contents de ravir les postes principaux de l’État aux maoïstes, les partis réactionnaires et leurs alliés sociaux-démocrates du Parti communiste du Népal - Unification Marxiste-Léniniste (PCN-UML) ont réformé la constitution provisoire pour que le Premier ministre puisse être destitué par une majorité simple de l’assemblée et non par les deux tiers, comme cela avait été décidé avant la victoire électorale des maoïste. Cela faisait apparaître clairement comment ils entendent faire face à la volonté populaire quand elle leur est défavorable, et dans le même temps, les problèmes qu’aurait à affronter le PCN (m) s’il parvenait à diriger le gouvernement, ce qui a finalement été le cas.
Les alliances au Népal sont très fragiles et la devise pourrait être : “Tout pour le pouvoir”. Les alliés d’hier sont les ennemis d’aujourd’hui et les ennemis d’aujourd’hui pourront être alliés demain. Après avoir été battu dans l’élection pour les charges de président et de vice-président, le PCN (m) a décidé de ne pas prendre la tête du gouvernement, malgré son incontestable triomphe électoral et de se maintenir dans l’opposition. Deux semaines plus tard, il a changé de position et a accepté d’assumer la charge de Premier ministre et de former un gouvernement après avoir fait un pacte avec les sociaux-démocrates du PCN-UML – le nom de cette organisation ne doit pas induire en erreur, ils ont renoncé depuis de nombreuses années au marxisme- léninisme, et même à quelque type de marxisme que ce soit, ils collaboraient avec la monarchie dans sa période la plus dure, en arrivant à présider le gouvernement durant neuf mois, ils appuyaient à fond les actions de l’armée contre la guérilla maoïste et ont une position absolument conservatrice sur des thèmes cruciaux comme la réforme agraire. Leur force réside exclusivement dans les classes moyennes urbaine - avec le FDPM (qui reconnaît que le pari maoïste sur l’autodétermination l’intéresse) et les autres petits partis avec lesquels ils ont depuis toujours maintenu une alliance étroite. Selon l’accord, le PCN (m) comptera neuf ministres, le PCN-UML six, le FDPM quatre et les autres formations mineures comme le Parti Communiste du Népal-Unis, le Janamorcha Népal et le Sadbhawana chacun un.
Par conséquent, s’il est permis au PCN (m) de diriger le gouvernement sans contretemps au moins deux ans, le temps que la Constitution soit définitivement élaborée et que des nouvelles élections se tiennent, ce qui est en voie de se mettre en route au Népal n’est pas plus qu’une réforme, et pas une révolution, puisque des portefeuilles importants comme celui des Affaires Étrangères ou celui de l’Agriculture et des Coopératives restent aux mains des madhésistes alors que les sociaux-démocrates ont obtenu l’Intérieur et l’Industrie. Les maoïstes ont comme plats de résistance les ministères de la Défense, des Finances et du Travail.
La formation de la nouvelle armée
Qu’est-ce qui a conduit à ce retournement total des maoïstes? Fondamentalement, la crainte de ne pouvoir accomplir un des principaux objectifs du PCN (m): la formation d’une nouvelle armée avec l’incorporation dans ses rangs de la majeure partie des structures de l’Armée Populaire de Libération, son bras armé durant la guerre révolutionnaire. Depuis qu’en novembre 2006, a été signé l’accord avec l’alliance des sept partis, l’intégration de l’APL dans l’armée népalaise a été repoussée à plusieurs reprises, les ex-guérilleros, cantonnés dans des campements sous contrôle de l’ONU, se transformant pratiquement en mendiants. Les retards dans le paiement de soldes ont été fréquents (ils n’ont rien perçu depuis quatre mois), la situation sanitaire dans les campements est déplorable, l’électricité manque et des maladies apparaissent à cause des situations sanitaires et d’hygiène déplorables qui existent dans ces camps où ils sont regroupés. Ce qui est recherché avec ce type d’agissements, de la part de la réaction et de ses alliés sociaux-démocrates, c’est que les ex-guérilleros renoncent à intégrer la nouvelle armée, et qu’ils abandonnent les campements en partant chercher de quoi vivre. Selon L’ONU, 19.602 ex-guérilleros sont répartis en permanence dans sept camps (les autres 12.000 les ont quittés pour mener des activités politiques) et ils constituent le contingent qui devrait être incorporé à la nouvelle armée népalaise.
