par les FARC-EP, 21/6/2010. Traduit par Esteban G., édité par Michèle Mialane et Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : Colombia: la victoria de Santos es el triunfo ilegítimo del continuismo
Le régime d’Uribe a été la plus importante tentative d’imposer par la violence un projet politique ultralibéral d’extrême-droite fondé sur le para-militarisme. Son gouvernement restera dans l’histoire comme l’un des plus honteux de ces dernières décennies, le pire assassin de sa population civile, le plus à la botte des USA, et de ce fait, le plus grand générateur d’instabilité dans les relations avec les pays voisins.
Pendant ces huit années, c’est le mensonge et l’imposture, la manipulation et la tromperie qui ont gouverné. Uribe et les partisans de la continuité de son régime ont fait croire que sa politique garantissait la sécurité de tous les citoyens, alors qu’en réalité elle protégeait, par la répression, les profits des secteurs d’investissements privilégiés, qui ont accru le chômage et la pauvreté. Ils ont fait croire que défendre la souveraineté voulait dire remettre les clés de la nation au gouvernement de Washington et transformer la Colombie en un pays occupé par l’armée d’une puissance étrangère. Ils se sont débrouillés pour annoncer qu’ils mèneraient avec acharnement la lutte contre le narcotrafic alors que le président Uribe lui-même, le DAS [Département administratif de sécurité, service de renseignement, NdE] et le général Naranjo, ont un long passé de liens avec la mafia du narcotrafic. Ils disent au pays qu’il n’y a pas de guerre ni de conflit armé, mais il y a le Plan Patriote et l’invasion yankee…
La réalité de la sécurité démocratique, ce sont les faux positifs et l’impunité. Elle est ce qui permet d’élire un Président qui a été le ministre de la Défense le plus actif à promouvoir ces crimes contre l’humanité, et de distribuer les terres à l’agro-industrie paramilitaire, car celle-ci, bien sûr, a financièrement les reins solides, ce qui n’est pas le cas des paysans pauvres. La sécurité démocratique, c’est aussi allouer l’argent public -ou être assuré d’en faire cadeau - aux chefs d’entreprises de l’agro-industrie qui ont financé les campagnes électorales. La sécurité démocratique, ce sont les fosses communes contenant plus de 2000 cadavres, comme celle qui se trouve près de la base militaire de la Macarena, ainsi que les 4 millions de paysans déplacés par la violence de l’État. C’est le mensonge qui proclame la fin de la guérilla bolivarienne des FARC-EP alors que la vitalité de cette organisation l’inquiète et qu’elle mène un farouche combat pour une Colombie nouvelle comme elle l’a bien dit dans ses communiqués militaires du mois de mai. La sécurité démocratique, c’est modifier la Constitution pour l’adapter à des intérêts particuliers lorsque c’est nécessaire, c’est disposer d’une majorité factice dans le Congrès et fragiliser l’autorité du Parlement grâce à la claque des inconditionnels. C’est aussi distribuer des postes, des charges et des contrats, et profiter de son passage au gouvernement pour s’enrichir sans aucun état d’âme.
La défense abjecte du militarisme à laquelle s’est livré Uribe et son appel à créer de nouvelles lois qui garantiraient l’impunité aux militaires, annoncent ce que va être la présidence de Juan Manuel Santos. Ses lamentations cyniques et ses gémissements hypocrites en faveur d’un tortionnaire-assassin comme Plazas Vega, des grands chefs militaires et de l’ex-président Belisario Betancur, tous responsables du massacre du Palais de Justice, prouvent avec une évidence pathétique qu’il cherche dès maintenant à se protéger contre de futures accusations portées contre lui. Et c’est évidemment une façon d’arrimer le narco-paramilitarisme à la tête de l’État, avec les garanties légales de pouvoir continuer à faire disparaître, torturer et assassiner les opposants au régime. Le « code militaire » réclamé par Uribe est une patente à l’impunité des criminels comme le démontre l’histoire récente de la Colombie.
Le Président, en prenant ardemment la défense de l’ex-directeur de la DIAN [Direction Nationale des Impôts et des Douanes] et de « l’UIAF » [Unité d’Information et d’Analyse financière], M. Mario Aranguren, qui avait commis des délits en faveur d’Uribe et certainement sur ses ordres, montre bien la nature de celui qui tient toujours à occulter, non seulement son passé criminel, mais aussi les bassesses honteuses auxquelles il s’est livré en tant que gouvernant.
