La Grèce sous impact
La crise de la dette en Grèce n'affecte pas seulement le secteur financier. Selon une étude réalisée par des chercheurs de Cambridge au Royaume-Uni, des problèmes sociaux, tels que la dépression, les suicides, l'usage de stupéfiants et la prostitution, doivent aussi faire l'objet d'une certaine attention.
Avec le chômage en croissance et l'économie en dégradation, certains Grecs recourent aux stupéfiants pour en faire face. Les salaires ont été réduits, ainsi que le budget pour les soins médicaux. Certains ne peuvent même pas payer leur médecin. Ce rapport, publié lundi au journal médical The Lancet, indique que les suicides ont augmenté de 17% en Grèce de 2007 à 2009. Ce taux est encore plus élevé si l'on regarde les chiffres non officiels du parlement du pays.
Alexander Kentikelenis
Etudiant-chercheur
Université de Cambridge
"Nous avons vu un rapport du ministère de la Santé, qui indique que les suicides ont augmenté de 25% en 2010 et de 40% pendant les 6 premiers mois de 2011. C'est très étonnant. Nous devons l'attribuer au changement économique très rapide, la récession. Des rapports précédents ont déjà montré que la récession aura un effet négatif sur la santé publique."
Selon M. Kentikelenis, un service téléphonique d'aide en Grèce avoue que 25% d'utilisateurs comptent se suicider en raison de la mauvaise économie. Il a d'ailleurs souligné que le taux d'infection au VIH avait augmenté de 50%. Presque la moitié des nouveaux séropositifs sont infectés à cause de l'usage de drogue. Le gouvernement grec a dû réduire le budget pour les soins médicaux, ce qui a aussi causé des inquiétudes concernant l'offre de médicaments. L'usage de l'héroïne a augmenté de 20% en 2009. Un tiers des programmes d'aide pour les toxicomanes ont été annulés en 2009 et en 2010, faute de budget. Certains vont plus loin pour rentrer dans ces programmes plus vite : ils s'infectent à dessein.
Andreas Loverdos
Ministre de la Santé
"Notre pays fait face à une grande crise financière. Mais aussi, il y a un défi pour fournir les soins médicaux. L'accès aux soins médicaux est très limité dans le système de santé du pays, ce qui ne doit pas avoir lieu."
M. Loverdos a indiqué que le ministre de la Santé avait réduit le temps nécessaire pour s'inscrire aux centres de réhabilitation, et a aussi sécurisé le financement de l'offre en médicaments dans son prochain budget, malgré la crise des dettes.
Les responsables du ministère ne veulent pas confirmer le nombre de suicides, mais ils ont annoncé que certains programmes pour aider les gens en dépression étaient déjà en préparation.
Markos Bolaris
Vice-ministre de la Santé
"Nous allons former des pharmaciens, des infirmières, des notaires, des juges, des avocats qui peuvent déterminer certains problèmes spécifiques quand on leur rend visite. Ils peuvent ensuite contacter les services sociaux ou les centres de santé, afin d'aider les gens en dépression à temps. "
Les responsables indiquent que davantage de gens ont perdu leur foyer. La municipalité d'Athènes avoue que le nombre de sans-foyers a augmenté de 25% ces 2 dernières années. Psychologue basé à Athènes, George Bouras, 38 ans, qui travaille dans la clinique de psychologie de l'hôpital d'Attikon, indique que la santé mentale des Grecs est affectée par beaucoup de problèmes en raison de la crise économique.
Géorge Bouras
Psychologue à Athènes
"En ces temps de crise, nous avons vu davantage de gens qui souffrent de problèmes psychologiques, et ils cherchent de l'aide et du soutien. Certains connaissent une aggravation des symptômes qu'ils présentent déjà et d'autres souffrent d'une grande dépression à cause des problèmes financiers."
Des mesures d'austérité ont déjà été mises en place par le gouvernement grec, le but étant d'atténuer les faillites, mais ces mesures ont aussi d'autres conséquences telles que le chômage, dont le taux s'élève déjà à 16%. Des dizaines de milliers de commerces ont dû également fermer faute de financement.
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