mardi 1 mai 2012

"Au fond vous n’avez pas abandonné la lutte des classes qui dresse les uns contre les autres les ouvriers et les patrons" (Sarkozy, 1er mai 2012)

Henri Guaino, l'homme qui écrit les discours de Sarkozy, a fait très fort. Voici le discours écrit par Guaino pour par Sarkozy et prononcé par ce dernier Place du Trocadéro à Paris, le mardi 1er mai 2012. Le président-candidat s'est permis quelques improvisations par rapport au texte, lançant par exemple :"Nous ne voulons pas de la jalousie, de l'amertume, de la haine, de la lutte des classes, du socialisme." Un vrai discours de lutte de classes.

Mes chers concitoyens, Écoutez le Général de Gaulle. C’était le 1er mai 1950 devant la foule des Français de toutes conditions réunie sur la pelouse de Bagatelle ! « A la bonne heure ! Nous sommes bien vivants ! Il n’est que de nous voir pour être sûr que notre peuple n’est aucunement disposé à terminer sa carrière. Il n’est que de nous voir pour discerner où les travailleurs mettent aujourd’hui leur espérance. La masse immense que voilà prouve aux insulteurs que rien n’est perdu pour la France. » Avec le Général de Gaulle ils écrivaient l’Histoire. Nous aussi ! Face aux insulteurs qui nous ont dénié le droit de parler aux Français le 1er mai comme s’ils en étaient les propriétaires, le Général De Gaulle nous a montré la voie. Regardez les cortèges ! Ils ont choisi de défiler avec le drapeau rouge ! Nous avons choisi de nous rassembler sous le drapeau tricolore ! Ce drapeau tricolore c’est celui de Lamartine quand il disait : « Le drapeau tricolore a fait le tour du monde avec nos libertés et nos gloires alors que le drapeau rouge n’a fait que le tour du Champ-de-Mars, traîné dans le sang du peuple ! »

Je n’accepterai jamais de recevoir des leçons de morale de la part de ceux qui brandissent le drapeau qui a été l’étendard de tant de tyrannies et qui a enveloppé dans ses plis parmi les plus grands crimes de l’Histoire. Le drapeau rouge, c’est le drapeau d’un parti. Le drapeau tricolore, c’est le drapeau de la France. A ceux qui préfèrent leur parti à la France, nous opposerons toujours ceux qui préfèrent la France à leur parti. Si nous sommes réunis ici en ce 1er mai, jour de la Fête du travail, c’est bien parce que nous assumons la France dans toute sa diversité, parce que nous assumons toute son histoire, toutes ses familles spirituelles, toutes ses sensibilités. Il n’y a pas pour nous un peuple de droite et un peuple de gauche. Il n’y a pas pour nous une histoire de droite et une histoire de gauche. Il n’y a pas aujourd’hui, dans la rue, d’un côté les héritiers des Canuts lyonnais, des mineurs de Germinal, des défenseurs de Dreyfus et de l’autre côté, les héritiers des maîtres de forges et des antidreyfusards. Il n’y a pas d’un côté les héritiers de la Révolution, du Front Populaire et du Conseil National de la Résistance, et de l’autre côté les héritiers de ce qu’il y a eu de pire dans l’histoire de France. Je n’ai pas entendu monter des cortèges où l’on brandissait des drapeaux rouges la grande voix de Jaurès défendant les mineurs de Carmaux, ni la grande voix de Léon Blum réclamant les congés payés, ni celle de Jean Moulin devant le CNR, ni celle de Zola demandant justice pour Dreyfus. Je n’ai pas entendu plaider la grande cause des travailleurs. J’ai entendu surtout des slogans politiques. Mais je veux le dire à tous ceux qui nous contestent le droit de nous rassembler aujourd’hui : nous nous considérons comme les héritiers de ceux qui ont lutté pour le droit de grève, pour la liberté syndicale et pour les congés payés. Nous nous considérons comme les héritiers de ceux qui ont défendu Dreyfus et de ceux qui ont créé la sécurité sociale. Je veux le dire à tous ceux qui ont défilé aujourd’hui, non pas pour le travail mais contre nous : nous nous considérons comme acteurs du progrès social autant que vous et sans doute plus que vous. Vous avez abîmé le travail en prétendant le défendre. Vous avez appauvri les travailleurs en prétendant les protéger. Vous avez fait les 35 heures. Vous avez avancé l’âge de la retraite à 60 ans sans en avoir le 1er centime. Vous avez alourdi le coût du travail. Je le dis aux partis de la gauche et aux syndicalistes qui se sont fourvoyés dans la politique : nous sommes tous les héritiers de ceux qui se sont battus pour nos droits, pour notre dignité et pour notre liberté. Mais ce que vous avez fait ne vous donne aucun titre à vous en arroger le monopole. Les 35 heures ont non seulement affaibli nos entreprises mais elles ont aussi détruit des centaines de milliers d’emplois. La retraite à 60 ans a mis notre système de répartition au bord de la faillite.


