par Azalea ROBLES, 28/1/2010. Traduit par Esteban G.. et révisé par Michèle Mialane, Tlaxcala
Original : Destapan la mayor fosa común del continente: Colombia, en el paroxismo del horror, clama solidaridad
Original : Destapan la mayor fosa común del continente: Colombia, en el paroxismo del horror, clama solidaridad
Le recours aux paramilitaires est une stratégie de l’État. « Ils m’ont dit de couper le bras à une jeune femme, elle nous implorait de ne pas le faire, disant qu’elle avait des enfants » dit le « para » Francisco Villalba. « Nous avons décapité (…) une stratégie pour semer la terreur », avoue l’autre, Hebert Veloza alias « HH ».
Cette image est celle du terrorisme de l’État colombien et ses paramilitaires : Il est urgent que la solidarité internationale se mobilise pour dénoncer l’État génocidaire.
La plus grande fosse commune de l’histoire récente d’Amérique vient d’être découverte en Colombie. La fosse commune contient les ossements d’au moins 2000 personnes, elle se situe dans la commune La Macarena, département du Meta. Plusieurs habitants avaient déjà alerté de nombreuses fois en 2009, en vain…puisque le Ministère Public n’a jamais procédé à des recherches. C’est la persévérance des parents de disparus et la visite d’une délégation britannique (syndicalistes et parlementaires britanniques) qui faisait des investigations sur la situation des droits de l’homme en Colombie, en décembre 2009, qui a permis de découvrir ce crime affreux perpétré par les forces militaires et paramilitaires d’un État qui leur garantit l’impunité. Un État qui pratique la terreur et les massacres pour rendre plus facile le pillage par les multinationales, en faisant disparaître et en réprimant ceux qui osent revendiquer leurs droits.
Il s’agit de la plus grande fosse commune du continent: Par centaines, par milliers des êtres humains y ont été ensevelis anonymement depuis 2005 par l’Armée qui occupe la zone. Pour trouver une fosse de cette ampleur, il faut remonter jusqu’au temps de la barbarie nazie : Son importance révèle que la pratique macabre des disparitions forcées, exercée par l’Armée et son outil paramilitaire, est encore plus horrible que nous ne le savions déjà. Le caractère génocidaire de l’État colombien exige de toute urgence une mobilisation de solidarité, afin que les hauts fonctionnaires criminels de l’État et des multinationales paient pour leurs crimes contre l’humanité.
Quand l’ampleur de la fosse a commencé à se révéler, Jairo Ramírez, juriste, secrétaire du Comité Permanent pour la Défense des Droits de l’Homme en Colombie qui accompagnait sur place la délégation britannique, témoigne : « Ce que nous avons vu a été une horreur (…) une infinité de corps, et en surface des centaines de panneau en bois peints en blanc avec l’inscription NN et des dates allant de 2005 jusqu’à aujourd’hui ».
Ramírez ajoute : « Le commandant de l’Armée nous avait dit que c’étaient des guérilléros tués au combat, mais les gens de la région nous disent qu’il s’agit pour la plupart, de responsables sociaux et syndicaux, de paysans et des défenseurs de communautés, qui tous avaient disparu sans laisser de traces ».
L’horreur de La Macarena rappelle à la Colombie et au monde entier, de quelle façon le nombre effrayant de fosses communes ainsi que leurs emplacements a été découvert durant ces dernières années et ces derniers mois. C’est suite aux déclarations de paramilitaires, qui, protégés par la « Loi de Justice et Paix », peuvent confesser leurs crimes et donner sans crainte les coordonnées des fosses ainsi que d’autres détails sur leur rôle en tant qu’outil de la sale guerre de l’État.
