par Fédération égyptienne des syndicats indépendants, 21/6/2012
Pirelli
est le cinquième plus grand opérateur mondial, en termes de chiffres
d’affaires, sur le marché des pneumatiques. Il est reconnu comme ayant
un taux de profit parmi les plus élevés. Son taux d’endettement devant
être encore réduit à l’horizon 2014-2015. Pirelli dispose de 22 centres
de production dans le monde et occupe 34’000 salarié·e·s. Pirelli se
vante, outre sa référence aujourd’hui obligatoire à son respect de
l’environnement, «de réunir profitabilité financière avec responsabilité
sociale». Sa filiale égyptienne semble confirmer, à sa façon, la
convergence de ces deux objectifs!
Le Moyen-Orient représente 9% des ventes ; l’Europe 41% ; l’Amérique du Sud 34%; l’ALENA (Mexique, Etats-Unis et Canada) 10% et l’Asie Pacfique 6%. La stratégie du groupe consiste à diminuer sa présence – en termes de nombre de salariés – en Europe pour la déplacer vers d’autres pays: la Russie et le Mexique, entre autres. Cela, tout en modernisant les fabriques et en mettant l’accent sur le haut de gamme. Les pneus pour automobiles et motos sont privilégiés par rapport aux pneus pour machines de chantier et autres engins industriels, etc. En Egypte, comme l’expliquait, l’avocat Kaled Ali, directeur du Centre égyptien pour les droits sociaux et économiques : «Partout dans le monde, les ouvriers font la grève quand la négociation a échoué. Seul l’ouvrier égyptien fait la grève pour pouvoir ensuite négocier». (Al Ahram, 8-14 juin 2011). Le droit de grève n’est pas exactement un droit qui se trouve à la première place du programme du «président», nouvellement élu avec le consentement des militaires, Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans. Nous y reviendrons.
Depuis la rédaction de ce communiqué de la Fédération des syndicats indépendants, les ouvriers de Pirelli ont fait un sit-in devant le consulat d’Italie, à Alexandrie. Ils ont interrompu leur action après avoir été reçus par le consul d’Italie et obtenu la promesse que leurs revendications seraient transmises à la direction de la holding Pirelli et au gouvernement italien.
Les messages de solidarité syndicaux doivent être envoyés aux adresses e-mail suivantes: efitu.union[at]gmail[dot]com et fatmaramadan66[at]gmail[dot]com- (Rédaction A l’Encontre)
Le Moyen-Orient représente 9% des ventes ; l’Europe 41% ; l’Amérique du Sud 34%; l’ALENA (Mexique, Etats-Unis et Canada) 10% et l’Asie Pacfique 6%. La stratégie du groupe consiste à diminuer sa présence – en termes de nombre de salariés – en Europe pour la déplacer vers d’autres pays: la Russie et le Mexique, entre autres. Cela, tout en modernisant les fabriques et en mettant l’accent sur le haut de gamme. Les pneus pour automobiles et motos sont privilégiés par rapport aux pneus pour machines de chantier et autres engins industriels, etc. En Egypte, comme l’expliquait, l’avocat Kaled Ali, directeur du Centre égyptien pour les droits sociaux et économiques : «Partout dans le monde, les ouvriers font la grève quand la négociation a échoué. Seul l’ouvrier égyptien fait la grève pour pouvoir ensuite négocier». (Al Ahram, 8-14 juin 2011). Le droit de grève n’est pas exactement un droit qui se trouve à la première place du programme du «président», nouvellement élu avec le consentement des militaires, Mohamed Morsi, le candidat des Frères musulmans. Nous y reviendrons.
Depuis la rédaction de ce communiqué de la Fédération des syndicats indépendants, les ouvriers de Pirelli ont fait un sit-in devant le consulat d’Italie, à Alexandrie. Ils ont interrompu leur action après avoir été reçus par le consul d’Italie et obtenu la promesse que leurs revendications seraient transmises à la direction de la holding Pirelli et au gouvernement italien.
