vendredi 15 mai 2009

Les nouveaux va-t-en-guerre : Comment les Verts allemands ont fini par entrer dans l’OTAN

par Jutta DITFURTH. Traduit par Michèle Mialane. Édité par Fausto Giudice, Tlaxcala
Original : Junge Welt - Neue Kriegspartei-Der Weg der Grünen in die NATO, basé sur le livre »Das waren die Grünen« („C’était les Verts“), München: Econ Taschenbuch Verlag 2000

Il y a dix ans, pour la première fois depuis 1945, l’Allemagne prenait part à une guerre. Personne n’aurait imaginé que ce seraient les Verts, parti naguère antimilitariste et pacifiste, qui faciliteraient l’entrée en guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie. Les premières bombes tombèrent le 24 mars 1999. Des êtres humains ont été tués, dans des prés, des maisons, des trains, alors qu’ils s’enfuyaient, dans des hôpitaux, des usines, des écoles. Dans certains hôpitaux, le courant fut coupé, entraînant l’interruption des radiothérapies pour les cancéreux, l’arrêt des couveuses et des appareils de dialyse.


Au cours des 78 jours de guerre l’OTAN a procédé à 38000 attaques aériennes et a largué 9160 tonnes de bombes. Ces frappes ont transformé les usines chimiques et les raffineries de pétrole en usines à poison. Du phosgène a abîmé les voies respiratoires, de la dioxine cancérigène s’est accumulée dans des corps humains. Du mercure, du zinc, du plomb et du cadmium ont contaminé les châteaux d’eau. La Yougoslavie avait même fourni à l’OTAN la localisation de ses usines chimiques, pour éviter les dommages en cas de frappes , mais l’OTAN les a justement choisies pour cibles . Les bombardiers A-10ont de plus largué sur la Yougoslavie environ 30 000 projectiles représentant au total dix tonnes d’uranium appauvri. Une intervention humanitaire d’un grand « rayonnement », cancérigène et polluante. Greenpeace et les Verts n’ont pas ouvert la bouche. La realpolitik a un prix.


Aucun parti ne vient au « pouvoir », en Allemagne sans rompre avec des positions fondamentales de la gauche ; il lui faut rejeter l’anticapitalisme et prêter serment de fidélité à l’OTAN. Nous l’avons constaté depuis 1945 avec le SPD, puis les Verts et maintenant La Gauche. Seules les modalités varient.



1973 : quand Joschka, militant du groupe Révolutionärer Kampf (Lutte révolutionnaire) affrontait la police dans les rues de Francfort


Les Verts étaient les enfants des nouveaux mouvements sociaux et avaient leurs racines dans les mouvements pacifistes et antinucléaires. Entre 1989 et 1991 leur virage à droite leur a fait perdre environ10 000 membres, pour la plupart militants de gauche. Ceux qui les on remplacés auraient en grande partie aussi bien eu leur place chez les libéraux du FDP.


Et pourtant au début on était plutôt pacifiste. Le premier programme des Verts, en 1980, prévoyait la dissolution immédiate de l’OTAN et du Pacte de Varsovie, le désarmement « unilatéral » et la suppression de la Bundeswehr. Le « Manifeste pour la paix » de 1981 rejetait l’intervention de la Bundeswehr même en cas d’agression de l’Allemagne par une armée étrangère. En 1983 les Verts ont décidé « la dissolution des deux blocs militaires, l’OTAN et le Pacte de Varsovie. Nous devons sortir de l’OTAN.» Et les Verts le répètent lors de la campagne législative de 1987 : « Il faut sortir de l’OTAN, car l’OTAN exclut la paix et que l’affaiblissement, la désintégration et finalement la disparition de cette alliance sont une condition sine qua non de la paix. L’OTAN n’est pas réformable. » Cette année-là les Verts obtinrent leur score maximal avec 8,3% des voix.


Mais entre temps l’aile droite du Parti, les « realos » [adeptes de la realpolitik, regroupés autour de Joschka Fischer et Daniel Cohn-Bendit, qui avaient créé en 1981 l’Arbeitskreis Realpolitik, le Cercle de travail realpolitik opposés, aux « fundis », ou fondamentalistes éco-socialistes, auxquelles appartenait l’auteure, NdR Tlxcala] avaient commencé à fricoter avec le SPD derrière le dos du parti. Petra Kelly s’en méfiait : « Aux yeux des realos l’OTAN est brusquement devenue presque un alliance pacifiste. Cela veut dire qu’ils renoncent à la non-violence.» Mais les realos refusaient de l’admettre ouvertement. En 1988 Joseph Fischer prétendait dans un débat publié par Stern qu’il « détalerait » des Verts si le parti était un jour intégré à l’OTAN et acceptait le principe du monopole étatique de la violence.