Nous entamons une nouvelle période de quatre ans dans laquelle va se poursuivre une offensive oligarchique tous azimuts contre le peuple, drapée dans de douces mais trompeuses promesses officielles de victoire militaire [contre la guérilla], sans cesse répétées pendant 46 ans, sans se soucier des causes qui génèrent le conflit et encore moins s’engager à les combattre.
La profonde crise structurelle dont souffre la Colombie n’a pas de solution dans le continuisme. L’extrême-droite néolibérale, qui croit encore qu’elle peut la résoudre d’en haut, a réalisé une union nationale sans peuple, où seules règnent les ambitions des mêmes personnes, celles qui s’enrichissent grâce à l’investissement garanti : les groupes financiers, le secteur patronal, les éleveurs et latifundiaires, les paramilitaires, les partis politiques qui se battent comme des chiens pour se disputer les prébendes du pouvoir, les grands médias qui applaudissent les succès, mesurés en litres de sang, de la politique guerrière… Là, le peuple est oublié car la prospérité de tous ceux-là se nourrit de la misère et de l’exploitation de ceux d’en bas, des exclus.
Ce bicentenaire du cri de l’indépendance doit ouvrir la voie à la lutte du peuple pour ses droits, pour la patrie, pour la souveraineté, la justice sociale et la paix. Il est possible de changer les structures injustes si tout le peuple se mobilise et lutte pour sa dignité. On ne peut rien attendre des assassins incrustés à la tête de l’État. Seule la lutte unitaire peut nous conduire à une Colombie nouvelle. Comme nous l’avons dit depuis Marquetalia en 1964, nous sommes toujours disposés à chercher des issues au conflit, en rappelant en même temps, que notre décision de tout donner pour le changement et l’intérêt du peuple est inébranlable, quelles que soient les circonstances, les obstacles et les difficultés qui nous seront imposés. La justice sociale triomphera grâce à la mobilisation du peuple.
Secrétariat de l’État-major central des FARC-EP
Montagnes de Colombie, le 21 juin 2010
Avec le triomphe illégitime du continuisme rejeté par l’abstention citoyenne, le pays est entré dans un processus de radicalisation de la lutte politique, dans lequel le peuple sera protagoniste en première ligne.
Toute la machinerie étatique, toutes les ressources mafieuses du gouvernement, ses manœuvres délictueuses de fraude et de corruption, de chantage et d’intimidation, ont été mises au service de la victoire du continuisme cherchant ainsi désespérément à créer un bouclier pour éviter à Uribe d’avoir à répondre devant le peuple et de la justice d’une accusation imminente de gestion criminelle et de haute trahison.Le régime d’Uribe a été la plus importante tentative d’imposer par la violence un projet politique ultralibéral d’extrême-droite fondé sur le para-militarisme. Son gouvernement restera dans l’histoire comme l’un des plus honteux de ces dernières décennies, le pire assassin de sa population civile, le plus à la botte des USA, et de ce fait, le plus grand générateur d’instabilité dans les relations avec les pays voisins.
Pendant ces huit années, c’est le mensonge et l’imposture, la manipulation et la tromperie qui ont gouverné. Uribe et les partisans de la continuité de son régime ont fait croire que sa politique garantissait la sécurité de tous les citoyens, alors qu’en réalité elle protégeait, par la répression, les profits des secteurs d’investissements privilégiés, qui ont accru le chômage et la pauvreté. Ils ont fait croire que défendre la souveraineté voulait dire remettre les clés de la nation au gouvernement de Washington et transformer la Colombie en un pays occupé par l’armée d’une puissance étrangère. Ils se sont débrouillés pour annoncer qu’ils mèneraient avec acharnement la lutte contre le narcotrafic alors que le président Uribe lui-même, le DAS [Département administratif de sécurité, service de renseignement, NdE] et le général Naranjo, ont un long passé de liens avec la mafia du narcotrafic. Ils disent au pays qu’il n’y a pas de guerre ni de conflit armé, mais il y a le Plan Patriote et l’invasion yankee…
La réalité de la sécurité démocratique, ce sont les faux positifs et l’impunité. Elle est ce qui permet d’élire un Président qui a été le ministre de la Défense le plus actif à promouvoir ces crimes contre l’humanité, et de distribuer les terres à l’agro-industrie paramilitaire, car celle-ci, bien sûr, a financièrement les reins solides, ce qui n’est pas le cas des paysans pauvres. La sécurité démocratique, c’est aussi allouer l’argent public -ou être assuré d’en faire cadeau - aux chefs d’entreprises de l’agro-industrie qui ont financé les campagnes électorales. La sécurité démocratique, ce sont les fosses communes contenant plus de 2000 cadavres, comme celle qui se trouve près de la base militaire de la Macarena, ainsi que les 4 millions de paysans déplacés par la violence de l’État. C’est le mensonge qui proclame la fin de la guérilla bolivarienne des FARC-EP alors que la vitalité de cette organisation l’inquiète et qu’elle mène un farouche combat pour une Colombie nouvelle comme elle l’a bien dit dans ses communiqués militaires du mois de mai. La sécurité démocratique, c’est modifier la Constitution pour l’adapter à des intérêts particuliers lorsque c’est nécessaire, c’est disposer d’une majorité factice dans le Congrès et fragiliser l’autorité du Parlement grâce à la claque des inconditionnels. C’est aussi distribuer des postes, des charges et des contrats, et profiter de son passage au gouvernement pour s’enrichir sans aucun état d’âme.
