Sauf le respect que l’on doit à nos amis suisses et suissesses, entre faire la une de la presse mondiale, à commencer par la presse panarabe pendant de nombreuses semaines et celle, très récente, de la presse cantonnée à la Suisse, deux jours seulement, il existe une très sensible gradation, plus clairement dit un effet de dégradé, nom commun, comme le dit notre dictionnaire usuel : « affaiblissement nettement progressif d’un éclairage ».
Mountazer al Zaidi est le premier à savoir que jamais plus – à moins d’un nouvel exploit inespéré, mais c’est très improbable -- les projecteurs ne se braqueront sur lui comme ce jour du 14 décembre 2008, quand il lança ses chaussures sur le président George W. Bush, dans un geste live aussi improvisé que désespéré.
A son arrivée à Genève
Mountazer est depuis déjà plus de trois semaines en Suisse, et on a failli ne pas le savoir. L’ex-journaliste irakien, contrairement à toute attente, est arrivé incognito mardi matin 13 octobre 2009 à l'aéroport de Genève en provenance de Beyrouth, soit presque un mois jour pour jour après sa sortie de prison irakienne (après une détention de 90 jours, dont les premiers furent particulièrement musclés, selon son témoignage) et 10 mois après son exploit qui n’est toujours pas à la veille de quitter son orbite planétaire. Si un jour, avec le temps, il sortait du monde dit médiatique, entre web et youtube en passant par des blogs amis, ce sera pour entrer par la grande porte dans les livres d’Histoire mondialisés, à commencer par l’Encyclopaedia Universalis en vingt volumes et en vingt langues. Il devrait y faire son entrée dans la prochaine édition.
Mountazer « a encore beaucoup à faire dans son pays »
Accompagné de son frère Maytham, et muni d’un visa de touriste, il a été accueilli par son avocat genevois Me Mauro Poggia. Le visa accordé lui permettra de rester 90 jours en Suisse, où il souhaite créer une foundation qui aura pour objectif d'aider les civils victimes de la guerre en Irak. Il a par ailleurs retiré sa demande d'asile qu'il avait déposée en Suisse (il n'est en effet pas possible de demander un visa touristique et une demande d'asile simultanément. D’autre part, Mountazer aurait l’intention de rentrer dans son pays, « où il a encore beaucoup à faire »). Son visa est un visa Schengen à entrées multiples. Le journaliste irakien pourra donc se déplacer dans les autres pays européens de l'espace du même nom. Selon certaines sources généralement non autorisées, il pourrait passer la frontière avec la France en fin d’année pour un rendez-vous dont le lieu restera top secret jusqu’à l’ouverture des portes, le jour même.
Déjà fort d’une réputation de Guillaume Tell à l’irakienne, Mountazer aurait pu plus mal choisir que la Suisse.
La Suisse est bien le meilleur choix : dans ce pays on y vit dans la discrétion, la retenue, le climat est clément, on peut y prendre, selon son souhait, de la hauteur, son image demeure celle de la réussite économique et sociale, les étrangers (Turcs, Albanais, Bosniens, Croates, etc…) représentent environ 22 % de la population active (en comptant les saisonniers et les frontaliers), c’est la place forte de la finance internationale, le plus petit pays sur l’échiquier planétaire des grandes puissances , place forte aussi de Conventions, Accords, Conférences, Traités (généralement de Genève) et des sièges d’institutions internationale d’ordre économique, social et culturel, ainsi que d’ organisations humanitaires ou ONG mondiales ( la fondation de la Croix Rouge par H. Dunant ne date-t-elle pas de 1859).
Dans l’actualité, déjà attaquée dans les affaires UBS, Polanski et du secret bancaire, qui, on le sait, fait partie du patrimoine du pays au même titre que les montres, le chocolat au lait ou le fromage gras à pate dure, c’est une Suisse humiliée qui a manifesté plus que son inquiétude sur le sort réservé à deux de ses ressortissants, deux hommes d’affaires considérés comme « disparus » quelque part en Libye, après y avoir été déclarés « otages » en juillet 2008 probablement par des éléments non contrôlés. Depuis un mois, Genève n’a plus de nouvelles. Genève est en effet en grande délicatesse avec le colonel libyen Muammar al Kadhafi. Certaines sources qui ont préféré garder l’anonymat, font le lien entre cette longue prise d’otages et le traitement réservé par les autorités helvètes à un de ses fils, Hannibal, l’été 2008, trop longuement, à son gré, détenu dans un poste de police genevois pour une simple histoire sur la voie publique.
Et tout ça quel rapport avec Mountazer et son visa touristique ? Aucun.
Se sentant pour l’heure menacé en Irak, craignant pour sa sécurité, selon ses déclarations, sans préciser d’où pourrait venir le danger, Mountazer avait d’abord quitté l’Irak pour le Liban, sans passer par la Grèce comme il avait été annoncé peu après sa libération. « J'ai peur pour ma famille» à Bagdad, a-t-il souligné. Selon son avocat irakien, Me Dhiya al-Saadi, « même si de nombreux Irakiens soutiennent son acte, il est à la merci d'extrémistes de tout poil. Et d'autres fous qui voudraient faire de lui un martyr de la souffrance de tout un peuple».