Les messages de solidarité syndicaux doivent être envoyés aux adresses e-mail suivantes: efitu.union[at]gmail[dot]com et fatmaramadan66[at]gmail[dot]com- (Rédaction A l’Encontre)
Les grévistes devant le consulat d'Italie à Alexandrie
Des travailleurs de l’entreprise de pneus Pirelli, sise à Alexandrie,
en Egypte, sont en grève, suite au refus arbitraire de la part de la
direction d’appliquer les accords qui ont été conclus avec les
travailleurs en présence des représentants du Conseil suprême des forces
armées (CSFA), le vrai pouvoir, et suite à leur refus de respecter les
droits légaux des travailleurs. L’usine Pirelli est située sur la route
du désert entre Le Caire et Alexandrie. Le groupe Pirelli a des filiales
de production de pneus dans de nombreux pays, dont les Etats-Unis,
l’Allemagne, la Turquie, l’Italie, la Grande-Bretagne, la Roumanie et le
Brésil, le Venezuela, la Chine.
Le Comité syndical chez Pirelli, qui est affilié à l’officielle Union
générale des travailleurs de la chimie (GUC), elle-même affiliée à la
Fédération Syndicale égyptienne (ETUF), d’obédience gouvernementale,
s’est efforcé de respecter les lois, très compliquées, sur les grèves.
Le 29 mai 2012, le Comité syndical a envoyé un mémorandum au Ministre du
travail, au directeur du Conseil de contrôle de la main-d’œuvre à
Alexandrie, au directeur exécutif de la compagnie, ainsi qu’au GUC. Par
ce document, il les informait de l’intention des travailleurs de se
mettre en grève le 10 juin 2012. Il demandait que la direction respecte
les droits des travailleurs pour éviter un arrêt de travail. Les
revendications des travailleurs ont été ignorées. Dès lors, ils ont été
obligés de passer à l’action.
"En ce moment dans tous les salons d'exposition: Le Vampire Pirelli Egypte"
Les raisons de la grève sont les suivantes
1° La compagnie a violé l’article 85 de la Loi sur le Travail (Loi 12 de 2003) concernant les calculs des primes pour les heures supplémentaires des travailleurs. La compagnie calcule les heures supplémentaires sur la base du salaire de base plutôt que sur celui du salaire total, comme cela est stipulé par la loi.
2° La compagnie a violé les règlements sur les primes qui stipulent que la réduction des primes de production doit être faite à un taux de 10% par 0.1% de volume produit endommagé, lorsque le taux de production altérée atteint 2%. La compagnie applique les réductions déjà à partir d’un taux de malfaçon de 1.4%.
3° La compagnie viole la convention nationale du travail entre travailleurs et employeurs. Alors que la convention prévoit pour 2011 le paiement d’une allocation spéciale aux travailleurs sur la base du salaire de base, la direction calcule l’allocation sur la base de la proportion de salaire soumise à l’indemnité de licenciement, qui est inférieure de manière significative au salaire de base.
4° La direction a violé la convention collective nationale signée en présence de représentants du CSFA, en février 2011. Cette convention prévoit la participation des travailleurs aux décisions concernant les prestations auxquels ils ont droit, tels que les soins médicaux, le transport, ainsi que les modalités de paiement des primes. La direction n’a pas tenu compte de cette disposition.
5° Les règlements concernant les salaires ont été modifiés sans que ces changements aient été approuvés par l’autorité administrative responsable, ce qui est contraire aux règlements.
6° Le droit des travailleurs d’obtenir 10% des bénéfices de l’entreprise n’a pas été respecté. En 2011, par exemple, les bénéfices nets de la compagnie se montaient à 130 millions de livres égyptiennes. Pourtant la direction n’a versé que 9 millions de livres (1,4 million de CHF) aux travailleurs au lieu des 13 millions auxquels ils avaient droit.
7° Contrairement à ce qu’elle pratique dans d’autres pays, l’entreprise n’assume pas sa responsabilité en ce qui concerne les soins de santé pour les travailleurs et leurs familles, de même que pour l’adaptation du salaire au taux d’inflation et à l’augmentation des prix des biens de base, etc.
