Original: Mafie, i padroni della crisi-Perché i boss non fanno crac
La crise est un business planétaire pour les mafias. Les clans criminels utilisent avec l’arrogance de l’impunité les banques US pour recycler des millions de dollars. En Grèce ils profitent de la corruption pour faire des affaires avec les carburants. En Espagne, ils s’infiltrent dans le marché immobilier et misent sur des profits colossaux avec des projets comme Eurovegas. Une économie sale qui se camoufle dans les sanctuaires de la grande finance.
Les capitaux mafieux sont en train de tirer profit de la crise économique européenne et, plus généralement, de la crise économique en Occident, pour infiltrer de manière capillaire l’économie légale. Pourtant les capitaux mafieux ne sont pas seulement l’effet de la crise mondiale, mais ils en sont aussi et surtout la cause, vu qu’ils sont présents dans les flux économiques depuis les origines de cette crise. En décembre, le responsable de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, Antonio Maria Costa révéla avoir les preuves que les gains des organisations criminelles avaient été l’unique capital liquide d’investissement dont certaines banques avaient pu disposer pendant al crise de 2008 pour éviter une débâcle.
Un manifestant met à sécher des faux billets de banque devant une agence de la banque HSBC à Mexico. Photo Alfredo Estrella/Agence France-Presse — Getty Images
Selon les estimations du FMI, entre janvier 2007 et septembre 2009 les banques US et européennes ont perdu un billion (1 million de millions, soit mille milliards) de dollars en titres toxiques et prêts inexigibles et plus de 200 prêteurs hypothécaires ont fait faillite. Beaucoup d’établissements de crédit ont fait faillite, ont été secourus ou mis sous tutelle par le gouvernement. Il est donc possible d’identifier le moment exact où les organisations criminelles italiennes, russes, balkaniques, japonaises, africaines et indiennes sont devenues déterminantes pour l’économie internationale. Cela est arrivé durant la seconde moitié de 2008, quand le problème principal du système bancaire était devenu celui des liquidités. Le système était pratiquement paralysé à cause de la réticence des banques à accorder des prêts et seules les organisations criminelles semblaient disposer d’énormes quantités d’argent comptant à investir, à recycler.Un enquête récente de deux économistes colombiens, Alejandro Gaviria et Daniel Mejiia de l’Université di Bogotá, a révélé que 97,4% des recettes provenant du trafic de stupéfiants en Colombie sont immédiatement recyclés par des circuits bancaires des USA et d’Europe à travers diverses opérations financières. C’est de centaines de milliards de dollars qu’il s’agit. Le recyclage se produits à travers un système de paquets d’actions, un mécanisme de boîtes chinoises par lequel l’argent comptant est transformé en titres électroniques, qui passent d’un pays à l’autre, et, une fois arrivés dans un autre continent, ils sont presque propres et, surtout, intraçables. C’est ainsi que les prêts entre banques ont commencé à être systématiquement financés avec de l’argent provenant du trafic de drogue et d’autres activités illicites. Quelques banques n’ont du leur sauvetage qu’à cet argent-là. Une grande partie des 352 milliards de dollars provenant du trafic de drogue ont été absorbés par le système économique légal, parfaitement recyclés. Cela ne démontre pas seulement qu’en temps de crise les défenses immunitaires des banques connaissent une chute dangereuse, mais aussi qu’en temps de reprise économique, ce seront les capitaux criminels qui détermineront les politiques financières des banques devant leur sauvetage aux capitaux criminels. Cette dynamique amène à s’interroger sur le poids qu’ont els organisations criminelles sur le système économique en temps de crise et à estimer nécessaire un plus grand contrôle du secteur bancaire.
Et si l’argent de la drogue est si utile aux banques et aux pays qui le recyclent, cela permet de comprendre comment il se fait que la lutte contre la drogue, dans beaucoup de pays occidentaux, soit menée « avec le frein à main », surtout dans des périodes de crise où la disponibilité de liquidités monétaires est perçue comme une oasis dans le désert. On cible seulement la phase productive et les activités des cartels criminels, et on néglige la phase de recyclage des recettes. En fin de compte, c’est la microéconomie de la drogue que l’on combat, et pas la macroéconomie. Il suffit de penser que si en Colombie, des mesures hautement restrictives empêchent l’injection dans les banques d’immenses quantités d’argent, aux USA, la loi sur la vie privée et le secret bancaire permet de créer un fond bancaire à l’origine inconnue. On peut donc soupçonner que les institutions US et européennes en savent beaucoup plus qu’elles ne disent et qu’il n’est pas facile pour les gouvernements d’attaquer les grands groupes financiers.
Les capitaux criminels sont en train de revenir dans les banques. Dans ce contexte, les moments les plus critiques ont été la crise financière en Russie – dont les causes furent aussi attribuées à l’expansion de la mafia russe – et les cries mondiales de 2003 et 2007-2008. Le secteur financier s’est alors retrouvé à court de liquidités, les banques se sont donc ouvertes aux cartels criminels qui avaient de l’argent à investir. « Les banques aux USA sont utilisées pour accueillir des grandes quantités de capitaux illicites cachés dans les milliards de dollars qui sont transférés entre banques chaque jour », a déclaré Jennifer Shasky Calvery, chef de la Section recyclage du Département de la Justice US, en février 2012, lors d’une audition au Congrès sur le crime organisé. New York et Londres seraient devenues les deux plus grandes blanchisseries d’argent sale du monde. Ce ne sont plus les paradis fiscaux comme les Iles Cayman ou l’Ile de Man, mais la City et Wall Street. Pendant les crises, les banques deviennent plus commodes et surtout plus sûres per le recyclage. Quand il se réunit, el G20 devrait avoir pour seule priorité d’élaborer des nouvelles règles pour faire face à l’économie criminelle, qui est une force autrement plus puissante que le terrorisme pour miner la démocratie et éroder les droits, compromettre les marchés et permettre des richesses apparentes.
La Grèce vit depuis des années une agression criminelle que l’Europe et les gouvernements grecs ont sous-évaluée. Cette agression est certainement un des éléments qui ont provoqué le désastre économique et la fragilité des institutions. L’indice de corruption 2011 élaboré par Transparency International met la Grèce au même niveau que la Colombie. La corruption en Grèce a coûté environ 860 millions d’euros en 2009 et environ 590 en 2010. Parmi les institutions les plus corrompues du pays il y aurait les hôpitaux et le Trésor public. Ces données disent clairement que la Grèce est une terre d’investissements mafieux depuis des décennies. Ce n’est pas par hasard que le plus grand sommet de la mafia russe se serait tenu en décembre 2012, justement en Grèce, dans un restaurant de Salonique. Les représentants d’une soixantaine de familles mafieuses y auraient pris part, pour mettre fin à une guerre sanglante déclenchée en 2008 et qui a impliqué aussi la Grèce, où, en mai 2010, Lavrenty Chokladis, représentant pour l’Europe du parrain de 73 ans Aslan Usoyan, dit « Papy Hassan », était mort à l’improviste. Maintenant, à cause de la crise, les Grecs ont du puiser dans leur épargne : environ 50 milliards d’euros ont été prélevés dans les banques grecques de 2009 à 2011. Les canaux de prêt officiels venant à manquer, toujours plus de gens recourent aux emprunts illégaux, se tournant vers des usuriers.
Selon certaines données, le marché noir des prêts illégaux en Grèce aurait un chiffre d’affaires d’environ 5 milliards d’euros par an ; mais d’après le gouvernement, il s’élèverait carrément au double, soit 10 milliards. Il semble que cette activité ait quadruplé depuis le début de la crise en 2009. De cette somme, plus de la moitié reste dans les poches des usuriers, qui pratiques des taux d’intérêt à partir de 60% par an. A Salonique, deuxième ville du pays, en janvier dernier, une organisation criminelle a été démantelée : elle prêtait de l’argent à des taux d’intérêt de 5 à 15% par semaine. Et pour ceux qui ne payaient pas, des punitions étaient prévues. Le groupe était actif à Salonique depuis 15 ans et il était composé de 53 extorqueurs, dont deux avocats, un médecin et un employé d’une équipe de football. Le nombre de victimes établi est entre 1500 et 2000, pour un gain total d’environ 1 milliard d’euros. Le nom qui émerge dans l’organisation est celui de Marcos Karamberis, un propriétaire de restaurant qui avait été candidat au poste de vice-gouverneur de l’Imathie, une région de la Grèce du Nord. Les frères Konstantinos et Marios Meletis, accusés dans le passé de trafic de drogue, jouaient un rôle de premier plan. Parmi les accusés il y a aussi Dimitrios Lambakis, un entrepreneur de 54 ans, propriétaire d’une usine de pâte feuilletée à Halkidiki. D’après les enquêteurs, l’usine avait été récupérée par les usuriers parce que le précédent propriétaire n’était pas parvenu à payer ses dettes. Selon des sources du ministère des Finances grec, beaucoup d’opérations d’usure en Grèce sont liées aux bandes duc rime organisé des Balkans et d’Europe de l’Est. Quand la Roumanie et la Bulgarie ont rejoint l’Union européenne en 2007, les bandes criminelles ont eu un accès facile à la Grèce. Leurs activités principales sont le trafic de femmes et d’héroïne, l’usure n’est qu’une activité secondaire.