Le Congrès Népalais, le parti traditionnel de caciques, de propriétaires fonciers et de réactionnaires qui a gouverné le Népal depuis des temps immémoriaux, avait accepté dans un premier temps l’incorporation des ex-guérilleros, ainsi que le prévoyaient les accords de novembre 2006, mais après la victoire électorale maoïste, il a nuancé en disant que cette incorporation aurait lieu “un par un et après la réalisation d’épreuves physiques et écrites, comme tout autre candidat à l’armée”. C’est, jusqu’à présent, aussi la position officielle des généraux de l’armée. De plus, le CN a fait tout son possible pour que le portefeuille de la Défense ne revienne pas aux maoïstes et il a proposé que ce soient les sociaux-démocrates du PCN-UML qui le détiennent, proposition qui n’a pas été mal accueillie par ces partisans de la thèse de la viabilité (l’alliance avec la droite et les secteurs néolibéraux comme unique possibilité dans un monde globalisé) et qui sont considérés, et comment, comme une « gauche correcte », celle qui n’a pas de volonté révolutionnaire et qui s’intéresse seulement à rendre le système plus fonctionnel, dans le style du Chili de Bachelet ou du Brésil de Lula.
Le PCN (m) avait insisté sur le fait que seul un Ministère de Défense contrôlé par lui pourrait mettre en place le processus de formation de la nouvelle armée et il considérait ce point non seulement comme non négociable, mais comme un casus belli. Les esprits dans les campements sont très échauffés et seule une solution de cette affaire peut éviter une reprise du conflit. Tout le monde est conscient de cela, et c’est la raison pour laquelle il y a eu ces changements d’alliance surprenants et variables et la raison principale pour laquelle le PCN (m) a fait marche arrière et a accepté de diriger le gouvernement.
Le défi auquel il fait face n’est pas des moindres. Le Premier ministre a donné un délai de six mois pour que l’intégration soit terminée et cela a apaisé un peu les esprits dans les campements. Mais la méfiance des maoïstes envers l’armée est grande, puisqu’ils n’ont pas pu obtenir le châtiment ou la mise à la retraite des généraux les plus impliqués dans la répression monarchiste et dans les tueries durant la guerre populaire révolutionnaire. De plus, l’armée s’est même systématiquement opposée à discuter quelque réforme structurelle que ce soit pendant ces deux années de transition et c’est seulement maintenant, devant l’évidence, qu’elle s’accommode d’une sorte de négociation. En théorie, l’armée se tient tranquille et ne s’ingère pas dans le processus politique, mais en pratique elle continue d’être autonome, échappant à tout contrôle démocratique. De fait, l’une des instances créées après la signature de l’accord de paix, le Conseil de Sécurité nationale, n’existe que sur le papier, s’est réuni une seule fois en deux ans et ne s’est jamais réuni depuis les élections d’avril. Aussi bien les USA que l’Inde voient dans l’actuelle armée népalaise un appui solide pour éviter que les maoïstes prennent le contrôle du pays (1).De là l’importance de la proposition maoïste et la pression qu’ils exercent dans ce sens pour que leurs combattants s’incorporent dans le nouvelle armée.
Cette incorporation des ex-guérilleros impliquerait une réelle démocratisation de l’armée népalaise. Bien qu’ils aient dit qu’ils obéiraient aux ordres du gouvernement légitime, les chefs de l’armée résistent férocement à la perspective de perdre leurs privilèges, alléguant que l’incorporation des ex-guérilleros impliquerait “un endoctrinement politique”. Et ceci ils le disent sans rougir, alors que durant des décennies la principale mission de l’armée népalaise a été de défendre la monarchie. Il n’est donc pas étonnant qu’au Népal, et de manière spéciale à Katmandou, des rumeurs circulent, intéressées ou non, d’une rébellion imminente dans l’armée au cas où l’incorporation avait lieu sans que soit respectées les conditions qu’elle y mettait: un par un. Le général en chef l’a dit bien clairement : « le Premier ministre doit entendre que les tentatives de casser la chaîne de commandement ne seront pas tolérées et, que par conséquent, il y aura un affrontement lamentable » (2) Depuis le nouveau Ministère de Défense on lui a répondu que “la décision sur l’intégration n’appartient pas à l’armée, mais au gouvernement choisi par le peuple” (3).
Menace fictive ou réelle - il ne faut pas oublier que l’armée népalaise a été battue militairement par la guérilla, bien que ces trois dernières années elle ait pu se réapprovisionner et améliorer sa préparation grâce à l’aide apportée par les USA, la Grande-Bretagne et l’Inde - les symptômes ne sont pas bons et le PCN (m) peut accepter une solution intermédiaire, une partie de ses effectifs allant dans l’armée et le gros des troupes dans la police, dans un processus similaire à ce qui s’est passé au Salvador quand la guérilla de FMLN s’est incorporée seulement à la police et non à l’armée, bien qu’en échange ait été décidée une réduction des effectifs de cette dernière. Les maoïstes proposent que l’armée du Népal réduise ses effectifs de 90.000 hommes actuellement à 50.000.
