Le
poète et journaliste argentin Juan Gelman vient de mourir à Mexico à
l'âge de 83 ans. Figure centrale des lettres ibéro-américaines, il avait
publié une chronique dans le quotidien de Buenos Aires Página/12
dès son premier numéro, paru le 26 mai 1987. La présidente argentine a
décrété un deuil national de 3 jours pour lui rendre hommage.
Un oiseau vivait en moi.
Une fleur voyageait dans mon sang.
Mon cœur était un violon.
Une fleur voyageait dans mon sang.
Mon cœur était un violon.
J'ai aimé ou pas. Mais parfois
on m'a aimé. Moi aussi
je me réjouissais : du printemps,
des mains jointes, de ce qui rend heureux.
on m'a aimé. Moi aussi
je me réjouissais : du printemps,
des mains jointes, de ce qui rend heureux.
Je dis que l'homme se doit de l'être !
(Ci-gît un oiseau.
Une fleur.
Un violon.)
Une fleur.
Un violon.)
Épitaphe, premier poème de son premier livre, Violon et autres questions
Allan McDonald, Honduras
JUAN
par Eduardo Galeano
Il y a quelques jours, parlant du Gros Soriano* et du Nègre Fontanarrosa*, j'ai dit, ou plutôt confirmé : -Parfois, le mort ment.
Et je le redis ici : la mort ment quand elle dit que juan gelman n'est plus.
Il continue à vivre dans tout ce que nous avons aimé, dans tout ce que nous avons lu, dans tout ce que nous avons entendu dans sa voix du plus profond de nos êtres.
Nous ne trouverons jamais de mots pour exprimer notre gratitude à l'homme qui fut multitude, celui qui fut nous-mêmes et continuera de l'être dans les paroles qu'il nous a laissées.
* NdT
Roberto el Negro Fontanarrosa (Rosario, 26 nov. 1944 – ibídem, 19 juil. 2007), humoriste graphique et écrivain argentin.
Osvaldo Soriano (6 janv. 1943 – 29 janv. 1997), écrivain et journaliste argentin.
Roberto el Negro Fontanarrosa (Rosario, 26 nov. 1944 – ibídem, 19 juil. 2007), humoriste graphique et écrivain argentin.
Osvaldo Soriano (6 janv. 1943 – 29 janv. 1997), écrivain et journaliste argentin.
Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Juan Gelman
Considéré
comme l’un des majeurs poètes contemporains d’Amérique latine, Juan
Gelman était né en 1930 à Villa Crespo, un quartier de Buenos Aires,
troisième enfant de José et Paulina, deux immigrants juifs de Russie.
Il apprend à lire à l’âge de trois ans et passe son enfance à faire du
vélo, jouer au foot et à lire. Dans sa jeunesse il fait partie de
divers groupes et mouvements littéraires, dont „El pan duro“ (le Pain
dur), qui édite son premier livre, “Violín y otras cuestiones”.
Adhérent du parti communiste à l’âge de 15 ans, il se rapprochera plus tard des péronistes de gauche, devenant membre du mouvement des Montoneros (qu’il quittera pour désaccords avec la direction). Il est obligé sous la dictature militaire (1976-1983), de s’exiler en Europe puis au Mexique, où il vivra jusqu'à sa disparition le 14 janvier 2014.
Adhérent du parti communiste à l’âge de 15 ans, il se rapprochera plus tard des péronistes de gauche, devenant membre du mouvement des Montoneros (qu’il quittera pour désaccords avec la direction). Il est obligé sous la dictature militaire (1976-1983), de s’exiler en Europe puis au Mexique, où il vivra jusqu'à sa disparition le 14 janvier 2014.
