jeudi 16 août 2012

Colombie : Une nouvelle injustice contre Miguel Ángel Beltrán

Communiqué du Comité des représentants des enseignants du siège de Bogotá de l'Université nationale de Colombie, 25/7/2012
La communauté universitaire  est largement informée de la situation préoccupante et injuste du professeur Miguel Ángel Beltrán,  rattaché au département de Sociologie de la Faculté des Sciences humaines. Cet enseignant a été enlevé au Mexique, accusé de rébellion, désigné comme un membre actif des FARC, sous le pseudonyme supposé  "Jaime  Cienfuegos" et arbitrairement incarcéré en Colombie en 2009.
Après un long procès et deux ans  d'emprisonnement, il a été acquitté par la justice colombienne. Pendant cette période, l'Université a suspendu arbitrairement son lien à l’institution par un congé sans solde, ce qui signifiait un abus manifeste contre ses droits, provoquant de grandes privations à sa famille dans les affres d'une accusation injuste.
 
Une fois qu’il a été remis en liberté, les médias ont continué à utiliser le pseudonyme le dénigrant et le bureau du procureur général a lancé une procédure disciplinaire fondée sur des preuves qui avaient déjà été écartées dans le procès pénal antérieur. Le pire, c'est que le professeur Beltrán a été menacé par des forces obscures, une fois après avoir repris ses activités normales d'enseignement à l'université. A cause de  cette situation et sur la base des sources accumulées en prison pour continuer ses recherches universitaires sur le conflit armé en Colombie, il a demandé à un détachement pour pouvoir effectuer des études postdoctorales au Centre d’études latino-américaines  (CELA) de l'Université nationale autonome de Mexico (UNAM), demande approuvée par le Conseil de la Faculté des Sciences humaines en juillet 2011. Bien que visé par une interdiction d'entrée au Mexique et malgré l'anxiété générée par les menaces,  le professeur Beltrán, dans le cadre de ce détachement, a rédigé un texte intitulé : "Le vortex du conflit colombien, vu de prison", qui sera  édité avec le soutien académique du CELA. Le document fait état des progrès réalisés pendant l’année de détachement.
 
Etant donné que les études postdoctorales n’ont pas pu être conclues pour des raisons échappant à la volonté de l'enseignant, et surtout parce que le risque pour sa vie n'a pas disparu, le professeur Beltrán a demandé une prolongation d’un an du détachement, et ceci suffisamment à l'avance. En raison d'une interférence malheureuse dans les communications, une transmission d'information demandée par le Conseil n'a pas pu avoir lieu à temps et la demande de l'enseignant n'a pas été traitée au semestre précédent. Cependant, il est clair qu'il y  a un risque pour sa vie et que les implications d’un retour forcé en Colombie du professeur Beltrán seraient énormes. Bien que toutes les informations demandées  par le Conseil de la Faculté de Sciences humaines aient été transmises, aujourd'hui, 25 juillet, ce Conseil a décidé de refuser la demande de prolongation du détachement, sur une intervention décisive du doyen, en dépit de les arguments présentés par les représentants des enseignants.  Cela oblige à la réintégration du professeur Beltrán dans les prochains jours.
 
Le Comité des représentants des enseignants du siège de  Bogotá exprime le rejet total de la négation arbitraire d'un droit qui revient au  professeur Beltrán et à une alternative institutionnelle ayant pour double objectif de protéger sa vie et de faciliter son travail académique dans l'institution où il se trouve dans le cadre d'un séjour de recherche postdoctorale. Il est impossible d'accepter cette  nouvelle injustice contre un collègue qui, pour avoir fait du conflit armé colombien un objet d'étude, a eu à subir toutes sortes de vexations et de fausses accusations.
 