L’alourdissement du coût du travail accélère les délocalisations et pèse sur le pouvoir d’achat. Vous voulez continuer à faire financer la protection sociale par le travail. C’est une erreur économique qui met en danger les emplois de ceux qui sont exposés à la concurrence étrangère. Vous essayez de faire croire que nous pouvons sortir de la crise sans effort. Vous mentez aux travailleurs parce que si l’on ne s’en sort pas par le travail, c’est le pouvoir d’achat que vous remettez en danger. Vous refusez le partage des bénéfices entre les actionnaires et les salariés comme vous avez refusé la participation au Général De Gaulle parce qu’au fond vous n’avez pas abandonné la lutte des classes qui dresse les uns contre les autres les ouvriers et les patrons. Je veux m’adresser aux syndicats. Je veux leur dire qu’il n’y a pas de démocratie sans liberté syndicale. Je veux leur dire que dans une société comme la nôtre où les tensions sont si vives, où la difficulté à s’écouter et à se parler est si grande, le dialogue social est à mes yeux indispensable. Tout le monde a quelque chose à gagner à la discussion. Tout le monde a quelque chose à apprendre de celui qui a un point de vue différent, une expérience différente. Tout le monde a quelque chose à gagner à l’effort pour trouver un accord. Sans doute faut-il réfléchir à d’autres formes de négociation collective, à d’autres manières de travailler ensemble comme cela se faisait jadis quand Jean Monnet et le Général De Gaulle mettaient en avant l’ardente obligation du Plan. Je n’oublie pas quel rôle décisif ont joué les partenaires sociaux dans la reconstruction de l’après-guerre et dans les Trente Glorieuses. Pour affronter la mondialisation, pour faire face aux bouleversements incessants du monde et aux crises gigantesques qui ébranlent les nations et les continents, pour inventer le nouveau modèle social qui permettra à la France de rééditer au XXIe siècle l’exploit des Trente Glorieuses, toutes les forces vives de la nation doivent être mobilisées. Pour faire face, la France doit être soudée, la France doit être unie, la France doit se rassembler. Alors, je le dis aux syndicats : posez le drapeau rouge et servez la France, servez les travailleurs qui vous font confiance. Car il n’y aura pas d’avenir pour les salariés, il n’y aura pas d’avenir pour le travail, il n’y aura pas d’avenir pour notre protection sociale si la France s’affaiblit, si la France s’appauvrit, si la France décroche. On ne peut pas séparer le destin de chacun du destin de tous. Il n’y a pas d’un côté des destins individuels et de l’autre, le destin de la France. Les deux sont liés.