Mais le marché noir qui présente les chiffres les plus importants dans la contrebande en Grèce est celui du pétrole. La contrebande de gasoil illégal procure jusqu’à 3 milliards d’euros par an (chiffres de 2008). Les lois grecques fixent le prix du gasoil pour usage naval/maritime – l’industrie navale est le fleuron de l’économie grecque – à un tiers du prix du gasoil pour véhicules ou pour le chauffage domestique. Mais il arrive que les trafiquants transforment le carburant naval économique en coûteux carburant pour maisons et automobiles. C’est une pratique qui exige une vaste infrastructure criminelle, y compris des dépôts illégaux près de sports et des grandes villes pour stocker le carburant naval, qui est adultéré et revendu pour d’autres usages. On estime que 20% de l’essence vendue en Grèce provient du marché illégal : à ce que l’on dit, les stations-essence vendent une essence qui serait un mélange de carburant acheté légalement et de carburant acheté au marché noir, ce qui permet aux revendeurs de gagner plus et d’éviter les taxes. En outre, la Grèce importe 99% de son carburant, et pourtant, selon des chiffres officiels, elle parviendrait à exporter vers les pays voisins plus qu’elle importe. Le politologue grec Panos Kostakos rappelle que "la Grèce est le lieu de naissance de la démocratie, mais malheureusement l’actuel système politique est une mafiacratie parlementaire. Il ne faut pas le perdre de vue quand on discute de lois, d’ordre et de justice".
Depuis longtemps, la Grèce est, avec l’Espagne, la porte des routes de la cocaïne en Europe. En décembre 2011, une enquête de l’antimafia de Milan a conduit à l’arrestation de 11 personnes, à la saisie de 117 kilos de cocaïne, 48 de haschich et divers véhicules utilisés pour un trafic de drogue d’Amérique du Sud vers l’Italie via la Grèce. Derrière la crise en Espagne il y a aussi des années de pouvoir des capitaux criminels, d’absence de règles, de combat seulement contre les secteurs militaires des organisations. Aujourd’hui l’Espagne est colonisée par des groupes criminels autochtones (galiciens, basques et andalous) et par des organisations étrangères (italiennes, russes, colombiennes et mexicaines). Historiquement, elle a toujours été un refuge pour les criminels italiens en fuite, bien que les choses aient changé avec l’entre en vigueur du mandat d’arrêt européen. La législation antimafia espagnole a aussi été améliorée, mais le pays continue à offrir des grandes opportunités de recyclage, qui sont devenues encore plus grandes avec l’actuelle crise européenne. Le boom immobilier que le pays a connu de 1997 à 2007 a sûrement été une manne pour ces organisations, qui ont investi leurs gains sales dans la brique ibérique.
Zakhar Kalashov et Taniel Oniani, arrêtés respectivement en 2006 et 2011, sont des représentants de l’organisation appelée "Voleurs dans la loi", active en Russie et en Géorgie ; ils réinvestissaient les recettes de leurs trafics dans le marché immobilier espagnol. Puis l’Espagne a été pendant de nombreuses années un point d’arrivée privilégié en Europe pour les trafiquants de cocaïne : c’est là que débarquaient les cargaisons provenant de Colombie à travers l’Atlantique, avant que les mesures antimafia européennes ne contraignent les organisations à dévier leurs parcours vers l’Afrique. Nunzio De Falco , le boss du clan des Casalais [Casalesi : confédération de clans camorristes originaires de Casal di Principe, entre Naples et salerne, NdT] résidait à Grenade, où officiellement il gérait un restaurant, mais en réalité il trafiquait de la drogue. Les "Espagnols de Scampia" [quartier de Naples, théâtre d’une guerre sanglante de gans en 2004-2005, NdT] – comme Raffaele Amato, arrêté à Marbella en 2009 – vivaient à Madrid, Barcelone et sur la Costa del Sol, investissant dans le marché immobilier et financier. Roberto Pannunzi et son fils Alessandro, courtiers en stups liés à diverses 'ndrine [unités de base de la 'Ndrangheta calabraise, NdT] utilisaient l’Espagne comme base opérationnelle pour leurs trafics. Bien que la "route africaine" ait modifié les parcours de la poudre blanche et l’implantation des organisations, la route atlantique n’a pas été abandonnée, elle a seulement été redimensionnée. L’Espagne représente donc encore un nœud stratégique pour le trafic de cocaïne vers les pays européens. Dans une telle situation, la proposition du magnat US Sheldon Adelson [par ailleurs grand sponsor de Mitt Romney et de Benyamin Netanyahou, NdT] d’investir 35 milliards de dollars dans Eurovegas, un complexe de casinos, d’attractions et structures touristiques sur le modèle de Las Vegas, à réaliser en Catalogne ou près de Madrid, risque de transformer ce lieu en centre de recyclage mafieux de l’Occident.
