mercredi 9 avril 2014

Spirit of compétition, piège à cons !

par  Pedro da Nóbrega, Tlaxcala, 9/4/2014 
“Certains pourront trouver hard de convoquer un brief si tôt, mais vous savez tous l’importance d’un follow-up on time pour que chacun soit aware.
Dans la mesure où vous ont été forwardés les nouveaux updates de la policy, il était important de réunir tout le team board afin d’avoir un maximum de feed-backs sur les implémentations correspondantes.
Pouvoir aussi évaluer la capacité de chacun à savoir filer les priorities, distinguer les big issues du « nice to have ».
Identifier également les process nécessaires et bien targeter les tools à situer on-line avec les goals définis.
Rappeler l’importance de challenger vos teams pour atteindre les meilleurs ratings possibles, avec un focus sur les return on revenues plus que sur les return on sales.
Dans cette optique, le management des queues pour qu’elles soient checkées asap est important, car n’oubliez jamais que vous devez rester client-minded avant tout. Veiller aussi à ce que soient immédiatement délétées celles qui ont été clearées.
La volonté d’upgrader vos résultats doit toujours préserver le high-level services et les business plans doivent intégrer nos basic values. Savoir s’appuyer sur le networking est un atout qui pourra alimenter tant la task force que le think tank mis en place afin de speeder les process et d’encourager le best practices increase. C’est pourquoi nous allons développer les open-spaces. Dans un environnement BtoB, pensez à privilégier les calls et le e-working plutôt que les face-to-face.
Si nous voulons être des winners et ne pas devenir des has-beens, nous devons garder un challenger-mind et agir comme des outsiders. Savoir toujours se benchmarquer avant d’aborder nos prospects et ne pas négliger les back-ups qu’il s’agisse du front office comme du middle office ou du back office dans nos packages. Privilégier le low profile dans nos approches pour faire ressortir notre added value.
Savoir aussi être proactif et viser toujours le « above expectations » pour ne pas se contenter d’un just achieved. Nous devons être tous des cost-killers et des profit-hunters dans toutes nos actions si nous voulons rester leaders.ˮ

"Homo homini lupus", art mural de la 'Serie del aguante', par Jaz, Buenos Aires
 
Si vous n’êtes pas en mesure de saisir toute la dimension existentielle d’un tel speech, il y a deux lectures possibles :
 
Si l’on se fie au référentiel des Échos des Valeurs Actuelles, vous souffrez d’un déficit de compétitivité qui peut impacter sérieusement votre performance et nuire à votre employabilité. Vous faites partie des personnes hermétiques à l’évolution de la société, arc-boutées sur des réflexes dépassés et qui sont rétives à l’avancée inexorable du capitalisme mondialisé.
 
Par contre, si vous n’entravez que couik à ce galimatias, si vous ne voyez pas quel rapport a le free trade avec la liberté, si la logique mercantile de l’or gris ne vous semble pas moins nocive ripolinée en silver economy, si quand on vous parle de rate, vous pensez à vos organes plutôt qu’à des taux, si vous n’êtes pas convaincu que le fast-food se mange, si vous n’éprouvez pas le besoin d’un dancefloor pour esquisser quelques pas de danse, si en sport vous ne voyez pas pourquoi une finale à quatre se transforme fatalement en bide ultime, c’est-à-dire en final four, ni en quoi des play-offs sont plus captivants que des phases finales, alors dites-vous que vous n’êtes pas encore complètement contaminé par le virus de la compétition à tout crin, par le jargon adapté à cette logique aussi inepte que suicidaire pour la planète qui ne voit en l’humain qu’une source éventuelle de profit pourvu qu’il soit pressé comme un citron ainsi que la planète par ailleurs. Qu’il vous reste encore assez de séquelles d’humanité pour ne pas désespérer du lendemain, quand bien même il ne chante pas toujours comme on l’espère.
 
 
Et pour ceux qui craindraient de souffrir d’une flambée d’anti-anglicisme primaire, qu’ils se rassurent : même SHAKESPEARE himself ne trouverait pas d’espace dans cet univers utilitaire où la pauvreté du langage est proportionnelle à l’abondance des profits exigée par la voracité du capital. Car si le ci-devant Baron Ernest-Antoine SEILLIÈRE, patron des patrons de l’Union Européenne, a fait allégeance à l’english en tant que langue du business, il serait bien en peine de lire un texte du grand William en version originale. Mais pour les prédateurs du capital, le seul esperanto qui compte, c’est celui des taux de profits, quoi qu’il en coûte à l’humain et à la planète.
 
Parodie de Nighthawks, d'Edward Hopper
 

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