«Il ne pourra plus travailler comme journaliste sans subir désormais de terribles pressions. Profilé à gauche, il se montre très critique vis-à-vis du gouvernement actuel en Irak qu'il juge trop soumis aux Américains. Sa vie peut devenir un enfer dans son pays», a-t-il ajouté.
Dès avant son procès il avait manifesté son intention de demander l’asile politique chez les Helvètes. «Une fois installé à Genève, cet homme, célibataire et sans enfants, pourra très bien travailler comme journaliste aux Nations Unies», indiquait alors pour sa part l’avocat genevois Me Poggia…
Mountazer aurait été en effet mal inspiré en débarquant à l’improviste (sauf le respect…) au Monténégro, en Ouzbékistan, au Schleswig-Holstein, aux Iles Aléoutiennes, en Alaska ou dans le Carcassès, contrées qui malgré leur attrait intrinsèque indéniable, ne réunissent pas toutes ensemble, ne serait-ce que deux des qualités de la solution suisse.
Il ne pouvait pas en effet se tromper de point de chute et commettre la moindre erreur dans sa nouvelle vie d’ancien -lanceur-de-chaussures. Il devait, il devra être à la hauteur de ce que l’on a écrit sur lui, comment en effet décevoir ceux qui, par exemple, ont mis en ligne sur vous et sur un site prestigieux, des louanges comme : « Il manquait peut-être à l’université de Bagdad un Unamuno irakien. Mais chaque époque et chaque pays produisent ses propres héros. L’Espagne de 1936 n’est pas l’Irak de 2003 et Franco n’est pas Bush. Pourtant le 14 décembre 2008 à Bagdad, un homme, Mountazer al-Zaïdi, s’est levé et a osé lancer ses chaussures sur Bush le président des États-Unis ! En Irak, Mountazer al-Zaïdi est devenu le symbole de la résistance à l’occupant ».
« Depuis Genève, (...) je lance un appel en faveur de mon peuple et j'annonce le lancement d'une fondation humanitaire pour mon peuple », a expliqué le lundi 19 octobre lors d'une conférence de presse à Genève l'ancien correspondant à Al-Baghdadia TV, vêtu d’un costume noir et d’une chemise couleur lilas. « Je pense aider les orphelins, les veuves avec des ateliers de couture et les déportés en priorité. Nous voulons construire des écoles, des hôpitaux, des centres médicaux, un centre pour remplacer les membres des personnes handicapées suite à cette guerre », a-t-il ajouté, lisant un court texte.
Cela s’apparente à des travaux d’Hercule, mais personne n’aurait le mauvais goût de dénigrer ces formidables projets humanitaires en faveur du peuple d’un pays où toutes les bonnes volontés sont les bienvenues.
Sa fondation qui s’appelle d’ores et déjà al Zaïdi Foundation possède déjà un site internet, www.alzaidifoundation.com, en anglais et en français (http://www.alzaidifoundation.com/?view=foundation&lang=fr), mais n'aurait pas encore été créée juridiquement. La version en arabe est en construction. La Fondation disposera au départ d'un capital de 50.000 francs suisses (33.000 euros) et sera de droit suisse, avec siège à Genève. Mountazer avait reçu de nombreuses promesses d’offres de donateurs, mais décida de ne rien accepter jusqu'à la création de sa fondation. Mountazer al-Zaïdi n’a pas donné de précisions sur la provenance des fonds qui financeront sa fondation, mais a indiqué vouloir « faire appel à tous les esprits libres du monde », ce qui constitue d’emblée un colossal potentiel, tellement les « esprits libres » sont une denrée hyper-majoritaire sur la surface du globe. « J’accepte tous les cadeaux et les dons en argent», a-t-il expliqué
Une demande de permis de séjour n'est pas exclue à la fin de la validité de son visa. Mountazer al-Zaïdi va-t-il rester définitivement en Suisse? « C’est un homme profond et désintéressé», a affirmé l'avocat genevois, qui a renoncé à ses honoraires pour lui venir en aide. Plus tard Mountazer, à peine la trentaine, aimerait trouver du travail, sans que l’on sache aujourd’hui quelle capitale aurait sa préférence, Genève ou Bagdad.
Sa notoriété, il faut le souligner, n'a pas facilité l'octroi du visa pour la Suisse, un visa si difficile à obtenir pour les ressortissants du tiers-monde. «Il devait abandonner sa demande d'asile pour obtenir un visa touristique», rappelle l’expert suisse Jean-Philippe Jutzi, qui a affirmé que Mountazer al-Zaïdi n'a pas bénéficié d'un passe-droit. «Sa demande de visa touristique a pris près de trois semaines», selon le journaliste suisse Olivier Kohler. Pour Me Mauro Poggia, ce qui a été déterminant, c'est la solvabilité de son client. «J'ai réuni des sponsors qui vont l'aider financièrement et dans la mise sur pied de sa fondation ».