Sous la dictature son fils Marcelo Ariel et sa belle-fille María Claudia García Irureta Goyena de Gelman sont enlevés par les forces de répression. Marcelo meurt sous la torture et María Claudia est exécutée en Uruguay après avoir accouché de sa fille, par un groupe de tortionnaires dirigés par l’Uruguayen Ricardo José Medina Blanco, alias Le Lapin. Une des nombreuses pages sombres de l’Opération Condor montée par la CIA contre tous ceux qui furent identifiés comme ennemis par les dictatures du Cône Sud (Argentine, Chili, Uruguay, Paraguay, Bolivie).
C’est seulement en avril 2000 que Juan Gelman a pu,
après de longues recherches, retrouver sa petite-fille Maria Macarena,
adoptée de manière illégale par un policier uruguayen et sa femme.
Le colonel en retraite uruguayen Manuel Cordero est
incarcéré (et sous traitement médical) à Porto Alegre, au Brésil, pour
sa participation à l’enlèvement, au transfert en Uruguay et l’exécution
de María Claudia. Cordero est aussi accusé de l’assassinat du sénateur
uruguayen Zelmal Michelini et de participation à l’assassinat de
l’ex-président de la Chambre des députés uruguayenne Hector Gutierrez
Ruiz. Il attend son extradition vers l’Argentine, décidée par le
Tribunal suprême brésilien en 2009.
Juan Gelman a obtenu le Premio Nacional de Literatura argentin en 1997 et le Prix Juan Rulfo en 2000. Récemment, il a obtenu le prix Lezama Lima, en 2004 le prix Ramón López Velarde et en 2005 le prix Iberoamericano de Poesía Reina Sofía.
Créateur aux multiples facettes, de poésie mais aussi de prose, d’une pièce de théâtre, La junta luz (1982), et de deux opéras.
Gelman est aussi journaliste. Il publie régulièrement de nombreux articles dans Página/12, le quotidien de Buenos Aires et publiés sous le titre Prosa de prensa et Nueva prosa de prensa.
Il croit à la poesía casada con la poesía (poésie mariée avec la poésie) mais n'est pas indifférent au monde qui l'entoure et aux engagements nécessaires qu'il suscite. Il s'inspire autant des grands ancêtres latino-américains que des mystiques espagnols, de la tradition judéo-espagnole ou des poètes nord-américains. Ses thèmes sont, comme il dit, el amor, la revolución, el otoño, la muerte, la infancia y la poesía(l’amour, la révolution, l’automne, la mort, l’enfance et la poésie). Thèmes auxquels il faut ajouter celui de la mémoire.
L'intertextualité - et au sens large la transtextualité - est une des caractéristiques de son œuvre multiforme.Il écrit une poésie profondément humaniste et généreuse. Son dernier recueil País que fue será (2004) témoigne d'une espérance nouvelle en l'Argentine et le futur.
Juan Gelman a obtenu le Premio Nacional de Literatura argentin en 1997 et le Prix Juan Rulfo en 2000. Récemment, il a obtenu le prix Lezama Lima, en 2004 le prix Ramón López Velarde et en 2005 le prix Iberoamericano de Poesía Reina Sofía.
Créateur aux multiples facettes, de poésie mais aussi de prose, d’une pièce de théâtre, La junta luz (1982), et de deux opéras.
Gelman est aussi journaliste. Il publie régulièrement de nombreux articles dans Página/12, le quotidien de Buenos Aires et publiés sous le titre Prosa de prensa et Nueva prosa de prensa.
Il croit à la poesía casada con la poesía (poésie mariée avec la poésie) mais n'est pas indifférent au monde qui l'entoure et aux engagements nécessaires qu'il suscite. Il s'inspire autant des grands ancêtres latino-américains que des mystiques espagnols, de la tradition judéo-espagnole ou des poètes nord-américains. Ses thèmes sont, comme il dit, el amor, la revolución, el otoño, la muerte, la infancia y la poesía(l’amour, la révolution, l’automne, la mort, l’enfance et la poésie). Thèmes auxquels il faut ajouter celui de la mémoire.
L'intertextualité - et au sens large la transtextualité - est une des caractéristiques de son œuvre multiforme.Il écrit une poésie profondément humaniste et généreuse. Son dernier recueil País que fue será (2004) témoigne d'une espérance nouvelle en l'Argentine et le futur.