Daniel Cohn-Bendit était dès le commencement des affrontements tendant à la guerre civile en Yougoslavie au début des années 90 partisan d’une intervention militaire. Il fut l’un des premiers à faire des parallèles douteux en comparant la situation à Gorazde à celle des Juifs dans le ghetto de Varsovie et il demanda une intervention militaire (FAZ du 21/4/1994). Au début Cohn-Bendit ne représentait qu’une petite minorité belliciste, à coloration raciste. Lors d’une assemblée au niveau fédéral, en octobre 1993, il hurla qu’il fallait envoyer des troupes en Bosnie, car les musulmans bosniaques sont un élément de la culture européenne : « des hommes de notre sang ».



1985: Joschka Fischer devient ministre de l’Environnement de Hesse. Il est encore en baskets et sans cravate. Le Spiegel fait sa une : « La terreur des industriels Joschlka Fischer, Premier ministre vert de l’Environnement »

Une prestation théâtrale

Bientôt Cohn-Bendit et Fischer engagèrent un affrontement remarquablement mis en scène, destiné à influencer la base du parti et les électeurs verts. Fischer s’opposait à Cohn-Bendit, continuant apparemment à refuser toute intervention militaire allemande dans les Balkans : « Je suis convaincu que des soldats allemands, en un lieu où la soldatesque hitlérienne a sévi durant la Deuxième guerre mondiale, ne peuvent qu’attiser un conflit et non l’apaiser. »

Mais, comme s’il décrivait déjà sa future attitude, il ajouta : « Je crains fortement qu’à l’avenir le gouvernement allemand, la coalition (la coalition CDU-FDP, JD) et les généraux ne recourent à la tactique du saucissonnage pour chercher, voire faire naître, des occasions de faire sauter les barrières qui existent encore en matière de diplomatie pour l’Allemagne réunifiée. En prenant comme prétextes les questions humanitaires et les droits humains.»

Les dissensions publiques de Cohn-Bendit et Fischer au sujet de la guerre avaient pour but de transformer les Verts en parti de gouvernement – c’est à dire, en Allemagne : militariste - à temps pour les élections de 1998 au Bundestag, et d’entraîner avec eux des électeurs et membre du parti, naguère alternatifs de gauche. Cohn-Bendit jouait son propre rôle : le belliciste épris de violence. Fischer jouait un rôle de composition : l’antimilitariste bourrelé de scrupules.

Les Verts se sont ralliés de plus en plus promptement aux exigences de leur partenaire de coalition, votant avec eux toutes les décisions, en passant par l’envoi de Casques bleus jusqu’à la guerre. En 1995 j’écrivais : « Si quelqu’un (des Verts) a encore quelque doute sur l’effet pacificateur de la guerre, il se fait peu à peu engluer dans la toile d’araignée de la logique nationaliste pangermanique. Il n’est pas un autre parti en Allemagne qui soit à ce point capable d’attirer et de retenir une partie d’une classe moyenne sceptique, de sensibilité écologique et pas encore tout à fait dépourvue de morale sociale dans les rets de la politique actuelle : retour au Reich, si nécessaire à la guerre.» Pour avoir signalé le danger pour les Verts d’en arriver à approuver des interventions militaires allemandes, j’ai alors été la cible des attaques de la gauche elle-même et taxée d’exagération

Un prétexte émotionnel dont Fischer avait besoin pour l’acte final de son show lui a été fourni par les Serbes de Bosnie en 1995 avec l’attaque des zones sous protection de Srebrenica et Zepa. Les évènements, alors pas entièrement éclaircis – avait-on affaire à un massacre ou à une bataille ? – ont suffi à Fischer pour déclarer : « La gauche allemande ne court-elle pas grand danger de perdre son âme en se dérobant à la résistance contre ce nouveau fascisme et sa politique de violence, quelles que soient les excuses dont elle se pare? » Mais la clientèle verte n’était toujours pas prête à partir en guerre, et donc Fischer ne prit pas position en faveur de l’intervention allemande.



1991 : ça y est, il a adopté la cravate ! 1998 : enfin au pouvoir suprême
Photos Herlinde Koelbl, Munich

Enfin au but

En 1998 les Verts purent enfin entrer au gouvernement. Mais ils n’étaient pas au pouvoir. Schröder était sans doute le chef de cuisine et Fischer le garçon de salle - une mise au point sur la hiérarchie interne – mais, pour filer la métaphore idiote de Schröder, le bistrot appartenait à d’autres. Ni l’un ni l’autre ne touchèrent à la question de la propriété ou à l’appartenance à l’OTAN ou au service de ses intérêts.

