par Abdelbari ATWAN, 10/01/2010. Traduit par Tafsut Aït Baamrane, Tlaxcala
عبد الباري عطوان
Les ministres des Affaires étrangères des gouvernements modérés arabes se rendent en foule à Washington, la capitale US, en quête d’un moyen de sortir de l’impasse dans laquelle est actuellement embourbé le processus de paix. Ainsi, la secrétaire d’État Clinton a rencontré hier deux délégations arabes, la première jordanienne, dirigée par Nasser Jaouda, et la deuxième, égyptienne, menée par le général Omar Souleymane, chef des services de renseignement, accompagné par Ahmed Abul Ghaith, ministre des AE. D’autres visites sont prévues dans les prochains jours.
Il est clair que Mme Clinton a fait pression sur ses partenaires arabes afin de trouver des scénarios acceptables, ou plutôt pour fournir un cadre à la reprise de négociations entre Palestiniens et Israéliens dès que possible en oubliant la condition du gel des colonies en Cisjordanie et dans Jérusalem occupée.
L’administration Obama vit les jours les plus difficiles de son histoire. Elle vient de recevoir deux grosses claques dans le domaine de la sécurité au cours des trente derniers jours. L’une d’elles a été la prise d’assaut du QG de la CIA à Khost par un « kamikaze » jordanien, Houmam Al Balaoui, qui a tué sept de ses plus hauts responsables ainsi que l’officier de liaison Charif Ali Ben Zaïd. L’autre claque a été le succès du citoyen nigérian Omar Al Farouk Abdul Mouttalib à forcer les contrôles d’embarquement dans des aéroports occidentaux, tentant de faire exploser un avion civil au-dessus de la ville de Detroit.
L’administration Obama vit les jours les plus difficiles de son histoire. Elle vient de recevoir deux grosses claques dans le domaine de la sécurité au cours des trente derniers jours. L’une d’elles a été la prise d’assaut du QG de la CIA à Khost par un « kamikaze » jordanien, Houmam Al Balaoui, qui a tué sept de ses plus hauts responsables ainsi que l’officier de liaison Charif Ali Ben Zaïd. L’autre claque a été le succès du citoyen nigérian Omar Al Farouk Abdul Mouttalib à forcer les contrôles d’embarquement dans des aéroports occidentaux, tentant de faire exploser un avion civil au-dessus de la ville de Detroit.
Sur la table : « Le sommet arabe »
De droite à gauche :
- Que Dieu ait pitié !
-Que Dieu agrée !
- Que Dieu entende !
- Que Dieu envoie !
- Que Dieu donne !
- Que Dieu prenne !
Et peut-être la claque la plus forte et la plus humiliante pour l’administration US a été celle assénée par l’Iran, qui a refusé la coopération sur l’enrichissement d’uranium dans les délais fixés, c’est-à-dire avant la fin de l’année passée, faisant preuve d’une insolence provocante vis-à-vis de cette administration, en lançant le missile balistique à longue portée Sejil-2 et en occupant un puits de pétrole irakien.
Au milieu de ces défaites, l’administration Obama tente d’accomplir quelque chose au Moyen-Orient, quoi que ce soit. Si elle veut réussir quelque chose, c’est qu’elle est poursuivie par les échecs en Irak et en Afghanistan. Et c’est pour cela qu’elle recourt à ses alliés, les béni oui-oui arabes, pour infuser un peu de sang dans le processus anémique de paix et faire croire qu’elle tient toujours son engagement en faveur de la création d’un État palestinien.
Sur le papier : « La menace de l’occupation » (par les colonies juives)
- La femme : « Supposons qu’ils sont rentrés »
- L’homme : « Eh bien, il y a de la place pour tout le monde »
La logique dit que l’axe des pays arabes modérés devrait profiter de ce besoin usaméricain pour faire pression sur une administration en chute libre en exigeant qu’elle adopte une position ferme face à la politique provocatrice de colonisation de Netanyahou. Mais quand donc ces États ont-ils fait preuve de logique dans leurs décisions et prises de position ? Et quand ont-ils exigé une rétribution pour les services rendus au maître de la Maison blanche ? Et qu’ont-ils récolté d’autre, en échange de leur fourvoiement dans la guerre d’Irak ou dans celle contre le terrorisme, qu’encore plus d’humiliation et de dépendance ?
Les ministres arabes des AE, que ce soient ceux qui hantent la Maison blanche ou ceux qui restent au chaud dans leurs capitales, vont, dans les prochains jours, mettre la pression sur la partie faible, le président palestinien Mahmoud Abbas, celui qui a bu le « lait des lionnes »* et a renversé la table sur les Usaméricains, les Israéliens et les Arabes à l’origine de l’Initiative de paix, quand il a refusé de reprendre les négociations sans un gel total de l’implantation de colonies dans les territoires occupés et a décidé de ne plus jamais se présenter à une élection présidentielle.
De droite à gauche : Le parfum, le goût, le poids
- Hou, je sens un parfum d’unification des rangs
- Et pour qu’on ne se fasse pas prendre à la légère, il faut que notre position ait un goût
- Moi je réserve les trucs lourds pour les réunions à huis clos
Le président Abbas a subi de nombreuses humiliations au cours des quatre dernières années de sa présidence, tout comme il a commis beaucoup d’erreurs, en mettant tous ses œufs dans le même panier d’un processus de paix humiliant et en éliminant les autres options. Mais par son refus de revenir aux négociations tant que dure l’occupation il a sauvé sa réputation et a effacé une partie de ses péchés. C’est pourquoi il doit multiplier les bonnes actions pour effacer les mauvaises, qui sont intrinsèques à sa présidence, en restant ferme sur cette position, sans céder aux pressions, quelles qu’elles soient.
