Le soulèvement de la jeunesse "noire" à Baltimore, suite au énième meurtre par un flic d'un jeune, n'est pas un coup de tonnerre dans un ciel serein. 47 ans après les émeutes de Baltimore d'avril 1968, les choses, loin de changer, n'ont fait qu'empirer. Et la présence d'un "Noir" à la Maison blanche ne change rien, au contraire même, peut-être. Les émeutes de 1968 avaient été déclenchées par l'assassinat de Martin Luther King Jr. à Memphis. Alors comme aujourd'hui, les "élites politiques noires" s'étaient bousculées au portillon pour surfer sur la vague de révolte. Alors comme aujourd'hui, sans succès. Aujourd'hui comme alors, les émeutes provoquent un débat sur la violence des émeutiers, les médias dominants s’émouvant plus face aux bris de vitrines qu'au massacre de jeunes par les flics. Aujourd'hui comme alors, il faut proclamer la différence radicale entre la "violence contre les gens" et la "violence contre les choses", que faisait Rudi Dutschke, le leader étudiant allemand mort en 1979 des suites d'un attentat commis en avril 1968 par un jeune ouvrier au cerveau lavé par les médias dominants. Nous vous proposons deux textes sur la situation aux USA, où l'été promet d'être chaud, chaud, chaud.-FG
Baltimore, avril 2015
Baltimore, avril 1968
Soutien à Baltimore : casser des voitures de police est une stratégie politique logique
par Radical Faggot Pédé Radical. Traduit par Nicolas Casaux , édité par Héléna Delaunay
En tant que nation nous échouons à comprendre la stratégie politique noire de la même façon que nous échouons à reconnaître la valeur de la vie d’un noir.
par Radical Faggot Pédé Radical. Traduit par Nicolas Casaux , édité par Héléna Delaunay
En tant que nation nous échouons à comprendre la stratégie politique noire de la même façon que nous échouons à reconnaître la valeur de la vie d’un noir.
Nous voyons des ghettos, le crime et des
parents absents là où nous devrions voir des communautés luttant activement
contre des crises de santé mentale et contre une exploitation économique
préméditée. Et lorsque nous voyons des voitures de police cassées et des
biens détruits, nous devrions y voir des réponses raisonnables à plusieurs
générations de violence étatique extrême, et des décisions logiques sur le
genre d' actions entrainant les résultats politiques désirés.
Je suis éberlué par la diffamation généralisée
des manifestants de ce week-end à Baltimore, pour ne pas être restés
pacifiques. La rhétorique de la « pomme pourrie » voudrait nous faire croire
que la plupart des protestataires manifestaient de la bonne manière — selon
leur droit constitutionnel — et que seuls quelques-uns venaient troubler la
fête, donnant une mauvaise image du mouvement.
Cette manipulation doit être ignorée, tout
d’abord en raison du black-out médiatique presque total sur toutes les
actions ayant lieu sur le terrain, particulièrement au cours de ce
week-end. Mais aussi parce que ça n’a aucun sens de citer la Constitution
dans une manifestation pour les droits civiques des noirs (ce document n’a
pas été écrit pour nous, tu te souviens ?), et certainement pas dans une
action organisée afin d’attirer l’attention sur le fait que l’État
transgresse ses propres lois presque constamment vis-à-vis des opprimés.
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USA : émergence d'une
nouvelle génération de radicaux noirs
par Chris
Hedges.Traduit par Nicolas
Casaux, édité par Héléna Delaunay
Les meurtres quasi quotidiens par la police de
jeunes femmes et hommes noirs aux USA — crise à laquelle les manifestations de
groupes comme Black Lives Matter et la rhétorique vide des élites politiques
noires n’ont rien changé — ont donné naissance à un nouveau jeune militant
noir.
Ce militant, émergeant des rues ensanglantées de
villes comme Ferguson, dans le Missouri, comprend que le monstre n’est pas
simplement le suprémacisme blanc, la pauvreté chronique et les multiples formes
du racisme, mais l’énergie destructrice du capitalisme. Ce militant a abandonné
la politique électorale, les tribunaux et les réformes législatives, il déteste
la presse capitaliste et rejette les leaders noirs établis comme Barack Obama,
Jesse Jackson, Al Sharpton et Michael Eric Dyson. Ce
militant est persuadé qu’il n’y a que dans la rue et dans les actes de
désobéissance civile que le changement est possible. Étant donné le refus de
l’État capitaliste de s’attaquer aux souffrances croissantes des pauvres et des
travailleurs pauvres, la répression étatique draconienne et le recours indiscriminé
à la violence d’État létale contre les gens de couleur sans défense, je pense
que le nouveau radical noir a raison. L’été s’annonce long, chaud et violent.
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