Interview de Jaime Guaracas, légendaire guérillero des FARC
par Hernando CALVO OSPINA
C’est dans un coin reculé de la planète qu’il me reçoit. Il fait une chaleur terrible et la couleur des nuages annonce une averse. Me voyant soucieux, il me dit que cette cabane, construite de bois et de feuilles, a déjà résisté à plusieurs tempêtes. Je m’aperçois que dans la petite pièce, l’unique luxe, ce sont les livres. Les heures passant, je me rends compte que deux photos font partie de ses trésors: Il y figure sur les deux, près de Manuel Marulanda Vélez, le commandant des Forces Armées Révolutionnaires de Colombie (FARC), récemment décédé.
J’ai devant-moi un des guérilléros des plus légendaires de Colombie : Jaime Guaracas. Il est l’un des mythes révolutionnaires encore vivants, et partie indissoluble de la création et du développement des FARC. Au cours de la Septième Conférence, en mai 1982, il fut élu à la plus haute instance de cette organisation, le Secrétariat. Il dut abandonner sa charge à cause de son mauvais état santé
Il raconte que ses « soucis de santé » avaient surgi progressivement, séquelles des tortures qu’ils lui infligèrent après sa capture, le 5 juin 1973, à Cali, au sud-ouest du pays. « Les militaires m’avaient gardé enfermé pendant trois mois dans une cellule qui était appelée « calme-fous » et soumis aux méthodes les plus sauvages qu’ils avaient appris des spécialistes usaméricains. »
Guaracas a une mémoire photographique. Il se souvient près de quel fleuve, quelle colline, chemin, village éloigné, quel mois et quel jour s’étaient déroulés les détails les plus importants de l’histoire colombienne, que bien peu connaissent.
Voici une petite partie de ma conversation avec ce personnage, qui n’a presque jamais donné d’interview.
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