par Atlantico, 12/2/2013
Aujourd'hui,
le “Navy Seal” qui a éliminé l'ennemi numéro 1 des USA se retrouve
sans aucune couverture sociale, un échec surprenant de cette nation
pour aider ses guerriers les plus expérimentés et qualifiés à
réintégrer leur vie.
Aujourd’hui,
le corps du tireur usé par 16 ans de missions, est couvert de tissu
cicatriciel, d'arthrite, de tendinites, de lésions oculaires, et de
disques soufflés. Crédit Reuters
Il est l'homme qui a tué l'ennemi numéro 1 des USA.
Un héros national anonyme, envers lequel l’Amérique devrait se sentir
éternellement redevable. Et pourtant, Washington semble l’avoir déjà
oublié. Aujourd'hui, ce membre de la Team 6 des Navy Seals, le commando
qui a tué Oussama Ben Laden en mai 2011, se retrouve livré à lui-même,
comme il le raconte dans un entretien à paraître sur le site internet
du magazine américain Esquire.
Celui qui est venu à
bout du chef d'Al-Qaida ne dévoile pas son identité. Il est âgé de 35
ans et a quitté la Team 6 des Navy Seals à l'issue de cette opération.
Il est entré au service de la nation à 19 ans. Bilan : 16 ans dans
l’armée. Il n'a aujourd'hui droit ni à la retraite, ni à l'assurance-maladie.
La raison ? Il a passé moins de 20 ans dans l'armée, et ne peut donc
pas bénéficier d'une protection sociale à vie. Ce vétéran a connu
plusieurs théâtres de guerre et a tué à lui seul une trentaine
d'«ennemis combattants» - selon la terminologie officielle.
"C'est lui, boum, c'est fait"
La mission commence le 1er avril : un briefing.
"Lors du briefing le premier jour, ils nous ont menti et ont été très
vagues. Ils ont mentionné des câbles sous-marins et le tremblement de
terre au Japon ou quelque chose du genre", raconte-t-il. Quelques jours
plus tard, il connaît la véritable cible : Ben Laden et le Pakistan.
S'ensuivent de nombreux briefings, notamment par l'agent de la CIA,
"Maya", une femme "formidable", jouée par Jessica Chastain dans le film
Zero Dark Thirty. Un film qu'il a vu et auquel il n'a trouvé que
quelques défauts "mineurs".
S'ensuit une période d'entraînement, dans une réplique exacte de la
résidence de Ben Laden construite en Caroline du Nord. Dans la nuit du
1er au 2 mai 2011, les choses s'enchaînent très vite. L'homme est le
premier à entrer dans la chambre de Ben Laden, au troisième étage de sa
maison d'Abbottabad, au Pakistan. L'opération est "loin d'être la plus dangereuse de sa carrière". Elle se déroule comme des centaines d'autres.
Ben Laden est dans le noir. Il ne voit rien. Lui, est équipé de
lunettes de vision nocturne."Il y avait Ben Laden là, debout. Il avait
ses mains sur les épaules d'une femme, la poussant devant, pas
exactement vers moi mais dans la direction du vacarme du couloir.
C'était sa plus jeune femme, Amal. C'était comme un instantané d'une
cible d'entraînement. C'est lui, sans aucun doute. (...) C'est
automatique, la mémoire musculaire. C'est lui, boum, c'est fait", se
souvient-il.
Il tire deux balles, puis une autre, dans la tête de l'homme le plus recherché au monde.
Il n'a de toute façon jamais été question de le faire prisonnier.
Après les tirs, il constate : "Il était mort. Il ne bougeait pas. Sa
langue pendait. Je l'ai vu prendre ses dernières inspirations, juste
une respiration réflexe". Il se souvient avoir été "stupéfait" par la
grande taille de Ben Laden.
Une nation peu reconnaissante
Aujourd’hui, le corps du tireur usé par 16 ans de
missions, est rempli de tissu cicatriciel, d'arthrite, de tendinites,
de lésions oculaires, et de disques soufflés. En rentrant au pays, il
s’attend à trouver une nation reconnaissante. Barack Obama
avait déclaré lors d’une journée des anciens combattants : "Celui qui
se bat pour son pays ne devrait jamais avoir à se battre pour un
emploi, un toit ou des soins quand ils rentrent chez lui.
C’est la désillusion. Pas de pension, pas de soins de santé, et aucune protection pour lui et sa famille.
Cet ancien combattant, un des plus décorés de notre époque termine sa
carrière en éliminant l’ennemi numéro un des USA et n'a pas de piste
d'atterrissage dans la vie civile. Il vit toujours avec sa femme, dont
il est pourtant séparé après avoir longtemps passé plus de 300 jours
par an en mission. Il est maintenant consultant, payé à la missi
"Les connaissances et la formation de ces gars-là valent pourtant des
millions de dollars", affirme un mentor de Seals. La sécurité privée
semble être le chemin le plus sûr pour retrouver un emploi alors que
ces anciens soldats ne veulent plus porter d'arme pour un usage
professionnel.
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