Le billet de Hatem Bourial – Surprise-partis
Mesdames et messieurs, l’époque n’est plus aux surboums du samedi et autres surprises-party pour adolescents.
Non, les temps sont devenus plus sérieux même si la multitude de partis politiques ressemble de plus en plus à un bal des faux-culs qui n’a rien de spontané.
Passons ou plutôt marrons-nous un coup devant les turpitudes de quelques-uns de ces partisans prêts à se sacrifier pour le progrès de la nation.
L’info est passée inaperçue et pourtant, elle recèle bien du piquant. Il s’agit de la composition du bureau politique du Parti démocratique pour la justice et la prospérité. Ça sonne bien aux oreilles du public : «PDJP». Et pourtant, j’ai bien peur que ça sonne creux vu que la composition du bureau politique émanant du premier congrès («national» s’il vous plaît !) s’apparente à une grosse blague.
Jugez en : le président du parti se nomme Salem Chaïbi, le vice-président se nomme Ridha Chaïbi et, cerise sur le gâteau familial, le secrétaire général s’appelle Hamda Chaïbi.
Je suis curieux de voir les noms des autres membres, mais j’ai comme l’impression qu’ils ne doivent pas être d’un clan différent !
Voici donc une famille qui a des rêves de grandeur et qui nous fait prendre une zerda dans une zaouia pour un parti politique. C’est pas demain qu’on est sorti de l’auberge, croyez-moi !
Parmi les autres perles que j’ai pu réunir durant cet été, il en est quelques-unes que j’aimerais partager avec vous.
Commençons par ce jeune homme qui me semble déboussolé. En effet, il a adhéré à trois partis différents. Selon lui «c’est pour faire plaisir aux amis qui l’ont sollicité parce qu’il ne s’intéresse pas vraiment à la politique». Celui-là, il mérite la timbale de bronze.
Deuxième cas. Cette fois-ci, il s’agit d’une personne connue de tous pour sa carrière musicale et ses racines andalouses. Je ne nommerai pas cet individu par simple charité. Toutefois, je me fais un devoir de vous révéler que cette personne vient de se trouver des racines familiales dans la région de Kasserine et effectuer un virage à mille degrés.
En effet, notre gars a créé un parti politique qui ressemble étrangement à une ligue régionaliste et s’apprête à entrer en lice pour les élections. J’en perds mon humour et ne peux que bredouiller un timide «Que Dieu leur pardonne».
A lui donc la timbale d’argent. Et, gardons l’or pour le maître absolu, le partisan modèle. Il s’agit du membre d’un des partis qui fleurissent en ce moment.
Invité à la télévision pour s’exprimer à propos du programme économique de son parti, il s’en est sorti avec une surprenante pirouette. Il a répondu à l’animateur qu’il ne s’exprimerait pas sur ce point «de peur que d’autres formations politiques volent les idées contenues dans le programme de son parti».
Fabuleux ! Le gars fait de la politique tout en ne s’exprimant pas sur ses idées ni sur celles de son parti. De là à ce qu’il nous dise qu’en se taisant, il cherche à représenter la majorité silencieuse, il n’y a qu’un pas à franchir !
Vraiment cocasses ces mecs … Pourtant, ils donnent à réfléchir sur la consistance de notre vie politique qui reflète plus des combinazione à l’italienne qu’une révolution en marche.
Encore une pour la route. C’est un jeune qui me l’a racontée. Il était allé à un meeting d’un parti de gauche. Dépité, il me raconte sa surprise lorsqu’il a vu arriver tous les cadres de ce parti dans des berlines grand luxe et des véhicules tout terrain.
Naïf, le gars : il croit que ceux qui s’investissent dans la politique politicienne le font pour les beaux yeux du peuple ou pour le devenir de la nation.
Non mon gars, ils le font parce que la politique est un sport de riches où il n’y a de place ni pour le romantisme ni pour la révolution.
Les indignés, les révoltés et la jeunesse éprise de liberté et surtout de dignité n’ont qu’à s’adresser ailleurs. Et de préférence aux abonnés absents …
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