Laissez les partis ! Ceux que vous soutenez ne vous le rendront pas. Laissez les partis ! Votre rôle n’est pas de faire de la politique. Laissez les partis ! Votre rôle n’est pas de défendre une idéologie. Votre rôle est de défendre les salariés, de défendre le travail. Laissez les partis ! Dans la République, ce ne sont pas les syndicats qui gouvernent. C’est le gouvernement. Ce ne sont pas les syndicats qui font la loi. C’est le Parlement. Dans la République, c’est le peuple qui décide. Dans la République, quand il y a blocage, on donne la parole au peuple. C’est cela la République ! Laissez le drapeau rouge et laissez les partis ! Remplissez la mission qui est la vôtre dans une démocratie ! Remplissez la mission qui est la vôtre dans la République ! En regardant le monde tel qu’il est, En construisant l’avenir sur les réalités, En comprenant que dans un monde qui bouge autant, il n’est pas possible de rester immobiles. Si nous voulons que rien ne change quand tout change autour de nous, nous perdrons tout. C’est tromper les salariés. C’est mentir aux salariés que de leur faire croire que l’on peut faire l’économie du changement. Et c’est leur faire prendre un risque énorme. Regardez ce qui arrive aux pays qui n’ont pas fait à temps les changements nécessaires, qui n’ont pas pris à temps les décisions qui s’imposaient. Regardez ce qui se passe en Grèce et en Espagne ! A la fin, c’est toujours le travail qui paye. Regardez l’explosion du chômage, la baisse des salaires, la baisse des retraites ! Qui veut cela pour la France ? Qui veut cela pour les salariés français ? Qui veut cela pour les retraités qui ont travaillé toute leur vie ? Je veux un nouveau modèle social où les syndicats, au lieu d’être une force de conservation, seront une force de transformation sociale, mais où la négociation collective descendra jusque dans l’entreprise, où il sera possible, avec l’accord de tous, de déroger aux règles générales quand le carnet de commandes de l’entreprise l’exigera. Je veux un nouveau modèle français où chacun prendra ses responsabilités, où l’entreprise ne sera plus mise en difficulté simplement parce que les règles générales seront inadaptées à son cas particulier. Je veux un nouveau modèle Français où les rapports sociaux dans l’entreprise seront différents, où le rôle des syndicats dans l’économie sera différent, où il y aura davantage de souplesse mais une souplesse négociée qui permettra d’éviter bien des faillites, bien des licenciements, bien des conflits, bien des souffrances. Mes chers concitoyens, Si nous avons voulu nous rassembler aujourd’hui, ce n’est pas pour manifester contre quiconque. Si nous avons voulu nous rassembler aujourd’hui, c’est parce que pour nous, dans les choix que nous allons devoir faire pour l’avenir, la question du travail est centrale. C’est par le travail que nous sortirons de la crise. C’est par le travail que nous rembourserons nos dettes. C’est par le travail que nous retrouverons le chemin de la croissance. C’est par le travail que nous garantirons le pouvoir d’achat. C’est par le travail et par le mérite que nous pourrons reprendre la maîtrise de notre destin individuel et collectif. Je veux un nouveau modèle social français où le travail sera reconnu comme valeur, où l’on ne découragera pas le travail, où l’on n’empêchera pas ceux qui veulent travailler de travailler, où l’on ne partagera pas le travail parce que c’est le travail qui crée le travail, où le travail ne sera plus abîmé par les dumpings et les concurrences déloyales, où le travail sera protégé. Si j’ai mis les frontières au centre de mon projet c’est parce que les frontières expriment ce refus du laisser-faire et du laisser-aller. Si il n’y a plus de frontières entre l’Europe et le reste du monde, Si tout est ouvert, Si le rapport aux autres n’est plus maîtrisé, Si entre chez nous et chez les autres, entre le dedans et le dehors, il n’y a plus rien, Si le travail français avec toutes ses charges, avec toutes ses règles est mis en concurrence avec le travail de pays qui ne respectent aucune règle, qui pratiquent des dumpings monétaires, sociaux, environnementaux, où les salaires sont très bas, où il n’y a pas de sécurité sociale, pas de droit du travail, où l’on fait travailler les enfants, les prisonniers, comment le travailleur français et Européen pourront-ils résister ? Comment demander à un ouvrier de l’industrie de travailler davantage, de faire des efforts de productivité s’il doit vivre toujours dans l’angoisse de la délocalisation parce qu’il sait que tous les efforts qu’il pourra faire ne compenseront jamais l’iniquité de la concurrence ? Se résigner à l’effacement des frontières, c’est le premier acte par lequel une nation renonce à maîtriser son avenir. Il faut des frontières à l’Europe. Il faut des frontières à la France. Non pour s’enfermer, mais pour s’affirmer dans le monde. Pour clarifier les rapports avec les autres. La frontière, c’est le droit opposé à la force. C’est la règle opposée au désordre. C’est la régulation au lieu du laisser-faire. Les frontières, cela peut paraître loin des préoccupations quotidiennes de ceux qui se lèvent tôt et qui travaillent dur. Pourtant, ce sont bien les conditions de la concurrence qui rendent la vie si dure et c’est notre capacité à nous protéger qui la rendra moins dure. Si l’euro est trop fort, si l’immigration n’est pas maîtrisée aux frontières de l’Europe, si nos marchés publics sont ouverts alors que les autres ne le sont pas, si nous ne pouvons pas en réserver une part à nos PME, s’il n’y a pas de traçabilité des produits que nous importons, alors la vie pour ceux qui travaillent continuera d’être difficile, alors tous ceux qui travaillent continueront de percevoir l’avenir non comme une promesse mais comme une menace. Je veux un nouveau modèle social français où tous les secteurs se sentiront solidaires les uns des autres, où tout le monde aura conscience que c’est en faisant front ensemble que l’on pourra relever le défi de la mondialisation, que la compétitivité de la Nation se fabriquera tout autant dans le secteur exposé à la concurrence que dans le secteur abrité et que l’on peut ni les séparer ni les opposer, même si les premiers ont davantage besoin d’être protégés que les seconds parce que lorsque l’entreprise ferme, ils perdent tout.

