La moitié des travailleurs intérimaires à plein temps gagne moins de 1419 euros brut par mois
par Jörn Boewe, 18/8/2012. Traduit par Michèle Mialane, Tlaxcala
Original: Regierung will Armutslöhne
Traduction disponible : Español
par Jörn Boewe, 18/8/2012. Traduit par Michèle Mialane, Tlaxcala
Original: Regierung will Armutslöhne
Traduction disponible : Español
Même quand des entreprises emploient presque exclusivement des travailleurs intérimaires et les « empruntent » pour plusieurs années, le gouvernement fédéral n’y voit pas une entorse à la loi sur le prêt de personnel. La coalition gouvernementale n’envisage aucune nouvelle réglementation de quelque sorte qu’elle soit. C’est ce qui ressort d’une réponse récente du Ministère du Travail à une « petite question » de Jutta Krellmann , députée de la Linke (BT-Drs. 17/10432).
Cette question faisait suite à des articles de presse concernant l’entreprise Isringhausen, qui fabrique à Ludwigsfelde au sud de Berlin des sièges pour la gamme d'utilitaires Sprinterde Mercedes-Benz . Le Märkische Allgemeine Zeitung avait relaté le 22 mai que cette entreprise n’employait que des travailleurs intérimaires, à l’exception de deux personnes, dont le directeur. Sur la totalité des « travailleurs prêtés », 30 environ travaillaient depuis six ans déjà au même poste, écrivait la MAZ, citant comme sources des personnes concernées. C’est aussi ce que dit le syndicat IG Metall local : «Mercedes exige que le sous-traitant soit établi presque à portée de voix de l’usine, tout en offrant des prix plus proches des prix chinois ou indiens que du travail allemand hautement qualifié », selon le site Internet du service administratif d’IGM à Ludwigsfelde.»
"Travail intérimaire=trafic d'êtres humains". Manifestation à Francfort le 27 avril 2012. Photo dapd |
«L’autorisation d’employer des travailleurs intérimaires dans la même entreprise sur une longue durée y est devenue le meilleur moyen de faire pression su les salaires », poursuit le syndicat sur son site Internet. Jusqu’à Hartz I (2003), il était interdit de prolonger un emploi intérimaire au-delà de deux ans; aujourd’hui - comme par exemple à Isringhausen - ils restent plusieurs années dans la même entreprise. C’est donc une équipe provisoire qui fonctionne comme du personnel permanent. Et si l’employeur ne veut plus de vous, un simple appel auprès de l’agence d’intérim suffit et vous disparaissez dès le lendemain. Pas de préavis, pas de plan social, pas de plainte pour licenciement abusif. »
Selon la loi, «le prêt de personnel à des employeurs par des agences d’intérim ne peut être que provisoire.» La députée Krellmann voulait savoir si «le gouvernement allemand considère que l’emploi d’intérimaires depuis 6 ans et sans que l’on puisse prévoir la fin de la mission mérite l’appellation de provisoire au sens où l’entend la loi sur le prêt de personnel. Réponse de la Ministre Ursula von der Leyen (CDU): « La notion de « provisoire » est à comprendre comme une composante temporelle flexible, sans définition de limite supérieure.» En conséquence «on n’envisage pas pour l’instant de modifier la situation juridique» et «on continuera à pouvoir employer des intérimaires sans fixer au départ une durée maximale du prêt.»
Mais la réponse du ministère contient aussi des indications officielles relatives aux salaires de misère en usage dans cette branche. En 2010 (dernières données disponibles), la moitié des travailleurs intérimaires à temps plein gagnait moins de 1419 euros brut. 74% se situent au-dessous du seuil de bas salaire (1802 euros). Pour comparaison, le revenu moyen des salariés déclarés était cette année-là de 2702 euros. D’après les données ministérielles la part du travail intérimaire dans les offres d’emploi se situait dernièrement aux alentours de 35%.
Von der Leyen « admet bien du bout des lèvres qu’elle est pour le principe « ‘à travail égal, salaire égal’ » commente Krellmann, « mais elle refuse d'établir les réglementations légales qui mettraient fin à cette situation scandaleuse. Il est grand temps d’interdire le travail intérimaire et de redonner priorité à l’emploi régulier. »
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