par John M. Ackerman, 15/12/2014. Traduit par
Fausto Giudice, TlaxcalaOriginal: La batalla por México
"1808-1936 :de nouveau pour l'indépendance de l'Espagne", affiche de l'artiste espagnol Renau (1907-1982)
Le Mexique joue aujourd'hui un rôle similaire à celui de l'Espagne
pendant la guerre civile de 1936-1939. Le résultat tragique de ce
conflit a ouvert la voie au déclenchement de la Seconde Guerre mondiale.
Cinq mois seulement après que le général Francisco Franco eut proclamé
sa victoire sur les forces républicaines en 1939, réalisée avec le
soutien de l'Allemagne nazie, Adolf Hitler envahit la Pologne. Par la
suite le nombre de personnes exterminées chaque jour dans les "camps de
concentration" du Troisième Reich devait se multiplier
exponentiellement.
Au cours de cette guerre civile, USA, la France et la Grande-Bretagne ont observé passivement et ont été complices de la destruction de la démocratie en Espagne, puis dans toute l'Europe. Aujourd'hui, de la même manière, ces mêmes puissances facilitent la destruction de la démocratie mexicaine en couvrant et en avalisant aveuglément une classe politique qui a complètement perdu la confiance de son peuple.
Cela se produit parce que l'arrivée d'une démocratie populaire et participative au Mexique mettrait en péril les affaires importantes des grandes puissances. Au-delà de l'intérêt évident de Washington pour le pétrole, les ressources naturelles et la drogue, le Mexique est aujourd'hui l'un des nœuds critiques pour l'articulation de la criminalité organisée et des flux financiers, légaux et illégaux, à l'échelle internationale. Des sources officielles estiment qu'au moins 50 milliards de dollars (environ 700 milliards de pesos) sont blanchis chaque année au Mexique, mais le montant est probablement beaucoup plus élevé, vu que par sa nature, le crime est caché à la vue par les autorités. Et la plus grande partie de cet argent ne reste pas au Mexique, mais une fois "nettoyée", elle est transférée vers les USA avec le soutien deS grandes institutions financières de Wall Street.
Selon Antonio Maria Costa, ancien chef de l'UNODC, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, c'est précisément par le biais d'une augmentation des flux d'argent de la drogue que le système financier des USA a pu se remettre de l'énorme crise de 2008. Dans son important reportage sur ce thème pour The Guardian, Ed Vulliamy a exposé tous les détails à propos de la complicité sanglante entre le secteur bancaire formel et les pires criminels du monde.
Par ailleurs, une étude réalisée par l'Université de San Diego estime qu'une moyenne de 252 000 armes US passent la frontière vers le Mexique chaque année, ce qui implique des gains d'environ 127 millions de dollars par an pour les fabricants d'armes dans le pays du nord. En outre, la militarisation du contrôle de la frontière USA-Mexique a généré d'énormes profits pour les trafiquants d'êtres humains. Leurs services criminels sont maintenant plus prisés que jamais pour ceux qui veulent traverser le Rio Bravo ("Rio Grande").
Et le nettoyage partiel qui s'est fait du système politique colombien, considéré à tort par certains comme un exemple pour notre pays, a aggravé la situation au Mexique. Le résultat a été le déplacement et la concentration sur le territoire mexicain de toujours plus de nœuds de communication et de centres de commandement de la criminalité organisée internationale. Un nettoyage en profondeur au Mexique forcerait inévitablement les principaux chefs du crime organisé à se déplacer vers d'autres pays ou même ou même aux USA, ce qui compromettrait la «sécurité nationale» de Washington.
Cela explique les menaces constantes de la part du secrétaire à la Marine, l'amiral Vidal Soberón, contre les normaliens d'Ayotzinapa, le peuple du Guerrero et tous les étudiants et militants dans le pays. Les câbles officiels publiés par Wikileaks ont montré que la Marine est l'institution de "sécurité" mexicaine la plus proche de Washington. L'agressivité sans précédent du Secrétaire, qui ne cesse de se mettre en avant, ne s'explique que parce qu'il se sent protégé par le gouvernement de Barack Obama, ou même reçoit ses ordres de lui.
Selon l'INEGI (Institut national de statistiques et de géographie), les citoyens dénoncent seulement 3 des 33 millions de crimes et délits commis chaque année dans le pays. Par conséquent, la seule façon de mettre fin à l'impunité sera de créer un contexte dans lequel les citoyens se sentent suffisamment en confiance pour dénoncer les violations systématiques de leurs droits, de leur vie et de leur patrimoine. Mais ce résultat ne pourrait être atteint qu'à partir d'une transformation radicale dans l'orientation du gouvernement. Au lieu d'être des adversaires et des obstacles au libre développement du peuple, les autorités devraient agir comme ses alliés.
Ainsi, la racine des problèmes actuels dans le pays n'est pas le dysfonctionnement institutionnel ni même la corruption, mais l'absence totale de légitimité du système politique et de la classe politique qui le contrôle. Seul un nouveau gouvernement participatif et populaire pourrait commencer à résoudre les problèmes graves. Travaillons tous pour en faire une réalité et porter ainsi un coup d'arrêt historique au processus d'expansion mondiale de la répression, de l'exclusion et de l'injustice.