Dans une interview exclusive accordée à la TSR, dès sa sortie de prison, le journaliste répondait aux questions de l’envoyé spécial Olivier Kohler: «J'ai vraiment envie de venir en Suisse parce que c'est un pays neutre et parce que c'est un pays qui n'a pas soutenu l'occupation de l'Irak. La Suisse (…) qui a une grande tradition démocratique, c'est un exemple pour le monde», a-t-il poursuivi. Le journaliste Vincent Dozé du Matin suisse commentait à cette époque : « Le journaliste irakien aimerait vivre chez nous. Mais son statut de héros ne lui ouvre pas les frontières et la célébrité à elle seule ne peut le protéger ». Dans l’immédiat, un touriste en Suisse, comme ailleurs, serait mal inspiré de s’adonner à des activités politiques déplacées. De l’humanitaire oui.
Et si Mountazer devenait un Robinson suisse, personnage illustre, héros du roman éponyme (1812) de l’écrivain suisse de langue allemande Johann David Wyss (Berne, 1743-818) qui relate l’histoire d’une famille suisse certes naufragée sur une île déserte, mais que sauva courageusement le père, excellent homme et qui sut prodiguer à ses enfants de sages conseils et de « proposer à leur dévotieuse admiration, l’infinie sagesse de la Providence », selon notre dictionnaire usuel.
Le 15 octobre dernier, sur le site leMatin.ch (ch, de Condéfération Helvétique), Michel Jeanneret a publié (08h45) un entretien où l’émotion le dispute à la lucidité.
Nous en publions de très larges extraits car il s’agit de la première interview de sa nouvelle vie post lancer-de- chaussures. « Mountazer al-Zaïdi est une véritable star. De celles que l’on approche avec respect et admiration. Et pour cause, cet homme de 30 ans est celui qui a osé le geste devenu l’un des plus célèbres du monde. Un geste libératoire pour des millions de personnes, mais qui aurait pu lui coûter la vie. C’était le 14 décembre 2008.
Lorsque nous l’avons rencontré hier, le journaliste irakien a tout d’abord dû signer des autographes, serrer des mains, se faire prendre en photo par des passants. Exténué, le corps encore marqué par les violences subies dans la prison irakienne qu’il a quittée il y a exactement un mois, Mountazer al-Zaïdi se trouve aujourd’hui à Genève dans un seul but: promouvoir une fondation censée venir en aide à son peuple.
Vous semblez très marqué, vous marchez lentement. Comment vous portez-vous?
Tout mon corps me fait mal. Comme vous le voyez, les gardiens de la prison dans laquelle on m’a enfermé m’ont cassé une dent lorsqu’ils m’ont donné des coups de poing. On m’a également cassé le petit orteil avec une conduite en métal et je porte encore d’autres marques de mon séjour là-bas.
Avez-vous été torturé pendant les neuf mois que vous y avez passés?
Non, on m’a frappé et maltraité les trois premiers jours. Mais vous savez, je ne désire plus évoquer cet épisode pénible. J’aimerais essayer de l’oublier.
Et sinon, comment vous portez-vous moralement? Etes-vous soulagé d’être sorti de là et de vous retrouver à Genève?
Je vais vous dire: ma plus grande peur en me levant chaque matin, c’est que tout cela ne soit qu’un beau rêve et que je sois en fait encore en prison. Je suis toujours très marqué par tout cela.
La question que tout le monde se pose, c’est: qu’est-ce qu’on ressent au plus profond de soi quand on balance une chaussure sur George W. Bush?
Le sentiment d’envoyer un véritable message, un message très fort. Un message?: Oui, et c’est la raison pour laquelle beaucoup de monde me demande des autographes et me félicite aujourd’hui.
C’est-à-dire?
Pour ces gens, je suis la personne qui a dit non aux Etats-Unis. C’était un geste fort, alors que l’ensemble des dirigeants du monde arabe et ceux du monde entier d’ailleurs n’ont pas pu – ou pas osé – dire ce qu’ils pensaient réellement de Bush. Moi, un petit citoyen normal, j’exprimais de manière symbolique ce que tant de gens pensaient. Avez-vous eu le sentiment de venger le peuple irakien, à ce moment-là? Non. Les Irakiens ne sont pas un peuple qui appelle à se venger et j’aspire moi-même à la paix. Je vous l’ai dit, il s’agit d’un geste symbolique de mécontentement.
La question peut vous paraître cocasse, mais regrettez-vous que Bush ait pu esquiver vos deux jets de chaussures?
Au contraire. Je suis plutôt content de ne pas l’avoir touché, puisque je ne voulais pas commettre un acte violent. Ce que je regrette, par contre, c’est de ne pas avoir retrouvé mes chaussures (il rit).
Votre acte était-il prémédité ?
(Il ne répond pas.)
Vous étiez conscient de ce que vous risquiez, quand vous avez lancé ces chaussures ?
Oui, je savais que je commettais un acte qui pouvait mettre ma vie en danger. Mais c’était trop fort, je devais le faire.