Je veux un nouveau modèle social français où le travail sera enrichi par la formation, par l’innovation, par l’investissement, où chaque jeune pourra choisir l’alternance comme une filière d’excellence, où chacun pourra obtenir un stage dans une entreprise où le mur qui se dresse entre l’entreprise et le jeune apprenti qui n’a pas de relations sera abattu. Je veux un nouveau modèle français où plus aucun enfant n’entrera au collège sans savoir lire, écrire et compter, où l’école sera attentive aux fragilités de chacun, où les professeurs seront davantage présents au collège et au lycée pour que les élèves puissent s’appuyer sur eux. Je veux un nouveau modèle français où l’État ne sera plus un État bureaucratique mais un État entrepreneur servant d’appui à tous les entrepreneurs et à tous les créateurs. Je veux un nouveau modèle français où parce que le travail sera plus créatif, plus productif, il sera plus compétitif, plus fort face à la concurrence. Je veux un nouveau modèle français où le coût du travail sera allégé, où tout le monde aura compris que plus le travail coûte cher, plus il a vocation à être délocalisé. Que plus le travail coûte cher, moins il supporte la concurrence. Je veux un nouveau modèle français où le poids des normes et des règles qui pèsent si lourdement sur le travail sera allégé parce qu’au lieu de protéger le travail, l’excès de normes finit par le détruire. Je veux un nouveau modèle français où l’on ne cherchera pas à diminuer le coût du travail en abaissant les salaires parce qu’en France, le salaire n’est pas trop haut, il est trop bas. Parce que la baisse des salaires, c’est entrer dans le cercle vicieux de la déflation et de la dépression. Il faut augmenter les salaires et il faut diminuer le coût du travail. Voilà le défi ! Augmenter les salaires, cela se fera grâce à la suppression de la prime pour l’emploi. Diminuer le coût du travail, cela se fera en finançant une réduction des cotisations familiales par la TVA. Ainsi les importations seront taxées et elles contribueront au financement et de la protection sociale. Les exportations ne seront pas taxées et elles seront plus compétitives. La TVA anti délocalisation, c’est une TVA pour freiner les délocalisations, pour protéger l’emploi français. Ils étaient nombreux à gauche avant la campagne présidentielle à approuver cette idée. Où sont-ils ? On ne les entend plus ! La gauche, celle que l’on entend, a crié à l’injustice parce qu’il s’agit de faire payer le consommateur. Mais les délocalisations, ce n’est pas injuste ? Le chômage, ce n’est pas injuste ?
Celui qui n’a plus de travail que peut-il consommer ? Et puis, il y a l’autre voie, celle de la participation que le Général De Gaulle a ouverte contre la gauche, contre les syndicats, contre toutes les forces du conservatisme. Nous avons fait la prime dividende parce que le dialogue social n’avait débouché sur rien, parce que personne ne voulait bouger ni le patronat, ni les syndicats. Je veux un nouveau modèle français où le capitalisme des entrepreneurs aura remplacé le capitalisme financier, où l’entreprise sera redevenue une communauté humaine consciente de partager une destinée commune, où chacun sera récompensé de ses efforts, où les profits seront partagés, où la participation aura suffisamment progressé pour faire oublier ce reste de lutte des classes qui empoisonne encore nos relations sociales. Je veux un nouveau modèle français où la réussite ne sera plus regardée avec suspicion mais comme un exemple, où le talent et le mérite seront récompensés, où chacun pourra conserver assez du fruit de ses efforts pour pouvoir se constituer un patrimoine et le transmettre un jour à ses enfants, où le travail engendrera le patrimoine, où le patrimoine sera la récompense du travail. Je veux dire à tous ceux qui ne connaissent pas la France du travail que lorsque la France du travail considère son patrimoine elle ne le regarde pas comme une valeur pécuniaire mais comme des dizaines d’années de labeur, de sueur et d’effort. Elle y voit toutes les peines, tous les sacrifices quelle y a mis. Elle le regarde avec émotion car lorsque l’on se retourne ainsi sur sa vie on est ému en pensant à ce que l’on a réussi à construire. Je veux dire à