lundi 27 octobre 2008

Prince Johnson : C'est Compaore qui a fait tuer Sankara, avec l'aval d'Houphouët-Boigny

par RFI, 27/10/2008

C'est une exclusivité RFI. Pour la première fois depuis son passage spectaculaire devant la commission Vérité et réconciliation le 29 août, Prince Johnson, l'ancien chef rebelle libérien, a donné des détails ce week-end sur son rôle dans la mort du président burkinabè, tué en octobre 1987. Cette fois-ci c'est au micro de RFI qu'il s'est confié. A l'époque, Prince Johnson s'entraînait au Burkina Faso. Selon lui la mort de Sankara aurait été décidée par son bras droit et successeur, l'actuel numéro un burkinabè Blaise Compaoré, avec l'aval du président ivoirien de l'époque, Félix Houphouët-Boigny. Blaise Compaore a toujours démenti avoir joué le moindre rôle dans la mort de Thomas Sankara.

Prince Johnson a d’abord rendu hommage à l’ancien président burkinabè, qui pour lui était un homme exceptionnel, aimé par son peuple et par le monde extérieur. Mais il fallait se débarrasser de lui : « La seule option pour notre formation, rester au Burkina puis aller en Libye, était de répondre positivement à la requête de Blaise, c’est-à-dire se débarrasser de Thomas Sankara qui était contre notre présence au Burkina ».
A la question de savoir s’il a été facile de se débarrasser de Thomas Sankara, Prince Johnson répond que le vrai maître des lieux à cette époque-là était plutôt l’actuel président : « Franchement, Sankara n’était qu’un chef cérémonial, c’est Blaise Compaore qui contrôlait tout, les casernes et la garde présidentielle donc il était très facile de s’infiltrer ».
Prince Johnson est allé plus loin en citant le nom de l’ancien président ivoirien, Félix Houphouët Boigny : « Il voulait la chute de Sankara pour que nous puissions suivre notre formation et retourner au Liberia pour tuer Doe (Samuel K. Doe, président du Liberia à cette époque, NDLR) parce que Doe a tué son beau-fils, William Tolbert junior... »

Source : http://rfi.fr/actufr/articles/106/article_73998.asp


Me battre à mort pour Thomas Sankara
Message de Myriam Sankara, veuve du Président Thomas Sankara à l'occasion du 21ème anniversaire de son assassinat .

Mes Chers Camarades,
A l'occasion de la commémoration du 21ème anniversaire de
l'assassinat le 15 octobre 1987du Président Thomas Sankara et de 12
de ses compagnons, je suis heureuse de constater que vous êtes
toujours là aussi nombreux que d'habitude, pour ce rendez annuel de
la mémoire et du recueillement.
Il est important pour mes enfants et moi-même ainsi que pour toute
la famille Sankara et tous ceux qui sont attachés à l'idée même de
justice et de dignité humaine, de sentir que malgré toutes ces
longues années passées, des hommes, des femmes, des jeunes, au
Burkina Faso et un peu partout dans le monde continuent à se
mobiliser pour que l'œuvre et les idéaux de justice, d'intégrité et
de dignité défendus par le Président Thomas Sankara ne soient jamais
oubliés, malgré tous les efforts déployés par le régime pour effacer
ses traces.

Il est important pour le triomphe de ces idéaux, que des hommes et
des femmes continuent à redoubler de détermination au Burkina Faso
et partout dans le monde pour que les auteurs de cet ignoble
assassinat soient punis, malgré les entraves judiciaires et
politiques dressées délibérément depuis des années par le pouvoir
burkinabé contre notre combat.
Aussi, je réitère avec force et fermeté que malgré le déni de
justice dont mes enfants et moi-même sommes victimes, malgré le
refus des juridictions burkinabé d'instruire cette affaire
conformément aux recommandations pertinentes de l'Onu concernant la
saisine du Tribunal Militaire sur ordre du Ministre de la Défense
que nous n'avons cessé de réclamer, malgré les diversions, les
mensonges, les obstacles dressés sur notre chemin par le pouvoir
burkinabé, nous ne baisserons jamais les bras et continuerons à
lutter.