Ce qui me conduit à dire cela, c’est le constat de signes de recul émis par le président Abbas lui—même dans son dernier discours sur Al Jazeera, quand il a dit que, puisque les Arabes ont choisi la voie de la paix et de la fidélité à leurs choix, il s’engagera dans cette même voie et ne déviera pas par rapport à leur volonté. Cela signifie qu’il sera d’accord si les Arabes décident de reprendre le chemin des négociations ou de participer à un sommet régional avec Netanyahou à Charm El Cheikh, planifié par Mme Clinton, et qui se tiendra probablement le mois prochain.
-Selon le principe de commutativité, il ya toujours une main devant et une main derrière
NdT : Se dit d'une loi selon laquelle la combinaison de x et y est égale à celle de y et x (l'addition et la multiplication sont commutatives).
Le président Abbas oublie que le Fatah, dont il est le président, n’a pas consulté les régimes arabes pour tirer sa première balle il y a 45 ans et qu’il a toujours maintenu l’option d’indépendance nationale. Pourquoi revenir maintenant sur cette option, pour s’aligner sur les projets des régimes arabes captifs des USA, qui sont à l’opposé des projets palestiniens de justice et d’indépendance ?
Mme Clinton et son administration laissent filtrer des informations sur son intention de parvenir à un règlement et à la création d’un État palestinien dans un délai de deux ans, selon un calendrier précis, avec une garantie écrite de respect (par les Israéliens) des frontières de 1967. Tout cela a un air de déjà vu.
Cela ne vous rappelle-t-il pas les promesses de Bush père, à la conférence de Madrid, de régler la question de la Palestine une fois le Koweït libéré, ou celles de son fils, avant l’invasion et l‘occupation de l’Irak en 2003, sur l’instauration d’un État palestinien indépendant avant 2005 ?
Actuellement, l’administration Obama fait face à deux épreuves cruciales : la première est l’intensification de la guerre contre le terrorisme, plus particulièrement contre le « réseau Al Qaïda », la deuxième est l’engagement de pas décisifs en direction du régime iranien - celui-là même qui l’a humiliée et défiée d’une façon provocatrice -, en commençant par un embargo économique pour l’étrangler et en le bombardant après ou simultanément.
Passage sécurisé
Dans les deux cas de figure, l’administration Obama a besoin des Arabes modérés, car un embargo contre l’Iran ne peut pas être effectif sans la participation des Arabes, à commencer par ceux du Golfe, voisins de l’Iran. Et les avions israélo-US chargés de bombarder les installations nucléaires iraniennes ne peuvent pas éviter l’espace aérien arabe, même s’ils ne décollent pas de bases situées en terres arabes.
Et comme les pays modérés ont posé comme conditions à Washington, en échange de leur collaboration à la guerre en Irak et en Afghanistan, que le processus de paix « bouge », conditions faisant office de feuilles de vigne pour calmer la rue arabe, du moins en partie, ils veulent répéter le même scénario, poussant à l’accélération de la reprise des négociations (avec Israël).
Titre : Le processus de paix
- Mais laisse-nous essayer la couverture arabe
Les paysans de chez nous considèrent l’arrivée des étourneaux comme signe de maturité des olives et comme le signal du début de la récolte et nous autres observateurs constatons que cette impatience à reprendre les négociations sous la houlette usaméricaine n’est que le signe annonciateur d’une nouvelle guerre, contre l’Iran et ses alliés au Liban et à Gaza et d’une intensification de la guerre contre le terrorisme.
Avant, la jarre était intacte, ou plutôt les jarres des US et de leurs alliés arabes étaient intacts, mais la prochaine fois, il en ira autrement. C’est ce que nous pensons.
Lorsque les modérés arabes découvrent soudain la nécessité de « l’identité arabe » et exigent de Hamas qu’il fasse passer celle-ci devant les autres identités, iranienne ou islamique, alors qu’ils ont été les plus grands ennemis de cette identité arabe et ont guerroyé contre elle et ceux qui la défendaient, les traitant d’incrédules, d’infidèles et de laïcs athées, il faut s’attendre au pire.
Le processus (de paix) bouge
L’identité islamique est une bonne chose quand elle est passive ou mise au service des projets US, et l’identité arabe est une mauvaise chose quand elle combat ces projets. Maintenant, le modèle a changé en n clin d’œil, et les options avec.
Notre seule consolation est que la durée de vie de ce bourrage de crâne touche à sa fin, car la région est à l’orée d’un changement décisif, c’est certain, et peut-être cette année sera-t-elle celle du tranchement.
*El Abbas, en arabe, signifie le lion qui met en fuite ses congénères ou le héros qui, au cours de la bataille, fronce le sourcil. L’auteur est ironique [NdT]
Les dessins
Abu Al-Abed, le Palestinien et Abu-Arab, l’Arabe, sont les deux personnages principaux du dessinateur Baha Boukhari, né en 1944 à Jérusalem, qui collabore au quotidien Al Ayyam (Ramallah) depuis 1999.
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