par
Soraya Sepahpour-Ulrich ثریا سپاه پور- اولریش. Traduit par Michèle Mialane, édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original Strait History: Iran’s Options
Deutsch Die Straße von Hormuz in der Geschichte: die Optionen des Iran
فارسی
Deutsch Die Straße von Hormuz in der Geschichte: die Optionen des Iran
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On
connaît le sage propos de George Santayana: « Ceux qui veulent oublier
le passé se condamnent à le répéter ». En ne tirant pas les leçons de
l’Histoire, les USA et leurs alliés renouvellent leur comportement des
années 50 où ils ont imposé à l’Iran un embargo sur son pétrole.
L’alliance emmenée par les USA a oublié l’Histoire.
L’Iran, non.
Lorsque l’Iran décida, sous la direction du nationaliste Mohammad
Mossadegh, de nationaliser la l’industrie pétrolière, la Royal Navy
instaura un blocus des exportations de pétrole afin de le contraindre à
y renoncer. Pour se venger des velléités nationalistes de l’Iran et le
punir de servir ses propres intérêts, les Britanniques lancèrent un
blocus mondial du pétrole iranien.
Dans les années 50, l’Iran ne disposait pas d’une puissance
militaire lui permettant de s’opposer à l’embargo, et le blocus maritime
avait pour objectif de ruiner son économie pour renverser le régime.
Les évènements qui s’ensuivirent étaient, selon un article du New York Times,
« destinés à faire comprendre le prix élevé » que doit payer un pays
pétrolier du Tiers Monde « quand il perd la tête sous l’effet d’un
nationalisme fanatique ». L’Iran apprit alors que la souveraineté et le
nationalisme exigent force et décision au niveau politique et militaire.
Sans prendre en compte les conséquences des évènements de l’époque,
les alliés occidentaux, emmenés par les USA, ont décrété un nouvel
embargo contre l’Iran. L’Iran a répliqué par un projet de loi
interdisant aux pays qui lui ont infligé des sanctions l’accès à ses
eaux territoriales, c’est à dire au détroit d’Ormuz. Ce projet n’est pas
sans fondement et à la différence de ce qui s’est passé lors de
l’embargo précédent, il semble que Téhéran ait les meilleures cartes en
mains et puisse ne pas être le seul à payer le prix élevé de l’embargo.
Strait of Don Quixote de la Hormuz, par Kaveh Adel
La position juridique de l’Iran
La convention de l’ONU de 1982 sur le droit de la mer (CNUDM))
prévoit que les bateaux sans intention belliqueuse peuvent exercer leur
« droit de passage innocent », c’est-à-dire naviguer librement et que
les États côtiers n’ont pas le droit de les en empêcher. L’Iran a signé
mais pas ratifié ce traité, qui n’est pas donc juridiquement
contraignant. Mais même si l’on néglige cet aspect, la CNUDM donne aux
États côtiers le droit d’interdire la navigation dans leurs eaux
territoriales si celle-ci constitue une menace pour « la paix, l’ordre
ou la sécurité » de ces États, car dans ce cas le passage de ces bateaux
ne pourrait être considéré comme « innocent ».
Même si l’Iran se contente de décider de retarder le passage des
tankers en exerçant son droit de contrôler tous les pétroliers qui
empruntent le détroit d’Ormuz, les inspections et le retard qu’elles
entraîneront contribueront à une hausse des prix du pétrole. Cette
augmentation, qui profitera à l’Iran et aux autres pays producteurs de
pétrole, déstabilisera encore plus l’économie européenne, déjà en crise.
