À Tombouctou, ville-emblème de l'imaginaire colonial français et concentré de tous ses lieux communs, conquise en 1894 et reconquise en 2013, le dromadaire blatère et à Bamako Hollande déblatère : ""La France restera le temps qu'il faudra". Aux XIXème et XXème siècle, il avait fallu une bonne vingtaine d'années aux troupes françaises pour conquérir le Mali. Combien de temps faudra-t-il pour le reconquérir au XXIème siècle ? Désormais, nous n'appellerons plus François Hollande que LPM (Le petit méhariste). Qu'on se le dise !
Discours avec le Président de la République du... par elysee
Petit rappel chronologique de la précédente conquête
6 septembre 1880 : Création du commandement supérieur du Haut-Fleuve qui a son siège à Médine.
Il est transféré à Kayes dès l’année suivante. Le futur Soudan dépend
encore du Sénégal, son territoire se séparant cependant de la colonie du
Sénégal au confluent de la Falémé
avec le grand fleuve et n’ayant pas de limites fixées vers l’est. C’est
le lieutenant colonel Borgnis-Desbordes qui reçoit le commandement du
territoire le 1er janvier 1881. Le 17, il arrive à Bafoulabé, puis le 7 février à Kita où il a décidé la création d’un poste.
16 février 1881 : Le massacre par les Touareg de la mission Flatters condamne pour longtemps les projets de chemin de fer transsaharien, ce
qui favorise indirectement les projets de liaison entre Sénégal et
Niger.
Février-mars 1881: Premiers combats entre les troupes françaises et celles de l’almamy
Samory Touré, dans la partie orientale du pays mandingue. C’est le
début d’une lutte qui s’étend sur les dix-sept années suivantes. Les
troupes de Samory sont dispersées en avril 1883 par Borgnis-Desbordes le
long de l’Oyako, à quelques kilomètres au sud de Bamako.
26 février 1881 : Une loi accorde les crédits permettant d’entamer la construction de la ligne devant relier le Sénégal au Niger.
21 mars 1881 : Gallieni,
qui a reçu à Nango le traité signé le 10 mars par Ahmadou, retrouve
Borgnis-Desbordes à Kita. Il apparaît alors que, en jouant de la
traduction en arabe, le traité consenti par Ahmadou est très en deçà des
exigences françaises.
20 juillet 1881 : La région située entre Sénégambie et Niger devient la région du Haut-Fleuve ; son chef-lieu est Kayes.
1881-1904 : Réalisation du chemin de fer Kayes-Niger, qui permet de désenclaver les régions du cours supérieur du fleuve, progressivement soumises à la France durant cette même période.
1882 : Ouverture à Kita, à
l’initiative du capitaine Piétri, de la première école française au
Soudan. Une « école des otages » est organisée à Kayes en 1886, elle
devient « école des fils de chefs » en 1895 puis, transférée à Bamako,
« école professionnelle » en 1915, puis « école primaire supérieure » en
1923, « collège classique et moderne » en 1947 et enfin lycée
Terrasson-de-Fougères en 1950.
1er février 1883 : Le Niger est atteint par les Français et, peu après, Borgnis-Desbordes établit un poste à Bamako.
1883-1884 : Le commandant
Boylève succède pour un an à Borgnis-Desbordes. Il sera remplacé par le
commandant Combes en 1884-1885, puis par le lieutenant-colonel Frey en
1885-1886.
19 avril 1883 : Le télégraphe atteint Bamako. Il atteint Bandiagara et Tombouctou en 1899, puis Sikasso en 1903.
Décembre 1883 : Le
Parlement français refuse de voter les crédits permettant la poursuite
de la construction du chemin de fer parvenu seulement à 17 km de Kayes, dans l’est du Sénégal.
1884 : L’enseigne de vaisseau Froger amène à Bamako la canonnière le Niger, un bâtiment démontable que l’on peut transporter pour éviter les rapides.
26 février 1885 : L’acte final de la conférence coloniale de Berlin reconnaît implicitement la souveraineté de la France sur le Haut et Moyen Niger.
1885 : Le lieutenant de vaisseau Davoust, qui commande le Niger, atteint Diafarabé, entre Ségou et Mopti.
juin 1885 : Les Français
du commandant Combes doivent se replier à l’issue du combat livré à
Niagassola, dans le nord-ouest du pays mandingue, aux troupes de Samory.