Selon la constitution provisoire (article 145) c’est le Conseil de Sécurité Nationale qui contrôle “la mobilisation, le fonctionnement et l’utilisation” de l’Armée. Le CSN est présidé par le Premier ministre, et composé par le ministre de la Défense et trois autres ministres nommés par le Premier ministre. Il en est ainsi parce que dans la tradition du Népal, l’armée a toujours agi à son gré et en dépendant uniquement du Palais Royal. Le Ministère de la Défense a toujours eu un rôle purement décoratif.
Un exemple de ce que les relations sont tendues avec l’armée a été fourni à l’occasion de la prestation de serment du dirigeant suprême maoïste, Pushpa Kamal Dahal “Prachanda”, comme Premier ministre : l’escorte n’a pas été fournie par des effectifs de l’armée ou de la police, mais par les combattants de l’Armée Populaire de Libération. Une réponse des maoïstes aux mises en garde du chef de l’armée, sans doute.
Prachanda participe à la commémoration du 7ème anniversaire de la création de l'Armée population de libération le 24 Novembre 2007 à Chitwan. Photo AFP/Getty Images
Les maoïstes ont adopté une attitude modérée et consensuelle, conscients que l’establishment de Katmandou et les forces monarchiques feront tout qu’ils peuvent pour freiner la transition vers une démocratie stable, égalitaire, républicaine et laïque. Il en résulte que le PCN (m) parle d’amorcer un processus de réformes au Népal, et non une révolution.
Ce processus de réformes peut se voir dans l’accord imuulsé par les maoïstes et qui concerne des aspects comme le combat contre la corruption, le népotisme et le favoritisme dans les diverses sphères gouvernementales, phénomènes qui sont responsables de la désastreuse hausse des prix des aliments de base comme le riz (qui a augmenté de 13 ,5 % cette année), l’huile et le beurre de bufflonne (+ 18,8 %). À eux seuls ces produits absorbent 52% des dépenses habituelles des Népalais.
La tâche à laquelle s’attellent les maoïstes est énorme et le chemin n’est ni facile ni court. Néanmoins, au cœur du parti a surgi un certain débat sur ce qui dans l’organisation maoïste est appelé le “négociationisme”.
Le marxisme accepte la possibilité de parvenir à des compromis pour atteindre certains objectifs, mais il considère impossible de réussir la révolution avec trop de compromis et c’est ce qui fait débat aujourd’hui à l’intérieur du PCN (m). Les maoïstes ont dissous la plupart de leurs gouvernements locaux, qui ont fonctionné durant la période de la guérilla, ainsi que les tribunaux populaires. Les coopératives, les communes et les institutions sanitaires et éducatives sont maintenant plus faibles que durant la lutte de guérilla. Et par une dernière décision, qui était la clé pour atteindre l’accord qui leur a permis de prendre la tête du gouvernement, ils ont dissous la structure militaire qui encadrait leurs jeunes. Un secteur important du parti considère que ce sont là trop de concessions dans un laps de temps aussi court. La tâche du PCN (m) dans le nouveau gouvernement devra être de reprendre le cap ou sinon on pourra dire que la révolution est terminée au Népal. Mais il faudra attendre la suite des événements et voir la marge de manœuvre dont il pourra disposer. Il est évident que le test sera la nouvelle armée.
Prachanda lors de l'intronisation de la nouvelle Assemblée constituante le 27 Mai 2008 à Katmandou.
Les maoïstes indiens
Tout le processus népalais a été suivi de très près par les maoïstes indiens. Bien que leur lutte soit pratiquement inconnue en Occident, les maoïstes indiens connaissent une croissance politique et militaire constante et étendent leur influence dans divers États du pays. Ils sont actifs dans 14 des 28 États de l’Union Indienne (Chatisgarh, Jharkhand, Uttar Pradesh, Asma, Uttaranchal, Kerala, Tamil Nadu, Bengale Occidental, Gujarat, Andhra Pradesh, Madhya, Orissa, Maharashtra et Bihar), ce qui, en chiffres, signifie que dans 182 districts, sur les 602 que compte le pays, ce sont les maoïstes qui contrôlent la situation (4). Il faut noter qu’en avril dernier on considérait qu’ils étaient actifs dans 165 districts. Cela indique une progression imparable, qui a lieu non seulement dans les campagnes mais commence à se manifester dans les villes, en particulier dans les zones ouvrières et industrielles de Delhi, Mumbai, Pune et Jammu, où ils alternent les actions de propagande et les actions armées.
Photo Reuters Pictures
Les maoïstes indiens (naxalites) (5) appuient de manière prudente le PCN (m), bien qu’ils l’aient mis en garde de ne pas entrer au gouvernement et l’aient incité à poursuivre la lutte des classes au Népal sans la moindre conciliation avec l’oligarchie. Dans une résolution, le Comité Central du Parti communiste de l’Inde (maoïste) a salué le triomphe électoral des maoïstes népalais comme “un verdict contre la monarchie féodale, l’expansionnisme indien et l’impérialisme US”. Ils espèrent que le PCN (m) tiendra ses engagements de réviser les traités signés entre l’Inde et le Népal, dès 1950, tous favorables à l’Inde. Et ils ont salué comme un geste « courageux » le fait que le premier pays visité par le nouveau Premier ministre ait été la Chine et non l’Inde, comme cela se faisait traditionnellement, marquant ainsi moins de dépendance que les gouvernements antérieurs par rapport aux voisins indiens.