"Surveillance des plages", par Manos Symeonakis
L’option militaire
Bien que les États occidentaux, emmenés par les USA, roulent des
mécaniques, en envoyant des bateaux de guerre dans le golfe
Arabo-persique, les propres jeux guerriers de Washington - le Challenge
du Millénium de 2002, coût : 250 millions de dollars -, prouvent bien
l’incapacité des USA à venir à bout de l’Iran. Oubliant les leçons de
leur propre histoire, les États-Unis d’Amérique, en envoyant davantage
de navires de guerre se rapprochent d’un conflit déclaré. Or,
contrairement à la crise des missiles de Cuba, les forces présentes
dans le golfe Arabo-persique risquent, face à cette avancée de la marine
de guerre US, de ne pas se réduire à deux leaders à même d’entrer en
communication pour éviter que la situation ne leur échappe. Et de plus
les conséquences de ce conflit potentiel ne se limiteraient pas à la
région.
Si l’on considère que 17 millions de barils - soit 35% de tout le
pétrole transporté par voie maritime - transitent chaque jour par le
détroit d’Ormuz, des incidents sur cette voie auraient de très graves
conséquences pour l’économie mondiale. 1,1 million de barils par jour
seulement prennent le chemin des USA, alors qu’une part importante de
ce pétrole est destinée à l’Europe. On peut se demander pourquoi les
États-Unis d’Amérique exigent que leurs alliés agissent à contresens de
leurs propres intérêts, le boycott des exportations iraniennes les
amenant à payer le pétrole plus cher; en outre ils accroissent le risque
de voir l’Iran bloquer des cargaisons pétrolières qui leurs sont
destinées.
Mais là aussi l’histoire nous fournit une réponse claire.
Contrairement à l’opinion communément admise, ce sont les USA et non les
pays exportateurs de pétrole qui ont utilisé le pétrole comme une arme.
Un exemple en est la pression que Washington a exercée sur les
Britanniques dans les années 20, pour l’amener à partager ses
concessions pétrolières au Moyen-Orient avec des compagnies américaines.
Et après la Deuxième guerre mondiale les États-Unis d’Amérique ont
enfreint le Red Line Agreement de 1928* en excluant les Britanniques et
les Français du traité.
En 1956 les États-Unis d’Amérique ont bien fait comprendre au
Royaume-Uni et à la France que les Européens n’auraient plus de pétrole
s’ils ne se retiraient pas d’Égypte au plus vite. Les États-Unis
d’Amérique n’avaient rien contre le renversement de Nasser, mais le
Président Eisenhower déclara: « S’ils avaient fait vite, nous aurions
été d’accord. »
Il est possible que les dirigeants européens se sentent engagés
envers certains groupes de pression, par exemple les lobbys
pro-israéliens, comme c’est le cas aux USA. Ou peut-être croient-ils que
l’Iran ne les obligera pas à jouer cartes sur table, que le Majlis
(parlement iranien) ne ratifiera pas le projet de loi et que le pétrole
continuera à couler sans problème. Mais quoi qu’il en soit, ils
commettent là un suicide financier qui aura sans doute pour eux de
lourdes conséquences avant même que la détermination l’Iran soit
ébranlée.
Note de Tlaxcala
*L’accord
de la ligne rouge fut un accord signé par les partenaires de la
compagnie pétrolière turco-irakienne Turkish Petroleum Company (TPC), le
31 juillet 1928. L’objectif de cet accord était de formaliser la
structure de l’entreprise TPC et d’introduire une clause qui interdisait
que les partenaires recherchent du pétrole pour leur propre compte,
dans les grands territoires de l’ancien Empire ottoman.
Cet accord fut à l’origine de la création d’un monopole du pétrole d’immense influence, trois décennies avant la formation de l’OPEP.
La ligne rouge incluait le territoire de l’ancien Empire ottoman au Moyen-Orient, en incluant la péninsule arabe et la Turquie. Le Koweït, était exclu de cette zone, l’objectif étant d’en faire une zone anglaise réservée (wikipedia).
Cet accord fut à l’origine de la création d’un monopole du pétrole d’immense influence, trois décennies avant la formation de l’OPEP.
La ligne rouge incluait le territoire de l’ancien Empire ottoman au Moyen-Orient, en incluant la péninsule arabe et la Turquie. Le Koweït, était exclu de cette zone, l’objectif étant d’en faire une zone anglaise réservée (wikipedia).
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