Manifestation massive contre l'austérité au Swaziland
MBABANE (Swaziland) - Des milliers de fonctionnaires swazis ont bravé une forte présence policière, vendredi, pour manifester à travers la capitale Mbabane contre des coupes dans leurs salaires, sur fond de grogne croissante contre le roi Mswati III, dernier monarque absolu d'Afrique.
Enseignants, infirmières et étudiants ont ignoré les intimidations du pouvoir et l'omniprésence des forces de l'ordre pour dénoncer la politique d'austérité du gouvernement, dans la plus grande manifestation qu'ait vu le Swaziland depuis très longtemps.
Le Réseau de solidarité avec le Swaziland, un groupe pro-démocratie basé en Afrique du Sud, a estimé le nombre de manifestants à environ 10.000.
"On n'a plus peur" |
Ils portaient des pancartes indiquant "gouvernement -30%, fonctionnaires +40%", "Non aux armes, nous sommes malades et fatigués", ou "A bas les festivités" prévues pour marquer l'anniversaire du couronnement du roi Mswati III il y a vingt-cinq ans, a constaté une journaliste de l'AFP.
"Le gouvernement est corrompu, dépensier, il gaspille beaucoup. Nous disons que nous ne voulons pas de baisse de salaire pour les fonctionnaires", a expliqué Mario Masuku, le président du Mouvement démocratique uni du peuple (Pudemo), un parti d'opposition interdit.
"Ils veulent célébrer l'anniversaire du roi. Ils achètent des armes, et pendant ce temps, ils suppriment les bourses de nos enfants. Nous protestons parce que le gouvernement veut baisser nos salaires car il n'a plus d'argent en réserve", a résumé Pumzile Mazikubo, une enseignante.
Les partis politiques sont interdits dans le petit royaume, dernière monarchie absolue d'Afrique, où les manifestations sont régulièrement réprimées par la police.
La dernière grande marche de travailleurs, en 2008, avait été dispersée par les forces de l'ordre, de même que quelques maigres manifestations pro-démocratie en septembre.
Les manifestants sont parvenus vendredi à remettre une pétition au bureau du Premier ministre, l'ultra-royaliste Sibusiso Dlamini, réclamant la démission de son gouvernement.
Mais ils n'ont pu pénétrer dans les bureaux du Premier ministre, et ont été refoulés par la police vers le centre-ville de Mbabane.
"Nous sommes fatigués, nos dirigeants (de l'opposition) sont en exil, et nous disons +assez+", a crié à la foule le leader étudiant Maxwell Dlamini, après avoir remis la pétition.
Pays d'Afrique australe très pauvre, ravagé par le sida et un chômage de masse, le Swaziland est sous la pression du Fonds monétaire international (FMI) qui lui a demandé le mois dernier d'assainir ses finances et de réduire la masse salariale des fonctionnaires, avant de pouvoir emprunter 70 millions d'euros.
Dans ce contexte, le train de vie luxueux et les frasques du roi Mswati III sont de plus en plus contestés.
La fortune du souverain au treize femmes, qui gouverne par décrets, est estimée à 100 millions de dollars, alors que près de 70% de la population vit avec moins de 1 dollar par jour.
Un appel à manifester le 12 avril contre le roi et pour la démocratie circule sur internet, inspiré des révoltes en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.
"Le temps viendra quand les Swazis se libèreront, eux et leurs enfants. Je ne peux pas dire quand", a prédit l'opposant Mario Masuku.
"Pour l'instant tout va bien", a estimé le chef de la police Richard Mngomezulu, indiquant que la manifestation de vendredi avait été autorisée. Les forces de l'ordre avaient pourtant fait irruption mercredi dans une réunion syndicale d'enseignants qui la préparaient.
(©AFP / 18 mars 2011 16h27)
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