Il faut noter qu’au lendemain de l’envoi du mémorandum, l’entreprise a
coupé la vapeur et l’électricité pour les machines et a entamé des
opérations de maintenance pour les chaudières et les centrales
électriques. Dans une déclaration faite à la police, elle a dénoncé les
travailleurs et leur comité syndical en les accusant d’entraver la
production et d’inciter à la grève [ce qui est illégal]. Pour leur part,
les travailleurs ont déposé une plainte démontrant que c’est la
direction qui bloquait la production. Les travailleurs ont également
fourni des preuves de l’opération de maintenance.
Je suis prêt à demander le divorce à la mère de mes enfants
Je ne laisserai pas tomber mes camarades
Ouvrier de Pirelli
Je ne laisserai pas tomber mes camarades
Ouvrier de Pirelli
La direction de l’entreprise a refusé de négocier. Le Ministère du
travail n’a pas répondu au mémorandum des travailleurs. En ce qui
concerne le GUC, il a répondu au Comité syndical, le 9 juin 2012, en
annonçant son soutien à la grève qui commencerait le 10 juin 2012.
Depuis lors, les travailleurs ont été en grève, alors que la direction
refuse toujours de négocier, en insistant sur le fait que les
travailleurs doivent retourner à leurs postes avant que la direction ne
prenne en considération leurs revendications; ce que les travailleurs
rejettent.
Mais la direction ne s’est pas contentée de cela. Le 21 juin 2012,
elle a licencié cinq travailleurs en les accusant d’incitation à la
grève. Les travailleurs licenciés sont: Shaaban Abdel-Latif Yussef,
technicien de production, degré un; Ashraf Khamis, connu aussi sous le
nom de Ashraf El-Gazzar, technicien de production, degré un; l’ingénieur
Ahmed Kandil, dirigeant du comité syndical; l’ingénieur Ashraf Ashmawi,
membre du comité syndical et président de l’association des salariés
actionnaires de la compagnie; et, enfin, Mohamed Jarrana, membre du
comité syndical.
Revendications des travailleurs:
Abandon des poursuites
Responsabilité sociale
Application de la grille des salaires
Participation aux bénéfices
Respect des conventions collectives Les travailleurs de Pirelli Alexandrie
Pirelli est une entreprise qui a réalisé d’énormes profits en Egypte,
mais ne tient compte ni de la loi égyptienne, ni des droits des
travailleurs égyptiens. Les travailleurs n’ont opté pour la grève
qu’après avoir tenté à plusieurs reprises de résoudre les problèmes par
un dialogue, sans résultat. Leur grève est un des rares arrêts de
travail «légaux» en Egypte, puisqu’elle remplit les conditions très
strictes fixées par la loi égyptienne pour l’exercice de ce droit
fondamental des travailleurs, y compris l’approbation de la grève par le
GUC. Les travailleurs n’ont eu recours à la grève que lorsque les
ministères responsables ont ignoré les revendications légitimes des
travailleurs. Et, en particulier, lorsque le Ministère du travail a
réagi avec indifférence aux difficultés des travailleurs.
La Fédération égyptienne des syndicats indépendants (EFITU) exprime
sa solidarité avec la grève des travailleurs de la compagnie de pneus
Pirelli et elle soutient leurs revendications légitimes. L'EFITU demande
que les cinq travailleurs licenciés soient réintégrés. Elle fait appel
aux forces politiques et à la jeunesse égyptienne ainsi qu’aux syndicats
et aux fédérations syndicales à un niveau international – et en
particulier aux travailleurs de Pirelli dans d’autres pays – pour qu’ils
manifestent de toutes les manières possibles leur solidarité avec leurs
camarades égyptiens, pour les aider à résister et à persévérer dans
leur lutte jusqu’à ce que leurs revendications soient satisfaites.
Pour tenter d’obliger les travailleurs à se soumettre, la direction
de Pirelli menace de ne pas verser leurs salaires, puisqu’elle sait que
c’est là le seul moyen de subsistance pour eux et pour leurs familles.
Au lieu de satisfaire les revendications légitimes des travailleurs, la
compagnie a opté pour des licenciements arbitraires et une suspension de
la paie.
Vive la lutte des travailleurs égyptiens. Vive la révolution égyptienne !
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