Ils prennent leur revanche en janvier 1886, ce qui débouche sur la
signature du traité de Kéniéba-Koura, non ratifié par Paris en raison de
ses imprécisions.
1886 : Le lieutenant-colonel Gallieni prend le commandement du Haut-Fleuve qu’il exerce jusqu’en 1888.
Il va profiter de la division des quatre royaumes issus de l’empire
d’El Hadj Omar sur chacun desquels régnait l’un des descendants du
conquérant, Aguibou à Dinguiraye, Madani, fils d’Ahmadou, à Ségou,
Tidiani, neveu d’El Hadj Omar dans le Macina, enfin Ahmadou à Nioro, la
capitale du Kaarta.
25 mars 1887 : Le traité de Bissandougou est signé par Samory et le capitaine Péroz. Il reconnaît à la France
les droits qu’elle revendique sur la rive gauche du Niger et de son
affluent, le Tinkisso, en même temps que l’almamy accepte de placer ses
États sous le protectorat français. Pour concrétiser cet accord, un
poste est créé à Siguiri, sur la rive gauche du Niger. Le traité est
confirmé par la convention de Niako conclue en 1890.
1887-1889 : Voyage d’exploration du lieutenant Binger, de Bamako au golfe de Guinée par Sikasso, Kong et Ouagadougou jusqu’à Assinie.
12 mai 1887 : Après
Aguibou, qui a accepté le protectorat français l’année précédente,
Ahmadou signe le traité de Gouri qui établit une trêve avec les
Français.
15 juillet 1887 : Le lieutenant de vaisseau Caron atteint Mopti à bord de la canonnière Mage et s’avance en août tout près de Tombouctou où il ne peut entrer du fait de l’hostilité manifestée par les Touareg.
1888 : Gallieni quitte le Soudan où le colonel Archinard lui succède avec le titre de commandant supérieur du Soudan français. La même année le chemin de fer atteint Bafoulabé.
1888-1893 : Le
commandant, promu ensuite lieutenant-colonel, colonel puis général
Archinard exerce le commandement supérieur du Haut-Fleuve qui devient
commandement supérieur du Soudan français. Il est le véritable
conquérant du Soudan.
Février 1889 : Aguibou
évacue Dinguiraye pour se replier sur la place de Koundian qui est prise
par les Français. Il se soumet alors de manière définitive.
6 avril 1889 : Prise de Ségou par les Français, suivie de celle de Nioro le 1er janvier 1891 puis de celles de Djenné et de Bandiagara en 1893.
À Ségou, Madani est remplacé par un héritier légitime de la dynastie
bambara auprès duquel est établi un résident français, le capitaine
Underberg.
24 mai 1890 : Archinard
et Samroy signent la convention de Niako, qui fixe les frontières
séparant le Soudan français des territoires de l’almamy
29 mai 1890 : Mari Diara,
le roi mis en place par les Français à Ségou, complote contre eux et le
capitaine Underberg le fait fusiller. On installe sur le trône un chef
bambara du Kaarta, Bodian Koulibali, qui fait l’unanimité des
populations indigènes contre lui, ce qui entraîne une révolte générale
contre l’autorité française.
18 août 1890 : Dénommée désormais Soudan français, la région du Haut-Fleuve gagne son autonomie par rapport au Sénégal voisin.
1890 : Ouverture à Kayes du premier poste de santé (dit aussi « ambulance »). Les premiers pavillons de l’hôpital de Bamako commencent à fonctionner en 1913.
28 mars 1891 : Samory
ayant dénoncé le traité de Bissandougou et la convention de Niako,
Archinard franchit le Niger le 30 à Niantokoro pour atteindre
Bissandougou en avril, contraignant l’almamy à la fuite.
1890-1892 : La mission du
commandant Monteil relie Saint-Louis à Tripoli par le lac Tchad.
Monteil quitte Ségou le 23 décembre 1890 et passe par Sikasso pour
atteindre Say.
9 janvier 1892 : Le
colonel Humbert, nouveau commandant supérieur du Soudan français, engage
une nouvelle campagne contre Samory. La citadelle de Toukoro est
enlevée le 13 février 1892 alors que Samory est obligé de se replier
vers l’est et le sud-est sur les territoires correspondant au nord de
l’actuelle Côte-d’Ivoire.