Livres parus en français
Obscur ouvert, éditions PHI, 1997Les poèmes de Sydney West, Editions Créaphis, 1997
Lettres à ma mère, Editions Myriam Solal, 2002
Salaires de l'impie et autres poèmes, Editions Ecrits des Forges, Graphiti, 2002
L’Opération d'amour, NRF Gallimard, 2006
Philippe Friolet a consacré une étude à La poétique de Juan Gelman : une écriture à trois visages (L’Harmattan, 2006)
Bibliographie en espagnol
“Violín y otras cuestiones”, Gleizer, Buenos Aires, 1956. “El juego
en que andamos”, Nueva Expresión, Buenos Aires, 1959. “Velorio del
solo”, Nueva Expresión, Buenos Aires, 1961. “Gotán” (1956-1962), La
Rosa Blindada, Buenos Aires, 1962. (Reeditado en 1996) “Cólera Buey”,
La Tertulia, La Habana, 1965. (Reeditado en 1994) “Los poemas de Sidney
West”, Galerna, Buenos Aires, 1969. (Reeditado en 1995) “Fábulas”, La
Rosa Blindada, Buenos Aires, 1971. “Relaciones”, La Rosa Blindada,
Buenos Aires, 1973. “Hechos y Relaciones”, Lumen, Barcelona, 1980. “Si
dulcemente”, Lumen, Barcelona, 1980. “Citas y Comentarios”, Madrid,
Visor 1982. “Hacia el Sur”, Marcha, México, 1982. “Com/posiciones”
(1983-1984), Ediciones del Mall, Barcelona, 1986. “Interrupciones I”,
Libros de Tierra Firme, Buenos Aires, 1986. “Interrupciones II”, Libros
de Tierra Firme, Buenos Aires, 1988. “Anunciaciones”, Visor, Madrid,
1988. “Carta a mi madre”, Libros de Tierra Firme, Buenos Aires, 1989.
“Dibaxu”, Seix Barral, Buenos Aires, 1994. “Salarios del impío”, Libros
de Tierra Firme, Buenos Aires, 1993. “Incompletamente”, Seix Barral,
Buenos Aires, 1997. “Valer la pena”, Seix Barral, Buenos Aires, 2001.
“País que fue será”, Seix Barral, Buenos Aires, 2004. Juan Gelman,
esperanza, utopía y resistencia. Pablo Montanaro. Ediciones Lea. 2006.
Anthologies poétiques
“Poemas”, Casa de las Américas, La Habana, 1960. (Al cuidado de
Mario Benedetti y Jorge Timossi) “Obra poética”, Corregidor, Buenos
Aires, 1975. “Poesía”, Casa de las Américas, La Habana, 1985. (Prólogo y
selección de Víctor Casaus) “Antología poética”, Vintén, Montevideo,
(1993). (Selección, prólogo y bibliografía completa de Lilián Uribe)
“Antología personal”, Desde la Gente, Instituto Movilizador de Fondos
Cooperativos, Buenos Aires, 1993. “En abierta oscuridad”, Siglo XXI,
México, 1993. “Antología poética”, Espasa Calpe, Buenos Aires, 1994.
(Selección y prólogo de Jorge Fondebrider) “De palabra” (1971-1987).
Prólogo de Julio Cortázar, Visor, Madrid, 1994.
Prose
“Prosa de prensa”, Ediciones B, España, 1997. “Ni el flaco perdón de
Dios/Hijos de desaparecidos” (En coautoría con Mara La Madrid),
Planeta, Buenos Aires, 1997. “Nueva prosa de prensa”, Ediciones B
Argentina, Buenos Aires, 1999. “Miradas”, Seix Barral, Buenos Aires
2005.
Visitez son blog http://www.juangelman.com/wordpress
(Source : notice bio-bibliographique publiée sur Tlaxcala en 2007)
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