samedi 10 décembre 2011

La CELAC et la démesure du rêve bolivarien/La CELAC y la desmesura del sueño bolivariano/La CELAC e lo smisurato sogno bolivariano


Le sommet constitutif de la Communauté des États d’Amérique latine et de la Caraïbe (CELAC), célébré à Caracas les 2 et 3 décembre, est un événement d’une indiscutable dimension historique. L’on peut dans un cas pareil utiliser ce qualificatif sans avoir peur d’exagérer. A partir de maintenant l’Amérique latine et la Caraïbe s’exprimeront avec leur propre voix au sein du concert international et multipolaire des nations, accéléré par la débâcle du capitalisme néolibéral et les guerres d’agression échouées de Washington. "Le siècle qui vient, [pour l'Amérique latine], ce sera le siècle de l’espoir ; c’est notre siècle, celui de la résurrection du rêve bolivarien, du rêve de Marti, du rêve latino-américain."

Bolívar, Germán Tessarollo, 1996,
Peinture (huile sur toile), 104 x 75,4 cm,
Musée Bolivarien d'Art Contemporain,
Santa Marta, Magdalena, Colombie

Le Sommet constitutif de la Communauté des États d’Amérique latine et de la Caraïbe (CELAC), célébré à Caracas les 2 et 3 décembre, est un événement d’une indiscutable dimension historique. L’on peut dans un cas pareil utiliser ce qualificatif sans avoir peur d’exagérer. La réunion a dépassé les expectatives les plus optimistes grâce à l’esprit démocratique avec lequel celle-ci a été préparée par les amphitryons vénézuéliens en consultation permanente avec les autres gouvernements, à l’ambiance de fraternité dans laquelle elle s’est développée, à l’importance du contenu des documents fondateurs qui regorgent d’un esprit et d’un lexique émancipateurs, indépendants et latino-américanistes. A partir de maintenant l’Amérique latine et la Caraïbe s’exprimeront avec leur propre voix au sein du concert international et multipolaire des nations, accéléré par la débâcle du capitalisme néolibéral et les guerres d’agression échouées de Washington.
Bien qu’au sein de la CELAC existent des nations ayant des politiques néolibérales et d’autres qui la questionnent frontalement, le sommet marque la rupture de la région avec le Monroïsme [de la doctrine Monroe, ndt]. Comme le montrent les expériences passées, ces différences ne doivent pas empêcher son fonctionnement. Il convient de rappeler que le chemin à suivre maintenant ne sera pas exempt d’obstacles endogènes et principalement de menaces exogènes. Dans tous les cas, la magnitude de ses objectifs d’intégration économique, culturelle et politique (qui comprend aussi l’inclusion sociale), protection de la nature et participation citoyenne est inhérent à la magnifique démesure du rêve bolivarien et martien. Ainsi le confirment la Déclaration de Caracas, la Procédure pour le fonctionnement de la CELAC, le Plan d’Action de Caracas et les 20 autres documents adoptés.
Lorsque Bolivar a énoncé cet idéal, ensuite actualisé par Marti, certains ne l’ont pas cru viable, même s’ils l’ont qualifié de noble et splendide ; d’autres n’y ont guère prêté d’attention ; d’autres encore –les empires et les oligarchies– se sont dressés en tant qu’ennemis jurés et ont fait tout ce qui était en leur pouvoir pour le tuer dans l’œuf quand il s’est transformé en projet politique. Mais toujours, même dans les circonstances les plus adverses, il y a eu des personnes qui ont défendu cet idéal et qui lui furent fidèles, comme nous avons pu l’apprécier dans l’intéressant face à face qu’ont eu Cristina Fernández et Hugo Chavez au sujet de l’histoire latino-américaine quelques jours avant le sommet [de la CELAC] en direct à la télévision vénézuélienne [voir ICI, en espagnol].
Bien que l’espace ne me permette pas ici mentionner des noms, la création de la CELAC oblige à rappeler les militants sociaux, révolutionnaires et intellectuels qui ont maintenu vivant ce rêve et l’ont enrichi le long des ans, plusieurs d’entre eux associés à l’Université Nationale Autonome de Mexico. Mais si l’on me demandait de ne citer qu’une seule personne qui durant le XXème et le XXIème siècle a cru, prêché et agi abondamment en faveur de la nécessité d’unir l’Amérique latine et la Caraïbe, ce serait Fidel Castro. Pour citer seulement un fait peu connu, le leader de la Révolution cubaine est la seule personne qui, alors qu’elle n’appartient pas à la Communauté des Etats de la Caraïbe (CARICOM), par décision de tous ses leaders a reçu l’Ordre Honoraire de celle-ci, en "hommage à la ferveur et au sacrifice qui ont accompagné Fidel durant toute une vie de service dédiée à son pays, à sa région et au reste du monde en développement".
Il est bien sur impossible d’expliquer la CELAC sans le travail du groupe de Rio, premier mécanisme de concertation politique nettement latino-américain, et les sommets de l’Amérique latine et la Caraïbe pour le Développement qui ont eu lieu au Brésil et au Mexique. Ils font parti de son corpus, comme le proclament les documents fondateurs. Il est aussi nécessaire de souligner que durant l’étape comprise entre les années 90 et l’actualité, c’est Hugo Chavez qui a été le plus important moteur et instigateur des alliances, des grands accords et consensus, un des principaux artisans des institutions et des contenus solidaires dans les relations latino-caribéennes qui ont rendu possible le fait que la création de la CELAC soit une réussite. On compte parmi ses succès la très importante restauration des relations entre le gouvernement de Colombie et celui du Venezuela grâce à une louable volonté mutuelle.
Il y a 17 ans -4 ans avant de se faire élire comme président-, Hugo Chavez a affirmé à l’Université de la Havane : "Le siècle qui vient, pour nous, ce sera le siècle de l’espoir ; c’est notre siècle, celui de la résurrection du rêve bolivarien, du rêve de Marti, du rêve latino-américain." L’histoire est en train de lui donner raison.

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