En 2006 la Banque centrale d’Espagne lança une enquête pour comprendre les raisons de la présence sur le territoire national d’une incroyable quantité de billets de 500 euros, surnommés "Ben Laden", parce qu’on en parle beaucoup mais on les voit très peu, comme le chef taliban. Les billets de 500 euros sont utilisés très fréquemment par les organisations criminelles parce qu’ils occupent peu de place pour le transport et le stockage : dans un coffre de 45 cm, on peut mettre jusqu’à 10 millions d’euros en billets de 500. En 2010, les agents de change anglais ont cessé de les convertir après avoir découvert que 9% des transactions étaient liées à des phénomènes criminels comme le trafic de stups et le recyclage. Pourtant, les billets de 500 euros représentaient encore en 2011 71,4% de la valeur de tous les billets de banque présents en Espagne.
L’Italie ne fait hélas pas exception. La mafia italienne peut compter chaque année (selon un rapport SOS impresa) sur des liquidités de 65 milliards avec un bénéfice dépassant d’environ 25 milliards la dernière manœuvre financière italienne. Les organisations mafieuses ont une incidence directe sur le monde de l’entreprise de 100 milliards, soit 7% du PIB national. Tout cet argent, l’Etat et les citoyens honnêtes en sont privés, et il finit dans les poches des mafieux. "Nous provoquerons la défaite de la mafia d’ici la fin de la législature", avait déclaré le Premier ministre Berlusconi en 2009. "En trois ans, nous écraserons la mafia, la camorra et la 'ndrangheta", avait-il répété en 2010. Une autre des nombreuses promesses non tenues. Le Premier ministre italien Mario Monti a déclaré que l’Italie se trouve en difficulté surtout à cause de l’évasion fiscale, qui doit être combattue avec des instruments forts : mais il faut des instruments encore plus forts pour combattre l’économie immergée créée par les mafias, qui tue l’économie propre. Les mafias sont désormais des organisations internationales, mondialisées, qui agissent partout.
Elles parlent diverses langues, elles établissent des alliances avec des groupes outre-mer, elles travaillent en joint ventures et investissent comme n’importe quelle multinationale légale : on ne peut plus répondre à des colosses multinationaux par des mesures locales. Il faut que chaque pays y mette du sien, parce que personne n’est immunisé. Il faut frapper les capitaux, leur moteur économique, qui reste trop souvent intact, car plus difficile à retracer, et parce que, nous l’avons vu, il en fait baver d’envie beaucoup en périodes de crise, à commencer par les banques.
L’Italie ne fait hélas pas exception. La mafia italienne peut compter chaque année (selon un rapport SOS impresa) sur des liquidités de 65 milliards avec un bénéfice dépassant d’environ 25 milliards la dernière manœuvre financière italienne. Les organisations mafieuses ont une incidence directe sur le monde de l’entreprise de 100 milliards, soit 7% du PIB national. Tout cet argent, l’Etat et les citoyens honnêtes en sont privés, et il finit dans les poches des mafieux. "Nous provoquerons la défaite de la mafia d’ici la fin de la législature", avait déclaré le Premier ministre Berlusconi en 2009. "En trois ans, nous écraserons la mafia, la camorra et la 'ndrangheta", avait-il répété en 2010. Une autre des nombreuses promesses non tenues. Le Premier ministre italien Mario Monti a déclaré que l’Italie se trouve en difficulté surtout à cause de l’évasion fiscale, qui doit être combattue avec des instruments forts : mais il faut des instruments encore plus forts pour combattre l’économie immergée créée par les mafias, qui tue l’économie propre. Les mafias sont désormais des organisations internationales, mondialisées, qui agissent partout.
Elles parlent diverses langues, elles établissent des alliances avec des groupes outre-mer, elles travaillent en joint ventures et investissent comme n’importe quelle multinationale légale : on ne peut plus répondre à des colosses multinationaux par des mesures locales. Il faut que chaque pays y mette du sien, parce que personne n’est immunisé. Il faut frapper les capitaux, leur moteur économique, qui reste trop souvent intact, car plus difficile à retracer, et parce que, nous l’avons vu, il en fait baver d’envie beaucoup en périodes de crise, à commencer par les banques.
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