Et pourquoi? Vous pensez vraiment que cela a servi à quelque chose?
Je ne sais pas, mais je m’y emploie aujourd’hui. Mon peuple s’est fait massacrer par George W. Bush! Et la souffrance se poursuit pour les survivants. L’Irak aujourd’hui, ce sont 5 millions d’orphelins, 1 million de veuves et 3 millions de handicapés. C’est pour eux que je crée une fondation. Pour leur venir en aide et traduire l’ancien président américain en justice.
Traduire George W. Bush en justice! ?
Oui. Il y a en Irak deux millions de personnes derrière moi qui sont prêtes à signer une pétition allant dans ce sens.
Sincèrement, n’avez-vous jamais regretté ce geste?
Jamais. Si c’était à refaire, je le referais. Au prix de ma vie.
Le 1er octobre, un disciple de Mountazer, un étudiant turc lui n’a pas risqué sa vie en lançant une basket blanche en direction du Directeur général du FMI, M. Dominique Strauss-Khan, qui s’exprimait à l’université d’Istanbul. Alors qu’il terminait de disserter sur l'économie mondiale devant un parterre d'étudiants de l'université Bilgi, M. Strauss-Kahn qui a évité de justesse la basket, s'est réjoui du fait que le lanceur de chaussure ait « attendu la fin » du débat pour l'interrompre. Il a fait savoir immédiatement qu'il n'allait pas porter plainte.
Coup de pub ?
Le fait que l'«attentat» ait eu lieu en Turquie suggère peut-être une autre piste, moins politique. Serkan Türk, directeur turc des ventes de la marque Baydan, avait fait fortune en prétendant être le fabricant du modèle utilisé par al-Zaïdi. Une centaine d'ouvriers avaient du être embauchés pour répondre aux innombrables commandes reçues du monde entier. Dans la foulée de ce beau succès commercial, il est donc possible que l'habile entrepreneur ait décidé de réitérer son formidable coup marketing dans le secteur de la chaussure de sport. Il serait en outre assez logique qu'il ait choisi le directeur du FMI pour relancer sa croissance économique. Après tout, Istanbul, c'est Byzance. Ah Internet, on y trouve de tout. En voilà un exemple, qui montre que tout peut être tourné en dérision.
Je répète ma question : à qui appartient cette chaussure ?
Le lundi 18 octobre, un étudiant iranien a osé jeter une de ses chaussures à la face de Mohammad Hossein Saffar Harandi, ancien ministre de la Culture du gouvernement de Mahmoud Ahmadinejad, lors d’une manifestation dans un amphithéâtre. « Assassin, dehors », « Mort à toi », ont scandé les étudiants, en voyant l’homme politique poursuivre son discours.
Si le début du séjour de Mountazer à Genève a eu lieu sans tambour ni trompette, l’autre partenaire duettiste fameux du 12/14, ex président élu depuis maintenant près d’un an, ne manque pas une occasion de se faire remarquer. Il fait toujours recette. Si les blagues anti-Bush ne font plus rire personne, les blagues de Bush –dont il a le secret- n’ont pas pris leur retraite et il est vraisemblable que le recueil de ces blagues, de toutes ses blagues, les bonnes et les moins bonnes depuis plus de dix ans, constituera la pierre de touche de huit ans de présidence.
Certes le 22 octobre, il fut ovationné par quelques centaines d’hommes et femmes d'affaires qui avaient payé jusqu'à 400 $ pour l'entendre parler, quelques blagues y compris, mais dans les rues de Montréal, il a reçu un tout autre accueil. Environ un millier de personnes s’était regroupé devant l'hôtel Reine Elizabeth afin de dénoncer, à coups de slogans et de lancers de chaussures, la première visite de George W. Bush, comme ex.
«Bush terroriste, Chambre de Commerce complice», ont scandé les manifestants massés devant le chic hôtel où Deubeulyou prononçait ce qu’il est convenu d’appeler généralement un « discours » ou « conférence », organisée en l’occurrence par la firme privée Paiements optimal en collaboration avec la Chambre de Commerce de Montréal. Diverses associations avaient appelé à la manifestation, comme Québec solidaire, la Ligue des droits et libertés, le collectif Échec à la guerre et la Fédération des femmes du Québec. Tous ont dénoncé hier la guerre en Irak et l'utilisation de la torture par les autorités américaines, deux initiatives de George W. Bush.
Bush sera toujours Bush. On n’y changera rien. Aujourd’hui encore, il ne fait aucun effort pour être lui-même et reste en mesure même de surprendre. Tout nouveau faux pas ne peut lui être -- au point où il en est-- que « bénéfique ».
« Show me your shoe and I shall surely show no shame »
(Allitération intraduisible.Trad. littérale : Montrez-moi votre chaussure et je ne montrerai certainement pas de honte) aurait déclaré, parait-il, George W. Bush après l'incident des chaussures. Déclaration jamais confirmée. On ne prête qu’aux riches.
