lundi 2 mars 2009

Gwadloup : Autour du meurtre de Jacques Bino

Mardi 24 février, les sections SNADGI-CGT de nombreux sites des impôts ont organisé un vénéré pour Jacques Bino.
Jaki était connu pour son engagement, son intelligence et son grand calme, à la fois par des anciens collègues qui l’ont connu lorsqu’il était en poste en France – en Seine Saint-Denis de 1989 à 1993 - et des camarades cégétistes qui ont eu l’occasion de travailler anlyanné avec le fondateur de la première section CGTG (CGT Guadeloupe) des impôts et membre du mouvement Akiyo.
A Paris aussi, à 7 000 km de la Guadeloupe, l’émotion était palpable. Rendre hommage à la mémoire de Jacques était aussi une manière pour les militants de la CGT de soutenir la lutte du peuple guadeloupéen et de dénoncer la volonté délibérée du gouvernement Fillon de pourrir le climat social plutôt que d’appuyer, par les moyens à sa disposition, les revendications de justice sociale des citoyens de la Guadeloupe.
L’excellent blog
Chien créole de Frédéric “Trikess” Gircour, après avoir relaté l’arrestation – le 20 février – puis la libération de Patrice, un habitant de la cité Henri IV de Lapwent violemment interpelé à son domicile, interrogé et rapidement innocenté, continue de suivre les développements de l’enquête autour du meurtre de Jacques qui était un des membres du Lyannaj Kont Pwofitasyon.
Samedi 28 février, cinq nouveaux suspects ont été déférés au parquet. Le Chien créole a rencontré l’avocat du principal accusé – mais toujours présumé innocent – et a pu participer à la conférence de presse organisée par le procureur de la République au palais de justice de Lapwent. On retient de tout cela un sentiment très mitigé tant les faits semblent beaucoup plus embrouillés et bien plus flous que ceux annoncés, quelques heures après l’homicide dont a été victime Jacques Bino, par le ministère de l’intérieur.
D’une part le procureur a confirmé qu’il y avait bien, au moment où la voiture dans laquelle se trouvait Jacques Bino a tenté de faire demi-tour à un barrage, une fusillade entre des agents de la BAC et des jeunes émeutiers. Sans accuser les forces de police – elles sont, elles aussi, présumées innocentes jusqu’à preuve du contraire, le témoignage recueilli par Frédéric Gircour quelques heures après les faits (voir son billet du 18 février) affirme que le coup de feu qui a touché Jacques Bino au thorax ne venait pas du barrage. Cela ne permet pas, au stade actuel, d’accuser qui que ce soit ; en revanche, cela pourrait peut-être innocenter quelque coupable idéal jeté en pâture afin de clore l’enquête le plus rapidement possible, quitte à y sacrifier la vérité.
D’autre part, le principal suspect, qui s’est présenté de manière spontanée aux forces de police après avoir appris qu’il était recherché, n’a pas, après 48 heures de garde à vue – dont 24 heures sans voir sans avocat, reconnu les faits qui lui sont reprochés. La police scientifique aurait retrouvé à son domicile deux balles du même type que celles ayant mortellement touché Jacques Bino (des balles Brenneck de calibre 12 interdites à la vente en Guadeloupe depuis 2004 d’après Frédéric Gircour) mais pas l’arme ayant servi à tirer. Le suspect se serait débarrassé de son fusil à pompe mais pas des balles ?
Restent des témoignages “très précis” d’après le procureur. Il faut espérer qu’ils le soient plus que ceux ayant servi à saccager l’appartement de la grand-mère du jeune Patrice, cet étudiant en droit évoqué plus haut qui doit sa liberté au fait qu’il était en train de dialoguer sur MSN Messenger au moment des faits.
Il y a près de 42 ans, dans le contexte de la grève des ouvriers du bâtiment pour obtenir 2% d’augmentation, tombait un autre Jacques, Jacques Nestor, militant syndical et membre du GONG. Comme les 80 à 100 victimes des massacres de mai 1967, il n’a pas à ce jour obtenu justice. Jacques Bino, en tant que membre du LKP, en tant qu’héritier des luttes passées en pays Gwadloup, demandait justement à ce que soient poursuivis les responsables des massacres de mai 67 et à ce que réparation soit donnée aux victimes et à leurs ayant-droits. C’est à notre tour de demander à ce que les responsables les plus directs de la mort de Jaki soient poursuivis et condamnés. C’est à notre tour de veiller à ce que sa famille obtienne justice et protection.

En France, le syndicat SNADGI-CGT centralise les dons pour venir en aide à Marie-Antoinette Datil, veuve de Jacques Bino, et à leur fils Cédric. Les chèques sont à adresser à l’ordre de SNADGI CGT SOLIDARITE en indiquant Solidarité Jacques Bino au dos et à envoyer à BS CGT – 263 rue de Paris – 93516 Montreuil Cedex.
A la Guadeloupe, contactez la CGTG – 4 Cité artisanale Bergevin – 97110 Pointe-à-Pitre – tél. : 0590 82 34 61.

1 commentaire:

  1. Un homme meurt sous le couvert d'une nuit chaude en Guadeloupe et on accuse les jeunes, puis le raid tombe sur une jeune étudiant et le maltraite maintenant on met en examen un délinquant qui aurait été assez stupide pour garder chez lui des munitions interdites en Guadeloupe mais assez malin pour ne pas garder l'arme. On dirait bien qu'on cherche un bouc émissaire pour boucler cette affaire + que pas nette quand on apprend que Mr BINO était agent des impôts, syndicaliste et impliqué dans la défense culturelle de la Guadeloupe. Il serait bon de faire le jour sur la personnalité réelle du disparu et de chercher à qui profite sa disparition.

    RépondreSupprimer