Le Comité demande au Conseil de la Faculté de Sciences humaines de mesurer les conséquences de sa décision. Il demande un réexamen d’urgence  de la décision, de manière à ne pas mettre la vie du professeur Beltrán en danger. Au-delà des critères académiques s'appliquant dans ce cas, nous demandons que soit mis en œuvre un principe de protection par l’Université d’un membre de la communauté universitaire.
Déclarations de soutien au Dr. Miguel Ángel Beltrán Villegas, Colombie
University and College Union (UCU)
CAUT/ACPPU
Voici deux déclarations de soutien au Dr. Miguel Ángel Beltrán Villegas, Colombie, des syndicats d'enseignants britannique et canadien.
Nous, le syndicat UCU, représentant plus de 120,000 enseignants et membres du personnel des universités britanniques, exprimons notre vive préoccupation pour la situation à laquelle fait face le Dr. Miguel Ángel Beltrán.
 
Nous savons que le Dr.  Beltrán  a subi une persécution de l'Etat colombien, comme résultat de son travail universitaire. Il a été incarcéré de 2009 à 2011 par les autorités colombiennes sur la base de fausses accusations dont il a été blanchi. Après avoir été remis en liberté, il a continué à subir des menaces de mort, des fausses accusations, et se voit soumis à des poursuites disciplinaires infondées de la part des services du procureur. En outre il a eu vent de plans visant à l'assassiner en Colombie. Sa demande de protection adressée aux autorités colombiennes ayant été rejetée, il a été contraint de quitter le pays.
 
Nous apprenons que l'Université nationale de Colombie a maintenant rejeté la demande du Dr. Beltrán de poursuivre sa recherche post-doctorale à l'extérieur de Colombie et qu'il est exigé de lui qu'il retourne à Bogotá pour poursuivre son travail, ce qui met sa vie en grave danger.
 
Nous avions fait campagne pour la remise en liberté du  Dr. Beltrán avec le soutien de plus de 4 000 universitaires du monde entier. Il a pris la parole à notre congrès en juin dernier et nous continuons à suivre de près son dossier, étant extrêmement inquiets pour son bien-être. Nous considérons que les dangers auxquels il fait face sont un exemple d'attaques plus larges contre les libertés universitaires et la pensée critique en Colombie.
 
La communauté universitaire nationale et internationale ne peut pas permettre que le Dr. Beltrán continue à être persécuté. Nous demandons à l'Université nationale de permettre au Dr. Beltrán de continuer son travail universitaire en sécurité. Une attaque contre l'un de nous est une attaque contre nous tous.
 
 

Sally Hunt
Secrétaire générale, UCU
 
Déclaration de soutien au professeur colombien Beltran Villegas
Porte-parole de 68 000 membres du personnel académique et général en poste dans une centaine d’universités et de collèges au Canada, l’ACPPU reste profondément inquiète pour la sécurité et le bien-être du professeur Miguel Angel Beltran.


En raison de ses activités d’universitaire, le professeur Beltran est soumis à une persécution et un harcèlement continus de la part des autorités colombiennes. De 2009 à 2011, il a été détenu et emprisonné sous de fausses accusations dont il a été blanchi par la suite. L’ACPPU figure parmi les nombreux organismes du monde entier qui se sont joints à la campagne internationale pour amener le gouvernement de la Colombie à libérer le professeur Beltran.


Une fois sorti de prison, ce dernier a néanmoins continué d’être soumis à des menaces de mort, à de fausses accusations et à des procédures disciplinaires sans fondement. Craignant pour sa sécurité, il a été contraint de fuir son pays et a obtenu un congé de recherche de l’Université nationale à Bogota.


Étant donné les graves dangers que le professeur Beltran encourt en retournant en Colombie à l’heure actuelle, l’ACPPU a appelé la direction de l’université à prolonger son congé de recherche, mais, malheureusement, celle-ci a refusé toute prolongation.


Les universités se doivent absolument de défendre la liberté académique et de garantir la sécurité de leur personnel. Compte tenu des risques indéniables et sérieux auxquels le professeur Beltran s’expose en retournant en Colombie, nous demandons instamment à l’Université nationale de revenir sur sa décision malavisée de refuser sa demande de prolongation de congé.


L’ACPPU continuera de suivre de près l’évolution de ce dossier. Nous ferons en sorte que nos membres et la communauté universitaire internationale soient tenus au courant de cette situation très critique en Colombie.  

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