(Allitération intraduisible.Trad. littérale : Montrez-moi votre chaussure et je ne montrerai certainement pas de honte) aurait déclaré, parait-il, George W. Bush après l'incident des chaussures. Déclaration jamais confirmée. On ne prête qu’aux riches.
S’il n’y fait pas attention, à l’inverse, Mountazer est menacé d’être avalé par ce phénomène impitoyable qu’est l’anonymat. Etre désormais « l’ex-lanceur-de-chaussures » ne représente aucune garantie marketing durable. Et tout faux pas, demain, lui serait probablement fatal. A travers une seule déclaration mal contrôlée, une seule mauvaise fréquentation répétée, un seul rendez vous miné et accepté en toute innocence…Tenez par exemple chez les antisionistes (des gens biens) il n’y a pas que des gens biens. On pense notamment à un ancien comique qui a mal tourné en France…que l’on sait nettement moins sur scène que dans des salles d’audience, qui… …que…Sous la dictée de l’ex comique, un blogueur-ami vient d’annoncer : « Pour ce qui est des dates à venir, il ne faut pas oublier que … (gommé par nous) va bientôt donner à Paris son habituel spectacle de fin d'année qui promet d'être aussi intense que celui de l'année dernière avec notamment la venue de Mountazer al-Zaïdi, le courageux journaliste irakien qui, lui aussi, a marqué l'histoire en lançant ses chaussures à la tronche de la marionnette sanguinaire Bush. À ne pas manquer ! »
Et si le pire arrivait…On a connu dans le passé d’autres cas. Quand par exemple notre cher et bon Abbé Pierre, mondialement connu, franchement égaré, s’est fourvoyé – un temps - chez des révisionnistes.
Certes ce n’est pas demain – on l’a vu et confirmé depuis dix mois- que le titre glorieux de Mountazer pourrait être remis en jeu. Dans une enquête intitulée « Que reste-t-il des années 2000 ? » où 18 artistes, designers, écrivains et sociologues de diverses nationalités, ont été invités à choisir un mot et un objet chacun pour symboliser la décennie, l’écrivain et chercheur français au CNRS, Christian Salmon a retenu comme « objet » « les chaussures de George W. Bush ».
Voici ce qu’il en dit : « Bush a terminé son mandat comme il l'avait commencé : sous le signe de la chaussure. Lors des cérémonies d'investiture, il avait exhibé une paire de bottes texanes brodées des initiales GWB. Le geste du journaliste qui a lancé ses chaussures au front présidentiel a donc tout d'un effet boomerang... C'est le retour du refoulé qui se manifeste, celui du « foulement » justement... Qui a vécu par la botte périra par la botte. A trop célébrer le signe martial du « foulement », on risque d'être humilié par la vertu carnavalesque de la semelle. Un geste qui restera dans les livres d'histoire comme le « vase de Soisson » ou « le coup d'éventail » du dey d'Alger ».
Quelques minables tentatives de remakes n’ont jamais terni le génial 12/14. On ne répètera jamais assez que ce jour là, un duo, un show dual, bicéphale, bidonnant, une relation binaire, bipolaire, un couplé gagnant, unique au monde, a fait une apparition foudroyante, fracassante et indélébile, est venu s’arrimer sans coup férir aux prestigieux, entre tant d’autres, Paul et Virginie, Roux et Combaluzier, Laurel et Hardy, Tenon et Mortaise ou encore Lea and Perrins, Tom and Jerry…Indissociables, à jamais. Et avec happy end, tout est bien qui finit bien.
Il est sûr par ailleurs que si un jour Mountazer, plus jeune, avait eu une subite poussée d’adrénaline, avec en face de lui non l’auguste (adj. et n.m.) G.W. Bush en fin de carrière, mais le vénérable Saddam Hussein, au sommet de sa forme, Al Zaïdi n’aurait jamais pu fouler aujourd’hui le tarmac de l’aéroport de Genève, pour prendre un exemple.
De toute façon, personne n’en aurait jamais rien su. A la rigueur, une paire de chaussures aurait été déposée aux Objets perdus.
Rappelons aussi que dix mois plus tard, personne n’a jamais pu ne serait-ce qu’imaginer, envisager, l’exploit qui pourrait détrôner le face à face Mountazer-Bush. Sauf si un jour très improbable Barack Obama parvenait à entarter Oussama Ben Laden. Existe-t-il d’autres face à face aussi inouïs, hors du commun ? Notre imagination là flanche.
Mais attention, dans un tout autre domaine, d’ores et déjà, un Irakien est en train de se tailler la part du lion, un fonds commercial, un franc succès, avec ce même concept de « cible »…sauf que Waafa Bilal l’Irakien est lui même la cible soit le « le méchant » et sauf que le(s) tireur(s) sont des internautes de tous les coins du monde, et les chaussures …de la peinture jaune lancée au pistolet.
Un Irakien dans le rôle de la cible
La performance « Domestic Tension » qui lui a valu « le titre d’artiste de l’année » (Chicago Tribune) a duré un mois, 24 h x 24 : au total 65.000 tirs …virtuels.