Le recours aux paramilitaires est une stratégie d’État, financée par l’État et les multinationales
Lors de ces audiences, les paramilitaires ont été très clairs (au cas où il subsisterait un doute) : ils font partie d’une stratégie de sale guerre de l’État et reçoivent également de l’argent des multinationales et des oligarques. Mais à vouloir donner trop de détails, et dénoncer que leur formation, leur armement, leur méthodologie et leur protection étaient assurés par l’État colombien, beaucoup d’entre eux ont été extradés vers les USA : c’est ainsi qu’ils se taisent sur l’implication des dirigeants de l’État et des multinationales responsables des massacres. C’est ainsi que l’on évite de trop mettre en lumière les noms de la grande oligarchie et des compagnies comme financeurs et créateurs de l’horrible phénomène paramilitaire. Bien qu’ils aient été réduits au silence, les paramilitaires extradés sont parvenus à dénoncer une évidence : Les paramilitaires sont un outil de l’État colombien, qui a été créé par la CIA et selon ses recommandations, avec des formateurs étatsuniens et issus du Mossad ; il est financé, pour l’exécution de ses massacres, par l’État, les grands propriétaires terriens et les multinationales (Repsol, BP, OXY, Chiquita…entre autres) (1). Les paramilitaires ont été créés pour neutraliser les mouvements de revendication sociale, sous tous ses aspects. C’est pour cela que la Colombie est le lieu le plus dangereux du monde pour y exercer l’activité syndicale ; que des dizaines de milliers de personnes ont disparu à cause de l’outil paramilitaire : pour faire taire les revendications.
La Loi « Justice et Paix » a été élaborée par l’État et créée par le président Uribe pour que ses paramilitaires puissent obtenir l’impunité ou des condamnations minimes en comparaison de la cruauté et de l’ampleur de leurs crimes : c’est grâce à cela, en échange de quelques coordonnées de fosses, et surtout en proclamant leur « repentir » que des centaines de parrains (maffieux) paramilitaires, auteurs de milliers d’assassinats, sont presque tous parvenus à échapper à la prison. Mais les grandes fortunes, nationales et multinationales, qui ont accumulé encore plus de capital grâce à ces massacres, sont toujours là sans être inquiétées.
L’impunité des multinationales est totale : cependant plusieurs d’entre elles (1) et leurs filiales ont été déclarées coupables par le Tribunal Permanent des Peuples. Elles sont coupables de promouvoir le para-militarisme et les pratiques génocidaires en Colombie : « Par leur participation en tant qu’auteures, complices ou instigatrices d’actions génocidaires, avec leurs méthodes particulières : assassinats des adhérents à un groupe (politique) ; graves atteintes à l’intégrité physique ou psychologique des adhérents du groupe ; soumission intentionnelle du groupe à des conditions de vie qui entrainent sa destruction physique, totale ou partielle. Ces pratiques sont appliquées en particulier dans le processus visant à faire disparaître 28 communautés indigènes, à anéantir le mouvement syndical colombien et à exterminer le groupe politique Unión Patriótica (…) à cause de sa participation (…) à la commission des crimes contre l’humanité tels qu’assassinat, extermination, déportation ou déplacement forcé de population, emprisonnement, torture ; viols ; persécution d’un groupe ou d’une collectivité défendant son identité propre pour des raisons politiques et ethniques, crimes différents et kidnapping de personnes ».
Impunité pour les grands capitalistes, les multinationales et l’oligarchie : extrader signifie enterrer la vérité
Le cas des paramilitaires Mancuso (2) et Hebert Veloza (3) est révélateur : Ceux-ci vont être jugés aux USA pour des délits de trafic de drogues, et non pour des crimes contre l’humanité commis en Colombie. Faire sortir ces assassins du territoire colombien, condamne beaucoup de victimes à ne jamais connaître le lieu où ont été ensevelis leurs êtres chers disparus, puisqu’en première audience, ces parrains paramilitaires ne fournissent en général que des coordonnées imprécises de fosses. Dans des cas comme celui de Veloza, par exemple, qui avait reconnu au moins 3000 assassinats, il reste encore beaucoup de détails à révéler sur le lieu où se trouvent les victimes. Et le plus important n’a pas du tout été éclairci, l’extradition du prévenu ayant empêché qu’il en dise plus, ce qui prouve clairement que l’extradition a pour but d’occulter la vérité : l’État cherche à tout prix à éviter que les noms des auteurs de crimes haut placés ne soient connus.
À la question sur le nombre de personnes qu’il a tuées, Hebert Veloza avait déclaré, à propos de ses activités entre 1994 et 2003 : « J’ai calculé que mes deux groupes ont assassiné 3000 personnes et peut-être plus. Nous en avons jeté beaucoup dans le (fleuve) Cauca ».
