Traduction disponible: Español Túnez tiene un nuevo Presidente. ¿Y ahora qué?
Le
21 décembre 2014, les Tunisiens ont élu Béji Caïd Essebsi, 88 ans,
président de la République. Voyons d'abord les chiffres, qui sont très
parlants.
Population totale : 10 982 754
Population en âge de voter : 7 569 825
Électeurs inscrits : 5 308 354
Votants au 1er tour : 3 339 666 (Abstentions : 37,09%)
Votants au 2ème tour : 3 189 672 (Abstentions : 40,92%)
Blancs et nuls: 79 340
Mohamed Beji Caïd Essebsi : 1 731 529 voix (55.68%)
Mohamed Moncef Marzouki : 1 378 513 voix (44.32%).
Population en âge de voter : 7 569 825
Électeurs inscrits : 5 308 354
Votants au 1er tour : 3 339 666 (Abstentions : 37,09%)
Votants au 2ème tour : 3 189 672 (Abstentions : 40,92%)
Blancs et nuls: 79 340
Mohamed Beji Caïd Essebsi : 1 731 529 voix (55.68%)
Mohamed Moncef Marzouki : 1 378 513 voix (44.32%).
Le Président élu représente donc 15,77% de la population totale et 32,67% des électeurs inscrits. C'est ce qu'on appelle la démocratie représentative. Il n'en est pas autrement ailleurs, dans les "vieilles démocraties". En France, François Hollande a été porté à la présidence par 18 millions d'électeurs, sur un peu plus de 43 millions d'inscrits sur les listes électorales, il représente donc 28% de la population totale et 40% des électeurs inscrits. Aux USA, Obama a été élu par 66 millions d'électeurs, soit 20% de la population totale et un quart de la population en âge de voter.
Cacophonie entre le rêve de l’électeur et celui du candidat, par Tawfik Omrane
À droite, rêve de l'électeur : Travail, Liberté, Dignité
À gauche, rêve du candidat : La chaise
À droite, rêve de l'électeur : Travail, Liberté, Dignité
À gauche, rêve du candidat : La chaise
Ces
chiffres devraient relativiser les passions déclenchées par cette
élection présidentielle, la "première élection présidentielle
démocratique et transparente" de l'histoire de la Tunisie, qui a vu la
victoire du "champion de la laïcité", le "seul en mesure d'empêcher une
dictature islamiste et de faire revenir les investisseurs". La réalité
qui attend le peuple tunisien est malheureusement moins enthousiasmante.
Le nouveau président, dont le parti, gagnant des élections législatives d'octobre, ne dispose cependant pas d'une majorité parlementaire stable,
va devoir se mettre au travail pour appliquer les conditions fixées par
le FMI et la Banque mondiale pour le prêt d'1,75 milliard de dollars
(1,3 milliard d'Euros) sur deux ans – et remboursables en cinq ans -,
dont 1,15 ont déjà été versés à la Tunisie depuis juin 2013 et le reste
devrait suivre, qui s'ajoute à la dette extérieure héritée du régime Ben
Ali, qui s'élève à 13 milliards d'Euros (sur les 18 de l'ensemble de la
dette publique tunisienne).
Les
conditions fixées à Washington pour ce prêt sont classiques :
compressions budgétaires, gel des embauches de fonctionnaires, baisse
des impôts sur les sociétés, privatisation des banques et, ce qui risque
de mettre le feu aux poudres, suppressions des subventions étatiques
aux produits de première nécessité : farine, semoule, sucre, essence,
électricité, ciment. La dernière fois qu'un gouvernement tunisien avait
augmenté le prix du pain sur ordre de la Banque mondiale, en 1984,
Bourguiba avait du annuler la mesure après quelques jours d'émeutes qui
avaient fait plusieurs centaines de morts.
Cette
fois-ci, une augmentation drastique des prix du carburant, entraînant
l'augmentation des prix des transports publics et privés, risque de
faire exploser la colère populaire, à la différence de l'Égypte, où
l'augmentation de 50% des prix du carburant en juillet dernier a été
encaissée par les Égyptiens, qui savent que la seule réponse à une
révolte de la part du régime du maréchal Sissi seraient des tirs à
balles réelles. La "nouvelle Tunisie démocratique" pourra difficilement
recourir au même type de réponses.
Le
renard se retrouve donc maintenant dans le poulailler et doit trouver
un moyen "démocratique" de manger les poules. Il lui faudra beaucoup
d'imagination. Les poules le tiennent à l'œil.
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