Indigné à sa façon par la déshumanisation de la conduite de la guerre, l’artiste a raconté cette expérience dans un livre récent « Shoot and Iraqi. Art, life, and Resistance Under the Gun » publié chez City Light. Certes, il est Irakien devenu citoyen US, il n’a pas attendu le 12/14 pour être célèbre, il a déjà exposé dans le monde entier, il enseigne à la New York University. Pour en savoir un peu plus sur ce méchant - Irakien-cible, il a fallu avoir entre les mains le quotidien italien Il Manifesto du 14 mars 2009. La journaliste Beatrice Cassina raconte.
Pendant un mois, Wafaa s’est enfermé dans une petite « cellule » placée dans une galerie de Chicago, la Flatfile. Wafaa était dans le collimateur d’internautes à travers une webcam, lui tirant dessus avec un pistolet de paint-ball chargé de peinture jaune, qui se déclenchait grâce aux impulsions provenant du site Internet créé à cet effet Vous suivez ? Les visiteurs pouvaient lui parler, dire ce qu’ils avaient sur le cœur et lui apporter quelques provisions de bouche, selon les vœux du performer.
Beatrice Cassina précise : « Bilal n’entendait pas devenir une vedette du monde du spectacle, mais comprendre comment le monde allait entrer en relation avec un homme devenu, le temps de la performance, un « ennemi virtuel » irakien ».
Wafaa a l’âge d’avoir été un jeune Irakien sous Saddam Hussein, pendant la guerre Iran-Irak et la (première) guerre du Golfe 1990-1991, il a passé deux ans dans des camps de réfugiés au Koweït et en Arabie Saoudite, avant d’obtenir en 1992 l’asile politique aux USA. Bilal est donc aux USA quand George W. Bush attaque et occupe sa terre natale (mars 2003).
Ainsi « Domestic Tension » est né d’une réaction à l’invasion US de l’Irak et à l’assassinat de son père et de son frère restés au pays. Mais ce n’est que 4 ans plus tard, que Wafaa se met à l’œuvre, quand il apprend qu’une militaire, une soldate US a pour mission de lancer des bombes en Irak via le clavier de son ordinateur…au Colorado… Comme jouant à un jeu vidéo de la mort… Dans son journal reproduit dans le livre, il évoque aussi ses rencontres avec le public réel, qui s’est déplacé pour lui rendre visite à la galerie, sans oublier les internautes qui n’ont pas voulu jouer « le jeu » et ont pris sa défense, prenant partie contre la guerre.
Pour le Chicago Tribune, « Domestic Tension » a été « une des œuvres d’art politique les plus fortes de ces dernières années ». Selon Wafaa « l’idée maîtresse de la performance consistait à placer ceux qui jouaient face à leurs responsabilités » et pour la Cassina « Bilal souhaitait ainsi jeter les bases d’une réflexion sur les conflits qui se déroulent loin de notre monde ».
Jews and Shoes
L’occasion est bonne (sans être forcément bienvenue pour tous) pour rappeler une autre histoire, toujours par le petit bout de la lorgnette qu’est une paire de chaussures: un groupe d’experts, de folkloristes et d’historiens de la culture a entrepris de raconter …l’histoire juive, eh oui juive, par …la chaussure. Qu’elle soit « biblique », « errante », « cinématographique », ou voire « israélienne ».
C’est le magazine Books (juin2009) qui met l’accent, sur deux pages, sur « La chaussure du Juif errant ». Selon sa façon habituelle de travailler, ce magazine français qui ne présente que des livres de l’actualité, non français et non traduits, reproduit, en l’occurrence, un texte paru dans le US Book Forum (février 2009) que signe Rhonda Lieberman, artiste et auteure newyorkaise, et portant sur le livre « Jews and Shoes » écrit sous la direction d’Edna Nahshon, chez Berg Publishers.
Une démarche pour le moins inattendue, qui n’a pourtant rien d’anecdotique, écrit Books qui ajoute : « Depuis que Dieu demanda à Moïse d’ôter ses chaussures pour fouler le sol de la Terre Sainte, il ne s’est guère passé d’évènement sans qu’une chaussure quelconque incarne un pan de l’histoire juive. Un récit insolite et édifiant, parfois drôle, souvent poignant ».
« De la Bible à Ben Gourion, en passant par Lubitsch, la chaussure a toujours été au centre de l’histoire juive. « Jews and Shoes », livre surprenant, le raconte ».
Pour Rhonda Lieberman, il ne faut pas s’en tenir, et de loin, à l’histoire, dès sa première apparition, de la première « Princesse juive américaine » (JAP) qui « communie chaussée d’une paire [d’escarpins] marque Manolo- Blahnik dans le saint du saint du luxe qu’est Bergdorf Goodman, sur la 5 e Avenue ». A savoir que l’expression JAP « désigne péjorativement le prototype de la jeune fille issue d’une riche famille juive. Enfant gâtée, elle est matérialiste, égocentrique, superficielle ».
