par José Antonio Gutiérrez D., 7-1-2015. Traduit par Santiago Perales, édité par Fausto Giudice,
Tlaxcala
Original: Je ne suis pas Charlie (Yo no soy Charlie)
José
Antonio Gutiérrez D. est un militant libertaire colombien résidant en
Irlande où il participe à des mouvements de solidarité avec l'Amérique latine
et la Colombie, il collabore à la revue CEPA (Colombie) et à El Ciudadano (Le
Citoyen, Chili) ,il collabore également au site web international www.anarkismo.net
et au site La Pluma.
Auteur de "Problèmes et possibilités de l'anarchisme" (en portugais,
Faisca ed, 2011) et coordinateur du libre "Origines libertaires du Premier
mai en Amérique latine"(Quimantu ed 2010).
Je tiens à clarifier d'emblée que je considère
l'attentat contre les bureaux du journal satirique Charlie-Hebdo à Paris comme
une horreur et que je ne crois pas qu'il soit justifiable en quelque
circonstance que ce soit, de convertir un journaliste, si douteuse
que soit sa qualité professionnelle, en
objectif militaire. Cela vaut en France,
comme en Colombie ou en Palestine.
Je ne m'identifie non plus avec aucun fondamentalisme,
ni chrétien, ni juif, ni musulman, ni non plus avec le laïcisme bébête
francisé, qui érige la "République" sacrée en déesse. J'apporte ces
précisions, qui sont nécessaires puisque les gourous de la haute politique en
Europe nous assurent que nous vivons dans une "démocratie exemplaire"
avec des "grandes libertés", même si nous savons bien que Big Brother nous surveille et que n'importe quel discours
hors cadre toléré se voit durement puni. Mais je ne crois pas qu'une
condamnation de l'attentat contre Charlie Hebdo doive entraîner automatiquement
qu'on porte aux nues une publication qui est, fondamentalement, un monument d'intolérance,
de racisme et d'arrogance coloniale.
Des milliers de personnes, affectées par cet attentat –ce qui est
compréhensible -, ont fait circuler des messages disant "Je suis
Charlie" comme si ce message était le dernier cri de la défense de la
liberté. Eh bien, je ne suis pas Charlie. Je ne m'identifie pas à la
représentation dégradante et "caricaturale" qu'il fait du monde islamique,
en pleine "Guerre contre le Terrorisme", avec toute la charge raciste
et colonialiste que celle-ci comporte. Je ne peux pas voir d’un bon œil cette
agression symbolique constante qui va de pair avec une agression physique et
réelle, au moyen de bombardements et d'occupations militaires, dans les pays
appartenant à cet horizon culturel. Je ne peux pas non plus voir d'un bon œil
ces caricatures et ces textes offensants, quand les Arabes font partie des secteurs
les plus marginalisés, appauvris et exploités de la société française, qui ont
historiquement subi un traitement brutal : je n'oublie pas que c’est à Paris,
au début des années 60, que la police a massacré à coup de matraques 200 Algériens
qui demandaient la fin de l'occupation française de leur pays, déjà responsable
selon les estimations d'un million de morts d'Arabes "barbares". Il
ne s'agit pas de caricatures innocentes, œuvres de libre penseurs, mais de
messages, produits par les médias de masse (car, bien qu’ayant une posture
alternative, Charlie Hebdo appartient bien aux médias de masse), chargés de
stéréotypes et de haine, renforçant un discours qui considère les Arabes comme
des barbares à contenir, déraciner, contrôler, réprimer, opprimer et
exterminer. Des messages dont le but implicite est de justifier les invasions
des pays du Moyen-Orient ainsi que les multiples interventions et bombardements
orchestrés par l'Occident, dans la défense du nouveau partage impérial.
L'acteur espagnol Willy Toledo disait, dans une déclaration polémique – qui ne
faisait qu'énoncer une évidence - que "l'Occident tue tous les jours. Sans
bruit". Et c'est cela que Charlie et son un humour noir cachent sous forme
de satire.
Je n'oublie pas la couverture du N°1099 de Charlie Hebdo, dans lequel on
banalisait le massacre de plus de mille Égyptiens par une dictature militaire
brutale, qui a la bénédiction de la France et des USA, avec un dessin d'un
homme musulman criblé de balles, tandis qu'il essayait de se protéger avec le
Coran, avec ce texte : "Tuerie en Égypte. Le Coran c'est de la merde : il
n'arrête pas les balles". Certains auront trouvé ça d’amusant. En leur
temps, des colons anglais en Terre de Feu (Argentine) trouvaient amusant de
poser pour des photographies avec des indigènes qu'ils avaient
"chassé", avec de larges sourires, carabine à la main, et avec le
pied posé sur cadavre sanguinolent toujours chaud. Plutôt qu’amusante, cette
caricature me semble violente et coloniale, un abus de cette liberté de presse
occidentale aussi fictive que manipulée. Qu'est-ce qui arriverait si je publiais
aujourd'hui journal avec en couverture la
phrase : "Tuerie à Paris. Charlie Hebdo, c’est de la merde : ça n'arrête
pas les balles") et une caricature du défunt Jean Cabut criblé de balles
avec une copie du journal entre les mains ? Bien sûr, ce serait un scandale :
la vie d'un Français est sacrée. Celle d'un Égyptien (ou d'un Palestinien,
Irakien, Syrien, etc.) c'est du matériau "humoristique". C'est
pourquoi je ne suis pas Charlie, puisque la vie de chacun de ces Égyptiens
criblés de balles est pour moi aussi sacrée que celle de n'importe quel de ces
caricaturistes aujourd'hui assassinés.
