par Alan SABROSKY, 10/5/2009. Traduit par Marcel Charbonnier. Édité par Fausto Giudice, Tlaxcala.Original : The Two-State DelusionAlan Sabrosky, Docteur de l’ Université du Michigan, est vétéran du Corps des Marines des USA, où il a servi dix ans. Il est diplômé de l’US Army War College (Collègue de guerre de l’armée US).
Voici que le monde, une fois encore, est gratifié d’un énième round de cette mascarade appelée « processus de paix » israélo-palestinien…
Les « suspects habituels » prennent la pose, des annonces sont faites, des discours sont prononcés, des indices et des rumeurs autour d’un soi-disant « durcissement » de l’approche usaméricaine d’Israël font l’objet de fuites volontaires en direction de la presse. Nous sommes supposés penser que quelque chose de différent va arriver et que, comme le dit la vieille chanson populaire usaméricaine, « Les temps, y sont en train d’changer » [The times, they are a-changin’].
Les « suspects habituels » prennent la pose, des annonces sont faites, des discours sont prononcés, des indices et des rumeurs autour d’un soi-disant « durcissement » de l’approche usaméricaine d’Israël font l’objet de fuites volontaires en direction de la presse. Nous sommes supposés penser que quelque chose de différent va arriver et que, comme le dit la vieille chanson populaire usaméricaine, « Les temps, y sont en train d’changer » [The times, they are a-changin’].
Mise en scène
Absurde. Tout ce cinéma me rappelle ce que l’armée soviétique, dans le temps, appelait une maskirovka, c’est-à-dire une sorte de mascarade stratégique complexe et bodybuildée, dans laquelle des acteurs très bien entraînés jouaient leur script devant un public absolument pas dupe et totalement impliqué, dont faisaient partie le chef du Conseil National de Sécurité américain et ses mémorandums « fuités ». Sans doute quelques mots un peu plus durs que ce qu’il avait l’habitude d’entendre ont-ils été dits à Netanyahou (ou d’autres Premiers ministres israéliens), mais ce n’était pas la première fois que ça arrivait.
L’ex-président Reagan était très pro-israélien, mais il avait été tellement ulcéré par l’invasion du Liban, en 1982, qu’il aurait (dit-on) engueulé le Premier ministre israélien de l’époque, Begin, et qu’il a déployé des Marines, avec un soutien naval, afin de bloquer l’avance des Israéliens autour de Beyrouth. Sans nous appesantir ici sur la manière dont l’intervention israélienne s’est conclue, rappelons qu’il y a eu des occasions où des Marines usaméricains et des militaires israéliens ont été au bord d’échanges de tirs à volonté, et plusieurs officiers de la Marine US, qui étaient présents là-bas, m’ont assuré qu’ils étaient totalement préparés à en découdre avec « Tsahal » si on le leur avait demandé, et que la Sixième Flotte avait des ordres permanents de se rendre sur le terrain des opérations au cas où cela se serait produit – vieux rappel de 1967, où elle avait dû rester les bras croisés face à une attaque aérienne israélienne délibérée contre le navire USS Liberty, qui avait abouti à plus de deux cents marins et Marines usaméricains blessés ou tués.
Aujourd’hui, cela serait totalement impossible, bien entendu, car, sinon, l’US Navy et le Corps des Marines auraient effectué une percée à travers le blocus israélien contre Gaza, et ils auraient mis rapidement un terme à l’agression israélienne d’il y a quelques mois. Mais ils ne l’ont pas fait, et le Président Obama ne les auraient pas envoyés mater Israël non plus, d’ailleurs – la plupart du reste du monde a été horrifié par la brutale agression israélienne, qui a tué plus de 1 400 Palestiniens et blessé plusieurs milliers d’entre eux, en majorité des femmes et des enfants, mais Obama se contente de parler de l’engagement immortel de l’Amérique à défendre « notre allié sûr, Israël », tandis que le Congrès US déclame son soutien au « pauvre, courageux petit Israël » (sic !) et continue à voter des aides de plusieurs milliards de dollars d’aide à ce pays. Ce qui va se passer ? Je vais vous le dire : il va y avoir des histoires, qui vont filtrer, n’en doutons pas, au sujet de conversations « amicales et franches » entre Obama & Netanyahou, après quoi, après avoir grommelé juste le temps nécessaire, Netanyahou va accepter à son corps défendant des négociations conduisant à une solution à deux États, il sera alors encensé en tant qu’ « homme de paix » (exactement comme Sharon ; vous voyez le genre ?). Ensuite, on laissera cette marmite mijoter et mijoter et mijoter, jusqu’à ce que tant Obama que Netanyahu quittent la scène.
