mercredi 5 novembre 2008

Obamania : basta !

Versione italianaLa Une de "Libé" de ce matin


« Historique », « révolution », « changement », « espoir » : la vague de superlatifs enthousiastes qui accueillent depuis quelques heures la victoire de Barack Obama s’apparente à un tsunami charriant toute objection sur son passage, où se mélangent naïveté et cynisme, propagande et approximations, incohérences et stéréotypes.

Bon, d’accord, Obama est noir, il est jeune, il est beau, il est intelligent, il a une voix de crooner et il a promis le changement. Et alors ?

Désolé de nager contre ce tsunami, mais je voudrais simplement poser dix questions :

1 – Obama va-t-il retirer les troupes qui occupent l’Irak ?

2 – Obama va-t-il retirer les troupes qui occupent l’Afghanistan et attaquent le Pakistan ?

3- Obama va-t-il ratifier le protocole de Kyoto ?

4 – Obama va-t-il ratifier le traité instituant la Cour pénale internationale ?

5 – Obama va-t-il lever le blocus imposé à Cuba ?

6 – Obama va-t-il normaliser les relations avec le Venezuela, la Bolivie et l’Équateur ?

7 – Obama va-t-il cesser de soutenir politiquement, militairement, policièrement, financièrement et diplomatiquement le président félon colombien Uribe ?

6 – Obama va-t-il fermer une seule des 1000 bases militaires US installées en dehors du territoire US ?

7 – Obama va-t-il annuler le scandaleux « plan de sauvetage » à 700 milliards des requins de la finance ?

8 – Obama va-t-il diminuer les impôts ?

9 –Obama va-t-il instaurer un système d’assurance-maladie accessible à tous les citoyens US ?

10 – Obama va-t-il mettre un terme au soutien inconditionnel apporté à Israël ?

Excusez-moi d’avoir refroidi votre enthousiasme et bonne journée.

PS : la palme du meilleur cocktail de poncifs et de platitudes revient, comme il se doit à Laurent Joffrin, le directeur social-libéral du quotidien rotschildien Libération. Je ne résiste pas à l’envie de reproduire son éditorial. Un véritable concentré de « pensée » unique en 3184 signes.

Fausto Giudice

Un rêve d'Amérique

Enfin l’espoir ! De grâce, pour une heure, pour un jour, ne jouons pas les blasés, les prudents, les sceptiques.

Après ce 4 novembre déjà historique, avouons que nous sommes pris, presque tous, d’un sentiment de bonheur. Pour une heure ou pour un jour, laissons parler l’enthousiasme, celui qui déferle sur la planète. Depuis quelques heures, les Américains espèrent ; depuis quelques heures, le monde entier se sent mieux. Le bonheur ? Une idée neuve en Amérique. Il suffit d’imaginer un instant le résultat inverse : un sénateur raide et conservateur flanqué d’une mystique béotienne reconduisant pour quatre ans la politique brutale de George W. Bush. Un cauchemar moral, un film d’horreur politique. Au contraire, les symboles se bousculent dans l’imaginaire de ce jour d’exception. L’idéal d’Abraham Lincoln, le rêve de Martin Luther King, la Nouvelle Frontière de John et Robert Kennedy : quatre espoirs interrompus, quatre prophètes du réel immolés, qui revivent, l’espace d’un moment, par la grâce de ce scrutin. Ce sont les symboles d’une Amérique qui aime l’avenir. Les symboles de l’Amérique qu’on aime.

Il sera temps, demain, de mesurer les difficultés de la tâche, de dissiper les illusions, de disséquer les faiblesses du nouvel élu. On le pressent, il porte plus de promesses qu’il ne peut en satisfaire. Il prendra en charge les intérêts d’un Etat autant que les rêves de ses électeurs. Il devra composer avec les froides réalités de la géopolitique. Il n’est peut-être pas le héros du progressisme que fantasme la gauche française. Il est sans doute plus enclin au compromis et à la manœuvre que ne le pensent la plupart de ses partisans. Mais sa victoire montre que le monde peut changer et, pour une fois, changer en mieux.

Obama peut interrompre le cours de cette révolution conservatrice qui domine le monde depuis l’élection de Ronald Reagan. Enfin, les valeurs de solidarité, d’attention aux faibles, de justice seront représentées à la Maison Blanche. Enfin, on ne va pas essayer de nous faire croire que l’intérêt des milliardaires se confond avec celui du peuple. Enfin, les Américains peuvent espérer une meilleure protection sociale, un contrôle sur Wall Street, des crédits pour la santé, pour l’éducation, pour l’environnement. En un mot, ils peuvent espérer une société plus humaine, qui montre aux autres nations que la justice concrète n’est pas toujours un objectif utopique.

Ensuite parce le vainqueur du 4 novembre est un homme du siècle nouveau. Métis, ancien travailleur social, petit-fils d’une Africaine, Barack Hussein Obama a choisi d’être américain. Son histoire montre que l’identité n’est pas forcément un fait de nature qui enferme les hommes dans leur naissance mais aussi l’adhésion lucide à des principes démocratiques. Avec Obama, c’est un peu du Sud et de sa souffrance qui entre dans la capitale du Nord. Avec Obama, c’est beaucoup de notre monde mélangé qui accède à la plus haute fonction. Tout cela semble candide, virtuel, hypothétique ? Peut-être. Mais pour une heure, pour un jour, il faut essayer d’y croire. Essayer de croire que, pour la première fois, depuis longtemps, le Nouveau Monde peut mériter son nom.

Laurent Joffrin

1 commentaire:

  1. Après l'éminence grise Chesney, entre dans la danse une autre éminence, Rahm Emanuel ... la musique d'accompagnement va être terrible ...

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