Notes
(1) Alberto Cruz, "2065, el comienzo del nuevo Nepal”
(2) The Katmandu Post, 12 août 2008 .
(3) The Himalayan Times, 28 août 2008.
(4) The Hindu, 23 août 2008.
(5) Lire F. Giudice, « Tonnerre de printemps » : Naxalbari, 25 mai 1967
Les maoïstes du Népal
Un essai photo de Jonas Bendiksen, Agence Magnum, Avril 2008
Prachanda en Europe !
Pushpa Kamal Dahl "Prachanda", Premier ministre du Népal, sera à Francfort-sur-le-Main (Allemagne), le dimanche 21 Septembre 2008, pour préésenter le livre de Cornelia Schröder, "Revolution in Nepal - Eine neuve Welt ist möglich" (Révolution au Népal - Un nouveau monde est possible) et parler de la situation actuelle dans son pays.
Presseclub Frankfurt
Saalgasse 3060331 Frankfurt am Main
Dimanche 21 Septembre 2008, 18 h
Organisé par
UNF United Nepalese Front
INSOF Internationalist Nepalese Solidarity Forum Germany
Zambonverlag, Frankfurt
mercredi 17 septembre 2008
Nouvelle pub pour l’eau en bouteille : Eau Secours !
Paris, le 17 septembre 2008 : Alors que les ventes d’eau en bouteille coulent à pic en chutant de 6,5% en 2007, la Chambre syndicale des eaux minérales vient de lancer une nouvelle campagne publicitaire axée sur la pureté supposée de ses produits, déclinée dans la presse et sur internet.
Pour Clara Osadtchy, coordinatrice des campagnes d’Agir pour l’Environnement, « le secteur de l’eau en bouteille risque de boire la tasse si il ne prend pas rapidement conscience de la demande du grand public pour des produits réellement écologiques ne produisant pas une cohorte de déchets pour une large part non recyclée. »
Dans sa campagne publicitaire, la Chambre syndicale des eaux minérales prône la pureté d’un produit pour en expliquer le prix : Agir pour l’Environnement rappelle qu’une étude de l’Université de Heidelberg a toutefois montré en mars 2006 des taux en Antimoine (un métal toxique) 95 à 165 fois plus élevés dans l’eau en bouteille que dans l’eau du robinet, contaminée par le plastique de la bouteille. Une enquête de la DGCCRF de mars 2007 a également relevé la non-conformité de 22% des eaux minérales échantillonnées, pour déficit par rapport aux teneurs indiquées ou pour dépassement par rapport à des normes maximales. Les industriels tentent de sauvegarder leurs intérêts économiques bien compris en manquant de transparence auprès des consommateurs et en dénigrant bien souvent l’eau du robinet, le produit alimentaire le plus contrôlé par les pouvoirs publics.
Agir pour l’Environnement regrette que la Chambre syndicale des eaux minérales espère via cette campagne publicitaire regagner un marché en chute depuis 2003, régression pourtant favorable à l’environnement en permettant une économie certaine d’énergie et de matières premières liées aux millions de bouteilles qui sont ensuite jetées chaque année. Agir pour l’environnement invite les consommateurs à boire l’eau du robinet dans les localités où elle est de qualité, jusqu’à 400 fois moins cher et moins polluante pour l’environnement.
Une fois encore, en optant pour un geste écologique, boire l’eau du robinet, le consommateur fait également un geste économique. Agir pour l’Environnement appelle le Ministère de l’Ecologie à faire cesser immédiatement cette nouvelle campagne de blanchiment écologique et à renforcer les actions de prévention des déchets.
Contact presse :
Clara Osadtchy, coordinatrice des campagnes d’Agir pour l'Environnement - Tél. 01.40.31.34.48/ 06.71.89.49.73
lundi 15 septembre 2008
Crime contre l'humanité
Des paysans et des militants pro-Morales assassinés en Bolivie
par la Comissão Pastoral da Terra, Brésil, 14 Septembre 2008.
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
La crise en Bolivie a occupé pas mal d’espace dans les médias nationaux brésiliens, surtout à cause de la possibilité d’une coupure des fournitures de gaz naturel au Brésil. Mais la situation est beaucoup plus grave qu’il n’y paraît. Il y a eu un massacre de paysans dans la province de Pando, à la frontière avec le Brésil et le Pérou comme le relate très bien une note émise par le Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia (lire ci-dessous). Le massacre est pourtant présenté par la presse comme un affrontement entre partisans du gouvernement et opposants. Plus grave encore, les préfets de Beni, Tarija et Santa Cruz, États qui eux aussi s’opposent à Morales, chercher à imputer le massacre aux troupes de l’armée au service de Morales, comme l’a indiqué la Folha de São Paulo du samedi 13 Septembre.