28 février 1892 : Les Minianka entrés en rébellion emportent le poste de Bla tenu par des auxiliaires bambara.
22 avril 1892 : Le
capitaine Briquetot met en déroute les rebelles Peuls qui ont tué, le
19 avril, le lieutenant Huillard près de Soba, entre Niger et Bani. Le
commandant Bonnier les bat de nouveau en juin mais ils ont rallié les
Minianka insurgés. Bonnier bat ensuite des groupes bambara gagnés eux
aussi à l’insurrection.
27 août 1892 : Création de la colonie du Soudan. Détachée du Sénégal, elle est désormais complètement autonome et relève directement du gouvernement métropolitain.
Décembre 1892 : Échec du
lieutenant Cailleau contre les Minianka insurgés. Archinard met fin à la
révolte en mars 1893 et place Ségou sous administration directe.
Février-mars 1893 : Nouvelle campagne du lieutenant-colonel Combes contre Samory, qui réussit à s’échapper en dispersant ses troupes.
12 avril 1893 : Prise de
Djenné par Archinard. Il gagne ensuite Mopti et y proclame roi du Macina
Aguibou, le propre frère d’Ahmadou. Bandiagara est occupé le 28 avril.
19 mai 1893 : Le
capitaine Blachère inflige une ultime défaite aux partisans d’Ahmadou.
Leur chef doit s’enfuir vers l’est, vers les monts de Hombori, puis
au-delà du Niger avant d’aller se fixer dans la région de Sokoto, hors
des territoires sous contrôle des Français.
21 novembre 1893 : Un
civil, Albert Grodet, est nommé gouverneur du Soudan. Dès le
26 décembre, il ordonne au lieutenant-colonel Bonnier de suspendre les
opérations militaires.
16 décembre 1893 : Le
lieutenant de vaisseau Boiteux occupe Tombouctou mais l’enseigne de
vaisseau Aube est assassiné le 25 décembre à Kabara, l’avant-port de la
ville.
6 janvier 1894 : La
colonne du lieutenant-colonel Bonnier arrive devant Tombouctou qu’elle
dégage sans difficultés mais elle est anéantie le 16 à Takoubao par les
Touareg. C’est le commandant Joffre qui rétablit la situation en infligeant une défaite complète aux Touareg le 24 à Niafounké. Il poursuit les bandes rebelles au cours des mois suivants.
10 juillet 1894 : Joffre
quitte Tombouctou après y avoir solidement établi l’autorité française
mais son successeur, le colonel Ebener, reçoit en août du gouverneur
Grodet l’ordre de rester sur la défensive, ce qui ne peut qu’encourager
la poursuite de la dissidence.
16 juin 1895 : Décret de
création du gouvernement général de l’Afrique-Occidentale française dont
fait partie le Soudan français jusqu’alors administré par le
lieutenant-gouverneur résidant à Kayes, d’abord capitale du
Haut-Sénégal-Niger avant de devenir celle du Soudan jusqu’en 1907, date à
laquelle elle est abandonnée au profit de Bamako.
1895-1899 : Le colonel de
Trentinian exerce les fonctions de gouverneur du Soudan. Il crée de
nouveaux postes, divise la colonie en cercles bien délimités et donne
des instructions précises quant à la conduite à tenir avec les indigènes
et en vue de la mise en valeur économique du pays.
1895 : Venus du Sénégal, les Pères blancs fondent à Ségou la première mission catholique du pays avant de s’installer à Kati. Les Sœurs blanches s’établissent à leur tour au Soudan à partir de 1897.
1er mars 1896 : Le colonel de Trentinian reçoit à Goundam la soumission des Touareg Tenguéréguif.
1896 : Mission de
reconnaissance du Niger moyen et inférieur du lieutenant de vaisseau
Hourst, qui prend contact avec les Touareg Oulliminden.
Juin 1897 : Massacre par les Touareg, à proximité de Tombouctou, d’un peloton de spahis commandé par les lieutenants de Chevigné et de La Tour
de Saint-Ygest. L’expédition punitive conduite par le commandant Klobb
permet de dégager les abords du fleuve jusqu’à Bourem, en aval de
Tombouctou.