Bien avant, naguère, il y a vraiment très longtemps, « les Juifs goûtaient déjà les subtilités métaphysiques et les raffinements théologiques de la chaussure », s’empresse d’ajouter l’auteure newyorkaise.
Auteure d’un texte de ce « curieux » et complexe recueil collectif, Ora Horn Prouser considère que l’errance et la mobilité font « tellement partie de la pensée biblique que les chaussures en viennent à symboliser (…) la protection et le soutien nécessaire de Dieu en ces temps d’exode ». Pour R. Lieberman « loin de n’être qu’un élément de la tenue vestimentaire, les chaussures sont aussi le vecteur de l’exil hors de la présence divine ». Goys, vous suivez ?
Pour sa part Rivka Parciak révèle de son côté, que des stèles de cimetières juifs d’Ukraine en 1840 ont la forme de souliers …Il est vrai que pour ceux qui en savent plus qu’un bout sur l‘histoire juive, l’année 1840 est celle où, dit-on, les Juifs seraient rachetés et marcheraient sur Sion en …mocassins.
Les chaussures ont par ailleurs une grande importance dans la Kabbale. Les Anges …Sandal, pourrait-on résumer, y sont décrits comme les souliers de Dieu, « car ils jouent le rôle de séparateurs et de filtres entre les mondes spirituel et matériel ». Un peu trop théologique ? Car c’est « à travers ces chaussures que l’intensité écrasante de la puissance divine est atténuée, l‘empêchant d’atteindre la révélation ». Elémentaire non ? Dans un tel contexte, le pied est la présence divine et la chaussure le protège du profane…
Plus clair : un mémorial hongrois le long du Danube offre une interminable procession de bottes et chaussures en bronze, là où ceux qui les portaient furent abattus et noyés.
Passons au mythe moyenâgeux du Juif errant : c’est en fait une pure histoire de chaussures. Cordonnier condamné à parcourir la Terre pieds nus, il incarne « l’existence irrésolue des Juifs » en Diaspora. La fabrication de souliers devint une métaphore de l’existence terrestre des Juifs…Ils représentent ainsi l’ancrage physique de l’Elu ou son absence d’ancrage, dans un monde « créé par l’exil ». Pour mieux saisir, il faut lire de Shelly Zer-Zion « La chaussure de l’errant ». Orna Ben-Meir dans « La chaussure israélienne », évoque les bonnes « chaussures métaphoriques pour ramener le peuple juif dans l’histoire des nations vivantes ». La chaussure devient « égalisatrice » ou « partagée » dans l’étude de Ayala Raz.
Aussi étonnant, on apprend que dans les proverbes yiddish, les cordonniers et la fabrication de chaussures occupent une place majeure. Le proverbe préféré de R. Lieberman est le suivant: « Si tu veux oublier tous tes soucis mets une paire de chaussures trop petites ».
Une comédie (de Sammy Gronemann) est dédiée à la chaussure, « Le Roi Salomon et Shalmai le cordonnier », présentée comme la première comédie musicale israélienne. A ce propos, Dorit Yerushalmi écrit que le cordonnier « étudie les empreintes de la vie sur les chaussures des gens et les répare ». Même si les cordonniers dans l’estime publique, se situent un cran au dessous des tailleurs et des aubergistes. Toutefois ils ont tout de même inventé plus de six cents mots yiddish liés au métier, rivalisant ainsi avec le nombre d’épithètes pour « perdant ».
Pour les cinéphiles, R. Lierberman rappelle que le premier succès (allemand) du cinéaste Ernst Lubitsch (1892-1947, ah To be or Not to Be, 1942) fut « Le Palais de la chaussure Pinkus » (Schuhpalast Pinkus, 1916). Fils d’un tailleur de la classe moyenne berlinoise, il commença sa carrière en caricaturant les immigrés de fraîche date d’Europe de l’Est. Dans « la chaussure de cinéma », l’auteure Jeanette Malkin note que ses premiers films –aujourd’hui perdus- seraient jugés comme « l’œuvre la plus antisémite jamais réalisée si …Ernst Lubitsch n’avait été juif lui-même ».
Schuhpalast Pinkus
Le point d'orgue, selon R.Lierberman, du Palais de la chaussure Pinkus est un fabuleux défilé de mode du soulier (un des premiers exemples de publicité-produit au cinéma). Synopsis : Sally Pinkus, malicieux arriviste (interprété par Lubitsch), est mis à la porte de son premier petit boulot de vendeur pour avoir refusé de s'occuper d'un client aux chaussettes trouées.
Possédant le don inné de la publicité (bobards et flatterie), il propose ses services en décrivant ses propres traits, peu attrayants, comme « éblouissants » et déclare que « seuls les établissements de première classe seront pris en compte; toutes les autres propositions seront jetées à la poubelle ». Il séduit une cliente célèbre en faisant une évaluation de courtoisie de la taille de ses mules. Et elle soutient en retour son Palais de la chaussure haut de gamme, où il triomphe en imprésario, soudain affable, d'un spectacle de souliers : Sally « vante chaque paire tandis que la caméra s'attarde sur le moindre talon et autre boutonnière aux formes tellement citadines, ornées de boucles et de lacets ». Dans le théâtre du petit commerce du XX e siècle, Lubitsch fait de la chaussure une vedette, et le moyen pour son Juif de baratiner pour se hisser au sommet.