Deux des paysans assassinés étendus au Marche paysan de Cojiba, avant d'être emportés dans leurs communautés. Photo: ABI
Après l’assassinat d’environ 30 paysans dans la nuit de jeudi dernier, 11 Septembre, sur ordre de Leopoldo Fernández, préfet de Pando, le gouvernement d’Evo Morales a décrété l’état de siège dans l’État. Entretemps, Fernández a accepté le décret qui lui a été imposé le 14 Septembre, permettant à l’armée bolivienne de pénétrer dans l’État. Selon des témoignages d’habitants de la région et de survivants de l’attaque, le préfet du Pando avait pris sous contrat des mercenaires et des narcotrafiquants du Pérou et du Brésil pour effectuer cette attaque. Fernández nie cette accusation mais admet que des groupes armés ont participé au massacre des paysans.
Le gouvernement bolivien a promis, dans la nuit de ce dimanche, de faire condamner Leopoldo Fernández à 30 ans de prison pour crimes contre l’ humanité.Le vice-Ministre de la Coordination avec les mouvements sociaux de Bolivie, Sacha Llorenti, a délcaré que ce crime ne restera pas impuni. “Je tiens à être absolument clair : cette affaire ne va pas tomber dans l’impunité, car nous allons montrer que les institutions de l’État bolivien fonctionnent et que Leopoldo Fernández aura une condamnation incompressible à 30 ans de prison pour les crimes qu’il a commis”.
Llorenti a aussi affirmé que le crime avait été prémédité et planifié, vu que les principales cibles des pistoleros étaient les dirigeants paysans et que presque tous les morts avaient été atteints à la tête et au coeur.
Leopoldo Fernández est un politicien d’extrême-droite, membre, de Podemos [“Nous pouvons”], principal parti d’opposition au gouvernement Morales, et il faisait aprte du second gouvernement du généralHugo Banzer Suárez (1997-2001).
Lisez la note du Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia
Quelques victimes du massacre. Photo: El Deber, Bolivie
Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia
Massacre de paysans à Porvenir, Bolivie
Porvenir est une localité située à 30 km de la ville de Cobija, capitale du Département de Pando en Bolivie, l’un des cinq États qui se sont révoltés contre le gouvernement central de cette république. C’est là qu’a eu lieu, le 11 Septembre, ce qui est considéré comme le pire massacre de l’ère démocratique en Bolivie. On a déjà dénombré trente paysans morts et l’on estime qu’il y a eu au moins 20 morts de plus, en plus de dizaines de blessés. Des hommes, des femmes, dont certaines enceintes, des enfants et des personnes âgées.
Voici ce qui ressort d’une série d’interviews de survivants réalisées par le réseau de radio communautaires boliviennes Red Erbol, dans la nuit du 11, cinq véhicules avec des paysans se rendaient, sans armes, à une assemblée gouvernementale convoquée par la Fédération paysanne, dans la localité de Filadelfia, par une route traversant la jungle. À 8h30 du vendredi 12, ils ont été arrrêtés à mi-parcours par un détachement de la police de l’État de Pando. « Les policiers nous ont retenus là, nous déroutant pendant environ trois heures : peu après 11 heures, ont soudain surgi des véhicules transportant de 30 à 50 paramilitaires armés de fusils, de revolvers, de fusils de chasse et de mitraillettes, et ils ont commencé à tirer sur les paysans surpris. Les policiers se sont retirés, et les paysans qui ne sont pas tombés ont tenté de fuir dans la jungle, poursuivis par les paramilitaires. Quand ceux-ci en attrapaient un, ils le dépouillaient et le tuaient de sang-froid. Certains, quoique blessés, sont parvenus à rejoindre une rivière proche et se sont jetés à l’eau. Mais les assassins continuaient à les mitrailler et beaucoup sont morts dans ces circonstances. »
Au centre, le préfet Leopoldo Fernández.
De nombreux corps gisent encore en pleine jungle et dans la rivière et les autorités de l’État, en rébellion contre le gouvernement central, ne permettent pas l’entrée de secours dans la zone. Des organismes appartenant à diverses institutions ont tenté de parvenir sur les lieux, mais les autorités de l’État interdisent l’accès à la zone de conflit et les empêchent d’entrer dans la ville. Beaucoup de blessés se sont rendus dans les hôpitaux, mais d’autres n’ont pas eu le courage de chercher de l’aide par crainte de mourir, car il n’existe aucune sécurité dans la ville, qui vit dans le chaos, sans forces de l’ordre, et où même les blessés continuent à subir des menaces proférées impunément, tandis que la population se terre chez elle, craignant les saccages fréquents.
Le Secrétariat aux droits humains du diocèse anglican de Brasilia se déclare solidaire des familles des victimes ; elle demande paix, justice, solidarité et dialogue en Bolivie. Il appelle tout le monde à protester contre cet acte de barbarie perpétré par les autorités du département de Pando et les groupes paramilitaires qu’elles protègent. Il exige que les autorités brésiliennes arrêtent M. Leopoldo Fernandez et toute autre personne responsable de ce crime au cas où ils entreraient dans le territoire national (brésilien), pour qu’ils puissent être jugés pour crime contre l’humanité.
Brasília, 14 Septembre 2008
Paulo Couto Teixeira
Secrétaire
fraternidade@solar.com.br
Conseil en communication
Commission pastorale de la terre
Secrétariat national - Goiânia, Goiás.
Tél. : 62 4008-6406/6412/6400
Source : www.cptnacional.org.br et http://www.mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=10218
Article original publié le
Fausto Giudice est membre de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner l’auteur, le traducteur, le réviseur et la source.
URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=5876&lg=fr
dimanche 14 septembre 2008
L’Afrique, continent-poubelle
L’Afrique ne réussit toujours pas à décoller sur le plan économique. Des crises politiques internes, souvent attisées de l’extérieur, et un endettement élevé sont les deux chaînes qui la rivent à sa pauvreté. C’est pourquoi l’Afrique est livrée sans défense aux nouveaux maîtres du monde et dépendante d’eux, comme elle l’était naguère des colonialistes, on pourrait presque dire qu’elle est toujours colonisée.
À la différence des anciens colonialistes, qui ont mis en place au moins quelques vagues infrastructures dans leurs colonies, les nouveaux maîtres du monde ne s’en soucient pas. Seules les intéressent l’exploitation des matières premières et des bizness permettant la maximisation des profits en un minimum de temps. L’un de ces bizness est l’exportation de déchets nucléaires. C’est lui et ses retombées en Afrique que nous allons maintenant aborder.
Ce fut un coup de tonnerre dans un ciel serein. Moins de deux semaines après l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto sur la réduction des gaz à effet de serre et peu de temps avant la Journée mondiale de la Protection civile, le PNUE, le Programme des Nations Unies pour l’environnement, publia son compte-rendu des conséquences du tsunami du 26 décembre 2004. Les quelque 100 ministres de l’Environnement réunis à Nairobi entre le 21 et le 25 février 2005 pour la 23ème séance du Comité directeur du Forum mondial des ministres de l’Environnement apprirent de la bouche de son président, Klaus Töpfer, une nouvelle inquiétante : le tsunami avait poussé sur les côtes somaliennes non seulement des ordures « normales », mais aussi des déchets nucléaires.Dans les zones touchées par le tsunami nombre de gens souffraient de problèmes de santé insolites. Selon le rapport du PNUE, on rencontrait des infections respiratoires aiguës, des saignements gastriques, des réactions cutanées chimiques atypiques et des cas de mort subite.
Pour beaucoup des participants les renseignements fournis par le PNUE étaient inouïs. Mais pas pour le PNUE lui-même. À la page 134 du rapport, dont le titre en allemand est « Premières évaluations environnementales après le tsunami», on peut lire que la Somalie est l’un des nombreux pays sous-développés destinataires depuis les années 80 d’innombrables cargaisons de déchets nucléaires et autres résidus dangereux, qui ont été stockés le long de ses côtes. On y trouve entre autres de l’uranium, du cadmium, du plomb et du mercure. Bien sûr on tançait d’importance les coupables, sans toutefois les désigner précisément : on avait là une violation des accords internationaux sur l’exportation de tels déchets vers la Somalie, et il semblait bien peu éthique de conclure des accords de ce type avec un pays en proie à une guerre civile.
La colère du PNUE semble légitime. Reste la question : Si de tels faits se produisent depuis les années 80, comment se fait-il que le PNUE n’ait pas déjà pris des mesures énergiques pour les empêcher ? Comment est-il possible que le PNUE les ait ignorés pendant 25 ans ? « Il est impossible d’en discuter avec les dirigeants du PNUE, présents à Nairobi. Ils répondent invariablement : ‘Nous n’étions pas au courant, nous allons nous en occuper plus tard’, regrettent les autorités somaliennes du district d’El Dehere. Selon le journaliste italien Massimo Alberizzi , aussi bien l’ONU que l’UE ont reçu de nombreuses plaintes relatives aux conséquences pour l’homme et l’environnement des déchets nucléaires et toxiques en Somalie. Jusqu’ici personne n’a bougé dans aucune de ces deux instances.
