par Fausto Giudice, depuis Tunis, 15/3/2015
Au fil des années, le FSM a connu une évolution que ses initiateurs jugent négative: les partis politiques ont fait leur entrée dans le FSM à tous les niveaux, notamment à travers les fondations des partis politiques allemands qui les financent partiellement. Un des obstacles principaux à la réalisation de l'objectif initial – rassembler des mouvements réellement populaires de toute la planète – a été, comme toujours l'argent, ou plutôt le manque d'argent, qui a rendu les pauvres dépendants des riches, lesquels décident qui est digne de recevoir leur aide pour pouvoir se déplacer d'un continent à l'autre et participer à des telles rencontres. C'est ainsi que le projet d'organiser une délégation de l'Autre Colombie, réellement représentative des mouvements de lutte de base et non des habituels "représentants" qui se rendent à toutes les rencontres, a échoué face au mur d(e non-)'argent. Aucun des riches organismes de "solidarité" auxquels une aide a été demandée n'a accepté de donner le moindre centime pour un projet qui n'aurait pas coûté plus cher que ce qu'une dame de l'oligarchie colombienne gaspille en un week-end d'aller-retour de Bogotá à Miami ou Londres.
Stédile et Bergoglio |
Il y a donc convergence entre d'une part la stratégie de Bergoglio de
reconquête du continent Abya Yala par l’Église catholique, apostolique et
romaine, qui, ces dernières années, a perdu des millions de fidèles au profit
des églises évangéliques yankees "acculturées" localement et, d'autre
part, du MST de son parrain, le PT au pouvoir à Brasília, d'étendre l'influence
brésilienne au niveau continental et mondial en direction de "ceux d'en
bas", autrement dit le volet "social-mouvementistes" d'Itamaraty
(le palais de Brasilia qui est le siège du ministère fédéral des Relations
extérieures). Concrètement, ce la signifie qu'il n'y aura pas une grande
présence brésilienne à Tunis ni de délégations d'autres pays, financées par les
généreux donateurs brésiliens, en premier lieu PETROBRAS, la société pétrolière
publique, ni de Via Campesina, le syndicat paysan qui compte 17 sections
nationales et est largement dépendant du MST.
Désormais l'altermondialisme officiel parle latin… Pour les
Colombiens de L'Autre Colombie, l'urgence sera de parvenir à organiser d'abord
un mouvement des mouvements à l'échelle de leur pays, surmontant toutes les
différences régionales et les sectarismes et en cherchant les voies pour rester
autonomes par rapport à tous les centres de pouvoir, avant de se lancer dans
des assemblées continentales et mondiales. Et cette urgence n'est pas seulement
colombienne, elle est tunisienne, elle est africaine, elle est mondiale
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