jeudi 21 février 2013

Colombie: Prisons ou déchèteries humaines ?

Traduit par  Pascale Cognet, édité par  Fausto Giudice, Tlaxcala

En août 2012, les prisonniers de guerre de la prison La Dorada (Caldas) ont expliqué à l’opinion nationale que trois détenus étaient morts  dans un laps de temps de trois mois sur ce site de réclusion .L’inattention médicale les a tués sans pitié. Il s’agissait de JAMES ALBERTO GIRALDO CHIQUITO, décédé le 8 mai,  LUIS CARLOS FLORES VILLAREAL, décédé le  17 août et WENLLY ALEXANDER ZULETA MURIEL, assassiné le 8 août. Wenlly est mort après avoir reçu 59 coups de couteau d’un autre détenu  alors qu’il se trouvait à deux mètres du poste de garde du pénitencier.

 Pénitencier La Dorada, Caldas
Environ 9500 prisonniers politiques connaissent le calvaire de la vie dans le système pénitencier colombien, qui dans la réalité est devenu un labyrinthe de tortures, de vexations et de mort pour les reclus de toute nature. 90% des prisonniers politiques sont des acteurs civils incarcérés dans le but inavoué de démanteler les organisations populaires et d’écraser la dissidence populaire face à l’injustice sociale qui existe en Colombie. Les 10% restant sont des prisonniers politiques et de guerre soumis à l’utilisation du système judiciaire et pénitencier comme arme de dissuasion et de punition contre-insurrectionnelle.
Le panorama carcéral est fait d’entassement, de puanteur, de suicides, de maladies infectieuses, d' assassinats perpétrés par les matons comme l’ont dénoncé les détenus du quartier 7 de la prison de La Dorada en octobre 2011 (l'assassin a été le soldat de première classe GALLO), il montre des prisonniers aveugles, estropiés, paralytiques ou encore morts faute de soins médicaux, situation qui n’est pas résolue par des recours en justice car les juges ne sanctionnent pas les contrevenants.
 
Pénitencier d’ Acacías, Meta

L’iniquité qui règne se manifeste par l’inattention médicale, les mises au mitard collectives pouvant aller jusqu’à soixante-douze heures, la faim, les coups, les gaz lacrymogènes à foison, les brimades et humiliations, la violation du droit à une procédure équitable, au milieu d’une dangereuse collusion criminelle armée entre l’INPEC dirigé par le sinistre général Ricaurte Tapias, le Ministère Public, les juges et les procureurs, sans qu’il soit possible de le dénoncer dans la mesure où presque 100% des plaintes des détenus sont mises au placard  sous prétexte qu’il n’y a pas de preuves pour faire avancer les recherches.
Le 8 janvier 2011, José Albeiro Manjarrez est mort dans sa cellule, rongé par un cancer de l’estomac. Aucun moyen, pas même celui de la grève de ses camarades de prison  n’a réussi à contraindre l’INPEC à lui dispenser  des soins médicaux. Après sa mort, ils l’ont inscrit à la morgue comme personne non identifiée alors qu’ils avaient eu tous les renseignements par ses proches et ses amis. Ceux-ci n’ont jamais été informés de son décès.
Des noms comme ceux d'Arcecio Lemus, Ricardo Contreras, Jhon Jairo García, Jonathan Snith Aria, Yovani Montes, Luis Fernando Pavoni, Oscar de Jesús Pérez, parmi d’autres cas qui dépassent la dizaine font partie de la liste des morts pour cause de tortures, de mauvais traitements et de manque de soins médicaux, à quoi il faut ajouter la persécution vicieuse contre les familles des dirigeants révolutionnaires qui sont mis en prison.
Dans les prisons colombiennes, plus de 400 prisonniers sont mutilés et plus de 400 sont en phase terminale, sans qu'on leur accorde une réduction de peine.
Pénitencier de Palogordo, Girón


Dans ces prisons, devenues de véritables déchèteries humaines du fait de l'indolence et de la perfidie du régime, les détenus ne sont pas séparés par catégories, ce qui est une manière d'encourager de façon préméditée des bagarres pouvant entraîner la mort de prisonniers politiques et de guerre, ou encore leur intimidation permanente.
La Loi 65/93 stipule que dans le traitement carcéral les rapports avec la famille sont un élément décisif pour faire avancer le processus de resocialisation mais au contraire, ces centres pénitenciers ont été conçus de manière à ce que le noyau familial soit détruit puisque par le bon vouloir de l’INPEC on les place délibérément à 4, 6, 10 et même 24 heures de distance de leurs régions d’origine. La possibilité qu’ils puissent voir leurs êtres chers et proches est écartée.
Sédentarité forcée à 100%, usage frauduleux du téléphone, privation de l’information, transferts dans des conditions réservées aux animaux  et entassement le plus inhumain que l’on puisse imaginer : jusqu’à 500% des capacités dans des prisons comme Bellavista. La capacité de Rioacha est de 100 prisonniers, et ils sont 512, à La Modelo, la contenance est de 2950, mais ils sont 7965 concentrés là. A la prison de la Tramacúa de Valledupar, il fait 40° et 1350 prisonniers crèvent de chaud, ne pouvant dans le meilleur des cas avoir accès à l’eau qu'au plus 15 minutes par jour. Voilà les violations des droits humains, flagrantes, éhontées et perverses commises par le gouvernement sans qu’il manifeste la moindre velléité de changement.
 



Nous demandons que le gouvernement s’engage à renoncer à  cette voie perfide qui consiste à laisser les lésions des blessés de guerre entrainer leur immobilité et une perte des capacités physiques et fonctionnelles de leurs membres. Nous réclamons la liberté pour les malades en phase terminale ou qui souffrent de cancers.
Nous demandons au gouvernement de déclarer l’état d’urgence sanitaire et humanitaire dans les prisons du pays, de permettre un contrôle public, sans secrets ni cachotteries et de prendre des mesures d’urgence qui éviteront au moins la mort des prisonniers qui sont en situation de santé extrême.


Nous demandons au gouvernement, s’il a une once d’humanité et de sérieux, de répondre devant l’opinion nationale à nos dénonciations.
DÉLÉGATION DE PAIX DES FORCES ARMÉES RÉVOLUTIONNAIRES DE COLOMBIE-ARMÉE DU PEUPLE  (FARC-EP)
La Havane, République de Cuba
Siège des Dialogues pour la Paix avec Justice Sociale pour la Colombie
10 Février 2013
 

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