Même si l’on ne se soucie guère des plaintes d’un malheureux État africain en déshérence, comment expliquer qu’on ait fermé les yeux sur les sommes gigantesques offertes par les États industrialisés à des États pauvres en échange du stockage de leurs déchets nucléaires, précisément à partir des années 80 ? Les favoris sont, avec la Somalie, la Guinée-Bissau, le Nigéria et la Namibie. Il a fallu attendre 1988 et le scandale du navire syrien « Zenobia » qui erra pendant des mois à la recherche d’un port où décharger sa cargaison d’environ 20 000 tonnes de déchets nucléaires pour que les Nations Unies se fassent enfin entendre. En 1989 elles prirent l’initiative de proclamer la Convention de Bâle relative au contrôle des transports de déchets nucléaires. Les écologistes protestèrent. Selon eux, contrôler les transports de déchets nucléaires ne signifie pas empêcher leur embarquement à destination du Tiers Monde. Ceci ne fut garanti qu’en 1995, lorsqu’on rajouta à la Convention une interdiction aux membres de l’Organisation pour le Coopération et le Développement Économiques, plus connue sous le nom d’OCDE, d’exporter des déchets dangereux vers des pays non membres de l’organisation. Mais cet ajout déplut aux USA. Washington refusa de signer le protocole additionnel.
Quant aux autres producteurs de déchets, ils trouvèrent des moyens de le contourner. La firme ODM de Lugano publia même sur Internet une liste des meilleurs endroits où stocker ses déchets nucléaires. La Somalie, complètement minée par la guerre civile, venait en tête. Le directeur de la firme ODM, Giorgio Comerio, aurait, dit-on, offert un million de dollars US à un certain Ali Mali pour pouvoir stocker ces déchets dans le Nord-Est de la Somalie. Deux journalistes de télévision italiens, Ilaria Alpi et Miran Hrovatin, tentèrent d’en savoir plus sur ces trafics. Le 18 mars 1994 ils se rendirent dans la ville somalienne de Bosasso, y interviewèrent un fonctionnaire local et le 20 mars de la même année, quelques heures seulement avant d’avoir pu diffuser sur la RAI le résultat de leur enquête, annoncé par téléphone, ils furent assassinés en pleine rue à Mogadiscio par un commando de tueurs.
Pour Massimo Alberizzi , leur collègue du Corriere della Sera, il n’y a pas l’ombre d’un doute : le commerce des déchets nucléaires et autres résidus dangereux qui achèvent leur course principalement en Somalie est aux mains du crime organisé. Mais des intérêts plus haut placés semblent y être mêlés. Le président d’une commission d’enquête du Parlement italien, Massimo Scalia, a déclaré à l’Agence Inter Press Service que l’Italie retire du seul commerce des déchets nucléaires 7 milliards de dollars US par an. Pour la seule année 2001 600 000 tonnes de déchets nucléaires ont été embarqués à destination de l’Afrique. Et la Somalie n’est pas le seul pays impliqué. Le Zaïre, le Malawi, l’Érythrée, l’Algérie et le Mozambique figurent aussi sur la liste. Face aux proportions atteintes par l’embarquement illégal de déchets nucléaires à destination de l’Afrique, Moustapha Tolba, alors directeur exécutif du PNUE, protesta dès septembre 1992 auprès des gouvernements italien et suisse et exigea qu’il soit mis un terme à l’exportation de déchets nucléaires vers l’Afrique.La Suisse réagit poliment : on allait examiner cette demande. L’Italie, elle, rejeta sèchement ces accusations. Le ministre de l’Environnement en poste, Carlo Ripa di Meana, prétendit qu’aucune entreprise italienne n’était impliquée dans de pareils trafics. Et l’affaire en resta là. Mais celles qu’on fait avec les déchets nucléaires ne firent que croître et embellir. Selon des témoignages somaliens, la décharge nucléaire située à proximité d’Obbia est surveillée, non par milices somaliennes, mais par des « soldats étrangers. » Selon des sources fiables, la France et les USA avaient déjà obtenu le feu vert pour construire une décharge nucléaire dans cette région dans les années 80. Le général Morgan, un seigneur de la guerre opérant dans le Sud de la Somalie, affirme lui aussi avoir reçu à Nairobi la visite de plusieurs représentants de puissances étrangères désireux d’obtenir son visa, qu’il dit avoir refusé, pour déposer leurs déchets nucléaires.
