dimanche 26 décembre 2010

"Tunisia has big problems": ce que l'ambassadeur US à Tunis pensait de Ben Ali en 2009

Nommé Coordinateur principal adjoint au contre-terrorisme par le Président Obama, Robert F. Godec a été ambassadeur des USA en Tunisie de 2006 à 2009. Auparavant il était secrétaire assistant adjoint au Bureau des Affaires du Moyen-Orient du Département d’État et coordinateur adjoint pour la Transition en Irak. Il est entré dans la carrière diplomatique en 1985. Dans ses câbles diplomatiques envoyés à Washington depuis Tunis, et révélés par Wikileaks, il ne mâche pas ses mots sur le régime Ben Ali, dont il écrit qu’il « brasse du vent ». Extraits du câble titré : Troubled Tunisia: What should we do? (Tunisie agitée: que faire ?) du 17 juillet 2009.

Tunisia has big problems. President Ben Ali is aging, his regime is sclerotic and there is no clear successor. Many Tunisians are frustrated by the lack of political freedom and angered by First Family corruption, high unemployment and regional inequities. Extremism poses a continuing threat.
Compounding the problems, the GOT brooks no advice or criticism, whether domestic or international. Instead, it seeks to impose ever greater control, often using the police.
Despite Tunisia's economic and social progress, its record on political freedoms is poor. Tunisia is a police state, with little freedom of expression or association, and serious human rights problems. The GOT can point to some political progress in the last decade, including an end to prior review of books and ICRC access to many prisons. But for every step forward there has been another back, for example the recent takeover of important private media outlets by individuals close to President Ben Ali.
The problem is clear: Tunisia has been ruled by the same president for 22 years. He has no successor. And, while President Ben Ali deserves credit for continuing many of the progressive policies of President Bourguiba, he and his regime have lost touch with the Tunisian people.
Tunisians intensely dislike, even hate, First Lady Leila Trabelsi and her family. In private, regime opponents mock her; even those close to the government express dismay at her reported behavior. Meanwhile, anger is growing at Tunisia's high unemployment and regional inequities. As a consequence, the risks to the regime's long-term stability are increasing.


La Tunisie a de gros problèmes. Le Président Ben Ali est vieillissant, son régime est sclérosé et il n’y a pas de successeur évident. De nombreux Tunisiens sont frustrés par le manque de libertés politiques et éprouvent de la colère envers la famille présidentielle, la corruption, le chômage élevé et les inégalités régionales. L’extrémisme fait peser une menace permanente. [...] La Tunisie est un État policier, avec peu de liberté d’expression et d’association, et de graves problèmes de droits humains. [...] Pour chaque pas en avant, il y en a un autre en arrière, par exemple le récent rachat d’importants médias privés par des personnes proches du président Ben Ali.


[Ben Ali] et son régime ont perdu le contact avec le peuple tunisien. Ils ne tolèrent pas de conseils ou de critiques, ni nationales ni internationales. Ils s’appuient de plus en plus sur le contrôle par la police et se concentrent sur la préservation du pouvoir. La corruption dans les premiers cercles s’accentue. Même les Tunisiens moyens sont à présent très conscients de cela, et le choeur de leurs plaintes s’amplifie [...]. Les Tunisiens n’aiment vraiment pas, voire détestent la première dame Leila Trabelsi et sa famille. En privé, les opposants au régime se moquent d’elle. Même dans les cercles proches du pouvoir on exprime de la consternation face à ses frasques. Entretemps, la colère monte face au taux de chômage qui grimpe et aux inégalités régionales. En conséquence, les risques pour la stabilité à long terme du régime sont en augmentation.


Robert F. Godec, TROUBLED TUNISIA: WHAT SHOULD WE DO?, 17/07/2010
Retrouvez tous les câbles wikifuités sur la Tunisie ici

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