Caught in Bed with Evil
Les points de passage vers Gaza sont fermés depuis presque deux semaines, ce qui a provoqué l’arrêt de l’unique centrale électrique du territoire, par manque de fuel. La semaine dernière, l’UNRWA, l’agence de secours et de travaux des Nations unies a épuisée ses stocks alimentaires et a donc interrompu ses distributions de rations à 750 000 des habitants de Gaza.
Bien que l’ont soit désormais au bord de la crise humanitaire à Gaza, les médias occidentaux se gardent bien de rapporter la catastrophe qui s’annonce. Apparemment, il y a des choses bien plus intéressantes à couvrir, beaucoup plus intéressantes que quelques millions de Palestiniens que l’État juif est en train d’affamer.
Toutefois, la presse a eu la bonté de nous informer que le ministre britannique des Affaires étrangères David Miliband a passé cette semaine quelques jours en Israël. Il a été fort occupé par les questions relatives à l’avocat (le fruit, NdT), ainsi qu’à d’autres questions éthiques d’épicerie. Il désirait proposer une méthode plus claire d’étiquetage des produits alimentaires originaires de Cisjordanie occupée qui sont vendus aux consommateurs en Grande-Bretagne. Cela aurait pu, tout aussi bien, être une occasion, pour la Grande-Bretagne et l’Union européenne, de tenter de modérer l’enthousiasme meurtrier d’Israël, mais Miliband n’a pas du tout été à la hauteur, loin de là. En fin de compte, ce Miliband est ce qu’on pourrait appeler un humaniste d’épicerie. Sa pensée morale tourne autour de la bouffe et de la digestion éthique. C’est là, apparemment, la forme la plus dégradée, et probablement la plus basse, de la pensée de gauche. Je veux au moins croire que la gauche ne peut continuer à descendre encore plus bas que ça !
Pourtant, Miliband est une personne dynamique. En raison de l’escalade de la violence dans la région, il s’est rendu à Sderot, accompagné par le ministre israélien de la Défense Barak. Il a carrément soutenu la politique criminelle d’Israël, disant : « Israël doit, par-dessus tout, chercher à protéger ses propres citoyens », et comme si cela ne suffisait pas, il a ajouté : « Si je suis ici, aujourd’hui, à Sderot, c’est parce que Sderot est désormais la ligne de front de la sécurité d’Israël. Il est très important que des pays tel que le mien et d’autres démontrent leur solidarité à l’égard des gens de Sderot, et c’est ce que je fais, ici, aujourd’hui. »
De manière ostensible, Miliband ne s’est pas rendu à Gaza. Il n’a pas non plus mentionné le fait que des pays, dont le sien, devraient exprimer leur « solidarité » avec des millions de réfugiés palestiniens dépossédés, que l’on bombarde et affame pour leur amener à soumission. Bien que Miliband se soucie sincèrement d’avocats et d’alimentation éthique, le fait que des millions de Palestiniens n’aient plus que du sable à manger ne semble pas l’affecter un tant soit peu.
Toutefois, Miliband n’a pas pu rester très longtemps dans la région, car il a dû rentrer précipitamment. À Londres, il est supposé rencontrer rien de moins que le Président israélien, M. Shimon Peres, ce politicien vétéran qui a été le pionnier du projet nucléaire israélien. L’homme qui a introduit les armes de destruction massive au Moyen-Orient, l’homme qui a plus de sang sur les mains que n’importe quel homme politique israélien vivant aujourd’hui (excepté le légumineux Sharon). Miliband devait être à Londres en temps voulu, afin de rencontrer le Président Peres et de dévoiler une plaque commémorative spéciale, au Foreign Office, honorant les diplomates britanniques qui ont aidé à sauver des juifs de l’Holocauste.
Je me demande combien il y aura de diplomates britanniques qui seront honorés pour avoir sauvé ne serait-ce qu’un seul gosse palestinien durant l’Holocauste Israël actuellement infligé aux Palestiniens ? S’il existe de tels hommes politiques et diplomates britanniques, Miliband n’en fera certainement pas partie ! À lire ce qu’il avait à dire aux gens de Sderot, il n’est rien moins qu’un partisan enthousiaste des crimes israéliens institutionnalisés contre l’humanité.
Pendant ce temps, le Président Peres a du bon temps à Londres, cette semaine. Dans le cadre de sa visite, il a tout un programme de rencontres avec la Reine, le Prince Charles, le Premier ministre Gordon Brown, David Miliband, ainsi qu’avec le chef de l’opposition, David Cameron.
On lui remettra la Grand Croix des Chevaliers du très distingué ordre de Saint-Michel et Saint-Georges, la sixième décoration par ordre d’importance dans le système britannique, servant généralement à honorer des individus ayant rendu des services importants en relation avec des pays étrangers. Apparemment, en Grande-Bretagne, tuer des civils libanais innocents et affamer des millions de personnes, doit être considéré comme un « service important ». En Belgique, en revanche, une activité très similaire est considérée comme un crime contre l’humanité.
Buckingham Palace, 20/11/2008 : La Reine décore Peres de la Grand Croix de Chevalier de l'Ordre de Saint-Michel et Saint-Georges. Photo AFP/Getty Images
Le Président Peres doit aussi recevoir un doctorat honoraire du Kings College pour ses efforts visant « à promouvoir la paix au Moyen-Orient ». Je pense que vu l’usage, par Peres, des technologies balistiques contre des civils innocents, un doctorat en physique aurait été plus approprié.
Face à cela, au moment où l’État juif est en train de pratiquer les formes les plus dévastatrices de crimes contre l’humanité, le gouvernement, le Parlement, la famille royale britanniques ainsi qu’une institution universitaire britannique de renom sont, tous, surpris au lit avec rien de moins qu’un boucher nucléaire azimuté.
Je suis très impressionné. Plus que jamais, je suis fier d’être Britannique. Une telle ouverture à l’égard de la vilenie est, probablement, la forme suprême de la gentillesse et de la capacité de pardon britanniques. C’est une chose que je n’avais jamais vu jusqu’ici, dans ma patrie. En observant le Parlement, Miliband et la famille royale, force m’est bien de reconnaître que j’ai encore beaucoup à apprendre en matière de compassion, avant de devenir un authentique citoyen britannique.
Source : Caught in Bed with Evil
Article original publié le 26/11/2008
Sur l’auteur
Traduit par Fausto Giudice , Tlaxcala
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