par Fausto Giudice, écrit le 3 mars/escrito el 3 de marzo de 2014
Roger Fenton, Le Zouave blessé/El Zuavo herido, 1855 |
à la dérive de périphérie à périphérie
Lettres de Tunis 160 ans après : vers une nouvelle guerre de Crimée ?
Medellín, Colombie, avril
2014
Ma
première chronique est consacrée aux événements d'Ukraine, qui focalisent
l'attention de l'Europe et du monde méditerranéen depuis plusieurs semaines.
Actuellement l'Empire se livre à des opérations de déstabilisation de grande
envergure, simultanément au Venezuela et en Ukraine, qui ne peuvent faire
oublier qu'il a échoué dans ses plans en Irak, en Afghanistan et en Syrie.
Le
coup d'État "soft" qui a destitué le président ukrainien
Yanoukovitch le 22 février dernier a mis en route un mécanisme infernal qui
risque de déboucher sur une nouvelle guerre dont le premier champ de bataille
pourrait être la péninsule de Crimée. Le 27 mars 1854, la France, le
Royaume-Uni et l'Empire ottoman déclaraient la guerre à l'Empire russe. Ces
"alliés" allaient être rejoints un an plus tard par le Royaume de
Sardaigne. L'épisode le plus spectaculaire et le plus sanglant de cette
guerre fut le siège par les "alliés" de la ville de Sébastopol
tenue par les forces russes. Il dura 332 jours et fit environ 250 000 morts
des deux côtés. La guerre de Crimée fut la première guerre
"moderne" dans plusieurs sens : elle fut fortement médiatisée,
notamment par des photographes anglais "embarqués", et elle vit
naître le droit humanitaire de guerre, autrement dit une tentative de rendre
la guerre plus "humaine". Le Traité de Paris mettant fin à la
guerre est signé le 30 mars 1856 : il déclare la neutralité de la mer Noire,
y interdit la navigation aux navires de guerre ainsi que la construction de
fortifications et, en même temps proclame le principe de la liberté des
détroits. Sont visés en premier lieu le détroit des Dardanelles et celui du
Bosphore, qui permettent le passage de la mer Noire vers la Méditerranée.
Mais cette liberté ne s'applique qu'aux bateaux civils. La flotte de guerre
russe se retrouve ainsi enfermée dans la mer Noire.
La Crimée, occupée et colonisée par l'Empire russe à partir de 1774, est aujourd'hui une république autonome faisant partie de l'Ukraine, où la ville de Sébastopol jouit d'un statut particulier, avec son arsenal et son port militaire loués à la Russie jusqu'en 2042. 60% des habitants sont de langue et de culture russe, 24% de langue ukrainienne et 12% sont des Tatars, turcophones et musulmans. La majorité de la population semble avoir pris position contre la destitution du président Yanoukovitch et être plutôt favorable au maintien de relations étroites avec la Russie, voire à une réincorporation dans la Fédération de Russie. La prise de contrôle par des forces russes et/ou pro-russes des principaux points d'accès à la péninsule et des lieux stratégiques comme l'aéroport de Simferopol a suscité une tempête, de Kiev à Washington, en passant par Varsovie et Bruxelles. Le spectre de l'occupation de la Tchécoslovaquie par les troupes du Pacte de Varsovie le 21 août 1968 rôde évidemment dans les esprits. Sur la place de l'Indépendance à Kiev, les orateurs se succèdent pour appeler les Ukrainiens à se battre pour la "liberté" de la "nation ukrainienne". Mais peu semblent prêts à aller se battre éventuellement contre les forces spéciales de l'armée russe. L'armée ukrainienne est réduite à un squelette amorphe et les nouveaux leaders issus du coup d'État du 22 février ne semblent pas très enthousiastes à l'idée d'une guerre avec la Russie. Le boxeur Vitali Klitchko, du parti UDAR, qui est parrainé et "conseillé" par l'Allemagne et la Pologne, a même proposé de négocier avec Moscou. Et Angela Merkel lui a emboîté le pas, proposant la création d'un "groupe de contact" pour entamer "un dialogue politique" en Ukraine. Proposition aussitôt acceptée par Vladimir Poutine.
