vendredi 17 avril 2009

Cornel West : L'audace de la critique

Professeur de philosophie et rappeur
par Jorge MAJFUD, 15/4/2009

Cornel West: La audacia de la crítica
Avec son style inimitable d’Afro qui refuse de se blanchir, Cornel West, l'auteur de Race Matters (La race, ça compte)(1993), soulève les foules partout où il passe. Il n’a pas de perruque et ne se défrise pas les cheveux. Il n’a pas grossi. C’est un provocateur de l’envergure de Noam Chomsky mais quand il parle il déborde d'énergie physique : c'est un tonnerre qui parle avec tout son corps. Il a l’habitude de s’habiller d’un austère costume noir sur lequel il tire par un tic qui annonce une conclusion en forme de question.
Contrairement à Noam Chomsky, West unit le rythme et la passion prosélyte du pasteur usaméricain avec la protestation aiguë du militant. Il est ce que l'on appelle un « professeur étoile », un genre presque inconnu en Amérique latine et qui dans les amphis bondés d'Europe et des USA fait de l’ombre aux étoiles de Hollywood ou de la NBA (National Baseball association). Frantz Fanon a été un autre philosophe noir qui a laissé une trace indélébile dans la pensée de la seconde moitié du XXe siècle, reconnu par Jean-Paul Sartre et pratiqué par Ernesto Che Guevara et Paulo Freire en Amérique latine. Mais le psychiatre caribéen-algérien, auteur de l’essai post-colonialiste, écrit trop tôt, Peau noire, masques blancs (1952) n'a pas reçu de son vivant la considération que les universités usaméricaines lui reconnaissent aujourd'hui, mais plutôt persécution, discrédit et, par moments, un oubli injuste. Quand ce n’était pas la moquerie propagandiste de la droite latino-américaine.

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