par
Antonio Mazzeo, 1/2/2013. Traduit par
Fausto Giudice, Tlaxcala
L'Afrique
sera le nouveau terrain de chasse des avions sans pilote de l'armée US.
Le gouvernement du Niger a autorisé le déploiement de drones du
ministère de la Défense et de la CIA pour les opérations de surveillance
et de renseignement contre les diverses milices pro-Al Qaïda actives
dans la région nord-ouest du continent. La demande de création d'une
base d'opérations au Niger a été officialisé il ya une dizaine de jours
par l'ambassadeur US Bisa Williams lors d'une rencontre avec le
président Mahamadou Issoufou.
Comme l'ont révélé les principaux quotidiens US, les drones ne
seront pas armés, mais on n'exclut pas la possibilité que, dans
l'avenir, ils puissent être utilisés pour effectuer des frappes de
missiles "contre la menace croissante du terrorisme." Les missions
d'espionnage et de strike (frappe) pourront être coordonnées avec
les forces armées françaises qui opèrent depuis le 11 janvier 2013 dans
le conflit au Mali et seront dirigées par l'US Africom, le commandement
US des opérations militaires en Afrique basé à Stuttgart (Allemagne).
Les avions sans pilote seront probablement stationnés sur une base
aérienne de la région désertique d'Agadez, près de la frontière avec le
Mali et l'Algérie.
Des négociations en vue de développer le partenariat Niger-USA et
de définir le statut juridique et les fonctions des militaires US
appelés à intervenir dans ce pays d'Afrique ont été engagées l'an
dernier. Il y a quelques mois, le commandant de l'US AFRICOM, le général
Carter Ham, avait visité le Niger et rencontré les plus hautes
autorités civiles et militaires. Après le début des combats dans le nord
du Mali et de l'intervention française contre les milices islamiques
radicales d'AQMI (Al-Qaïda au Maghreb islamique), les autorités
gouvernementales nigériennes ont décidé de mettre noir sur blanc le
texte d'accord bilatéral proposé par Washington.
«Ils ont exprimé le désir de nouer des relations plus solides avec
nous et nous avons été heureux de les nouer avec eux», a déclaré le
porte-parole du Pentagone George Little. En plus de déployer des drones,
l'armée US pourra utiliser les principaux aérodromes pour stationner
les avions-espions pilotés et quelques unités spéciales d'intervention
d'urgence qui appuieront les forces armées nigériennes pour le contrôle
des frontières et la formation à l'"anti-terrorisme". Le Pentagone n'a
pas révélé le nombre de soldats US autorisés à résider au Niger; jusqu'à
présent, ils ont été environ cinquante, mais ils pourraient bientôt
atteindre 300 hommes. Rien que pour garder en orbite une batterie de
drones (quatre avions en vol pendant 24 heures consécutives), sont en
effet nécessaires pas moins de 170 militaires en appui au sol.
Hillary Clinton avec l'un des drones US utilisés par l'armée ougandaise en Somalie
Le Niger est l'un des pays les plus pauvres du continent africain :
l'espérance de vie est de 54,7 ans, le taux de mortalité infantile de
160,3 ‰, tandis que seulement 28,7% des adultes sont alphabétisés.
Néanmoins, le gouvernement consacre une grande partie des ressources
financières à l'achat de moyens de guerre et aider l'allié
politico-militaire US dans la «lutte contre le terrorisme mondial»
déclenchée après le 11 septembre 2001. Plusieurs officiers du Niger ont
été invités aux USA pour suivre des cours sur "la lutte contre le
terrorisme", la logistique et les télécommunications. En collaboration
avec les forces armées du Mali, du Tchad et de la Mauritanie, sous le
commandement de l' US Africom, l'armée nigérienne a pris part à des
exercices dans le désert, avec l'utilisation de nouvelles méthodes de
guerre. Avec l'aide de «conseillers» du Pentagone, en décembre 2004, les
forces armées ont également lancé un raid sur une grande échelle dans
la région du Sahel – à plus de 600 km de la capitale Niamey - contre un
groupe de miliciens islamistes radicaux avec basé en Algérie. Comme l'a
déclaré le commandant adjoint des forces US en Europe, le général
Charles F. Wald, plus de 750 officiers du Niger, du Mali, du Tchad et de
la Mauritanie ont déjà été formés et spécialisés, pour un coût de 7,75
millions de dollars.
Salle de télécommande de drones sans pilote
En 2009, le Corps d'ingénierie de l'US Army a lancé un programme
d'intervention dans les communautés les plus pauvres et les plus isolées
de l'ouest du Sahara par le biais d'un fonds d' «aide humanitaire» géré
par le commandement Africom à Stuttgart. Localisé dans les zones
frontalières entre le Mali et le Niger, le programme vise à réaliser des
«puits d'eau, des écoles, des points de santé et des banques de
céréales» pour un coût total de 1,7 millions de dollars. Évidemment
l'«humanitaire» vise à accroître le consensus local au plan de
pénétration militaire et économique US dans la région. "Notre espoir est
de soutenir les objectifs de sécurité de l'Africom et d'acquérir de
l'expérience sur le continent et d'être plus efficaces à l'avenir", a
admis Diana Putman, responsable du plan d '«aide humanitaire» du
Commandement stratégique des troupes sur le continent africain.
En 2010, un coup d'État fomenté par l'armée pour empêcher la
réélection de l'ancien président Mamadou Tandja a refroidi les relations
entre le Niger et les USA. La décision de la junte militaire
d'organiser une élection présidentielle en mars 2011 pour restituer le
pouvoir aux civils, a cependant convaincu Washington de pousser
l'accélérateur pour obtenir la permission de déployer ses fameux avions
sans pilote au Niger.
Le ministère de la Défense et la CIA ont déjà stationnés des drones
d'attaque espions dans plusieurs pays africains. La base principale
d'opérations est certainement celle de Camp Lemonnier à Djibouti, qui
abrite plus de 2.000 militaires US engagés dans des conflits qui
déchirent la Corne de l'Afrique, le Yémen et le nord-est du continent.
D'après le Washington Post, le centre de drones qui coordonne
tout le système de renseignement en Afrique serait au Burkina Faso.
Sous le couvert d'un programme top secret au nom de code Sand Creek,
une douzaine de militaires et de sous-traitants US opèreraient de
manière stable dans la zone militaire de l'aéroport de Ouagadougou. Les
avions espions décolleraient aussi du Mali, de Mauritanie, d'Éthiopie,
du Kenya, d'Ouganda et de l'archipel des Seychelles (océan Indien). Une
autre base pourrait être activée prochainement au Sud-Soudan et - comme
l'ont admis certains responsables US – l'Algérie serait sur le point
d'autoriser les atterrissages et les décollages de drones pour combattre
les milices d'AQMI en échange de sessions d'entraînement, d'équipement
et de systèmes d'armement US.
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