vendredi 12 août 2011

Tunisie : Seriati s'en sort...pour le moment

l'ex-chef de sécurité de Ben Ali est acquitté, prison pour ses proches

LEMONDE.FR avec AFP, Reuters | 12.08.11

Ali Seriati, ex-chef de la sécurité présidentielle, le 13 décembre 2010.
Ali Seriati, ex-chef de la sécurité présidentielle, le 13 décembre 2010.AFP
La justice tunisienne a acquitté vendredi le général Ali Seriati, ex-chef de la sécurité présidentielle, jugé pour complicité dans la fuite en Arabie Saoudite de Zine El Abidine Ben Ali et de sa proche famille le 14 janvier, en plein soulèvement populaire. Le tribunal de première instance de Tunis a en revanche prononcé des peines de prison allant de quatre mois à six ans contre 25 membres de la famille Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi, dont 22 étaient présents à ce procès, pour tentative de fuite et possession illégale de devises.
Homme fort de la sécurité sous l'ancien régime, le général Seriati n'en a pas fini avec la justice car il fait l'objet d'autres poursuites pour des chefs d'inculpation beaucoup plus graves, tels que complot contre la sécurité intérieure de l'Etat, incitation à commettre des crimes et provocation au désordre. L'un de ses avocats, Me Abada Kefi, s'est félicité d'un jugement "historique". "C'est un jour de gloire pour la justice tunisienne qui a fait montre de liberté vis-à-vis de l'exécutif et de la pression de la rue", a-t-il dit à l'AFP. "J'ai craint l'influence de la pression populaire", a affirmé Youssef, frère du général Seriati, se disant "soulagé par un verdict juste".

Le président déchu Zine El Abidine Ben Ali et sa femme Leïla.
Le président déchu Zine El Abidine Ben Ali et sa femme Leïla.AFP/FETHI BELAID
Parmi les proches de Ben Ali et de son épouse Leïla Trabelsi jugés dans le même procès, Moez, neveu de l'ex-première dame, a été condamné par contumace à la peine maximum de six ans de prison. Deux de ses sœurs, Jalila et Samira, ont été condamnées respectivement à dix-huit et quatre mois d'emprisonnement ferme. Imed, le neveu préféré de Leïla, aussi haï qu'elle des Tunisiens et déjà condamné à quatre ans de prison pour détention de drogue, a écopé de deux ans. Sa mère Najia Jridi a été condamnée à huit mois de prison. Un des frères de Leila, Moncef, a lui été condamné à dix-huit mois de détention.
BEN ALI,  PLUS DE 66 ANS DE PRISON DANS DES PROCÈS PAR CONTUMACE
Outre le général Seriati, six inculpés ont été acquittés, dont la veuve de Moncef Ben Ali, frère aîné de l'ex-président condamné en France en 1992 pour trafic de drogue dans l'affaire dite "Couscous connection", trafic international de stupéfiants et de blanchiment d'argent qui se déroula pendant les années 1980.
Sur les 32 accusés, 23 se trouvaient en détention provisoire : outre le général Seriati, 22 membres du clan Ben Ali-Trabelsi arrêtés le 14 janvier à l'aéroport de Tunis-Carthage en possession de sommes importantes en devises et de bijoux, alors qu'ils s'apprêtaient à prendre l'avion. Six personnes, parmi lesquelles la veuve de Moncef Ben Ali, comparaissaient libres. Trois ont été jugées par contumace : outre Moez, il s'agit de Leïla Trabelsi elle-même et de Sakhr El-Materi, gendre du couple présidentiel en fuite, qui ont été condamnés par défaut respectivement à six et quatre ans de prison pour complicité et possession illégale de devises.
Leïla avait donné l'ordre à ses proches de se rassembler à l'aéroport pour embarquer sur un vol à destination de la France. Ce plan avait été déjoué par la brigade antiterroriste, selon la police, et le refus d'un pilote de les avoir à bord.
Le tribunal a aussi prononcé des peines d'amendes pour un montant global de 200 millions de dinars (plus de 100 millions d'euros). Ce procès, qui s'était ouvert le 26 juillet, concernait le plus grand nombre d'accusés dans une série d'affaires en justice contre le président tunisien déchu et ses proches. Ben Ali, réfugié en Arabie saoudite et dont la Tunisie n'a pu obtenir l'extradition, cumule déjà plus de soixante-six ans de prison dans des procès par contumace.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire