Original : Wählt ungültig! Warum und wie?
Sur l’auteure
I POURQUOI voter nul ?
Dimanche nous aurons des élections, mais pas le choix. L’offre en matière de partis n’en comporte pas un seul qui pourrait au moins contribuer à rendre notre société plus humaine et la vie des gens vraiment un peu plus facile. Et encore moins un parti qui œuvrerait sérieusement à abroger le capitalisme ou du moins qui soutiendrait ce projet. L’offre consiste en un bloc de partis bourgeois : CDU/CSU, FDP, SPD,Verts et un parti qui s’autoproclame de Ggauche, mais ne souhaite rien tant que d’entrer dans ce bloc.
Non, le capitalisme n’est pas en crise, il est LA crise de milliards de gens. Il assassine et asservit. Il détruit la nature dont nous autres humains avons besoin pour mener une vie saine. Les calottes polaires fondent, la toundra se transforme en usine à poisons, le climat chavire, les mers indéfiniment surpêchées pourrissent sous les déversements toxiques, le réchauffement et l’avalanche des déchets, une ceinture de déserts enserre la terre. Un nombre inimaginable d’êtres humains ont faim, tombent malades, dépérissent et meurent. Même dans les centres capitalistes les ghettos s’étendent.
Lorsque, début 2009, des travailleur-se-s intérimaires furent viré-e-s par centaines de milliers, les syndicats ne lancèrent ni actions de solidarité ni grèves sauvages. Après les élections il y aura de nouveaux chômeurs par millions - quel que soit le gouvernement. Les partis de gouvernement, quelle que soit leur couleur, n’ont d’autre « pouvoir » que de jeter notre argent dans la gueule du capital, pas celui de lui dire « assez » ou de le « réguler » efficacement.
Si l’on veut entrer au gouvernement allemand, il faut d’abord dire oui au capitalisme et à l’OTAN. Et donc aux fondements du massacre de l’homme et de la nature.
La richesse ne provient que de deux sources, le travail humain et la terre - les ressources naturelles. L’essence du capitalisme, et là aussi Marx a raison, c’est de soumettre l’homme et la nature au meilleur compte et par là de les détruire tous deux. Si les conditions de l’exploitation capitaliste diffèrent d’un pays à l’autre, c’est que les histoires de ces pays et les stades de la lutte des classes y diffèrent. Je rappelle ce que le multimilliardaire Warren Buffett disait il y a deux ans au New York Times : « Nous sommes en pleine guerre des classes, c’est vrai, mais c’est la mienne, celle des riches, qui fait la guerre et qui est en train de la gagner.» Il parlait du capitalisme dans son état « normal », avant la crise.
La question n’est donc pas de savoir si nous voulons la lutte des clases, comme le supposent des gens pas très malins, car si nous ne nous défendons pas elle se déroule tout de même, mais menée par ceux d’en haut contre ceux d’en bas.
Nous vivons dans l’œil du cyclone, inondés d’informations-poubelle. Nos journaux télévisés nous parlent de veaux thaïlandais à deux têtes, d’accidents de bus, de tapis rouges, de limousines et de politiciens qui se serrent la main. On nous montre rarement les effets de notre politique « extérieure » et « de développement » ou les crimes commis par le capital allemand aux quatre coins du monde. De mon bureau, j’ai vue sur les deux tours de la Deutsche Bank à Francfort. La Chancelière a arrangé pour Monsieur Ackermann un déjeuner d’anniversaire, tous les politiciens et politiciennes de Francfort sont flattés lorsque des membres de la Deutsche Bank parlotent avec eux. Les crimes que commet la Deutsche Bank aux quatre coins du monde, directement ou indirectement (par le biais d’intrications diverses), ne les intéressent pas. Qui sait ici que la DB - pas dans le Tiers monde », mais à Cleveland, Ohio, USA - a fait expulser 7000 familles, et qu’on ignore largement ce qu’il est advenu des dizaines de milliers d’expulsés, en grande majorité des Afroaméricain-es ?
Si l’on croit que CDU/CSU/SPD/FDP/Verts/Linke nous protégeront contre le capital, on ne sait pas où l’on habite. L’État est un État capitaliste. Dans le Manifeste du Parti communiste Marx et Engels écrivent: « L’État moderne n’est qu’un comité de gestion des intérêts de la classe bourgeoise. »
Quand il y a conflit entre les partis de gouvernement, donc au sein du comité de gestion du capital, c’est essentiellement pour deux raisons :
1. Ces partis sont chacun proches de fractions différentes du capital (énergie, automobile, chimie par exemple)
2. Ils simulent des conflits pour faire croire aux électeurs/trices que l’alternance existe.
L’État capitaliste doit créer un ordre social qui garantisse la stabilité du capitalisme. Donc apaiser la lutte des classes menée par les salariés, et fournir au capital les infrastructures nécessaires. Sans résistance sociale, sans les mouvements ouvrier, féministe, écologique, pacifiste et de défense des droits humains nous n’aurions aucun des droits sociaux et démocratiques qu’il nous faut défendre aujourd’hui plus durement que jamais .
Certains des intervenants ont recommandé de voter « quand même » pour la Linke. Pour qu’elle se démasque lorsqu’elle sera au gouvernement, dit l’un, parce qu’elle est « moins pire » que les autres, prétend le suivant. Est-ce exact ? Non, la Linke est même pire sous certains rapports, parce qu’elle fait semblant d’être du côté des faibles, alors que, lorsqu’elle participe à un gouvernement, elle pratique une gestion humiliante et cynique de la misère, une politique de casse sociale et de destruction de la nature.
Si donc nous voulons « changer toutes les situations qui font de l’homme un être humilié, asservi, abandonné, méprisable» (Marx), il faut ébranler l’ordre établi et nous avons mieux à faire que de hisser nos adversaires à des postes et mandats.
Je ne suis pas une abstentionniste de principe. Il arrive que des gens de gauche puissent voter.
Cette fois ce n’est pas le cas.
II COMMENT voter nul ?
Peut-on/ a-t-on le droit de voter nul ?
Bien sûr. Et si on nous ôtait ce droit, nous le reconquerrions. Nous avons le droit de voter nul, même si, pour nous en empêcher, il n’existe pas de case « vote nul » sur les bulletins. Sauf toutefois pour le vote informatique, sinon le bulletin serait en non-conformité avec le droit.
Mais le bulletin de vote sur papier, lui, ne tient pas compte de votre droit au vote nul : il n’y a pas de case « nul » à cocher. Vous devez faire cela vous-même ! Inutile d’inscrire vos raisons ou des slogans sur le bulletin, au mieux l’un des scrutateurs le lira, et personne d’autre.
Comment voter nul ?
Version brève:
Dans l’isoloir faire une grande croix (de préférence au stylo à bille) sur tout le bulletin de vote.
Version longue :
Se rendre le 27/09 au bureau de vote, muni de sa carte de vote et de sa carte d’identité ou passeport. Si l’on n’a pas reçu de carte d’électeur, demander au service local des élections si l’on figure sur les listes. Ou se rendre simplement , le jour du vote, au bureau dont vous relevez (en cas de besoin se renseigner chez un voisin avec ses papiers d’identité), présenter sa carte d’identité et les commissaires chercheront votre nom sur la liste. Alors on vous donnera un bulletin.
Entrer alors dans l’isoloir. Faire une grande croix au stylo à bille sur tout le bulletin (voir plus haut). Le mettre dans l’enveloppe qu’on vous a donné et le déposer dans l’urne. C’est tout.
Résultat :
- Vous n’avez voté pour aucun des partis qui se mettent à genoux devant le capitalisme et prétendent après les élections qu’ils ont des idées de gauche mais que les « contraintes objectives» les forcent à soutenir le vol de votre salaire, la réduction des prestations sociales de tous ordres, les expulsions, le saccage de la nature, les humiliations qu’on vous inflige et l’exploitation et - par exemple- la guerre en Afghanistan.
- Vous avez protesté et indiqué clairement que vous saviez tout cela d’avance et que l’offre en matière de partis était si médiocre qu’aucun ne vous convenait.
- On ne peut vous reprocher d’être allé à la pêche à la ligne (si ce reproche vous touche), puisque vous êtes entré dans l’isoloir.
- Les votes nuls sont mentionnés dans les statistiques électorales officielles.
> Pour en débattre : Lire Jutta Ditfurth, Zeit des Zorns. Streitschrift für eine gerechte Gesellschaft. München: Droemer Verlag 2009, 272 S., 16,95 Euro
Source : jutta-ditfurth.de et blog.prinz.de - Wählt ungültig! Warum und wie?
URL de cet article sur Tlaxcala : http://www.tlaxcala.es/pp.asp?reference=8805&lg=fr
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