Tant que la lumière ne sera pas faite sur l'assassinat du Président
Thomas Sankara, nous continuerons à nous battre par tous les moyens
de droit pour que justice soit faite. Nous continuerons à le faire
parce que la mémoire de mon époux l'exige. Nous continuerons à le
faire parce que les Burkinabé et les Africains veulent connaître la
vérité. Nous continuerons à mener ce combat parce que nous ne nous
satisferons jamais de cette culture d'impunité et de violence
politique qui sévit au Burkina Faso et dans de nombreux pays
africains malgré des démocraties de pure façade.
Notre détermination est d'autant plus grande aujourd'hui que les
récentes révélations devant le Tribunal spécial pour le Liberia, des
anciens compagnons de Charles Taylor comme John Tarnue, ancien
commandant des forces du Liberia ou celles de l'ancien chef de
guerre Prince Johnson devant la Commission Vérité et Réconciliation
au Liberia, relayées par la presse nationale et internationale, ont
mis clairement et directement en cause Monsieur Blaise Compaore lui-
même dans le renversement et l'assassinat du Président Thomas
Sankara et de 12 de ses compagnons le 15 octobre 1987.

Nous ferons tout ce qui est possible auprès des instances les plus
indiquées sur le plan national et international pour lesquelles les
mots Justice, Etat de droit, Dignité humaine ne sont pas de mots
vains et creux pour que notre cause soit entendue; nous continuerons
à interpeller les autorités Burkinabé devant ces instances pour que
les auteurs de cet horrible massacre soient jugés comme le sont à
juste droit dans le monde les auteurs des crimes graves, comme l'est
d'ailleurs aujourd'hui Monsieur Charles Taylor avec lequel - selon
les deux criminels cités plus haut - Monsieur Blaise Compaore a
signé le pacte de sang qui a conduit à l'assassinat de mon époux et
de 12 de ses compagnons.
Je sais que vous continuerez à soutenir ce combat qu'aucune
indemnité financière ne pourra compenser tant que les assassins du
Président Thomas Sankara seront vivants et continueront à bénéficier
d'une totale impunité et à parader ici et là dans le monde. Je sais
que vous continuerez à soutenir ce combat étroitement lié à celui de
l'avènement d'une vraie démocratie et d'un vrai développement au
Burkina Faso et dans bon nombre de pays africains largement viciés
par cette impunité.

Qu'il me soit permis à cet effet de remercier tous les avocats du
Comité International Justice pour Thomas SANKARA, pour le précieux
appui qu'ils m'apportent gracieusement depuis des années dans ce
combat ainsi que tous ceux qui, au Burkina Faso, en Afrique et dans
le monde, continuent, depuis 21 ans à œuvrer pour que triomphent les
idéaux du Président Thomas Sankara, tous ceux qui se dressent contre
l'injustice, l'oppression, la misère, au moment où la déroute
actuelle du libéralisme un peu partout démontre à quel point, les
idéaux que défendait Thomas Sankara restent d'actualité, et que se
pose aujourd'hui plus que jamais, la nécessité d'un ordre
international plus juste.

Merci à tous les Sankaristes de continuer courageusement cette lutte
sur le plan politique et social depuis des années. Je ne peux que
les encourager à travailler pour la mise en place d'un projet de
société qui prendra assise sur les idées de celui qui a incarné et
continuera à incarner l'espoir de tous ceux qui, au Burkina Faso, en
Afrique et dans le monde, s'élèvent quotidiennement contre les
injustices sociales et se battent pour leur dignité, leur
autodétermination, ceux qui refusent l'état de survie, la
corruption, le népotisme, la destruction de la nature,
l'exploitation de l'homme par l'homme.

Merci encore au peuple burkinabé et à sa jeunesse pour sa formidable
mobilisation autour du 20ème anniversaire l'année dernière.
Merci de m'avoir reçu si chaleureusement lors de ces inoubliables
moments à jamais inscrits dans la page de notre histoire et qui nous
donnent aujourd'hui la force de continuer ensemble à nous battre
avec plus de détermination qu'avant, pour faire en sorte que chaque
centimètre carré de nos vies devienne, comme le voulait le Président
Thomas Sankara, "un centimètre carré de liberté et de dignité " pour
que,
Vive le Burkina Faso !
Vive l'Afrique!
Je vous remercie pour votre indéfectible soutien.
Montpellier le 15 octobre 2008

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