« Écrire sur les sandales paraissait une activité universitaire marginale, songe Orna Ben-Meir, experte reconnue de la mode sioniste. Il est dans la nature paradoxale de ce type de parure d'être perçue comme minimale tout en étant hautement symbolique, et révélatrice de la psyché israélienne. » J'ai, moi aussi, été étonnée, conclut Rhonda L., de voir comment ce sujet, a priori digne d'une simple note de bas de page, a débouché sur une véritable étude d'un peuple. À suivre : les Juifs et le porte-monnaie? » Ce « A suivre : les Juifs et le porte-monnaie ? » est bien de Rhonda Lieberman. On dirait presque du Woody Allen. Dans notre dictionnaire usuel (édition 2010) au mot humour ( p. 1258) on renvoie à trois formes de cette « forme d’esprit », « l’humour noir », « l’humour anglais » et « l’humour juif ». L’humour n’est pas à confondre avec « histoires », qu’elles soient belges, marseillaises ou juives.
Sans vouloir faire le tour du sujet « la chaussure, ses œuvres et ses pompes » et sauf le respect du à Mountazer, même dans son statut d’ex-lanceur de chaussures, on ne peut, à ce stade de notre étude, éluder , escamoter un (autre) …french paradox : le plus grand « espace chaussures « de toute la planète -3200 mètres carrés—loin devant ceux de New York ou Londres est à Paris, sur un des Grands Boulevards…On y achète une nouvelle paire – pour femme et pour homme- toutes les 30 secondes…Avec six achats par an (en boutique ou sur le net avec spartoo.com, messouliers.com, shoes.fr ou encore labonnepointure.com ), les Français sont les plus gros consommateurs d’Europe ( les deuxièmes au monde, derrière les USA c’est vrai) Près de 17 % de Françaises et Français possèdent plus de vingt paires… Les Françaises n’hésitent pas à dépenser une moyenne de 50 euros pour un achat de paire de ville. On dit qu’Amazon pourrait débarquer en 2010, avec ses cyber-souliers, en France où actuellement le site numéro un (sarenzo.com) a le vent en poupe (aux Us, le site Zappos a dépassé le milliard de dollars de chiffre d’affaires). Non seulement la chaussure ne connait pas la crise, mais est actuellement « l’accessoire » (féminin mais aussi masculin) le plus novateur : on y trouve des clous, de la dentelle de cuir, de la résille, du tweed, du satin, du python, du vison, de l’imprimé à fleurs, du plastique transparent, du bleu pétrole, du fuchsia, des talons (pour dames) qui dépassent les 15 centimètres, etc…Pour le dire autrement, un nouveau modèle est lancé tous les six jours.
Depuis un an, le modèle Al Zaidi a vieilli, il a pris au moins 50 ans. Elle restera probablement dans les mémoires aussi pour cela même, être le modèle d’une époque, d’un style de vie, d’un budget. Jusque là plutôt noire ou plutôt marron (huit paires sur dix) depuis que la chaussure est la chaussure, celle d’aujourd’hui, du moins dans les pays où on n’est pas regardant sur le nombre de zéros sur l’étiquette, a « explosé ». Comme dit la journaliste-essayiste Nathalie Funès « aujourd’hui rien ne ressemble moins à un soulier qu’un autre soulier ». Là tout est dit. A fortiori quand on précisera qu’on attend toujours le lancer féminin.
Certains sociologues ou experts es consommation avancent l’hypothèse que les futures générations Mountazer, qui ne sont pas à la veille de s’éteindre, réfléchiront à deux fois avant de choisir la paire qui fera l’objet de leur lancer. Par ailleurs, selon les dernières statistiques, publiées par la FMCVS (la Fédération mondiale de la chaussure de ville et de sport), le lanceur, depuis le lancer du 14 décembre 2008, n’a jamais pu récupérer l’objet du délit, la paire ou l’unité (une de lancée deux de perdues) .
Nous ne saurions terminer notre exposé sans mentionner « la nouvelle chaussure qui fait fureur ». Chaussure vraiment ? Oui dans la mesure où elle couvre le pied (on le rappelle, 26 os, 33 articulations et plus de 100 muscles), même de manière bizarroïde. Pas tout à fait quand on apprend qu’il s’agit d’une simple semelle de caoutchouc qui s’enfile comme un gant pour cinq doigt de pied, nu… Pas des moufles, un gant… Son nom ? Les FiveFingers. Etonnant non ? Son designer ? Un jeune Italien, Robert Fliri, un passionné de la marche, de la randonnée, et pour la place qu’occupe le pied dans les cultures. Le lieu de lancement : Brooklin. Un essayiste ? « really cool, on ne marche plus, on flotte, on vole, on se prend pour Mercure avec ses sandales ailées ». Elle fait un malheur aux USA. Un malheur ne vient jamais seul.
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