cette France du travail qu’elle n’a pas à s’excuser pour son patrimoine, qu’elle n’a pas à s’excuser pour ses efforts, qu’elle n’a pas à s’excuser pour son mérite, et que ce qu’elle possède elle l’a gagné. Son patrimoine c’est le sien, ce n’est pas le patrimoine de l’Etat. C’est le patrimoine de la Nation, c’est le patrimoine de tout un peuple de travailleurs. On n’a pas le droit de le lui prendre, on n’a pas le droit de le lui confisquer. Revenir sur l’exonération des droits de succession, durcir les conditions des donations, remettre en cause le quotient familial, matraquer fiscalement les classes moyennes pour payer une folie dépensière, ce serait briser pour longtemps le rêve de la France du travail. A tous ceux qui ne connaissent pas cette France du travail je veux leur dire que c’est une France qui n’est pas avide, qui n’est pas cupide, qui n’est pas malhonnête, qui n’est pas immorale et c’est justement pour cela qu’elle ne supporte plus les mises en cause de la France. La France est un des pays les plus accueillants et les plus généreux du monde. Elle ne mérite pas qu’on la critique sans arrêt, elle ne mérite pas qu’on la stigmatise. Elle mérite qu’on la respecte. Je veux un nouveau modèle français où chacun aura sa chance, où ceux qui auront été brisés par les accidents de la vie auront droit à un nouveau départ, où la deuxième chance sera généralisée, où les familles de bonne foi qui seront surendettées pourront bénéficier de la faillite civile comme les entreprises. Le retour de l’égalitarisme, du nivellement par le bas briserait ce rêve d’égalité des chances.
Je veux un nouveau modèle français où la spéculation et l’assistanat ne rapportent pas plus que le travail, où celui qui ne travaille pas ne vit pas mieux que celui qui travaille dur, où celui qui a travaillé et cotisé toute sa vie n’a pas moins de droits que celui qui n’a jamais travaillé et jamais cotisé, parce que c’est décourageant et parce que c’est immoral. Je veux un nouveau modèle français où ceux qui ont travaillé toute leur vie peuvent vivre sans être à la charge de leurs enfants, où ils peuvent se soigner. Il n’est pas juste que les aides soient trop souvent réservées à ceux qui n’ont pas travaillé et que ceux qui ont travaillé soient moins aidés. Il n’est pas juste que le petit retraité qui vit avec le minimum vieillesse, on ne l’aide pas pour qu’il puisse se soigner. Je veux réparer cette injustice. C’est pour respecter ceux qui ont travaillé que j’ai préféré reculer l’âge de départ à la retraite plutôt que de diminuer les pensions. C’est pour respecter ceux qui ont travaillé que j’ai conservé l’indexation intégrale des retraites sur les prix. C’est pour réparer une autre injustice qui attendait d’être réparée depuis 60 ans que je me suis engagé à faire payer les retraites le 1er de chaque mois parce qu’il était profondément injuste que l’État fasse sa trésorerie sur le dos des retraités et parce que cela plongeait beaucoup de petits retraités dans des difficultés inextricables quand toutes les échéances tombaient au début du mois. Je veux un nouveau modèle français où l’école sera une école de l’exigence qui apprendra aux enfants à tracer la frontière entre le bien et le mal, entre ce qui se fait et ce qui ne se fait pas, entre la vérité et le mensonge, entre le beau et le laid, et qui leur inculquera le goût de l’effort et le respect du travail, qui leur fera éprouver la joie de la connaissance comme la récompense du travail de la pensée. Parce que c’est sur le socle des valeurs que la famille et l’école transmettent aux enfants que se construit un modèle social. Françaises, Français, mes chers compatriotes, C’est ce projet que je veux construire avec vous. Ce projet n’est rien d’autre que le rêve d’une nation Française rassemblée, fière de ses valeurs, de son identité, confortée en son idéal de mode de vie, rassurée dans sa volonté de rester différente. Oui, peuple de France, nous sommes différents et nous voulons le rester. Nous sommes la République et pas seulement la démocratie. Nous ne voulons à aucun prix du communautarisme parce que nous sommes républicains. Nous sommes les héritiers d’une grande culture, les enfants de Voltaire, de Chateaubriand, de Victor Hugo, de Maupassant.