Des journalistes pas très malins - ou qui se payaient la tête de leur public –se demandèrent avec inquiétude après les élections de 1998 si Washington accepterait un ex-révolutionnaire comme ministre des Affaires étrangères. Ces doutes allemands amusèrent beaucoup les médias usaméricains. Une porte-parole du Département d’État déclara « Mais les Verts ne sont pas une inconnue pour nous, ni Fischer une surprise. »En 1998 Fischer s’était « très bien conduit lors d’une rencontre avec des membres de la Commission des Affaires étrangères du Congrès» à Washington (d’après le Département d’État). Le Congrès n’a rien contre Joseph Fischer ; les ex-gauchistes complètement apprivoisés sont parfois très utiles.

À la surprise de tous ceux qui le connaissaient, Fischer déclara après sa nomination aux Affaires étrangères : « Je n’ai jamais rien eu contre les USA ni contre l’OTAN . J’étais du petit nombre qui, au Congrès des Verts en 1985, a voté contre la décision de sortir de l’OTAN. » Personne ne s’en souvient, mais aujourd’hui on trouverait certainement quelques « Fischer’s Friends » pour en témoigner.

Fischer, devenu ministre des Affaires étrangères en 1998, déclara dans un style très wilhelminien : « Je ne connais pas de politique étrangère verte, je ne connais plus que la politique allemande.» « Le nouveau gouvernement allemand » ne modifiera pas « fondamentalement (…) la politique étrangère de l’Allemagne » constate elle aussi, avec satisfaction, la FAZ :« Le Chancelier Schröder et son Ministre des Affaires étrangères Fischer approuvent, fidèles à leur promesse de rester dans la continuité, les principes de politique extérieure que Kohl avait gravés dans le marbre. »

« Une simple formalité »

Le 16 octobre 1998, le vieux Bundestag prit avec l’accord des nouveaux élus une décision anticipatoire autorisant la participation de l’Allemagne à d’éventuelles frappes aériennes de l’OTAN sur la Yougoslavie. Fischer recommanda aux Verts de voter en sa faveur. Neuf seulement d’entre eux sur 48 votèrent contre la guerre. Mon commentaire « L’Allemagne est prête à lancer une nouvelle guerre. L’OTAN a un gouvernement rouge-vert à sa botte» (ND du 14/11/1998). À nouveau on m’accusa d’exagérer. La guerre a débuté 5 mois après

Plus tard Fischer se lamenta : « Nous avons eu (le 12 octobre 1998) 15 minutes pour décider de la guerre ou de la paix. » Bien sûr cela aussi est faux. La décision avait été prise juste après les élections au Bundestag lors d’une visite à Washington de Fischer et Schröder, alors candidat à la chancellerie. Le 9 octobre 1998, avant même de prêter serment, Gerhard Schröder et Joseph Fischer ont effectué une visite à Washington. Avant même d’avoir rencontré William Clinton, Schröder et Fischer se sont déclarés prêts à poursuivre la politique du gouvernement précédent – y compris contre la Yougoslavie. La décision de participer à la guerre de l’OTAN a été prise juste après l’entretien avec Clinton. Le soir même, les ambassadeurs de l’OTAN à Bruxelles lui donnaient une légitimité juridique. Lorsque le Conseil de l’OTAN s’est réuni, le 12 octobre, il ne s’agissait plus que « d’une simple formalité ».



2001 : le ministre visite les troupes allemandes de la KFOR à Tetovo, en Macédoine


La trace baveuse de Fischer

Fischer est entré aux Affaires étrangères sans disposer d’aucun pouvoir. D’emblée il a laissé derrière lui une trace baveuse et s’est soumis à l’appareil bureaucratique en place. Il a soutenu les écoles élitaires pour enfants de diplomates « Fischer a étendu une main protectrice même sur les avantages fiscaux accordés aux diplomates, et depuis, ses troupes lui mangent dans la main » a révélé la Zeit. Les louanges que lui accorde la FAZ sont elles aussi dévastatrices pour un prétendu homme de gauche : « Mais le plus bel atout dont dispose Fischer vis-à-vis des diplomates, c’est d’avoir défendu avec succès face à son partenaire de coalition le maintien complet des allocations d’expatriation. Les gros sous sont les pères de l’amitié.» Fischer « a laissé en place même des intimes de son prédécesseur » et a placé aux principaux postes d’ambassadeurs des proches du gouvernement Kohl.

