par Michel PORCHERON
Peut-on encore faire le procès du régime franquiste, 33 ans après les funérailles nationales de Francisco Franco ? La réponse est non. Peut-on faire, 69 ans après la fin de la guerre d’Espagne, le recensement officiel de dizaines de milliers de « disparus », Républicains fusillés et jetés dans des fosses communes ? Pas davantage, hormis peut-être quelques cas isolés un jour ou l’autre.
Le juge Baltasar Garzón visait très haut quand il annonça le 16 octobre l’ouverture d’une instruction controversée, la première instruction jamais menée en Espagne, autorisant l’ouverture de fosses dans 19 lieux, dont celle de Federico Garcia Lorca, et pour faire nommer « crimes contre l’humanité » les exactions et atrocités franquistes commises durant la Guerre (1936-1939) et dans les années qui suivirent.
Allaient devoir apparaître quelques questions d’ordre juridique inévitables, mais plus sûrement des tirs de barrage éminemment politiques. Ce qui fut le cas.
"Gisement idéologique du paléofranquisme"
L’ambitieux (trop ambitieux ?) coup de pied dans la fourmilière de Baltasar Garzón-- qui, réussi, aurait provoqué une onde de choc historique exceptionnelle en Espagne mais aussi hors d’Espagne-- n’aura pas eu de suite. Devenu un non évènement dès la décision le 7 novembre du parquet espagnol de stopper net toute enquête, le sujet ne faisait l’objet que d’entrefilets dans la presse de droite, El Mundo et ABC en tête, le 21 novembre. « L’instruction » du juge n’aura pas duré un mois, tellement toutes les parties opposées, formations politiques de droite en commençant par le Parti Populaire, le parquet espagnol, bon nombre de religieux, les nostalgiques du franquisme, directement ou indirectement concernées, ont fait front commun, regroupé toutes leurs forces vives pour tuer dans l’œuf puis jeter à la trappe « l’instruction » du juge avec quelques pelletées de terre par-dessus.
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