À la mémoire de Vicente Leñero, Anayeli Bautista*et Erika Kassandra,
graines de la seconde révolution mexicaine
graines de la seconde révolution mexicaine
Le
mouvement qui a émergé suite à la disparition et au massacre des
étudiants d'Ayotzinapa a d'énormes implications mondiales et
historiques. La bataille pour les ressources
naturelles, la culture millénaire et le système politique mexicains
constitue une épreuve de force à la fois pour l'oligarchie mondiale et
son appareil répressif et pour la mobilisation citoyenne mondiale pour la
paix, l'environnement et la justice. Il est de la responsabilité de tous
les Mexicains à l'intérieur et à l'extérieur du pays, ainsi que des
citoyens concernés à travers le monde de mettre leur grain de sable pour
assurer que la crise actuelle ne débouche pas sur une renaissance du
fascisme mondial et, au contraire, ouvre la voie à la libération
humaine.
"1808-1936 :de nouveau pour l'indépendance de l'Espagne", affiche de l'artiste espagnol Renau (1907-1982)
Au cours de cette guerre civile, USA, la France et la Grande-Bretagne ont observé passivement et ont été complices de la destruction de la démocratie en Espagne, puis dans toute l'Europe. Aujourd'hui, de la même manière, ces mêmes puissances facilitent la destruction de la démocratie mexicaine en couvrant et en avalisant aveuglément une classe politique qui a complètement perdu la confiance de son peuple.
Cela se produit parce que l'arrivée d'une démocratie populaire et participative au Mexique mettrait en péril les affaires importantes des grandes puissances. Au-delà de l'intérêt évident de Washington pour le pétrole, les ressources naturelles et la drogue, le Mexique est aujourd'hui l'un des nœuds critiques pour l'articulation de la criminalité organisée et des flux financiers, légaux et illégaux, à l'échelle internationale. Des sources officielles estiment qu'au moins 50 milliards de dollars (environ 700 milliards de pesos) sont blanchis chaque année au Mexique, mais le montant est probablement beaucoup plus élevé, vu que par sa nature, le crime est caché à la vue par les autorités. Et la plus grande partie de cet argent ne reste pas au Mexique, mais une fois "nettoyée", elle est transférée vers les USA avec le soutien deS grandes institutions financières de Wall Street.
Selon Antonio Maria Costa, ancien chef de l'UNODC, l'Office des Nations unies contre la drogue et le crime, c'est précisément par le biais d'une augmentation des flux d'argent de la drogue que le système financier des USA a pu se remettre de l'énorme crise de 2008. Dans son important reportage sur ce thème pour The Guardian, Ed Vulliamy a exposé tous les détails à propos de la complicité sanglante entre le secteur bancaire formel et les pires criminels du monde.
Par ailleurs, une étude réalisée par l'Université de San Diego estime qu'une moyenne de 252 000 armes US passent la frontière vers le Mexique chaque année, ce qui implique des gains d'environ 127 millions de dollars par an pour les fabricants d'armes dans le pays du nord. En outre, la militarisation du contrôle de la frontière USA-Mexique a généré d'énormes profits pour les trafiquants d'êtres humains. Leurs services criminels sont maintenant plus prisés que jamais pour ceux qui veulent traverser le Rio Bravo ("Rio Grande").
Et le nettoyage partiel qui s'est fait du système politique colombien, considéré à tort par certains comme un exemple pour notre pays, a aggravé la situation au Mexique. Le résultat a été le déplacement et la concentration sur le territoire mexicain de toujours plus de nœuds de communication et de centres de commandement de la criminalité organisée internationale. Un nettoyage en profondeur au Mexique forcerait inévitablement les principaux chefs du crime organisé à se déplacer vers d'autres pays ou même ou même aux USA, ce qui compromettrait la «sécurité nationale» de Washington.
Cela explique les menaces constantes de la part du secrétaire à la Marine, l'amiral Vidal Soberón, contre les normaliens d'Ayotzinapa, le peuple du Guerrero et tous les étudiants et militants dans le pays. Les câbles officiels publiés par Wikileaks ont montré que la Marine est l'institution de "sécurité" mexicaine la plus proche de Washington. L'agressivité sans précédent du Secrétaire, qui ne cesse de se mettre en avant, ne s'explique que parce qu'il se sent protégé par le gouvernement de Barack Obama, ou même reçoit ses ordres de lui.
Selon l'INEGI (Institut national de statistiques et de géographie), les citoyens dénoncent seulement 3 des 33 millions de crimes et délits commis chaque année dans le pays. Par conséquent, la seule façon de mettre fin à l'impunité sera de créer un contexte dans lequel les citoyens se sentent suffisamment en confiance pour dénoncer les violations systématiques de leurs droits, de leur vie et de leur patrimoine. Mais ce résultat ne pourrait être atteint qu'à partir d'une transformation radicale dans l'orientation du gouvernement. Au lieu d'être des adversaires et des obstacles au libre développement du peuple, les autorités devraient agir comme ses alliés.
Ainsi, la racine des problèmes actuels dans le pays n'est pas le dysfonctionnement institutionnel ni même la corruption, mais l'absence totale de légitimité du système politique et de la classe politique qui le contrôle. Seul un nouveau gouvernement participatif et populaire pourrait commencer à résoudre les problèmes graves. Travaillons tous pour en faire une réalité et porter ainsi un coup d'arrêt historique au processus d'expansion mondiale de la répression, de l'exclusion et de l'injustice.
*
Anayeli Bautista Tecpa, étudiante de l'UNAM, 23 ans, enlevée et
assassinée bien que sa famille ait payé une rançon. Son corps a été
retrouvé le 7 décembre dernier à Mexico.
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