La pression des USA sur le gouvernement fédéral s’est accentuée. Les autres méthodes de contrainte s’étaient avérées inopérantes en Yougoslavie. L’OTAN considérait ce pays comme un «verrou» pour ses intérêts en Asie centrale. On avait essayé de faire sauter ce «verrou» par des moyens « pacifiques », en faisant jouer tous les ressorts de la société civile. On avait déstabilisé l’économie yougoslave avec l’aide du Fonds monétaire international (FMI). On avait offert des crédits de la Banque mondiale1 à la Yougoslavie en échange de son allégeance.

Une propagande à faire dresser les cheveux sur la tête

En janvier 1999 la Secrétaire d’État usaméricaine aux Affaires étrangères, Madeleine Albright, finit par menacer Milosevic d’interventions de l’OTAN. Mais l’opinion allemande n’était pas encore prête. Il a encore fallu le prétendu massacre de Racak. Le chef de la mission d’observation de l’OCDE au Kosovo, William Walker, a « découvert », le 16 janvier 1999, 40 corps dans une fosse près du village de Racak. Aussitôt il dénonça dans tous les médias occidentaux « le massacre perpétré par les Serbes » à l’encontre de « civils kosovars albanais innocents ». Walker avait autrefois été chef de section à l’ambassade US au Salvador, puis ambassadeur entre 1988 et 1991. On l’accuse d’avoir été responsable de la livraison d’armement aux Contras du Salvador pour attaquer le Nicaragua. Lorsqu’en 1989 un bataillon de paramilitaires instruits par les USA avait assassiné à l’Université de San Salvador six jésuites ainsi que leur cuisinière et sa fille de quinze as, « suspects » de sympathie pour des paysans opprimés, Walker avait déclaré : « Dans de telles situations le contrôle peut toujours nous échapper. »

Walker se vantait d’être plus crédible que les Serbes pour l’opinion mondiale. Il avait raison. La découverte de cadavres atrocement mutilés fit le tour du monde et parvint admirablement à justifier la guerre. Plus tard il s’avéra que ce massacre était un montage. Des recherches menées par des journalistes français, usaméricains et finlandais montrèrent que l’on avait ôté leur uniforme à des combattants de l’UCK tués au cours d’un accrochage armé pour les faire ensuite passer pour des civils. Les médecins légistes finlandais remirent leur rapport à Fischer, alors à la présidence de l’UE. Ce dernier ne le publia pas. Mais l’OTAN, pour plus de sûreté, entama une ronde dans l’opinion publique pour se légitimer. Là-dessus on lança les négociations de Rambouillet, où l’on exigea de la Yougoslavie la signature de conditions inacceptables pour tout État souverain (voir jW-Thema du 6/2/2009)La Yougoslavie ne pouvait que refuser, sous peine d’accepter un statut de colonie et l’occupation de tout son territoire par les troupes de l’OTAN.

Alors que par le passé le ministre des Affaires étrangères Joseph Fischer avait vu dans Auschwitz la raison pour laquelle les troupes allemands n’avaient rien perdu dans les Balkans, maintenant il instrumentalisait le génocide des Juifs européens pour justifier une guerre en violation du droit international. Seuls les Verts, avec leur aura d’ex-pacifistes et d’antifascistes, pouvaient faire passer chez des citoyens de la gauche alternative de sensibilité pacifiste cette macabre justification: Auschwitz contraignait l’Allemagne à participer à une guerre de l’OTAN contre la Yougoslavie. Helmut Kohl (CDU) et Guido Westerwelle (libéraux du FDP) auraient été dans ce rôle ridicules et impensables. Si un gouvernement CDU/FDP avait bombardé Belgrade, des marches en étoile auraient bloqué les rues de toutes nos villes avec le soutien du SPD, des Verts et des dirigeants syndicaux.