Ambition sans frontières, par Vladdo: Juan Manuel Santos, debout sur une montagne de cercueils de victimes d'exécutions extrajudiciaires: "Pour arriver à la présidence, je suis prêt à tout"
La défense abjecte du militarisme à laquelle s’est livré Uribe et son appel à créer de nouvelles lois qui garantiraient l’impunité aux militaires, annoncent ce que va être la présidence de Juan Manuel Santos. Ses lamentations cyniques et ses gémissements hypocrites en faveur d’un tortionnaire-assassin comme Plazas Vega, des grands chefs militaires et de l’ex-président Belisario Betancur, tous responsables du massacre du Palais de Justice, prouvent avec une évidence pathétique qu’il cherche dès maintenant à se protéger contre de futures accusations portées contre lui. Et c’est évidemment une façon d’arrimer le narco-paramilitarisme à la tête de l’État, avec les garanties légales de pouvoir continuer à faire disparaître, torturer et assassiner les opposants au régime. Le « code militaire » réclamé par Uribe est une patente à l’impunité des criminels comme le démontre l’histoire récente de la Colombie.
Le Président, en prenant ardemment la défense de l’ex-directeur de la DIAN [Direction Nationale des Impôts et des Douanes] et de « l’UIAF » [Unité d’Information et d’Analyse financière], M. Mario Aranguren, qui avait commis des délits en faveur d’Uribe et certainement sur ses ordres, montre bien la nature de celui qui tient toujours à occulter, non seulement son passé criminel, mais aussi les bassesses honteuses auxquelles il s’est livré en tant que gouvernant.
Nous entamons une nouvelle période de quatre ans dans laquelle va se poursuivre une offensive oligarchique tous azimuts contre le peuple, drapée dans de douces mais trompeuses promesses officielles de victoire militaire [contre la guérilla], sans cesse répétées pendant 46 ans, sans se soucier des causes qui génèrent le conflit et encore moins s’engager à les combattre.
La profonde crise structurelle dont souffre la Colombie n’a pas de solution dans le continuisme. L’extrême-droite néolibérale, qui croit encore qu’elle peut la résoudre d’en haut, a réalisé une union nationale sans peuple, où seules règnent les ambitions des mêmes personnes, celles qui s’enrichissent grâce à l’investissement garanti : les groupes financiers, le secteur patronal, les éleveurs et latifundiaires, les paramilitaires, les partis politiques qui se battent comme des chiens pour se disputer les prébendes du pouvoir, les grands médias qui applaudissent les succès, mesurés en litres de sang, de la politique guerrière… Là, le peuple est oublié car la prospérité de tous ceux-là se nourrit de la misère et de l’exploitation de ceux d’en bas, des exclus.
Ce bicentenaire du cri de l’indépendance doit ouvrir la voie à la lutte du peuple pour ses droits, pour la patrie, pour la souveraineté, la justice sociale et la paix. Il est possible de changer les structures injustes si tout le peuple se mobilise et lutte pour sa dignité. On ne peut rien attendre des assassins incrustés à la tête de l’État. Seule la lutte unitaire peut nous conduire à une Colombie nouvelle. Comme nous l’avons dit depuis Marquetalia en 1964, nous sommes toujours disposés à chercher des issues au conflit, en rappelant en même temps, que notre décision de tout donner pour le changement et l’intérêt du peuple est inébranlable, quelles que soient les circonstances, les obstacles et les difficultés qui nous seront imposés. La justice sociale triomphera grâce à la mobilisation du peuple.
Secrétariat de l’État-major central des FARC-EP
Montagnes de Colombie, le 21 juin 2010
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire