Ce matin à 8 heures moins le quart, j'étais au balcon et j'ai vu une voiture en face de chez lui, je n'ai pas fait attention, une voiture de location pour M. Chokri, qui était en bas de son immeuble, avec un chauffeur. Mon balcon était en position de profil par rapport à la voiture, donc je pouvais voir le chauffeur. Je n'ai pas vu ce qu'il avait comme vêtements, j'ai pas prêté attention à ce qui se passait, à un certain moment j'ai vu quelqu'un qui discutait avec le chauffeur, qui est venu le saluer, je ne sais pas ce qu'il lui disait. j'ai l'impression qu'il lui a passé un message - 5 ou 10 secondes - et il est reparti.
C'est une impression, pas une accusation, un constat. Il était arrivé par une rue et il est reparti par une autre. Après, comme me l'a dit une fille qui travaille dans l'immeuble, pour entrer tu as besoin d'un code, et elle n'avait pas le code, c'est Choukri qui lui a ouvert. Elle est rentrée et lui est sorti et le concierge est rentré aussi dans l'immeuble. La fille l'a vu rentrer dans sa loge et il a refermé sa porte à clé. Entremps, j'ai vu M. Chokri qui sortait de l'immeuble, il a ouvert la porte de la voiture et il a voulu la refermer, elle est restée à moitié ouverte, et quelqu'un est arrivé vers lui, il ne venait pas de loin, il n'avait pas une démarche naturelle, il avait juste une marche hâtive, une démarche pressée et les mains abaissées. Je n'avais pas remarqué l'arme. Je regardais tout ça sans faire attention. M. Chokri, j'ai l'habitude de le voir monter dans la voiture avec chauffeur, les gens font des allers-retours, 8 h. du matin c'est pas très tôt, il y a du mouvement dans la rue, le mouvement ne m'a pas dérangée. A un certain moment, le type s'est arrêté devant lui, il a plongé sa main et il a sorti son arme. Il a tiré en premier lieu sur la vitre de la voiture...
C'est une impression, pas une accusation, un constat. Il était arrivé par une rue et il est reparti par une autre. Après, comme me l'a dit une fille qui travaille dans l'immeuble, pour entrer tu as besoin d'un code, et elle n'avait pas le code, c'est Choukri qui lui a ouvert. Elle est rentrée et lui est sorti et le concierge est rentré aussi dans l'immeuble. La fille l'a vu rentrer dans sa loge et il a refermé sa porte à clé. Entremps, j'ai vu M. Chokri qui sortait de l'immeuble, il a ouvert la porte de la voiture et il a voulu la refermer, elle est restée à moitié ouverte, et quelqu'un est arrivé vers lui, il ne venait pas de loin, il n'avait pas une démarche naturelle, il avait juste une marche hâtive, une démarche pressée et les mains abaissées. Je n'avais pas remarqué l'arme. Je regardais tout ça sans faire attention. M. Chokri, j'ai l'habitude de le voir monter dans la voiture avec chauffeur, les gens font des allers-retours, 8 h. du matin c'est pas très tôt, il y a du mouvement dans la rue, le mouvement ne m'a pas dérangée. A un certain moment, le type s'est arrêté devant lui, il a plongé sa main et il a sorti son arme. Il a tiré en premier lieu sur la vitre de la voiture...
-Qui était fermée...
-Oui, elle était fermée. D'ailleurs les experts pourront déterminer si la balle a été tirée de l'intérieur ou de l'extérieur. il a tiré le premier coup sur la vitre. Le premier coup, c'était uen seule balle, le deuxième coup, c'était une sorte de rafale, quatre balles, c'est pas une arme automatique, c'est une arme normale, mais le deuxième coup, c'était plusieurs fois, avec un intervalle très court...
-Le premier coup, c'était pour briser la vitre, les suivants pour tuer...
-Exactement, le premier coup pour casser la vitre, les autres étaient dirigés vers la victime (...) C'est alors que j'ai commencé à regarder attentivement le chauffeur et l'assassin. Le chauffeur n'a pas bougé d'un centimètre, il n'a pas été touché, il n'avait pas l'air gêné. Le réflexe humain de base aurait été de sortir de la voiture, de courir chercher du secours, mais il n'a eu aucune réaction, il n'a pas bougé d'un centimètre. Puis j'ai vu une Vespa, ce n,'était pas une 103 comme on a dit, mais une moto du genre Vespa, couleur bleue ou noire, mais très foncée, qui l'attendait depuis le début, à l'arrêt, je l'avais remarquée, elle était arrêté au bout de l'immeuble qui est perpendiculaire au nôtre...D'après le bruit de démarrage du moteur, elle était en marche, quand l'autre est arrivé et il a enfourché la moto, elle est partie immédiatement. Elle n'est pas partie par la même rue, elle est sortie par la route qui traverse le bloc en face de chez nous, qui est cachée par des arbres. Il a fait le tour et il a disparu. Je ne pouvais plus le voir. Je n'ai pas pu voir vers où il est parti.
-Tu étais sous le choc...
-Quand l'horreur s'est produite, je n'ai pas eu le temps de faire quoi que ce soit, ni d'appeler ni autre, j'étais paralysée. La première réaction que j'ai eue, ça a été quand les gens ont commencé à crier, après les coups de feu, la sortie des voisins et les cris de terreur. Les voisins ont commencé à pousser des cris, les hommes criiaient, les femmes criaient. J'ai commencé à paniquer, je ne savais pas par quoi commencer, appeler la police, les médias ou ma famille ? J'ai préféré d'abord ne rien dire à mes parents. Mon père s'était levé pour regarder quand il a entendu les coups de feu, comme tout le monde, parce que personne n'a vu la scène depuis le début...