Nous connaissons déjà ce deux poids deux mesures : on va avoir droit à des
discours de la défense de la liberté de presse de la part des mêmes pays qui, en
1999, ont donné la bénédiction au bombardement de l'OTAN, à Belgrade, de la
station de TV publique serbe qualifiée de "ministère de mensonges",
ou qui se sont tus quand Israël a bombardé à Beyrouth la station de TV Al-Manar
en 2006, qui taisent les meurtres de journalistes critiques colombiens et
palestiniens. Après la belle rhétorique de la liberté, viendra l'action
liberticide: plus de maccarthysme au nom de l' "anti-terrorisme",
plus d'interventions coloniales, plus de restrictions à ces "garanties
démocratiques" en voie d'extinction, et naturellement, plus de racisme.
L'Europe se consume dans une spirale de haine xénophobe, d'islamophobie,
d'antisémitisme (les Palestiniens sont de fait des sémites) et cette atmosphère
devient de plus en plus irrespirable. Les musulmans sont déjà les juifs de l'Europe
du XXIème siècle, et les partis néo-nazis redeviennent respectables 80 ans plus tard, grâce à ce sentiment
répugnant. Pour tout cela, malgré la répulsion que provoque en moi l'attentat de
Paris, Je ne suis pas Charlie.
J'ai honte pour ce que tu as écrit... tu es un connard
RépondreSupprimerZionist Point "Charlie 2.0" et son arme redoutable et vicieuse ["شارلي 2.0" الصهيونية و سلاحها الفتاك ألخبيث] 19 Jan 2015
RépondreSupprimerhttp://www.tortillaconsal.com/albared/node/5142
Zionist Point "Charlie 2.0" et son arme redoutable et vicieuse ["شارلي 2.0" الصهيونية و سلاحها الفتاك ألخبيث]
Image ci-contre: Bernard-Henri LEVY peut dire aussi: "Je suis Charlie". Lui, comme ce journal, sans parler des personnages bien connus à ses côtés, ont tous participé, d'une manière ou d'une autre, aux guerres de l'OTAN, notamment celle contre la Jamahiriya Libyenne et la Syrie, lesquelles ont causé la mort d'un demi-million de personnes. C'est avant tout le climat social créé en France par ces guerres (le bombardement de la Jamahiriya a duré sept long mois) qui explique la "mobilisation" hystérique et quasi religieuse organisée par le pouvoir autour du mantra "Je suis Charlie".
Note: s'agissant d'un événement qui a mobilisé l'opinion mondiale, un court résumé est d'abord proposé dans quelques langues de communication.
Résumé: L'opération française "Charlie" pose la question fondamentale des usages de la pornographie mondialisée, laquelle est de fait devenue une arme néocoloniale et néo-orientaliste de domination au service de l'impérialisme et du sionisme. A son contact, le "Choc des Civilisations" des Néoconservateurs étatsuniens devient nécessité. L'incroyable précédent tunisien méconnu de cette affaire est évoqué. Cependant, grâce au parrainage de l’Etat français, les millions d'exemplaires de "Charlie 2.0" (14 janvier 2015) permettront paradoxalement au public, ignorant jusqu'alors du contenu en question, de prendre la mesure de la manipulation totalitaire de la "liberté d'expression" et de la laïcité en France. Liberté sexuelle, oui. Pornocratie, non!
English: French "Operation Charlie" poses the key question of how global porn is used and how it has has actually become a neo-colonial neo-orientalist weapon in the hands of imperialism and zionism. Upon contact, the so-called "Clash of Civilizations" put forward by US Neoconservatives suddenly becomes a necessity. The incredible Tunisian precedent of this case is mentioned. However, thanks to open sponsoring by the French State, millions of copies of "Charlie 2.0" (14 January 2015) will paradoxically allow the broad public (so far unaware of the very content of the journal) to get the full measure of the totalitarian manipulation of "freedom of speech" and secularism in France. Sexual freedom, yes. Pornocratic power, never!
Espanol: La operacion francesa "Charlie" plantea la cuestion fundamental de los usos de la pornografia la cual ha vuelto a ser un arma neocolonial y neo-orientalista para la dominacion al servicio del imperialismo y del sionismo. A su contacto, el "Choque de las Civilisaciones" de los Neoconservadores estounidenses vuelve a ser una necesidad. Poca gente conoce el increible precedente tunecino de este asunto. Ahora, y de manera paradojica, el patrocinio del Estado frances a la publicacion (14 de enero del 2015) de unos tres miliones de ejemplares de "Charlie 2.0" permitira sin embargo al publico (ignorante hasta hace poco del contenido real de la revista) de tomar la medida real de la manipulacion totalitaria de la "libertad de expression" y de la laicidad en Francia. Libertad sexual, vale. Pornocracia, jamas!