Communiqué du Comité des représentants des enseignants du siège de Bogotá de l'Université nationale de Colombie, 25/7/2012
Après un long procès et deux ans d'emprisonnement, il a été
acquitté par la justice colombienne. Pendant cette période, l'Université
a suspendu arbitrairement son lien à l’institution par un congé sans
solde, ce qui signifiait un abus manifeste contre ses droits, provoquant
de grandes privations à sa famille dans les affres d'une accusation
injuste.
Une fois qu’il a été remis en liberté, les médias ont continué à
utiliser le pseudonyme le dénigrant et le bureau du procureur général a
lancé une procédure disciplinaire fondée sur des preuves qui avaient
déjà été écartées dans le procès pénal antérieur. Le pire, c'est que le
professeur Beltrán a été menacé par des forces obscures, une fois après
avoir repris ses activités normales d'enseignement à l'université. A
cause de cette situation et sur la base des sources accumulées en
prison pour continuer ses recherches universitaires sur le conflit armé
en Colombie, il a demandé à un détachement pour pouvoir effectuer des
études postdoctorales au Centre d’études latino-américaines (CELA) de
l'Université nationale autonome de Mexico (UNAM), demande approuvée par
le Conseil de la Faculté des Sciences humaines en juillet 2011. Bien que
visé par une interdiction d'entrée au Mexique et malgré l'anxiété
générée par les menaces, le professeur Beltrán, dans le cadre de ce
détachement, a rédigé un texte intitulé : "Le vortex du conflit colombien, vu de prison",
qui sera édité avec le soutien académique du CELA. Le document fait
état des progrès réalisés pendant l’année de détachement.
Etant donné que les études postdoctorales n’ont pas pu être
conclues pour des raisons échappant à la volonté de l'enseignant, et
surtout parce que le risque pour sa vie n'a pas disparu, le professeur
Beltrán a demandé une prolongation d’un an du détachement, et ceci
suffisamment à l'avance. En raison d'une interférence malheureuse dans
les communications, une transmission d'information demandée par le
Conseil n'a pas pu avoir lieu à temps et la demande de l'enseignant n'a
pas été traitée au semestre précédent. Cependant, il est clair qu'il y a
un risque pour sa vie et que les implications d’un retour forcé en
Colombie du professeur Beltrán seraient énormes. Bien que toutes les
informations demandées par le Conseil de la Faculté de Sciences
humaines aient été transmises, aujourd'hui, 25 juillet, ce Conseil a
décidé de refuser la demande de prolongation du détachement, sur une
intervention décisive du doyen, en dépit de les arguments présentés par
les représentants des enseignants. Cela oblige à la réintégration du
professeur Beltrán dans les prochains jours.
Le Comité des représentants des enseignants du siège de Bogotá
exprime le rejet total de la négation arbitraire d'un droit qui revient
au professeur Beltrán et à une alternative institutionnelle ayant pour
double objectif de protéger sa vie et de faciliter son travail
académique dans l'institution où il se trouve dans le cadre d'un séjour
de recherche postdoctorale. Il est impossible d'accepter cette nouvelle
injustice contre un collègue qui, pour avoir fait du conflit armé
colombien un objet d'étude, a eu à subir toutes sortes de vexations et
de fausses accusations.
Le Comité demande au Conseil de la Faculté de Sciences humaines de
mesurer les conséquences de sa décision. Il demande un réexamen
d’urgence de la décision, de manière à ne pas mettre la vie du
professeur Beltrán en danger. Au-delà des critères académiques
s'appliquant dans ce cas, nous demandons que soit mis en œuvre un
principe de protection par l’Université d’un membre de la communauté
universitaire.
Déclarations de soutien au Dr. Miguel Ángel Beltrán Villegas, Colombie
University and College Union (UCU)
CAUT/ACPPU |
Nous,
le syndicat UCU, représentant plus de 120,000 enseignants et membres du
personnel des universités britanniques, exprimons notre vive
préoccupation pour la situation à laquelle fait face le Dr. Miguel Ángel
Beltrán.
Nous savons que le Dr. Beltrán a
subi une persécution de l'Etat colombien, comme résultat de son travail
universitaire. Il a été incarcéré de 2009 à 2011 par les autorités
colombiennes sur la base de fausses accusations dont il a été blanchi.
Après avoir été remis en liberté, il a continué à subir des menaces de
mort, des fausses accusations, et se voit soumis à des poursuites
disciplinaires infondées de la part des services du procureur. En outre
il a eu vent de plans visant à l'assassiner en Colombie. Sa demande de
protection adressée aux autorités colombiennes ayant été rejetée, il a
été contraint de quitter le pays.
Nous
apprenons que l'Université nationale de Colombie a maintenant rejeté la
demande du Dr. Beltrán de poursuivre sa recherche post-doctorale à
l'extérieur de Colombie et qu'il est exigé de lui qu'il retourne à
Bogotá pour poursuivre son travail, ce qui met sa vie en grave danger.
Nous
avions fait campagne pour la remise en liberté du Dr. Beltrán avec le
soutien de plus de 4 000 universitaires du monde entier. Il a pris la
parole à notre congrès en juin dernier et nous continuons à suivre de
près son dossier, étant extrêmement inquiets pour son bien-être. Nous
considérons que les dangers auxquels il fait face sont un exemple
d'attaques plus larges contre les libertés universitaires et la pensée
critique en Colombie.
La
communauté universitaire nationale et internationale ne peut pas
permettre que le Dr. Beltrán continue à être persécuté. Nous demandons à
l'Université nationale de permettre au Dr. Beltrán de continuer son
travail universitaire en sécurité. Une attaque contre l'un de nous est
une attaque contre nous tous.
Sally Hunt
Secrétaire générale, UCU
Déclaration de soutien au professeur colombien Beltran Villegas
Porte-parole
de 68 000 membres du personnel académique et général en poste dans une
centaine d’universités et de collèges au Canada, l’ACPPU reste
profondément inquiète pour la sécurité et le bien-être du professeur
Miguel Angel Beltran.
En raison de ses activités d’universitaire, le professeur Beltran est
soumis à une persécution et un harcèlement continus de la part des
autorités colombiennes. De 2009 à 2011, il a été détenu et emprisonné
sous de fausses accusations dont il a été blanchi par la suite. L’ACPPU
figure parmi les nombreux organismes du monde entier qui se sont
joints à la campagne internationale pour amener le gouvernement de la Colombie à libérer le professeur Beltran.
Une fois sorti de prison, ce dernier a néanmoins continué d’être soumis
à des menaces de mort, à de fausses accusations et à des procédures
disciplinaires sans fondement. Craignant pour sa sécurité, il a été
contraint de fuir son pays et a obtenu un congé de recherche de
l’Université nationale à Bogota.
Étant donné les graves dangers que le professeur Beltran encourt en
retournant en Colombie à l’heure actuelle, l’ACPPU a appelé la
direction de l’université à prolonger son congé de recherche, mais,
malheureusement, celle-ci a refusé toute prolongation.
Les universités se doivent absolument de défendre la liberté académique
et de garantir la sécurité de leur personnel. Compte tenu des risques
indéniables et sérieux auxquels le professeur Beltran s’expose en
retournant en Colombie, nous demandons instamment à l’Université
nationale de revenir sur sa décision malavisée de refuser sa demande de
prolongation de congé.
L’ACPPU continuera de suivre de près l’évolution de ce dossier. Nous
ferons en sorte que nos membres et la communauté universitaire
internationale soient tenus au courant de cette situation très critique
en Colombie.
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