Nous ne voulons pas de l’aplatissement culturel du monde. Nous voulons garder notre langue, notre littérature, notre musique, notre cinéma. Nous sommes les héritiers d’une grande histoire. Les héritiers de Jeanne d’Arc, de Bonaparte, du Général de Gaulle, les héritiers de la Renaissance, de la Résistance, des Trente Glorieuses. Nous ne voulons pas d’une petite ambition, nous voulons de grands projets, de grands rêves. Nous sommes le peuple de France. Nous avons reçu de nos parents et de nos grands-parents en héritage, comme un trésor, la réconciliation Franco-allemande, la paix en Europe, des territoires où se dressent partout des cathédrales et des églises, des valeurs, un art de vivre, une éducation. Cet héritage nous n’y renoncerons jamais. Nous sommes la France. C’est tout le sens de mon projet. Ce projet je veux l’accomplir avec tous ceux qui travaillent, avec tous ceux qui ont travaillé toute leur vie et qui connaissent la valeur du travail. Je veux rendre hommage à tous ceux qui contribuent à faire de la France un grand pays. Je veux rendre hommage à ceux de nos compatriotes issus de l’immigration qui ont fait des efforts pour s’intégrer, qui veulent devenir des Français comme les autres, qui travaillent dur, qui transmettent à leurs enfants des valeurs élevées, qui les éduquent avec une grande exigence morale et dans l’amour de la France. Je veux le dire aussi : c’est pour que la République puisse tenir sa promesse à leur égard qu’il faut ralentir les flux migratoires, c’est pour que le creuset français continue de fonctionner qu’il faut diminuer les entrées. Nous le devons à ceux qui sont là et qui ont fait tant d’efforts. Nous avons traversé bien des épreuves depuis cinq ans, côtoyé bien des précipices, mais nous avons réussi à ne pas être emportés. Après avoir été si absorbés par le présent, voici le moment de nous tourner vers l’avenir. Nous avons commencé à le préparer. Nous avons fait des réformes qui attendaient depuis si longtemps d’être accomplies. Maintenant, cet avenir nous devons le construire. Vous l’aurez compris, le nouveau modèle français que je vous propose n’est pas celui de la jalousie, ce n’est pas celui de l’amertume, qui conduise toujours à rabaisser celui qui s’élève. Ce que je vous propose, ce n’est pas la fermeture, le repliement sur soi, la frilosité, ce n’est pas la haine de soi et la haine des autres. Ce que je vous propose, ce sont des frontières qui nous protègent pour ne plus subir et pour agir.
Ce que je vous propose, c’est le contraire du laissez-faire, de l’abandon qui nous ont conduits à toutes les crises que nous avons connues depuis quatre ans. Ce que je vous propose, c’est de refonder la République du mérite, celle de Jules Ferry et du Général De Gaulle. En face, une gauche rattrapée par ses vieux démons. Une gauche dont une partie en appelle déjà à la rue pour faire pression sur l’autre partie sommée d’obtempérer. A quelle revendication le candidat socialiste cédera t-il ? Après avoir vendu les ouvriers du nucléaire pour un accord électoral avec les verts, que vendra t-il d’autre ? Prendra t-il le SMIC à 1700€ ou bien l’interdiction des licenciements ? C’est parce que tout cela est en cause que je vous appelle à un sursaut national. Écoutons encore le Général de Gaulle : « Travailleurs ! C’est avec vous, d’abord, que je veux bâtir la France nouvelle. Quand encore une fois, ensemble, nous aurons gagné la partie, en dépit des excitations des destructeurs et des intrigues des diviseurs, on apercevra tout à coup une nation joyeuse et rassemblée où, je vous en réponds, vous aurez votre digne place. Alors, on verra sortir, des voiles qui le cache encore, le visage radieux de la France ! » C’était le 1er mai 1950 à Bagatelle. Je n’ai pas trouvé qui exprimait mieux ma pensée en cet instant où se joue le destin de la France. Il reste trois jours ! Trois jours pour expliquer ! Trois jours pour convaincre ! Trois jours pour entraîner ! Trois jours pour que chacun comprenne que dimanche il ne votera pas pour un candidat mais pour lui-même, pour son avenir et pour celui de ses enfants ! Trois jours pour gagner ! Vive la République ! Vive la France !



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