1897 : Le capitaine Betbeder occupe Say où le lieutenant Pelletier établit un poste.
20 août 1897 : Massacre de la mission du capitaine Braulot venu négocier un traité de protectorat avec Samory par les troupes de l’almamy.
29 septembre 1897 : Échec
des négociations conduites avec Samory à Dabakala (dans la région
voltaïque) par les envoyés français Nebout et Le Fillâtre.
1897 : Fondation d’un poste à San, près de Ségou, sur la rive droite du Bani.
1er mai 1898 :
Prise de Sikasso par les Français. Le roi Ba Bemba, qui avait refusé
quelques mois plus tôt au capitaine Morisson l’installation auprès de
lui d’un résident français, se fait sauter dans son magasin à poudre
plutôt que de se rendre.
29 septembre 1898 : Capture de Samory à Gueloumou par le capitaine Gouraud.
1898 : Création par le lieutenant de Gail d’un premier peloton de méharistes dans la région de Tombouctou.
1er janvier 1899 :
Le lieutenant-colonel Klobb établit un fort à Gao puis un autre peu
après à Ansongo, en aval sur le Niger. Deux autres sont établis ensuite,
toujours plus en aval, à Dounzou et à Tillabéry.
12 mars 1899 : La voie ferrée atteint Toukoto, à mi-chemin entre Kayes et Bamako.
14 juillet 1899 : Mort du colonel Klobb, tué à Dankori alors qu’il était à la poursuite de la mission Afrique centrale des capitaines Voulet et Chanoine qui semait la dévastation sur son passage. Venue du Soudan, la mission devait rejoindre sur les rives du lac Tchad la mission Foureau-Lamy venue d’Algérie à travers le Sahara et la mission Gentil
venue du Congo par l’Oubangui et le Chari ; après la mort de Voulet et
de Chanoine, tués par leurs tirailleurs, les lieutenants Joalland et
Meynier prennent le commandement de la mission Afrique
centrale et s’emparent d’Agadès avant de rejoindre les deux autres
missions au bord du Tchad en février 1900 pour en finir avec Rabah, le
marchand d’esclaves qui dominait alors toute cette région d’Afrique
centrale.
17 octobre 1899 : Un
décret partage les régions les plus occidentales et les plus
méridionales du Soudan entre Sénégal, Guinée, Côte-d’Ivoire et Dahomey
et crée deux territoires militaires englobant les régions de Tombouctou,
de la Volta
(qui a alors son centre à Bobo Dioulasso) et de Zinder. Les
« territoires du Haut-Sénégal et du Moyen-Niger » sont rattachés au
Sénégal et administrés par un délégué du gouverneur de cette colonie
dont la résidence est établie à Kayes. Cette fonction est confiée à
William Merlaud-Ponty qui l’exerce jusqu’en 1908 pendant que le colonel
Vimard succédait au général de Trentinian.
2 juin 1900 : Mort de Samory en exil au Gabon, sur l’île de Missanga, sur l’Ogooué.
1er octobre 1902 : L’ancien Soudan français reçoit le nom, à l’issue d’une nouvelle transformation administrative, de « territoire de la Sénégambie et du Niger ». Le délégué de Kayes dépend désormais du gouverneur de l’Afrique-Occidentale, distinct du gouverneur du Sénégal.
26 décembre 1902 : Le
Macina est soumis au régime de l’administration directe. Écarté du
pouvoir, Aguibou – qui avait vu se concentrer sur sa personne
l’hostilité que les Peuls vouaient aux Toucouleurs et la haine de ces
derniers qui lui reprochaient d’avoir trahi Ahmadou – se voit offrir par
les Français une retraite dorée ; il meurt en 1908.
Source : Chronologie Mali
Les Français ont déjà pris Tombouctou. C’était en… 1894
MediaBeNews, 29/01/2013
A l’heure où les troupes françaises et maliennes ont repris
Tombouctou, il n’est peut-être pas inutile de porter un regard sur le
passé. Ce n’est pas la première fois, en effet, que des soldats français
accompagnés de troupes africaines constituées en majeure partie de Bambara (nous dirions aujourd’hui Maliens du sud) pénètrent dans la cité mystérieuse.
La chose s’est déjà produite en 1893-1894. Depuis l’installation des
Français à Bamako en 1883, l’expédition de Tombouctou était dans toutes
les têtes, et les lieutenants de vaisseaux Jaime et Caron en avaient
préparé les voies à bord de canonnières en 1887 et 1889.
Le gouvernement français, peu enclin à se lancer dans des aventures
incertaines, et soucieux déjà de la vie de ses soldats comme des
finances publiques, ne se montrait guère enthousiaste.
La conquête de ce qui était alors le Soudan français n’était pas une
priorité et il ne semblait pas opportun d’engager les hostilités avec
les Touaregs, dont on avait appris à se méfier suite au massacre de la mission Flatters au nord de Tamanrasset en 1881.
C’était compter sans l’ambition des bouillants officiers. La
population de Tombouctou, disaient-ils, lassée par les pillages et les
brimades qui lui étaient infligés par les Touaregs, appelait la France à
son secours et accueillait ses troupes en libérateurs. Ils étaient
nombreux à rêver d’entrer en vainqueur dans la cité sainte de l’islam et
d’inscrire ainsi leur nom dans l’Histoire.
« Raid merveilleux »
Le 25 décembre 1893, le colonel Bonnier partit par le fleuve de la
ville de Ségou, à 240km de Bamako, à la tête d’un imposant convoi de
300 pirogues, pendant que le commandant Joffre prenait la route de terre
pour le rejoindre à Tombouctou.
Le lieutenant de vaisseau Boiteux, qui commandait la flottille du
Niger, les avait devancés et devait les attendre à Mopti ; il allait en
fait outrepasser ses ordres et, laissant ses deux canonnières au
mouillage à Kabara, entra dans Tombouctou le 11 décembre.
Le 28 décembre, les choses prirent mauvaise tournure : l’enseigne
Aube, qui voulait rejoindre son chef, fut massacrée avec une quinzaine
de matelots. Cela n’empêcha pas le colonel Bonnier d’atteindre la ville
le 10 janvier 1894, à l’issue de ce qui fut qualifié alors de « raid
merveilleux ».
La ville était prise, sans combat, et le drapeau français flottait
sur Tombouctou. Voilà donc une belle victoire à annoncer à l’opinion
publique ! Un membre de l’expédition écrit fièrement :
« C’est l’arme sur l’épaule que la colonne entre dans la ville. Les habitants sont enchantés de son arrivée. Maintenant, ils n’ont plus à craindre les fameux Touaregs, qui d’ailleurs n’ont pas jugé prudent de se montrer. »
Il ne suffit pas de tenir la ville pour tenir le désert
L’euphorie fut pourtant de courte durée… Le 12 janvier, le colonel
Bonnier partit en reconnaissance, « dans l’intention de débarrasser les
environs des nomades qui les infestaient », et de tirer vengeance du
massacre de l’enseigne de vaisseau Aube.
Pendant trois jours, ce ne fut que razzias et pillages, la colonne
s’emparant de plus de mille moutons, mais aussi de quelques femmes de
notables touaregs… Le 14 janvier au soir, les soldats s’installèrent à
Tacoubao où ils bivouaquèrent, se sentant en sécurité.
Le drame eut lieu quelques heures avant le lever du jour : en
quelques minutes, le camp fut submergé par les Touaregs. Des
14 Européens présents, 11 périrent, dont le colonel et 8 de ses
officiers. Quant aux troupes africaines commandées par les officiers
français, elles perdirent 70 hommes…
Au terme d’une promenade militaire, les Français avaient donc pris
Tombouctou sans coup férir, à la tête de troupes africaines. Mais il ne
suffisait pas de tenir la ville pour tenir le désert. Face à un ennemi
peu nombreux mais courageux et motivé, qui connaissait bien le terrain,
les soldats des savanes du sud se trouvèrent décontenancés, voire pris
de panique.
Pendant près d’un an, il fut pratiquement impossible aux occupants de
sortir de Tombouctou, et les escarmouches, coups de mains et attaques
surprise se succédèrent pendant des années avant que la région ne fût
définitivement « pacifiée ». L’Histoire ne se répète pas ?
Souhaitons-le !
Francis Simonis , Maître de conférences Histoire de l’Afrique
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