Quels deux États ?
Soit dit en passant, ladite solution des deux États est un cadavre flottant entre deux eaux, et étant donné ce qu’est l’attitude d’Israël, elle l’a vraisemblablement toujours été, depuis l’origine. Pour qu’elle soit viable, trois conditions devraient impérativement être réunies. Primo : toutes les colonies israéliennes devraient avoir été démantelées en Cisjordanie, et les réfugiés palestiniens devraient avoir été autorisés à retourner chez eux, sans interférence israélienne. Cela n’est pas demain la veille. Secundo : un État palestinien viable aurait dû être suffisamment armé afin d’obliger Israël à y réfléchir à dix fois avant de procéder à une frappe militaire comme celle qu’il a lancée contre Gaza, où que ce soit. Et enfin, tertio : un État palestinien viable devrait avoir d’autres pays qui lui servent de garant militaire, en cas d’agression contre lui.
Un acteur clé
Regarder plus loin que le zombie politique des deux États requiert de vous que vous observiez les acteurs clés. Mis à part leur appauvrissement, leur séparation géographique et leur vulnérabilité, les seules cartes dont les Palestiniens disposent sont une volonté de persévérer et une égale volonté de mourir. L’Autorité palestinienne mort-née est à ce point inutile, et ses hauts dirigeants – qu’il s’agisse d’Arafat ou d’Abbas – ont été à ce point désastreux, que je n’arrive pas à trancher la question de savoir si elle et ils sont des créatures du Mossad, ou si elle et ils ont seulement été tolérés afin de s’assurer que rien de positif ne puisse jamais advenir.
Regarder plus loin que le zombie politique des deux États requiert de vous que vous observiez les acteurs clés. Mis à part leur appauvrissement, leur séparation géographique et leur vulnérabilité, les seules cartes dont les Palestiniens disposent sont une volonté de persévérer et une égale volonté de mourir. L’Autorité palestinienne mort-née est à ce point inutile, et ses hauts dirigeants – qu’il s’agisse d’Arafat ou d’Abbas – ont été à ce point désastreux, que je n’arrive pas à trancher la question de savoir si elle et ils sont des créatures du Mossad, ou si elle et ils ont seulement été tolérés afin de s’assurer que rien de positif ne puisse jamais advenir.
Pour les Palestiniens, le Hamas est bien préférable, à l’évidence : c’est la raison pour laquelle il a remporté les élections, voici de cela quelques années, et c’est pour cette raison, surtout, que les lobbys israéliens, aux USA et ailleurs, ont fait de sa présence à des négociations quelque chose de rien moins qu’impensable
Israël est en lui-même un cas d’école fascinant illustrant le fait qu’un peuple acquiert bien souvent les pires habitudes de ses oppresseurs. En effet, l’attitude dominante dans la société israélienne voit les Arabes (de manière générale) et les Palestiniens (en particulier) exactement de la même manière dont leurs derniers oppresseurs considéraient les juifs.
Du point de vue israélien, il n’y a qu’une seule mouche dans le potage, qui est aussi, d’ailleurs, la seule chose dont quiconque voudrait trancher ce nœud gordien pourrait se servir, à savoir l’opinion publique usaméricaine.
Aujourd’hui, une large majorité d’Usaméricains soutiennent Israël, car ils ont été nourris depuis des dizaines d’années avec un régime constant de « victimisation » d’Israël face à la « barbarie » arabe. Mais ce soutien, comme nous disons, nous autres les Usaméricains, a « une largeur d’un kilomètre et une épaisseur d’un centimètre », et l’AIPAC & Cie le savent très bien, c’est d’ailleurs la raison pour laquelle ils s’attèlent avec une telle énergie à filtrer ce que la plupart des Usaméricains voient, entendent et lisent sur la question du Moyen-Orient. Mais ce filtre commence à s’effilocher, et cela se traduit par des critiques croissantes à l’égard d’Israël et du soutien que lui apportent les USA. Crevez ce filtre israélien, faites en sorte que l’on parle, dans les foyers usaméricains, d’événements historiques tels que l’assaut aérien israélien contre l’USS Liberty et l’assassinat par l’armée israélienne d’une jeune femme usaméricaine, Rachel Corrie, faites-y pénétrer des images de Gaza ravagée par les bombes, et vous verrez que le monde commencera à changer – oui, le monde changera, car il le peut [Yes, it can !] Nous disposons d’ores et déjà des moyens technologiques pour faire cela
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