lundi 4 juillet 2011

Le mariage à la grecque de Netanyahou

par Barak Ravid ברק רביד ? Haaretz, 1/7/2011. Traduit par Fausto Giudice, Tlaxcala
Netanyahou a investi au cours des 18 derniers mois dans les relations avec la Grèce. Il a gagné son pari : la Grèce vient de bloquer dans ses ports les bateaux de la Flottille pour Gaza.
Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou apparaît généralement comme trop “sûr de lui de dominateur”. Mais cette fois-ci, son arrogance semble quelque peu justifiée. Son investissement personnel dans les relations avec le  Premier ministre grec Georges Papandréou, au cours des 18 derniers mois, durant lesquels il a multiplié les liens diplomatiques avec ce pays européen plongé dans la crise, semble avoir porté le coup de grâce à la Flottille pour Gaza.
 
Dans un discours prononcé jeudi soir lors de la remise de diplômes de l'École des pilotes des forces aériennes israéliennes, Netanyahou a évoqué les efforts diplomatiques déployés pour empêcher la Flottille de Gaza de prendre la mer. Le seul dirigeant dont Netanyahou a mentionné le nom dans son discours a été celui du Grec Georges Papandréou.
 
La veille, le Premier ministre israélien s'était entretenu avec son homologue grec, le suppliant d'émettre un ordre pour interdire aux bateaux d'appareiller de Grèce vers la Bande de Gaza.

Contrairement à d’autres occasions dans le passé, Papandréou a répondu positivement, et un haut responsable israélien impliqué dans les pourparlers entre le Premier ministre grec et Netanyahou a déclaré qu'Israël savait dès jeudi après-midi que la Grèce prévoyait de bloquer le départ des bateaux depuis ses ports.
 
L’idylle entre Netanyahou et Papandréou a commencé en février 2010, lorsque les deux hommes se sont rencontrés par hasard au restaurant Pouchkine à Moscou. Netanyahou a profité de cette occasion pour discuter avec le Premier ministre grec de la position extrémiste de la Turquie  contre Israël et ils sont vite devenus amis.

Les deux dirigeants israélien et grec se sont parlé, depuis leur rencontre à Moscou, au moins une fois par semaine.

La Flottille turque pour Gaza de mai 2010 a provoqué de vives inquiétudes dans les rangs des services de renseignement et de l’armée en Grèce, qui ont commencé à faire pression sur le gouvernement pour qu'il renforce ses liens diplomatiques avec Israël. Papandréou s’est laissé facilement convaincre.
 
En juillet 2010, il est arrivé à Jérusalem, la première visite officielle d'un Premier ministre grec en Israël en 30 ans. Quelques semaines plus tard, Netanyahou s’est rendu à Athènes, et il a passé une journée entière avec Papandréou et d'autres responsables grecs sur une île voisine de la capitale.
Ile de Poros, 17 août 2010: Papandréou offrant une petite croisière à Netanyahou à bord d'une des trois vedettes  lance-missiles achetées par la Grèce à Israël six ans auparavant. Ces dames étaient aussi de la partie.

Des diplomates israéliens peuvent attester que l'amitié florissante entre les deux pays au cours des 18 derniers mois a été rien moins que spectaculaire. Les échanges de renseignements se sont intensifiés, les forces aériennes israélienne et grecque ont mené une série d’exercices communs et Netanyahou a demandé l'aide de Papandréou pour faire passer plusieurs messages au Président de l'Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
 
Une bonne partie des discussions entre Netanyahou et Papandréou au cours des derniers mois, ont tourné autour de la grave crise financière que la Grèce subit actuellement. Netanyahou a récemment décidé de venir en aide à son nouvel ami lors d'une réunion de ministres des Affaires étrangères et de dirigeants européens, les suppliant de fournir une aide financière à la Grèce.

“Netanyahou est devenu le lobbyiste de la Grèce auprès de l'Union européenne”, dit un diplomate israélien.
 
Ces dernières semaines, lorsque les efforts pour empêcher le départ imminent de la Flottille pro-palestinienne pour Gaza ont atteint leur paroxysme, Netanyahou a récolté les fruits de son investissement dans les liens Israël-Grèce et son pari sur ce pays européen a payé.

Il a pu créer une alternative viable aux relations avec la Turquie sous plusieurs aspects, montrant à Erdogan qu'Israël n'hésitera pas à se rapprocher de son pire ennemi en Occident.

Et à l’heure de vérité, la Grèce s’est exécutée et a ordonné le blocage de tous les départs de ses ports vers Gaza. La décision de la Grèce, avec l'annonce de la Fondation d'aide humanitaire turque IHH qu'elle n'enverrait pas le Mavi Marmara, et la déclaration du Président de Chypre interdisant aux bateaux d'appareiller pour Gaza ont scellé le sort de la Flottille presque définitivement.
 
“Les organisateurs de la Flottille n'ont pas tenu compte du fait que la Grèce de juillet 2011 n'est pas celle de mai 2010”, dit un haut responsable israélien qui a travaillé intensivement, ces derniers mois, à  empêcher la mission de la Flottille pour Gaza d'avoir lieu.

“Aujourd'hui, c’est une autre Grèce à laquelle Israël a à faire”, ajoute-t-il. “Les organisateurs de la Flottille ne l'ont pas compris, et aujourd'hui ils en paient le prix”.

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