Quant au chef de la marine ukrainienne, l'amiral Denis Berezovski, à peine nommé, il a tout
simplement fait allégeance aux autorités de la république autonome de Crimée,
autant dire à la Russie, ce pour quoi il a été destitué par Kiev, qui
envisage de le juger pour "haute trahison"…
Les
Ukrainiens, une fois de plus, payent un prix élevé pour leur situation
géographique et leur histoire tragique. Ils se retrouvent au cœur d'une
nouvelle Guerre froide ou plutôt d'un simulacre de Guerre froide, car ni les
USA ni la Russie n'ont vraiment les moyens de s'y livrer et les Européens, à
commencer par les Allemands, les Polonais et les Français ne semblent pas
très enthousiastes à l'idée de s'y engouffrer. Les Polonais frémissent déjà à
l'idée de devoir accueillir des flots de réfugiés ukrainiens sur leur
territoire, ce dont évidemment on se préoccupe peu à Washington.
L'objectif principal de Washington est de casser toute velléité d'autonomie européenne par rapport à sa volonté de "total control" planétaire : contrôle des ressources, des marchés, des sociétés. Donc, pas question de tolérer une once de "gaullisme-adenauerisme" de la part des Français et des Allemands, et encore moins des Polonais ou des Baltes. L'objectif des Européens est beaucoup plus prosaïque : ils sont désormais dépendants du gaz russe, qui assure entre un quart et un tiers de leurs besoins. Et ce gaz transite par l'Ukraine. Si Moscou ferme le robinet, l'Europe de l'Ouest meurt de froid, tout simplement. Et quant à associer l'Ukraine à l'Union européenne, Bruxelles ne se sent pas vraiment prête à injecter les milliards nécessaires pour "mettre à niveau" un pays mis à plat par 20 ans d'indépendance, qui ont été 20 ans de corruption, de casse et de pillage par les nouveaux oligarques. Il n'y aura donc sans doute pas de nouvelle Guerre de Crimée sur le terrain, mais seulement dans l'espace virtuel. Et la "nation ukrainienne" va continuer pendant longtemps encore à n'exister que dans le monde virtuel et imaginaire de nationalistes en retard d'un siècle et demi. Comme le dit Brecht, " L’homme veut avoir du pain, oui,/Il veut pouvoir manger tous les jours./Du pain et pas de mots ronflants, /Du pain et pas de discours. ".
L'auteur
est journaliste, traducteur, écrivain et éditeur. Il vit à Tunis. Il rêve
depuis longtemps au jour où il pourra aller boire un rhum au Parque del
Obrero d'Itagüi, à la périphérie de Medellín…
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Patinando de periferia a periferia
Cartas desde Túnez160 Años después: ¿hacia una nueva guerra de Crimea?
Medellín, Colombia, Abril de 2014
Mi primera columna está dedicada a los
acontecimientos en Ucrania, que centran la atención de Europa y del mundo
Mediterráneo desde hace varias semanas. Actualmente el Imperio realiza operaciones
de desestabilización a gran escala, simultáneamente en Venezuela y en
Ucrania, operaciones estas que no puede hacernos olvidar que ha fracasado en
sus planes en Irak, Afganistán y Siria.
El golpe de Estado “ soft “ (blando) que depuso al
Presidente de Ucrania, Yanoukovitch el 22 de febrero último ha puesto en
marcha un mecanismo infernal que podría dar lugar a una nueva guerra cuyo
primer campo de batalla podría ser la península de Crimea. El 27 de marzo de
1854, Francia, el Reino Unido y del Imperio Otomano declararon la guerra al
imperio ruso. A estos "aliados" se les unirían un año más tarde el
Reino de Cerdeña. El episodio más dramático
y más sangriento de la guerra
fue el asedio de los "aliados" a la ciudad de Sebastopol en poder de las fuerzas rusas. Duró 332 días y causó alrededor de 250 000 muertes
en ambos lados. La Guerra de Crimea fue
la primera guerra "moderna" en varios sentidos: fue
muy publicitada, en particular por los
fotógrafos británicos "incrustados",
y ella vio nacer el derecho
humanitario de la guerra, es decir, un intento de hacer la guerra "humanitaria " El 30 de
marzo 1856: se firmó el Tratado de Paris, poniendo fin a la guerra: declara
la neutralidad del Mar Negro, que prohíbe la navegación a los buques de
guerra, así como la construcción de muros y, al mismo tiempo proclama el
principio de la libertad de los estrechos. Se trata en primer lugar de los Dardanelos y el Bósforo, que permite el paso del Mar Negro al Mediterráneo. Pero esta libertad sólo se aplica a los buques civiles. La flota de guerra
rusa por lo tanto se
encuentra bloqueada en el Mar Negro.