Mais les représentants du lobby de l’atome ne lâchèrent pas prise. Certains affirment que ce sont eux qui empêchèrent la conclusion rapide d’un accord de paix entre les divers mouvements de la guerre civile somalienne. Le PNUE n’échappa pas à leurs pressions. Johannes et Germana Dohnany affirment dans leur livre de 2002, Schmutzige Geschäfte und heiliger Krieg. Al-Qaida in Europa [Affaires louches et Guerre sainte. Al-Qaida en Europe], que le PNUE ne peut se passer des moyens financiers que les États membres mettent à sa disposition tous les deux ans.C’est pourquoi, disent les auteurs, il serait trop risqué pour le PNUE de se dresser ouvertement contre les pays industriels, ses principaux bailleurs de fonds. Cette affirmation est difficile à contester. De fait le PNUE n’a infléchi son attitude concernant le stockage illégal de déchets radioactifs en Somalie après la catastrophe du tsunami que sur un point : il a mis plus nettement l’accent sur les dangers que faisait peser sur l’environnement et l’être humain le stockage inconsidéré des déchets nucléaires. Effectivement le rapport du PNUE examine en détail les diverses retombées qu’a sur les forêts de mangrove, les récifs coralliens, la pêche et les nappes phréatiques, la dérive vers les côtes, au premier chef, des déchets nucléaires,. Les dommages causés aux hommes - certains en sont morts - ne sont, en revanche, que brièvement évoqués. Les rédacteurs se plaignent du reste de ne pas avoir pu enquêter sur place. C’est aussi une justification indirecte des conclusions bénignes du rapport, qui étudie surtout les conséquences des dégâts environnementaux et des effets du réchauffement climatique sur la biodiversité somalienne. Quant à ce qu’il doit advenir des êtres humains victimes d’une activité commerciale sans scrupule et orientée vers le seul profit - ce problème n’est pas abordé dans le rapport du PNUE. Condamner ceux qui tirent les ficelles, n’ont aucun scrupule à sacrifier des hommes et s’apprêtent aujourd’hui à transformer un pays, demain peut-être un continent entier, en poubelle radioactive, n’est même pas envisageable.
Mais que faire, quand le stockage des résidus dangereux coûte 250 dollars US la tonne en Europe et seulement 2,5 dollars en Afrique ? C’est du reste ce qu’on peut conclure du rapport du PNUE. Ce que l’on nomme « Agence internationale pour l’Énergie Atomique (AIEA) ne publie aucune donnée relative à la quantité de déchets produits par les plus de 430 centrales en activité. Mais c’est bien compréhensible. L’économie privée qui s’est emparée des organisations internationales a elle aussi ses règles. Et parmi elles, celle de « l’omertà »...
Source : http://www.castor.de/material/gorlebenrundschau/2006/quartal1/ausg1.html#Mülldeponie%20Afrika
Le Probo Koala
En août 2006, le Probo Koala, navire transporteur polyvalent, affrété par Trafigura, débarque 400 tonnes de déchets pétroliers à forte toxicité (résidus de raffinage trèss riches en composés soufrés volatiles) sur le port d’Abidjan, la Côte d’Ivoire est alors en situation de guerre civile. Ces déchets sont ensuite répartis sur 17 sites sans aucune protection à proximité d’habitations. Ils provoquent le décès de 12 personnes et plus de 5.000 sévères intoxications.
L’affaire devient alors une crise internationale : il faut agir et vite ! Sur intervention de l’ONU et du commissaire européen à l’environnement, les déchets sont rassemblés et ramenés en France, seul pays acceptant de les prendre en charge ; ils seront incinérés dans une usine spécialisée installée dans l’Isère. (cf. rapport de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques)
Trafigura est une société internationale de négoce en matières premières dont le siège social est à Lucerne, l’adresse fiscale à Amsterdam, le centre opérationnel à Londres ; en somme une société européenne qui devrait bien connaître les réglementations mais dont la stratégie semble conduire en fait à les contourner à tout prix, l’itinéraire rocambolesque du Probo-Koala, avant d’aboutir en Côte d’Ivoire, en atteste. Cette même société a certainement une très bonne assise financière puisqu’elle n’a pas hésité à négocier directement avec le président de la Côte d’Ivoire (mars 2007) le versement d’une indemnité de 152 millions d’Euro contre l’arrêt immédiat de toute poursuite judiciaire.
Comment sera utilisé cet argent censé servir à indemniser les victimes et à améliorer la sécurité sur les sites ? Nul ne le sait et la situation politique de ce pays n’offre aucune garantie pour une juste répartition. Dans cette affaire, Trafigura s’en sort pour l’instant beaucoup trop bien ! Comment en effet admettre en droit que ceux qui ont permis et autorisé de tels agissements ne soient pas poursuivis et sanctionnés ? Maintenant, seules les victimes sont en capacité de porter plainte, le feront-elles ?
Source : Pierre Thomé, http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=21223, mars 2007
Sources : Zeit-Fragen, Radio Afrika International & agoravox et Tlaxcala
Article original publié en 2006
Sur l’auteur
Michèle Mialane et Fausto Giudice sont membres de Tlaxcala, le réseau de traducteurs pour la diversité linguistique. Cette traduction est libre de reproduction, à condition d'en respecter l’intégrité et d’en mentionner les auteur, la traductrice, le réviseur et la source.
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