Milosevic – Staline – Hitler

Le 24 mars 1999 la guerre commence. Joseph « Wilhelm » Fischer prétend que le Kosovo est la proie d’un fascisme « barbare, « grossier» voire « primitif ». Selon ses propres termes : « Ce fut un véritable choc pour nous de voir Milosevic prêt à emboîter le pas à Staline et Hitler : mener une guerre pour exterminer un peuple tout entier.» Et : « Si l’on veut stopper la «SS serbe », on ne peut se passer des bombes .» Aujourd’hui Fischer mise sur la courte mémoire des êtres humains lorsqu’il nie avoir établi un douteux parallèle entre la situation au Kosovo et Auschwitz et l’avoir ainsi relativisé ce dernier. Mais des traces sont restées. Peu après les début de la guerre, Fischer se justifiait ainsi de l’avoir approuvée : « Je n’ai pas seulement appris à dire « Plus jamais la guerre !», mais aussi « Plus jamais Auschwitz ! » Le magazine US Newsweek lui ayant demandé : « You see a direct parallel to the Nazi era? (Vous voyez là un parallèle direct avec l’époque nazie ?, NdT) », il lui a répondu :« I see a parallel to that primitive fascism. Obviously, the ’30s are back, and we cannot accept that. (J’y vois un parallèle avec ce fascisme primitif. Apparemment, les années 30 sont de retour et nous ne pouvons accepter cela. NdT)»

Bien sûr Fischer n’était pas tout seul, il avait derrière lui, en matière de politique de guerre, la majorité des cadres verts et, depuis le Congrès sur la guerre du 14 mai 1999 à Bielefeld, également la majorité du parti.

D’autres institutions du mouvement pacifiste, comme la « Fondation hessoise pour la recherche sur la paix et le traitement des conflits » se révélèrent martiaux conseillers de l’OTAN sur la bonne manière de gagner la guerre. Le camp rouge-vert approuva aussi la guerre avec tant de vigueur dans les médias bellicistes que la Frankfurter Rundschau se refusa à publier une critique de la comparaison établie entre Auschwitz et Kosovo. Des survivants des camps durent payer en avril 1999 38 000 DM pour faire insérer un texte et se faire entendre. C’était une lettre ouverte au ministre des Affaires étrangères, Fischer, et à celui de la Défense, Scharping : « Contre un nouveau mensonge sur Auschwitz. – Nous, survivants d’Auschwitz et autres camps d’extermination, condamnons l’abus que vous-mêmes et d’autres politiques faites de la mémoire des morts d’Auschwitz, Juifs, Roms, Sinti et Slaves, dont les fascistes hitlériens ont organisé et perpétré l’assassinat au nom de la race de seigneurs allemande. Pressés de trouver des arguments en faveur de votre funeste politique, vous n’hésitez pas à minimiser la gravité d’un crime jusqu’ici sans précédent dans l’histoire humaine. »


Février 2003 : président en exercice du Conseil de sécurité


La complicité des Verts

L’OTAN a transformé le conflit cruel, mais régional, qui se déroulait au Kosovo en guerre contre la Yougoslavie. Que l’Allemagne ait, en la personne de son ex-ministre des Affaires étrangères, Hans-Dietrich Genscher (FDP), attisé ce conflit lorsqu’elle a reconnu en 1991 l’indépendance des Républiques yougoslaves de Slovénie et de Croatie, voilà l’un des nombreux tabous de l’histoire allemande récente.

Le Kosovo est devenu pour l’OTAN un terrain de manœuvres pour s’entraîner aux coopérations internes sur le sol européen et habituer la population allemande (et pas elle seule) aux guerres ainsi qu’une foire-exposition pour les industries d’armement. La guerre avait pour but d’ouvrir la voie vers l’Asie centrale, en supprimant un obstacle aux intérêts géostratégiques dans la région.

En pleine guerre l’OTAN célébrait son 50e anniversaire lors du sommet d’avril 1999 à Washington. Elle se déclara alliance guerrière à l’échelle mondiale. Ses troupes comptaient déjà 4 millions d’hommes. Contre qui les employer ? Tous ses États membres, y compris le Chancelier fédéral d’alors, Gerhard Schröder, ont signé le nouveau et fort agressif Concept stratégique. Et pas la moindre critique de la part de Fischer, le «ministre des droits humains » . Il faudrait y songer, alors qu’aujourd’hui, on manifeste contre la machine de guerre qu’est l‘OTAN à l’occasion de son 60e anniversaire et que certains Vers brandissent le drapeau pacifiste, pendant que des troupes Allemagnes assassinent en Afghanistan avec l’assentiment des Verts.

Environ 5000 êtres humains ont été tués, en Yougoslavie, avec la complicité des Verts. Ne l’oublions pas.

1 - En 1996 les USA avaient lancé entre autres le « Southeast European Cooperative Initiative » (SECI). Son but : intégrer totalement les pays riverains du Danube au capitalisme : économie de marché, prévention des conflits, sécurité et stabilité


Joschka Fischer en décembre 2008. Tout ce qui lui reste de vert, c’est…sa cravate !

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