La dissuasion par la terreur : décourager la revendication sociale, et dépeupler les vastes territoires
Veloza, alias HH, un des maffieux les plus sanglants parmi les paramilitaires des Autodefensas Unidas de Colombia [Autodéfenses Unies de Colombie] (AUC), avait dit avoir employé la « décapitation » pour terroriser les communautés. « Lorsque nous sommes arrivés à Urabá nous avons décapité beaucoup de gens, c’était une stratégie pour générer la terreur ». C’est la stratégie de « dissuasion par la Terreur » : elle est théorisée dans les manuels de contre-insurrection de l’État (une amabilité des USA), et elle consiste à susciter une grande panique. L’exécution des tortures et des démembrements sur la place publique paralyse le reste de la population… elle est conçue pour faire taire les revendications sociales, économiques, écologiques : elle « dissuade » la revendication « par la Terreur » et permet ainsi de déplacer des populations entières.
Chaque fois que le gouvernement parle de “dialogues” avec les paramilitaires au sujet de leur « démobilisation », les victimes qualifient ces « dialogues » de « monologues » : étant donné que le para-militarisme est une stratégie de l’État lui-même.
Bien exhiber le massacre, et en même temps couvrir les bénéficiaires de toute cette mort
L’extradition des paramilitaires est un salut pour les “cerveaux” de ces crimes, car cela empêche que la vérité totale soit connue. Ils font passer les paramilitaires aux USA pour qu’ils soient jugés pour des délits moindre que ceux comme les génocides qu’ils ont commis, et de cette façon la vérité est occultée, on tait les noms, les patronymes de l’oligarchie, de patrons, de directeurs et d’agents de multinationales, de parlementaires, de ministres et même…les noms de quelque président…
« À Urabá, Lorsque nous avons commencé, nous laissions le corps des morts sur place », expliquait Veloza, « Puis, au bout de quelque temps, les Pouvoirs Publics ont commencé à nous faire des remontrances et (ils nous ont dit) qu’ils nous laisseraient continuer à travailler, mais que nous devions faire disparaître les corps. À partir de ce moment nous avons creusé des fosses communes », a-t-il affirmé.
En se référant à l’armée officielle de Colombie, Veloza condamnait : « Nous étions des illégaux, ils sont plus coupables que nous, parce qu’eux représentaient l’État ; ils étaient dans l’obligation de protéger ces communautés et ils nous utilisaient pour combattre la guérilla. Il est vrai que nous avons commis énormément d’homicides et nous devons en répondre, mais eux aussi doivent en répondre… »
Puis il ajoute : « Nous avons assassiné des gens tous les jours et dans toutes les communes de Urabá ». Ce sont dans les départements de Córdoba et d’Urabá, en 1998, que les AUC ont été constituées sous la tutelle de l’État colombien : elles ont totalement éliminé la population des nombreuses localités suspectées d’abriter des sympathisants ou des familles de guérilléros. Les paramilitaires ont également été engagés pour en finir avec les syndicalistes et les écologistes, afin de pouvoir implanter un modèle de « développement » économique dans des zones où il nécessite un déplacement rapide et massif des populations.
John Jairo Rentería, alias Betún, a été un des derniers paramilitaires à faire des aveux : Il a reconnu devant le procureur et les familles des victimes, que lui et ses paramilitaires ont enterré « au moins 800 personnes » dans la propriété Villa Sandra, à Puerto Asís, Putumayo. Il a expliqué leur méthodologie : « Il fallait démembrer les gens. Tous ceux des Autodéfenses devaient apprendre à le faire et très souvent nous le faisions sur des gens vivants ».
Le mouvement des victimes de Crimes d’État en Colombie, estime que plus de 50.000 personnes ont disparu, happées par l’outil paramilitaire de l’État, ou par la police et les militaires. Le Procureur Général de la Nation, lui-même, a été obligé de reconnaître 25.000 « disparus ». Les parents des disparus parcourent tout le pays chaque fois qu’une fosse est découverte, et c’est chaque fois la même douleur.
Jeter les victimes aux caïmans: l’horreur de la disparition totale
Il ya en Colombie des fosses gigantesques : mais grâce à d’autres déclarations de paramilitaires et de victimes survivantes on sait aussi que les paramilitaires possédaient des propriétés où on élevait des crocodiles pour faire disparaître leurs victimes (quelquefois ils laissaient des survivants pour qu’ils aillent raconter ce qu’ils avaient vu dans les propriétés où l’on torturait). À San Onofre, Sucre, dans une propriété connue sous le nom de « El Palmar », le chef paramilitaire « Rodrigo Cadena » jetait les cadavres des victimes, et même des victimes encore vivantes, aux caïmans qui se trouvaient dans un bassin (4). C’est comme ça que les victimes de la torture étaient jetées aux caïmans. Beaucoup de personnes ont ainsi totalement disparu, jetés en pâture aux caïmans, ou jetés dans les fleuves ou à la mer, ou brûlés dans des fours crématoires.