Crimea, ocupada y colonizada por el imperio ruso
en 1774, es hoy una parte de la
República Autónoma de Ucrania, en donde la ciudad de Sebastopol tiene un
estatus especial con su arsenal y su puerto militar arrendado a Rusia hasta
el 2042. El 60% de los habitantes son de lengua y cultura
rusa, el 24% del Ucraniano y el 12% son tártaros, turcos
y musulmanes. La mayoría de la
población parece haber tomado posición
contra la destitución del presidente
Yanukovich y ser
más bien favorables a mantener
lazos estrechos con Rusia, e incluso una reincorporación
en la Federación Rusa. La toma del
poder por las fuerzas rusas y /
o pro rusas de los principales puntos de acceso a la península y a los
lugares estratégicos como el
aeropuerto de Simferopol
ha suscitado una tormenta, de Kiev a Washington
pasando por Varsovia y Bruselas.
El espectro de la
ocupación de Checoslovaquia por las tropas del Pacto de Varsovia el 21 de agosto 1968, esta evidentemente en
las mentes.
En la Plaza de la independencia de Kiev, los oradores se suceden para llamar a los ucranianos a luchar por la "libertad" de la "nación ucraniana". Pero al parecer son pocos los que están dispuestos a luchar contra las fuerzas especiales del ejército ruso. El ejército ucraniano esta reducido a un esqueleto Amorfo y los nuevos líderes procedentes del golpe de Estado del 22 de febrero no parecen muy entusiasmados con la idea de una guerra con la Federación de Rusia El boxeador Vitali Klitchko, del partido UDAR, que es patrocinado y "aconsejado" por Alemania y Polonia, incluso ha propuesto negociar con Moscú. Y Angela Merkel ha seguido su ejemplo, proponiendo la creación de un "grupo de contacto" para entablar un "diálogo político" en Ucrania. Propuesta aceptada inmediatamente por Vladimir Poutine.
En cuanto al recién nombrado jefe de la marina ucraniana, Almirante
Denis Berezovsky, simplemente declaró
su lealtad al gobierno autónomo de Crimea, es decir a favor de la Federación de Rusia, por lo que fue destituido por Kiev, que prevé
juzgarlo por "alta
traición"…
Los ucranianos, una vez más, pagan un alto precio
por su ubicación geográfica y su trágica historia. Se encuentran en el
corazón de una nueva guerra fría o más bien de un simulacro de la guerra
fría, porque ni Estados Unidos ni Rusia tienen realmente los medios de
lanzarse y los europeos, empezando por los alemanes, los poloneses y los
franceses no parecen muy entusiasmados con la idea de dar el paso. Los
poloneses tiemblan ya ante la idea de tener que acoger a las oleadas de
refugiados ucranianos en su territorio, lo que obviamente preocupa poco a
Washington.
El principal objetivo de Washington es romper
cualquier intento de autonomía europea en relación con su compromiso de
"control total" mundial: control de los recursos, los mercados, las
empresas. Por lo tanto, no se puede tolerar ni una onza de
"Gaullismo-adenauerisme" por parte de los franceses y los alemanes
y aún menos de los poloneses o los
baltos. El objetivo
de los europeos es mucho más básico: son ahora dependientes del gas ruso, que
garantiza entre un cuarto y un tercio de sus necesidades. Y este gas transita
por Ucrania. Si Moscú cierra la
válvula, sencillamente la Europa occidental muere de frío. Y en cuanto a
asociar a Ucrania a la Unión Europea, Bruselas no se sienten verdaderamente
dispuesta a inyectar los millones
necesarios para "actualizar" un país aplastado por 20
años de independencia, que
fueron 20 años de corrupción , de destrucción y de saqueo por los nuevos
oligarcas.
No habrá sin duda en el terreno una nueva Guerra de Crimea, solamente en el
espacio virtual. Y la "nación ucraniana" va a seguir durante mucho
tiempo a existiendo solamente en el mundo virtual e imaginario de nacionalistas atrasados en un
siglo y medio. Como dice Brecht, "el hombre quiere tener PAN, sí/ desea
poder comer todos los días. / PAN y no palabras altisonantes, / PAN y no
discursos. ".
El autor es periodista, traductor, escritor y
editor. Vive en Túnez. Sueña desde hace mucho tiempo con el día en que podrá ir a beber ron en el
Parque del Obrero de Itagüí
NdT :
Tanto de Gaulle como Adenauer fueron protagonistas de la coexistencia
pacífica con la Unión Soviética
Traducido por María Piedad Ossaba
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