- Parle-nous de l'intervention des forces de sécurité: est-ce qu'elle a été rapide ? Est-ce qu'ils ont sécurisé la scène du crime ? Est-ce qu'ils ont fait leur travail ?
- Heureusement, on a la chance d'avoir un service d'ambulances juste à côté. Les ambulanciers et brancardiers sont arrivés immédiatement, ça a été rapide. La police a mis 20-25 minutes pour arriver, ils ont délimité la scène de crime, il y avait les experts, ils ont examiné la voiture, la direction du sang, si la cartouche était venue de l'intérieur ou de l'extérieur. Les experts ont fait leur travail, peut-être qu'ils ont tardé parce que l'information a tardé à leur arriver.
-Tu as été interrogée à Gorjani, comment ça s'est passé ? Il y a des choses que tu peux dire, d'autres que tu ne peux pas dire ?
-Effectivement, j'ai été interrogée, j'ai fait ma déposition...
-Quand est-ce que tu es sortie de l'interrogatoire à Gorjani ?
- Très tard, à 10 heures et demie du soir.
- Qu'est-ce que tu peux dire, qu'est-ce que tu ne peux pas dire ?
- Ce n'était pas que des paroles, c'était du sérieux, un interrogatoire formel/officiel (rasmi). Toutes mes paroles étaient notées et prises en compte. Il fallait que je fasse attention, je voulais apporter de la lumière sur l'assassinat de M. Choukri mais je ne voulais pas porter de tort à des innocents. Déjà, avant de commencer à dire ce que j'ai vu, j'ai voulu dire que je ne reviendrais pas sur mes déclarations et que je n'ai dit que ce que j'ai vu, je suis absolument sûre et archi-sûre de ce que j'ai vu.
La première chose que j'ai fait le matin, ça a été de parler aux médias, avant de parler à la police, parce que je ne voulais pas d'une affaire Lotfi Naghed bis. Il est mort d'une crise cardiaque etc. Deuxièmement, pendant l'interrogatoire, j'ai été confrontée au concierge de l'immeuble - moi je suis au quatrième étage, M. Chokri au premier - et au chauffeur. Ils ont essayé de le questioner et de détourner les questions parce qu'ils connaissaient déjà les réponses. Ils avaient les relevés de ses appels téléphoniques, ils savaient pertinemment qui l'a appelé et qui il a appelé, et ce qu'il lui a dit. Quand ils l'ont interrogé, il a menti, sur les appels qu'il a reçus. Ils l'ont questionné sur l'homme qui était venu parler avec lui le matin, il a nié, il a dit je ne sais pas, je ne suis pas au courant. Puis il a dit qu'est-ce qui se passe, je ne sais plus ce que j'ai dit. Il ne pouvait pas avoir oublié, ça s'était passé le matin même, pas l'année dernière. "Est-ce que tu te souviens de quelqu'un qui t'a parlé ce matin, quand tu attendais dans la voiture ?"
La première chose que j'ai fait le matin, ça a été de parler aux médias, avant de parler à la police, parce que je ne voulais pas d'une affaire Lotfi Naghed bis. Il est mort d'une crise cardiaque etc. Deuxièmement, pendant l'interrogatoire, j'ai été confrontée au concierge de l'immeuble - moi je suis au quatrième étage, M. Chokri au premier - et au chauffeur. Ils ont essayé de le questioner et de détourner les questions parce qu'ils connaissaient déjà les réponses. Ils avaient les relevés de ses appels téléphoniques, ils savaient pertinemment qui l'a appelé et qui il a appelé, et ce qu'il lui a dit. Quand ils l'ont interrogé, il a menti, sur les appels qu'il a reçus. Ils l'ont questionné sur l'homme qui était venu parler avec lui le matin, il a nié, il a dit je ne sais pas, je ne suis pas au courant. Puis il a dit qu'est-ce qui se passe, je ne sais plus ce que j'ai dit. Il ne pouvait pas avoir oublié, ça s'était passé le matin même, pas l'année dernière. "Est-ce que tu te souviens de quelqu'un qui t'a parlé ce matin, quand tu attendais dans la voiture ?"
-Est-ce que tu sais quelque chose sur lui ? Est-ce que tu l'avais vu avant, venir chercher M. Chokri le matin ?
-D'après lui, il appelait M. Chokri "camarade", ils étaient du même parti. ça n'a pas été vérifié, je n'ai pas été informée que l'histoire est vraie, non...
-L'événement auquel tu as assisté, c'est un assassinat politique ? Qu'est-ce que tu peux dire de ton vécu, entre les interviews aux médias et l'interrogatoire policier ? Ton impression, ton analyse ? Quel est le message de Nadia la personne ?
- Tout ce que je peux dire, c'est que Nadia la journaliste était complètemenht absente. Mon comportement de ce matin n'a pas du tout été celui d'une journaliste. Une journaliste n'aurait pas réagi comme ça, elle aurait plutôt cherché à connaître la vérité, à se saisir d'une caméra et à descendre filmer, au moins la première scène que j'ai filmée, ça a été la scène de l'ambulance, mes mains ne pouvaient rien saisir avant ça. Je ne pouvais même pas parler, j'étais tétanisée, M. Chokri étant un ami...(ici la vidéo s'interrompt)
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