Le gouvernement n’a pas la volonté d’aller jusqu’au bout des recherches, il laissera tout au plus révéler l’existence de quelques fosses seulement. De plus, cela demande du temps et les identifications, par tests chimiques et ADN, présentent d’énormes difficultés techniques.
Combien de fosses peut-on retrouver ? Ce sont les paramilitaires qui donnent leurs coordonnées pour obtenir au moins un quart de remise de peine. Mais beaucoup d’êtres humains ont été totalement éliminés…
Salvatore Mancuso, par exemple, avait avoué que pour éviter la découverte du corps du leader indigène Kimi Pernía, il l’avait fait déterrer de la fosse et jeter dans le fleuve Sinú. D’autres paramilitaires racontent que pour cacher ses crimes, le même Mancuso avait ordonné d’enlever la terre d’une fosse située dans une propriété à Ralito, et de la vider de ses cadavres que son groupe avait remplis. Des enquêteurs disent qu’aujourd’hui, les « Aigles Noirs », héritiers des paramilitaires, déterrent le contenu de plusieurs fosses et le jettent dans les fleuves.
Les cours pour susciter la terreur
Les témoignages de paramilitaires et les résultats des équipes de médecins légistes ont permis de conclure que les groupes d’Autodéfenses Unies de Colombie, non contents d’avoir élaboré une méthode d’équarrissage des êtres humains, ont poussé l’horreur jusqu’à son extrême limite : ils ont donné des « cours » en se servant de personnes vivantes emmenées dans leurs camps d’entraînement. Francisco Villalba, le paramilitaire qui avait dirigé sur le terrain les atrocités d’El Aro (Antioquia), où 15 personnes ont été torturées et massacrées pendant 5 jours, révèle les détails de ces « cours » : « Il s’agissait de personnes que l’on amenait en camions, elles étaient en vie et attachées (…) chacune était livrée à un groupe de cinq (…) les instructions étaient de leur couper un bras, la tête… de les découper vivantes ».
Les « cours d’équarrissage » servaient d’entraînement aux paramilitaires pour leur fonction bien spécifique: susciter la terreur dans la population, pour arriver à « dissuader par la terreur » et parvenir à déplacer les survivants qui avaient assisté aux massacres. C’est de cette façon que le grand capital est parvenu à déplacer de ses terres plus de 4 millions de personnes.
Le paramilitaire Villalba avait décris son parcours au Procureur, depuis ses débuts jusqu’à ses massacres : « Au milieu de l’année 1994, ils m’avaient fait participer à un cours au camp d’entraînement situé dans la propriété ‘’La 35’’, à El Tomate, Antioquia ». Il confirme qu’ils recevaient les instructions directement du haut commandement dont le « Doble Cero » (Carlos García). Villalba raconte que pour apprendre à découper les gens, ils kidnappaient des paysans et des personnes dans les villages voisins : « Sitôt débarqués du camion avec leurs mains liées, ils étaient enfermés pendant quelques jours dans un local, en attendant que débute l’entraînement ». Puis ils étaient répartis dans plusieurs groupes « et là on les découpait », expliquait-il à la commission d’enquête. « L’instructeur disait à un : ‘’ Vous, postez-vous ici et untel là-bas et assurez la sécurité de celui qui découpe. Chaque fois que l’on envahit un village et que l’on va découper quelqu’un, il faut assurer la sécurité de ceux qui font ce travail »…Les femmes et les hommes enfermés dans les locaux étaient ensuite menés en sous-vêtements, les mains liées, à l’endroit où l’instructeur donnait son « cours » : « les instructions étaient que nous devions couper le bras, la tête, les découper vivants. Ils pleuraient en suppliant qu’on les épargne, qu’ils avaient de la famille ». Villalba décrit : « On les ouvrait à partir de la poitrine jusqu’au ventre pour leur arracher les tripes, ceci s’appelait ‘’le dépouillage’’. On leur coupait les jambes, les bras et la tête. Ça se faisait soit à la machette soit au poignard. Pour le reste, c'est-à-dire le dépouillage, c’était fait à la main. Nous qui étions en apprentissage, nous leur arrachions les intestins. »
Selon Villalba, c’est l’entraînement qui l’exigeait, afin de « prouver son courage et apprendre comment faire disparaitre le corps de la personne ». Puisqu’on procédait à ces exécutions dans la rue devant toute la population, il est clair que les pratiques d’équarrissage sur les gens avaient la fonction précise de terroriser. « À moi, ils m’ont dit de couper le bras d’une jeune femme, elle implorait de ne pas le faire, qu’elle avait des enfants ». Les corps étaient enterrés dans la propriété « La 35 » ; d’après les calculs les fosses contenaient plus de 400 victimes (5).
Face à l’indifférence de l’État, les mères de la Candelaria creusent elles-mêmes
Le ministère public est très lent à faire ouvrir les fosses, il possède les coordonnées de plus de 4200 d’entre-elles et il n’en a pas cherché plus de trois cents, quant au test ADN des ossements, il a été effectué au compte-goutte, ce qui prouve le mépris de l’État envers les familles et les victimes. Le mépris d’un l’État qui prétexte un « manque de moyens », alors qu’il a endetté le pays pour payer les dépenses militaires et paramilitaires. C’est pour cela, que depuis début 2007, une délégation des « Madres de la Candelaria » [les Mères de la Candelaria] avait tenu plusieurs réunions dans la prison, avec le chef paramilitaire Diego Fernando Murillo alias “Don Berna” ainsi qu’avec d’autres chefs paramilitaires (aujourd’hui extradés aux USA) et ceux-ci leurs avaient donné approximativement la localisation des fosses, dans la Comuna 13 San Javier de Medellin. Dès lors plusieurs familles avaient décidé de s’armer de pioches et de pelles pour aller déterrer leurs êtres chers. « Nous ne prétendons pas faire le travail qui revient au ministère public (…), mais sur la base de ce que nous ont dit ces messieurs (ces assassins), nous agissons pour notre propre compte et nous allons creuser (vers les quartiers de la Comuna 13 San Javier) pour voir si nous trouvons quelque chose. Souvent les paramilitaires ne veulent pas ou bien cela ne leur sert à rien d’avouer où se trouve telle ou telle personne, et ça ne leur convient pas de le dire aux juges, alors nous, nous leur disons : ‘’ discrets, dites-nous où se trouvent nos enfants et nous-mêmes, sans rien dire, nous irons les chercher.
La délégation britannique qui a visité la Colombie a entendu une multitude de témoignages au sujet des violations des droits humains et syndicaux, par rapport aux exécutions extrajudiciaires, aux déplacements forcés, aux kidnappings, à la criminalisation de l’opposition politique, aux montages judiciaires, à la spoliation de la terre des paysans au bénéfice des compagnies multinationales.
Dans ses conclusions, la délégation a déclaré : « Après avoir entendu de pareils tels témoignages, nous estimons que l’armée colombienne est responsable de la majorité des violations des droits humains contre la population civile », et que : « l’activité paramilitaire persiste, particulièrement dans les régions rurales, de même que les liens étroits entre les paramilitaires et l’armée sont une évidence.
Terrorisme d’État en Colombie *Au moins 50.000 personnes ont disparu (kidnappées et torturées) par les terroristes d’État, selon la logique de « dissuader de revendiquer par la terreur » (l’État cherche à ce que la terreur perdure, en faisant disparaître le corps, les survivants continuent ainsi à vivre dans l’angoisse) *L’élimination physique de tout un parti politique, l’Union Patriotique (UP) ; plus de 5000 personnes de l’UP ont été assassinées par l’État. *Plus de 4 millions de personnes déplacées de leurs terres à cause des massacres des militaires et leurs paramilitaires, dans le cadre de la stratégie de l’État « Terre rasée », pour vider les champs de leur population et offrir aux multinationales des terrains qui dégagent de gros intérêts économiques, une fois débarrassés des habitants et de leurs revendications. ? *6 millions d’hectares de terre ont été ainsi volés aux victimes déplacées, et offerts à des multinationales, à de grands propriétaires terriens, et à de nouveau chefs paramilitaires ; aujourd’hui le scandale de l’« agro ingreso seguro », vient confirmer encore la réalité de la spoliation des victimes (6). *Plus de 4200 fosses communes (dénoncées) emplies de milliers de cadavres de citoyens colombiens massacrés par les paramilitaires colombiens : ces derniers ont donné les coordonnées de quelques fosses afin d’être profiter de la « Loi de Justice et Paix », créée sous la direction de son parrain Uribe et élaborée spécialement pour donner l’impunité aux paramilitaires si ceux-ci proclament leur « repentir », une loi qui légalise l’usurpation des terres. En avril 2007, un an seulement après le début des recherches de fosses communes, le Ministère Public avait déjà reçu 3710 révélations de leur lieu ; mais la majorité d’entre elles n’avait pas pu être explorée, « fautes de moyens » selon l’État… *Des milliers de cadavres y ont été retrouvés, mais l’État à déjà annoncé aux parents des victimes qu’il ne pourra pas faire pratiquer les analyses ADN pour tous les corps « faute de moyens »…par contre lorsqu’il s’agit de payer les assassins et les bourreaux, là oui, il a eu les moyens et il les a toujours… *Plus de 2649 syndicalistes assassinés. *Des milliers d’exécutions extrajudiciaires, dont le scandale des « faux positifs » : Les militaires kidnappent de jeunes garçons et filles, ils les déguisent en guérilléros et ils les assassinent. Ensuite ils présentent les cadavres aux mass-médias, qui se chargent d’achever le montage dans sa partie médiatique ; en Colombie les médias de masse ne font pas d’investigations, ils donnent pour vrai ce que leur disent les sources militaires. Les militaires agissent ainsi pour « montrer des résultats » dans leur guerre anti-insurrection, et ça leur sert à assassiner les civils qui les gênent. En Colombie, la médiatisation des morts supposés être des guérilléros est absolument macabre : Ils exhibent des corps alignés, à moitié nus, avec les militaires qui les remuent avec leurs bottes…Ils modèlent ainsi l’opinion publique en lui inculquant que les guérilléros sont déshumanisés. *Plus de 7500 prisonniers politiques, dont beaucoup d’entre eux sont victimes de montages judiciaires contre les militants sociaux. *Des centaines d’auto-attentats (7), une autre forme de « faux positifs » de la part des forces de police et militaires qui ont posé des bombes en plein centre de Bogota, pour créer la base d’un montage médiatique alimentant le discrédit des FARC. C’est au nord de Bogota, près de l’École Militaire José María Córdoba, que s’est déroulé l’un des plus grossiers auto-attentats : au passage d’un camion militaire, un véhicule piégé avait explosé, tuant un éboueur et blessant dix militaires. Soupçonnés d’auto-attentat, certains militaires sont « interrogés »…interrogés en tant qu’« individus », et non comme acteur conscient d’une stratégie d’État… La violence de l’attaque du grand capital provoquée par l’angoisse de perdre la Colombie en tant que « caverne d’Ali Baba » de grande valeur, a créé et maintenu en vie ce monstre qu’est devenu aujourd’hui l’État colombien. Cela ferait longtemps que cet État criminel n’existerait plus sans l’« aide » massive des USA et de l’UE, sans la dette dont on a chargé le peuple colombien pour financer les dépenses militaires, et sans la stratégie paramilitaire de terrorisme d’État. Sans ses soutiens militaires et médiatiques, l’État colombien n’aurait pas pu perpétrer cette barbarie ; et le peuple colombien aurait pu obtenir sa véritable indépendance, être délivré de toute cette cupidité, de tous ces morts, de toute cette douleur. |
Notes
Les entreprises suivantes et leurs filiales, ont été déclarées coupables de fomenter le para-militarisme et les actions génocidaires en Colombie :
Coca Cola, Nestlé, Chiquita Brands, Drummond, Cemex, Holcim, Muriel mining corporation, Glencore-Xtrata, Anglo American, Bhp Billington, Anglo Gold Ashanti, Kedhada, Smurfit Kapa – Cartón de Colombia, Pizano S.A. et sa filiale Maderas del Darién, Urapalma S.A., Monsanto, Dyncorp, Multifruit S.A. filiale de la transnationale Del Monte, Occidental Petroleum Corporation, British Petroleum, Repsol YPF, Unión Fenosa, Endesa, Aguas de Barcelona, Telefónica, Canal Isabel II, Canal de Suez, Ecopetrol, Petrominerales, Gran Tierra Energy, Brisa S.A., Empresas Públicas de Medellín, B2 Gold – cobre y oro de Colombia S.A.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire